Hans Jonas

philosophe de formation allemande émigré en Israël puis au Canada et aux États-Unis

Hans Jonas (1903-1993) est un philosophe allemand, surtout connu pour son éthique adaptée à l'âge technologique (problèmes environnementaux, questions du génie génétique, etc.).

Le principe responsabilité, 1979 modifier

La thèse liminaire de ce livre est que la promesse de la technique moderne s’est inversée en menace, ou bien que celle-ci s’est indissolublement alliée à celle-là.
  • Le principe responsabilité (1979), Hans Jonas (trad. Jean Greisch), éd. Flammarion, 1998  (ISBN 2-0808-1402-8), p. 15


…le Principe Responsabilité oppose la tâche plus modeste que nous ordonnent la crainte et le respect : […] préserver pour l’homme l’intégrité de son monde et de son essence contre les abus de son pouvoir.
  • Le principe responsabilité (1979), Hans Jonas (trad. Jean Greisch), éd. Flammarion, 1998  (ISBN 2-0808-1402-8), p. 18


Si donc la nature inédite de notre agir réclame une éthique de la responsabilité à long terme, commensurable à la portée de notre pouvoir, alors elle réclame également au nom même de cette responsabilité un nouveau type d’humilité – non pas une humilité de la petitesse, comme celle d’autrefois, mais l’humilité qu’exige la grandeur excessive de notre pouvoir de faire sur notre pouvoir de prévoir et sur notre pouvoir d’évaluer et de juger.
  • Le principe responsabilité (1979), Hans Jonas (trad. Jean Greisch), éd. Flammarion, 1998  (ISBN 2-0808-1402-8), p. 58


Une éthique pour la nature, 2017 modifier

L'exploitation abusive de la nature par les hommes, et en particulier par ceux de la société industrielle occidentale, a dégénéré en habitudes de vie.
  • Une éthique pour la nature (2017), Hans Jonas (trad. Sylvie Courtine-Denamy), éd. Flammarion, coll. « Arthaud poche, Les fondamentaux de l'écologie », 2017  (ISBN 9782081410770), p. 32 [entretien initialement paru dans Der Spiegel le 11 mai 1992]


La planète est surpeuplée, nous nous sommes trop étendus, nous avons pénétré trop profondément l'ordre des choses. [...] Ne sommes-nous pas désormais appelés à une sorte d'obligation radicalement nouvelle, à quelque chose qui n'existait pas autrefois, à savoir à assumer notre responsabilité à l'égard des générations à venir et de l'état de la nature sur terre ?
  • Une éthique pour la nature (2017), Hans Jonas (trad. Sylvie Courtine-Denamy), éd. Flammarion, coll. « Arthaud poche, Les fondamentaux de l'écologie », 2017  (ISBN 9782081410770), p. 37 [entretien initialement paru dans Der Spiegel le 11 mai 1992]


Paradoxalement, l'espoir réside à mes yeux dans l'éducation par l’intermédiaire des catastrophes.
  • Une éthique pour la nature (2017), Hans Jonas (trad. Sylvie Courtine-Denamy), éd. Flammarion, coll. « Arthaud poche, Les fondamentaux de l'écologie », 2017  (ISBN 9782081410770), p. 39 [entretien initialement paru dans Der Spiegel le 11 mai 1992]


En vertu d'une conclusion proprement ontologique, il résulte donc que, du simple fait que nous puissions nous sentir responsables, cette responsabilité nous prescrit d'assurer la pérennité de son existence dans le monde. Telle est la formulation la plus brève de la justification ontologique ou métaphysique de la morale de la responsabilité que j'ai a proposer.
  • Une éthique pour la nature (2017), Hans Jonas (trad. Sylvie Courtine-Denamy), éd. Flammarion, coll. « Arthaud poche, Les fondamentaux de l'écologie », 2017  (ISBN 9782081410770), p. 92 [entretien initialement paru dans le Süddeutsche Zeitung le 11 février 1992]


Je ne crois pas que le nombre de gens vertueux va augmenter, mais plutôt que le vice ne sera plus publiquement encouragé, qu'il ne pourra plus autant s'étaler qu'aujourd'hui, où il fait même l'objet d'un culte. Du seul fait qu'il disparaîtra de la vue de tous, sa jouissance s'en trouvera de ce fait réduite.
  • Une éthique pour la nature (2017), Hans Jonas (trad. Sylvie Courtine-Denamy), éd. Flammarion, coll. « Arthaud poche, Les fondamentaux de l'écologie », 2017  (ISBN 9782081410770), p. 95 [entretien initialement paru dans le Süddeutsche Zeitung le 11 février 1992]


S'imposer des limites est la première obligation de toute liberté, la condition même de son existence, car c'est seulement ainsi qu'une société [...] est possible.
  • Une éthique pour la nature (2017), Hans Jonas (trad. Sylvie Courtine-Denamy), éd. Flammarion, coll. « Arthaud poche, Les fondamentaux de l'écologie », 2017  (ISBN 9782081410770), p. 181-182 [discours de remerciement à l'occasion de la remise du Prix de la paix des libraires allemands le 11 octobre 1987]


Ainsi, pour assurer la protection des droits fondamentaux de l'individu par le droit constitutionnel, une protection par le droit constitutionnel des obligations fondamentales de l'ensemble de la communauté à l'égard de l'avenir s'avère-t-elle nécessaire.
  • Une éthique pour la nature (2017), Hans Jonas (trad. Sylvie Courtine-Denamy), éd. Flammarion, coll. « Arthaud poche, Les fondamentaux de l'écologie », 2017  (ISBN 9782081410770), p. 188-189 [discours de remerciement à l'occasion de la remise du Prix de la paix des libraires allemands le 11 octobre 1987]


Citations sur Hans Jonas modifier

Jonas recourt à une formule qui a été peu remarquée jusqu'ici : à ce qu'il appelle l'« optimisme impitoyable », il oppose, comme l'attitude qu'il préconise, un « scepticisme miséricordieux ». Notons-le bien : il ne s'agit pas d'opposer une attitude pessimiste (on ne changera pas le monde) à l'attitude optimiste, mais d'opposer un scepticisme — un doute quant aux promesses du progrès et de la libération — à un optimisme qui peut être qualifié d'« impitoyable » parce qu'il est sans pitié pour les hommes tels qu'ils sont.

  • « Contre l'appât de l'utopie, un scepticisme miséricordieux », Jacques Dewitte, Limite, nº 9, janvier 2018, p. 30


Telle est la leçon de Jonas : faire comprendre aux hommes la richesse inhérente au déjà-là : un déjà-là qui est porteur non pas de la possibilité d'un renouveau radical, mais de prouesses diverses.

  • « Contre l'appât de l'utopie, un scepticisme miséricordieux », Jacques Dewitte, Limite, nº 9, janvier 2018, p. 31


Par cette trouvaille discrète et ingénieuse, fondée sur une forme d'humilité principielle, ontologique, Jonas a découvert un biais pour échapper au dilemme : ou bien l'espoir progressiste utopique d'une perfectibilité conduisant à une perfection ultime ou bien le consentement résigné à un ordre du monde où l'imperfection est la règle. Ou bien le désir, ou bien l'absence de désir. Ou bien l'exaltation lyrique, ou bien l'abattement mélancolique. L'homme est à la fois grand et pitoyable. Ces deux pôles (grandeur et petitesse, hauteur et bassesse) sont indissociables — pas seulement parce que l'homme restera toujours petit malgré ses moments de grandeur (comme l'a dit Pascal) mais parce que sa faiblesse même est aussi une source de créativité.

  • « Contre l'appât de l'utopie, un scepticisme miséricordieux », Jacques Dewitte, Limite, nº 9, janvier 2018, p. 31


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