Race humaine

système de classification des différences d'apparence physique entre populations humaines

La notion de race humaine est une tentative d'application aux humains du concept de race, qui définit des sous-groupes dans une espèce animale domestiquée. On a longtemps cru pouvoir définir des races humaines par la couleur de la peau, ou l'origine géographique supposée (races blanche, noire, jaune...). L'état actuel des connaissances en génétique et en anthropologie physique a permis d'invalider ce concept et établit qu'il n'y a pas de sous-groupes dans l'espèce humaine.

Luigi Luca Cavalli-Sforza modifier

Les différences entre « races » (…) sont donc très faibles, et elles sont plus quantitatives que qualitatives. […] Vu sous cet angle, les désordres et les grandes tragédies, toutes les cruautés infligées au monde au nom de la diversité raciale, ne sont, pour reprendre les paroles de Macbeth, qu'« une histoire racontée par un idiot, pleine de fureur et de bruit, et qui ne veut rien dire ».
  • Qui sommes nous ?, Luigi Luca Cavalli-Sforza, éd. Flammarion, 1997, chap. Jusqu'à quel point sommes nous différents ?, p. 179


Les gènes qui répondent au climat influencent les caractères externes du corps. […] C'est justement parce qu'elles sont extérieures que ces différences attirent fortement notre regard, et nous pensons automatiquement que des différences d'égale importance doivent exister en ce qui concerne le reste de la constitution génétique. Mais cela n'est pas vrai : pour tout le reste de notre constitution génétique, nous sommes peu différents.
  • Qui sommes nous ?, Luigi Luca Cavalli-Sforza, éd. Flammarion, 1997, chap. Jusqu'à quel point sommes nous différents ?, p. 176


Non seulement on ne connait à ce jour aucun inconvénient biologique aux mariages interraciaux, mais les descendants d'individus d'origine différente, ou même de races profondément différentes, semblent plus robustes.
  • Qui sommes nous ?, Luigi Luca Cavalli-Sforza, éd. Flammarion, 1997, chap. Race et racisme, p. 327


Le monde entier est en train de devenir une seule population, et cet aspect de la globalisation ne peut être que bénéfique sur le plan génétique.
  • Evolution biologique, évolution culturelle, Luigi Luca Cavalli-Sforza, éd. Odile Jacob, 2005, chap. Gènes, populations, phénotypes et environnement, p. 90


Dans le Bassin méditerranéen, la ressemblance [génétique] entre tous les peuples vivant des deux côtés de la mer est remarquable.
  • Evolution biologique, évolution culturelle, Luigi Luca Cavalli-Sforza, éd. Odile Jacob, 2005, chap. Gènes, populations, phénotypes et environnement, p. 119


Clotilde Coudray modifier

La proximité génétique entre le nord de l’Afrique et les groupes sud-ouest européens conduisent à l’hypothèse d’une origine commune entre ces populations. Deux hypothèses sont actuellement discutées. Cette origine commune pourrait dater du Paléolithique Supérieur avec l’expansion d’Hommes anatomiquement modernes depuis le Proche-Orient et s’étendant le long des deux rives de la Méditerranée. Elle pourrait aussi avoir eu lieu au cours de la diffusion Néolithique depuis le Proche-Orient, il y a 10 000 ans av. J.-C.
  • Clotilde Coudray, 2006, dans Diversité génétique des populations Berbères et peuplement du nord de l'Afrique, paru Revue Anthropo, Vol. 11 - 2006, Volume spécial, XXVIIème colloque GALF, Clotilde Coudray.


== Jean-Michel Dugoujon

[L]es populations du pourtour méditerranéen forment une entité anthropologique de loin plus cohérente que celles proposées par les découpages entre pays ou entre continents.
  • Jean-Michel Dugoujon, 2005, dans Diversité des allotypes des immunoglobulines d’une population berbère de la vallée de Tacheddirt, paru BMSAP, Tome 17, Fascicule 1-2 (2005), Jean-Michel Dugoujon.


Alfred Fouillée modifier

On nous parle sans cesse de races à propos de peuples, quand on devrait simplement parler de types, c’est-à-dire de certaines combinaisons de caractères. Les combinaisons sont variables, les caractères des vraies races sont permanens. Il y a bien un type français, un type anglais, allemand, mais non une race française, anglaise ou allemande. Si l’on veut faire une division de l’Europe d’après les races, a dit excellemment l’anthropologiste même auquel nous faisions allusion tout à l’heure, « je défie qu’on puisse jamais poser une borne frontière. » Les races composantes, en effet, sont à peu près les mêmes dans toute l’Europe, sauf quelques élémens tatares à l’est. Les peuples ne sont, selon le mot de M. Topinard, que des produits de l’histoire. Il n’y a plus aujourd’hui de souches humaines qui se trouveraient à l’état tout primitif d’homogénéité des bandes primordiales.
  • Revue des Deux Mondes, Alfred Fouillée, éd. Revue des Deux Mondes, 1895, vol. 128, La Psychologie des peuples et l’Anthropologie, p. 367


Alexander von Humboldt modifier

En maintenant l'unité de l'espèce humaine, nous rejetons, par une conséquence nécessaire, la distinction désolante de races supérieures et de races inférieures. Sans doute il est des familles de peuples plus susceptibles de culture, plus civilisées, plus éclairées ; mais il n'en est pas de plus nobles que les autres. Toutes sont également faites pour la liberté, pour cette liberté qui, dans un état de société peu avancé, n'appartient qu'à l'individu, mais qui, chez les nations appelées à la jouissance de véritables institutions politiques, est le droit de la communauté tout entière.
  • Cosmos, essai d'une description physique du monde, Alexander von Humboldt, éd. Gide et J. Braudy, 1847, t. 1, p. 430


Bertrand Jordan modifier

Notons au passage que, puisque nous venons tous d'Afrique, nos lointains ancêtres étaient noirs : ce sont les Européens que la sélection naturelle a fait blanchir, et non l'inverse...
  • L'humanité au pluriel, la génétique et la question des races, Bertrand Jordan, éd. Seuil, 2008, chap. 8-Tous enfants de Cro-Magnon, p. 122


La recherche des origines par analyse ADN repose [...] sur des bases solides, et peut aider à comprendre notre histoire collective tout comme la place de chacun d'entre nous au sein de l'humanité. Elle bat en brèche la notion de race pure en montrant à quel point nous sommes tous des « métis ».
  • L'humanité au pluriel, la génétique et la question des races, Bertrand Jordan, éd. Seuil, 2008, chap. 9-Le « Business » des races, p. 138


[L]es groupes humains ont une certaine réalité. Ce ne sont cependant pas des «races» au sens ancien du terme, qui associe à la couleur de peau des comportements, des qualités et des défauts, des forces et des faiblesses qui seraient héréditaires et radicalement différentes d’une communauté à l’autre. L’humanité n’est pas divisée en «races» fondamentalement distinctes comme on le prétendait jadis. Elle n’est pas pour autant totalement homogène. [...] la génétique moderne montre l’existence, au sein de l’humanité, de «groupes d’ascendance» aux contours flous et à la diversité interne très élevée - sans différences biologiques nettes, et bien sûr sans aucune hiérarchie. Elle ne réintroduit pas la vieille notion de «race», vecteur de tant de drames. Elle ne remet nullement en cause l’égalité en droits de tous les hommes : ce principe, d’une autre nature, est un choix politique, et ne suppose pas que les humains soient tous pareils.


Le futur de notre espèce, c'est le métissage.


Claude Lévi-Strauss, Race et histoire, 1952 modifier

Le péché originel de l'anthropologie consiste dans la confusion entre la notion purement biologique de race (à supposer, d'ailleurs, que, même sur ce terrain limité, cette notion puisse prétendre à l'objectivité, ce que la génétique moderne conteste) et les productions sociologiques et psychologiques des cultures humaines.


David Reich modifier

Les « blancs » ne sont pas issus d'une population qui existe depuis des temps immémoriaux, comme certains le croient. Au lieu de cela, les « blancs » représentent un mélange de quatre populations anciennes qui vivaient il y a 10 000 ans et étaient toutes aussi différentes les unes des autres que les Européens et les Asiatiques de l'Est d'aujourd'hui.
  • (en) "Whites” are not derived from a population that existed from time immemorial, as some people believe. Instead, “whites” represent a mixture of four ancient populations that lived 10,000 years ago and were each as different from one another as Europeans and East Asians are today.
  • David Reich, professeur de la Harvard Medical School, est un généticien dont le laboratoire est à l'origine des principales études sur l'ADN ancien depuis les années 2010,
  • (en) « How Genetics Is Changing Our Understanding of ‘Race’ », David Reich (trad. Wikiquote), The New York Times, 23 mars 2018 (lire en ligne)


Cette conception séculaire de la « race » que les anthropologues réfutent depuis environ un siècle, a été infirmée ces dernières années pour des raisons toutes différentes, sur la la base des nouvelles données génétiques. (…) Les populations actuelles sont des mélanges des précédentes, elles-mêmes issues de mélanges antérieurs.
  • Comment nous sommes devenus ce que nous sommes — La nouvelle histoire de nos origines révélée par l'ADN ancien, David Reich, éd. Quanto, 2019, p. 23


En montrant que les lignes de démarcation génétiques qui prévalaient en Eurasie occidentale durant la période allant d'il y a 10 000 à il y a 4000 ans étaient totalement différentes des actuelles, la révolution de l'ADN ancien a révélé que les classifications d'aujourd'hui ne reflètent pas d'unités biologiques « pures » ou fondamentales. Bien au contraire, ces divisions sont récentes et ont trouvé leur origine dans de multiples croisements et migrations. Tout porte à croire que les combinaisons vont aller de l'avant: l'hybridation est un principe fondamental de notre identité. Nous ne devons pas le nier, mais nous en réjouir.
  • Comment nous sommes devenus ce que nous sommes — La nouvelle histoire de nos origines révélée par l'ADN ancien, David Reich, éd. Quanto, 2019, p. 133


Jean d'Ormesson modifier

Nous venons tous de la même source. Nous sortons tous de la même matrice. Nous sommes tous des Africains modifiés par le temps.
  • C'est une chose étrange à la fin que le monde, Jean d'Ormesson, éd. Robert Laffont, 2010, p. 30


Otto Schrader, 1907 modifier

L'anthropologie, et en premier lieu la craniologie, avec ses moyens, est incapable, pour les périodes préhistoriques comme pour les périodes historiques, de définir des races humaines clairement délimitées. Au contraire, que ce soit dans le présent ou dans le passé, où que nous nous tournions, nous rencontrons partout des formes transitionnelles ou mélangées.
  • (de) Sprachvergleichung und Urgeschichte : linguistisch-historische Beiträge zur Erforschung des indogermanischen Altertums, Otto Schrader (trad. Wikiquote), éd. Hermann Costenoble, Iéna, 1907, p. 116


Jean Louis Armand de Quatrefages de Bréau modifier

Le mélange, la fusion des races dans de justes proportions, me semble le plus grand élément de civilisation et de progrès.
  • (fr) Le mélange, la fusion des races dans de justes proportions, me semble le plus grand élément de civilisation et de progrès. [...] Les trois grandes races [blanche, noire, jaune] se sont d'abord formées et propagées isolément ; quel a été le résultat de cet état de choses? Chacune d'elles était primitivement incomplète et obéissait à des instincts exclusifs. Dans l'une comme dans l'autre, les qualités développées sans contrôle, et par suite exagérées, tournaient aisément en défauts ; les défauts devenaient des vices ; rien de nouveau ne surgissait en elles. Par les croisements elles se sont complétées; les exagérations se sont atténuées ; des qualités nouvelles, qui jusque-là sommeillaient à l'état de germes, se sont fait jour. Dans l'immense majorité des cas, dans tous, devrais-je dire, en ne prenant que les faits généraux, pour la race blanche aussi bien que pour les autres, les croisements ont donc été une chose bonne et utile. [...] le mélange dans des proportions convenables a été le plus puissant moyen de perfectionnement.
  • « Sur l'ouvrage de M. De Gobineau : Essai sur l'inégalité des races humaines » (1857), dans Bulletin de la Société de géographie, Jean Louis Armand de Quatrefages de Bréau, éd. Delagrave, 1857, t. 13, p. 206, 210


Onésime Reclus modifier

Il n’y a plus de races, toutes les familles humaines s’étant entremêlées à l’infini depuis la fondation du monde. Mais il y a des milieux et il y a des langues.
  • Un grand destin commence, Onésime Reclus, éd. La Renaissance du livre, 1917, p. 114-116


Dès qu’une langue a « coagulé » un peuple, tous les éléments « raciaux » de ce peuple se subordonnent à cette langue. C’est dans ce sens qu’on a dit : la langue fait le peuple (lingua gentem facit).
  • Un grand destin commence, Onésime Reclus, éd. La Renaissance du livre, 1917, p. 114-116


Marc Sauter modifier

Pour l'anthropologiste, les frontières que tracent le géographe et l'historien ne signifient pas grand-chose. [...] En fait, sur le plan anthropologique, l'Europe déborde largement les mers méridionales, la chaîne du Caucase et les steppes russes pour englober toute une humanité. Racialement, l'Europe est partout où la peau de l'homme est blanche.
  • Les Races de l'Europe (1952), Marc Sauter, éd. Payot, 1952, p. 179-180


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