Violence

utilisation de la force physique ou psychologique pour endommager une personne ou un objet

La violence est l’utilisation de la force physique ou psychologique pour endommager une personne ou un objet.

Philosophie modifier

Blaise Pascal, Les Provinciales, 1656 modifier

C'est une étrange et longue guerre que celle où la violence essaie d'opprimer la vérité. Tous les efforts de la violence ne peuvent affaiblir la vérité, et ne servent qu'à la relever davantage. Toutes les lumières de la vérité ne peuvent rien pour arrêter la violence, et ne font que l'irriter encore plus. Quand la force combat la force, la plus puissante détruit la moindre ; quand on oppose les discours aux discours, ceux qui sont véritables et convaincants confondent et dissipent ceux qui n'ont que la vanité et le mensonge ; mais la violence et la vérité ne peuvent rien l'une sur l'autre. Qu'on ne prétende pas de là néanmoins que les choses soient égales : car il y a cette extrême différence que la violence n'a qu'un cours borné par l'ordre de Dieu qui en conduit les effets à la gloire de la vérité qu'elle attaque, au lieu que la vérité subsiste éternellement et triomphe enfin de ses ennemis ; parce qu'elle est éternelle et puissante comme Dieu même.
  • Les Provinciales (1656-57), Blaise Pascal, éd. Firmin Didot, 1853, Lettre XII, p. 227


Jacques Derrida, L’écriture et la différence, 1967 modifier

Le discours, dit-il, est originellement violent.
  • (fr) L’écriture et la différence (1967), Jacques Derrida, éd. ., 1979, chap. Violence et Métaphysique, p. .


Konrad Lorenz, L'agression : une histoire naturelle du mal, 1969 modifier

Aucun homme normal n'irait jamais à la chasse aux lapins pour son plaisir, s'il devait tuer le gibier avec ses dents et ses ongles, en atteignant ainsi la réalisation émotionnelle complète de ce qu'il fait en réalité.
  • (fr) L'agression : une histoire naturelle du mal (1969), Konrad Lorenz (trad. Vilma Fritsch), éd. Flammarion, coll. « Champs », 1983  (ISBN 978-2-0812-3498-7), chap. XIII, p. 234


René Girard, La Violence et le Sacré, 1972 modifier

La tendance mimétique fait du désir la copie d'un autre désir et débouche nécessairement sur la rivalité.
  • La Violence et le Sacré (1990), René Girard, éd. Hachette, coll. « Pluriel », 2004  (ISBN 2-01-278897-1), p. 249


La tendance à effacer le sacré, à l'éliminer entièrement, prépare le retour subreptice du sacré, sous une forme non pas transcendante mais immanente, sous la forme de la violence et du savoir de la violence.
  • La Violence et le Sacré (1990), René Girard, éd. Hachette, coll. « Pluriel », 2004  (ISBN 2-01-278897-1), p. 480


Hélder Câmara, 1970 modifier

Il y a la violence mère, la violence n°1. Ce sont les injustices qui existent partout. Des petits groupes, des privilégiés dont la richesse est maintenue sur la misère de millions de concitoyens maintenus dans une situation sous-humaine. Après, ces injustices, qui sont la violence mère, la violence n°1, elles attirent, elles appellent la réaction des opprimés. Et ça, c'est la violence n°2. Après, arrive le gouvernement qui se juge dans l'obligation de sauvegarder l'ordre public, la sécurité nationale. Alors, on tombe dans une spirale de violence.
  • Lors d'une interview télévisée en 1970.
  • (fr) Hélder Câmara, cité par, Retour vers l'info. Les trois violences selon Helder Camara, Institut national de l'audiovisuel, 26 mars 2019 (accéder en ligne)


Michel Foucault, Les Anormaux, 1975 modifier

[...] l'idée que le pouvoir pèse en quelque sorte de l'extérieur, massivement, selon une violence continue que certains (toujours les mêmes) exerceraient sur les autres (qui sont eux aussi toujours les mêmes), ceci est une espèce de conception du pouvoir qui est empruntée à quoi ? Au modèle, ou à la réalité historique, comme vous voudrez, d'une société esclavagiste. L'idée que le pouvoir — au lieu de permettre la circulation, les relèves, les combinaisons multiples d'éléments — a essentiellement pour fonction d'interdire, d'empêcher, d'isoler, me semble une conception du pouvoir qui se réfère à un modèle lui aussi historiquement dépassé, qui est le modèle de la société de caste. En faisant du pouvoir un mécanisme qui n'a pas pour fonction de produire, mais de prélever, d'imposer des transferts obligatoires de richesse, de priver par conséquent du fruit du travail ; bref, l'idée que le pouvoir a essentiellement pour fonction de bloquer le processus de production et d'en faire bénéficier, dans une reconduction absolument identique des rapports de pouvoir, une certaine classe sociale, me semble se référer non pas du tout au fonctionnement réel du pouvoir à l'heure actuelle, mais au fonctionnement du pouvoir tel qu'on peut le supposer ou le reconstruire dans la société.
  • Les Anormaux, Michel Foucault, éd. Gallimard Le Seuil, coll. « Hautes Études », 1999  (ISBN 2-02-030798-7), Cours du 15 janvier 1975, p. 47


[...] après tout, qu'est-ce que c'est qu'un criminel ? Un criminel est celui donc qui rompt le pacte, qui rompt le pacte de temps en temps, quand il en a besoin ou envie, lorsque son intérêt le commande, lorsque dans un moment de violence ou d'aveuglement il fait prévaloir la raison de son intérêt, en dépit, du calcul le plus élémentaire de la raison. Despote transitoire, despote par éclair, despote par aveuglement, par fantaisie, par fureur, peu importe. Le despote, lui, à la différence du criminel, fait valoir la prédominance de son intérêt et de sa volonté ; il la fait prévaloir de façon permanente. C'est par statut que le despote est un criminel, alors que c'est par accident que le criminel est un despote.
  • Les Anormaux, Michel Foucault, éd. Gallimard Le Seuil, coll. « Hautes Études », 1999  (ISBN 2-02-030798-7), Cours du 29 janvier 1975, p. 87


C'est par un état de violence permanente que le despote peut faire valoir sa volonté sur le corps social tout entier. Le despote est donc celui qui exerce en permanence — hors statut et hors la loi, mais d'une manière qui est complètement intriquée dans son existence même — et qui fait valoir d'une façon criminelle son intérêt. C'est le hors-la-loi permanent, c'est l'individu sans lien social. Le despote est l'homme seul. Le despote est celui qui, par son existence même et par sa seule existence, effectue le crime maximum, le crime par excellence, celui de la rupture totale du pacte social par lequel le corps même de la société doit pouvoir exister et se maintenir. Le despote est celui dont l'existence fait corps avec le crime, dont la nature est donc identique à une contre-nature. C'est l'individu qui fait valoir sa violence, ses caprices, sa non-raison, comme loi générale ou comme raison d'État. C'est-à-dire que, au sens strict, depuis sa naissance jusqu'à la mort, en tout cas pendant tout l'exercice de son pouvoir despotique, le roi — ou en tout cas le roi tyrannique — est tout simplement un monstre. Le premier monstre juridique que l'on voit apparaître, se dessiner dans le nouveau régime de l'économie du pouvoir de punir, le premier monstre qui apparaît, le premier monstre repéré et qualifié, ce n'est pas l'assassin, ce n'est pas le violateur, ce n'est pas celui qui brise les lois de la nature ; c'est celui qui brise le pacte social fondamental. Le premier monstre, c'est le roi. C'est le roi qui est, je crois, le grand modèle général à partir duquel dériveront historiquement, par toute une série de déplacements et de transformations successives, les innombrables petits monstres qui vont peupler la psychiatrie et la psychiatrie légale du XIXe siècle.
  • Les Anormaux, Michel Foucault, éd. Gallimard Le Seuil, coll. « Hautes Études », 1999  (ISBN 2-02-030798-7), Cours du 29 janvier 1975, p. 87


Barruel, dans l' Histoire du clergé pendant la Révolution, raconte l'histoire d'une certaine Comtesse de Pérignon, qui aurait été rôtie place Dauphine avec ses deux filles, et six prêtres auraient été, eux aussi, brûlés vifs sur la place, parce qu'ils avaient refusé de manger le corps rôti de la comtesse. Barruel raconte aussi qu'on a mis en vente au Palais Royal des pâtés de chair humaine. Bertrand de Molleville, Maton de la Varenne, racontent toute une série d'histoires : la fameuse histoire de Mademoiselle de Sombreuil buvant un verre de sang pour sauver la vie de son père, ou de cet homme qui avait été obligé de boire le sang extrait du cœur d'un jeune homme pour sauver ses deux amis ; ou encore, des massacreurs de Septembre qui auraient bu de l'eau-de-vie dans laquelle Manuel aurait versé de la poudre à canon, et ils auraient mangé des petits pains qu'ils auraient trempés dans des blessures. Vous avez là aussi la figure du débauché-anthropophage, mais dans laquelle l'anthropophagie l'emporte sur la débauche. Les deux thèmes, interdiction sexuelle et interdiction alimentaire, se nouent donc d'une façon très claire dans ces deux grandes premières figures de monstre et de monstre politique. Ces deux figures relèvent d'une conjoncture précise, bien qu'elles reprennent aussi des thèmes anciens : la débauche des rois, le libertinage des grands, la violence du peuple. Tout ceci, ce sont de vieux thèmes : mais il est intéressant qu'ils soient réactivés et renoués à l'intérieur de cette première figure du monstre.
  • Les Anormaux, Michel Foucault, éd. Gallimard Le Seuil, coll. « Hautes Études », 1999  (ISBN 2-02-030798-7), Cours du 29 janvier 1975, p. 91


Chez les Mèdes, chez les Perses, vous trouvez également une aristocratie et un peuple. Ce qui prouve à l'évidence qu'il y a eu, derrière cela, luttes, violences et guerres. Et d'ailleurs, chaque fois que l'on voit les différences entre aristocratie et peuple s'atténuer dans une société ou dans un État, on peut être sûr que l'État va entrer en décadence. La Grèce et Rome ont perdu leurs statuts, et ont même disparu comme États, dès lors que leur aristocratie est entrée en décadence. Donc, partout des inégalités, partout des violences fondant des inégalités, partout des guerres. Il n'y a pas de sociétés qui puissent tenir sans cette espèce de tension belliqueuse entre une aristocratie et une masse de peuple.
  • « Il faut défendre la société », Michel Foucault, éd. Gallimard Le Seuil, coll. « Hautes Études », 1997  (ISBN 978-2-02-023169-5), Cours du 18 février 1976, p. 138


Benoît XVI, Discours de Rattisbonne, 2006 modifier

Celui qui veut conduire quelqu'un vers la foi doit être capable de parler et de penser de façon juste, et non pas de recourir à la violence.


Mehdi Belhaj Kacem, Rue69, 2011 modifier

  • La sodomie, ça s’apprend et le secret le mieux caché sur la sexualité féminine, c’est que le plaisir de la pénétration, il ne vient pas comme ça. C’est ce que dans le livre j’appelle « la violence masculine » dans le sens d’une « archiprostitution ». Si on monnaye depuis l’aube de l’humanité la pénétration, c’est qu’il y a des raisons, sur lesquelles tout le monde jette un voile pudique. ===
    • Mehdi Belhaj Kacem, Rue69, 2011

Littérature modifier

Isaac Asimov, Fondation, 1951 modifier

La violence est le dernier refuge de l'incompétence.
  • (en) Violence is the last refuge of the incompetent.


Isaac Asimov, Les Courants de l'espace, 1952 modifier

Pour mettre fin à l'emploi abusif de la violence, il n'y avait qu'une solution : la violence elle-même.


Paul Klee, Journal, 1957 modifier

7-12-1901. Deux lettres et deux cartes sont en route vers le Nord qui ne supposent point de réponse. Je veux savoir rompus la plupart des fils qui me rattachent à naguère. Peut-être est-ce là l'indice d'une commençante maîtrise. Je me sépare de ceux qui m'avaient enseigné. Ingratitude de l'élève ! Que me reste-t-il alors ? Rien que l'avenir. Je m'y apprête avec violence. Je n'avais pas beaucoup d'amis et dès que j'exige de l'amitié intellectuelle je suis à peu près abandonné.


Yves Michaud, Violence et politique, 1978 modifier

Il y a violence quand, dans une situation d'interaction, un ou plusieurs acteurs agissent de manière directe ou indirecte, en une fois ou progressivement, en portant atteinte à un ou plusieurs autres à des degrés variables soit dans leur intégrité physique, soit dans leur intégrité morale, soit dans leurs possessions, soit dans leurs participations symboliques et culturelles ».
  • Violence et politique, Yves Michaud, éd. ., coll. « . », 1978, ., p. .


Howard Bloom, Le principe de Lucifer : une expédition scientifique dans les forces de l'histoire, 2001 modifier

La seule vertu qui distingue les familles d'aristocrates des nôtres est une plus grande volonté de la part de leurs ancêtres à faire usage de la violence.
  • (fr) Le principe de Lucifer : une expédition scientifique dans les forces de l'histoire (1997), Howard Bloom (trad. Aude Flouriot), éd. Le jardin des livres, 2001  (ISBN 2-914569-03-3), p. 283


Psychologie modifier

Marie Anaut, La Résilience — Surmonter les traumatismes, 2003 modifier

Le parcours de vie des personnes résilientes nous montre que la première étape du processus de résilience peut passer par des comportements inadéquats, voire à connotation délinquante ou asociale (comme certaines formes d'addictions, par ex.) ou le recours à des modalités défensives à allure pathologique. On peut considérer qu'il s'agit de mécanismes défensifs de survie qui contribuent à l'adaptation lors de la phase 1 (Anaut, 2008). C'est ainsi que certain enfants maltraités utilisent le clivage, ou le refuge dans une bulle psychique protectrice, pour se préserver et supporter la violence ou les carence extrêmes.
  • La Résilience — Surmonter les traumatismes, Marie Anaut, éd. Armand Colin, coll. « 128 », 2008  (ISBN 978-2-200-35348-3), partie 3. Articulations théoriques de la résilience, chap. 4. Approches psychodynamiques et processus intrapsychiques, 4.4 Les phases du processus psychique de la résilience, p. 84


Alberto Eiguer, Psychanalyse du libertin, 2010 modifier

Libertinage et prédation

Les pervers sont raffinés tandis que les psychopathes se montrent brutaux et cultivent des pensées paranoïaques.
  • Psychanalyse du libertin, Alberto Eiguer, éd. Dunot, coll. « Psychismes », 2010  (ISBN 978-2-10-054958-0), partie II. Libertinage et prédation, chap. Qui sont les prédateurs sexuels ?, Victime qui devient bourreau, p. 106


Gérard Pirlot/Jean-Louis Pedinielli, Les Perversions sexuelles et narcissiques, 2005 modifier

Caractéristiques des perversions

Sur le plan clinique, le pervers se signale par son absence de conflictualisation apparente, de culpabilité, la faiblesse de l'élaboration psychique (capacité de mettre en mots), la difficulté d'utiliser la parole comme voie de décharge de l'excitation, l'importance de la décharge des pulsions, la mise en acte, le fonctionnement par clivage, le fait que les scénarios de mise en acte sont infiltrés d'éléments de scènes primitives violentes et sadiques où la mère est ressentie comme ayant un rôle actif.
  • Les Perversions sexuelles et narcissiques, Gérard Pirlot/Jean-Louis Pedinielli, éd. Armand Colin, coll. « 128 Psychologie », 2005  (ISBN 2-200-34042-7), partie II. Caractéristiques des perversions, chap. 3. Invariants psychopathologiques, p. 50


Jacques Abeille, Premières réponses à l'enquête sur les représentations érotiques, 1964 modifier

Les représentations imaginaires oscillent précisément entre ces deux pôles : des représentations « Sadiennes » avec accumulation de détails d'une violence à peine supportable alternant régulièrement avec des bouffées de la tendresse la plus ineffable qui révèle l'objet de mon amour dans toute sa pureté et dans toute sa souveraineté. Evidemment cette succession de représentations constitue un rythme qui va se précipitant jusqu'à une synthèse finale.
Ce rythme, tout comme la forme de cette synthèse même, échappent à mon contrôle. Il m'est possible de stimuler les représentations mais ni de les provoquer, ni de les éviter, ni même de les inhiber.
[...] Seules les forces vives de l'imagination constituent la sauvegarde de mon amour.
Elles orchestrent à elles seules cette généreuse synthèse. Se succédant régulièrement — imbriquées l'une dans l'autre — mouvement de l'amour.

  • Réponse de Jacques Abeille à l'interrogation suivante : Comment se caractérisent vos représentations imaginaires dans l'acte d'amour ? Justifient-elles un jugement de valeur ? Sont-elles spontanées ou volontaires ? se succèdent-elles dans un ordre fixe ? Lequel ? — Il est clairement question d'une enquête initiée par la revue surréaliste La Brèche en décembre 1964.
  • « Premières réponses à l'enquête sur les représentations érotiques », Jacques Abeille, La Brèche, nº 7, Décembre 1964, p. 84


Politique modifier

Emmanuel Mounier, La révolution personnaliste, 1935 modifier

On pense beaucoup trop aux actes de violence, ce qui empêche de voir qu'il y a plus souvent des états de violence, […] et que, de même que le tyran est le vrai séditieux, la vraie violence, au sens odieux de ce mot, c'est la permanence du régime.
  • « Révolution personnaliste et communautaire », Emmanuel Mounier (1935), dans Œuvres, Emmanuel Mounier, éd. Le Seuil, 1961, t. I : 1931-1939, p. 388


Max Weber, Le Savant et le politique, 1959 modifier

Il faut concevoir l’État contemporain comme une communauté humaine qui, dans les limites d’un territoire déterminé […], revendique avec succès pour son propre compte le monopole de la violence physique légitime.
  • (de) Staat ist diejenige menschliche Gemeinschaft, welche innerhalb eines bestimmten Gebietes […] das Monopol legitimer physischer Gewaltsamkeit für sich (mit Erfolg) beansprucht.
  • « Le métier et la vocation de savant », Max Weber (1919), dans Le Savant et le Politique, Max Weber (trad. Julien Freund, Eugène Fleischmann, Éric de Dampierre), éd. Union générale d’éditions, coll. « 10/18 », 1963  (ISBN 2-264-00209-3), p. 125


Lénine, L'État et la Révolution, 1917 modifier

Nous nous assignons comme but final la suppression de l'État, c'est-à-dire de toute violence organisée et systématique, de toute violence exercée sur les hommes, en général. Nous n'attendons pas l'avènement d'un ordre social où le principe de la soumission de la minorité à la majorité ne serait pas observé. Mais, aspirant au socialisme, nous sommes convaincus que dans son évolution il aboutira au communisme et que, par suite, disparaîtra toute nécessité de recourir en général à la violence contre les hommes, toute nécessité de la soumission d'un homme à un autre, d'une partie de la population à une autre ; car les hommes s'habitueront à observer les conditions élémentaires de la vie en société, sans violence et sans soumission.
  • L'État et la Révolution (1917), Lénine, éd. de Pékin, 1978, chap. Chapitre IV. Suite. Explications complémentaires d'Engels, p. 102


Mohandas Karamchand Gandhi modifier

Je ne chercherai pas à défendre davantage ma thèse. Car, même en exploitant toutes les possibilités du langage, on ne peut pas exprimer toute la complexité d'une pensée. Pour moi, la non-violence Ahimsa ne se ramène pas à un simple principe d'ordre philosophique. Elle règle toute ma vie. Elle en est le souffle. Je sais bien que souvent je ne suis pas à la hauteur de cette règle de vie. Si j'échoue, c'est parfois en connaissance de cause, mais plus souvent en toute ignorance. C'est une question de cœur et non d'intelligence. Pour ne jamais s'égarer sur cette voie de la non-violence, il faut constamment s'en remettre à Dieu, être toujours prêt à faire abnégation de soi et avoir la plus grande humilité. Pour pratiquer la non-violence, il faut être intrépide et avoir un courage à toute épreuve. J'ai conscience de mes manques et ils me navrent.


La non-violence est la plus grande force que l'humanité ait à sa disposition. Elle est plus puissante que l'arme la plus destructrice inventée par l'homme.
  • Gandhi (trad. G.Vogelweith), 1945, dans Life of Mathatma Gandhi, cité dans "Tous les hommes sont frères", paru Folio Essais, (Gallimard, 1990), p.153.


Mao Zedong, Le petit livre rouge, 1966 modifier

« La révolution n'est pas un dîner de gala ; elle ne se fait pas comme une œuvre littéraire, un dessin ou une broderie ; elle ne peut s'accomplir avec autant d'élégance, de tranquillité et de délicatesse, ou avec autant de douceur, d'amabilité, de courtoisie, de retenue et de générosité d'âme. La révolution, c'est un soulèvement, un acte de violence par lequel une classe en renverse une autre. »

Michel Rocard modifier

Le métier politique consiste à revendiquer le pouvoir, lequel a deux fonctions principales dans la société. Un, c’est d’y exercer le monopole public de la violence pour ne pas la laisser à la violence privée – il y faut de la police – ou à la violence internationale – il y faut se défendre. Et deux, de canaliser la circulation de l’argent. On touche au sale, par définition. Et on se salit quand on touche au sale, même si les motifs sont propres. Et quiconque prétend faire de la politique en négligeant ces deux aspects est un amateur, et tant qu’angélique il est dangereux.


Emmanuel Todd, Après la démocratie, 2008 modifier

Si Sarkozy existe en tant que phénomène social et historique, malgré sa vacuité, sa violence et sa vulgarité, nous devons admettre que l'homme n'est pas parvenu à atteindre le sommet de l'État malgré ses déficiences intellectuelles et morales, mais grâce à elles. C'est sa négativité qui a séduit. Respect des forts, mépris des faibles, amour de l'argent, désir d'inégalité, besoin d'agression, désignation de boucs émissaires dans les banlieues, dans les pays musulmans ou en Afrique noire, vertige narcissique, mise en scène publique de la vie affective et, implicitement, sexuelle : toutes ces dérives travaillent l'ensemble de la société française; elles ne représentent pas la totalité de la vie sociale mais sa face noire, elles manifestent son état de crise et d'angoisse. [...] Au fond, nous devrions être reconnaissant à Nicolas Sarkozy de son honnêteté et de son naturel, si bien adaptés à la vie politique de notre époque. Parce qu'il a réussi à se faire élire en incarnant et en flattant ce qu'il y a de pire autour de nous, en nous, il oblige à regarder la réalité en face. Notre société est en crise, menacée de tourner mal, dans le sens de l'appauvrissement, de l'inégalité, de la violence, d'une véritable régression culturelle.
  • Après la démocratie, Emmanuel Todd, éd. Gallimard, 2008, p. 16


La France ne contient pas un peuple mais cent, qui diffèrent par la conception de la vie et de la mort, par le système de parenté, par l'attitude face au travail ou à la violence. Du point de vue de l'anthropologie, la France ne devrait pas exister. La plupart des nations d'Europe et du monde, grandes ou petites - Angleterre, Allemagne, Russie, Japon, Suède, Irlande, Pologne par exemple - ne sont d'une certaine façon, que des systèmes originels et homogènes, tribus anciennes et minuscules, démesurément gonflées par mille ans d'expansion démographique, pour atteindre aujourd'hui l'échelle de nation. Des pays comme l'Inde, la Yougoslavie, l'Espagne sont, au contraire, absolument hétérogènes, juxtapositions de peuples n'ayant pas réalisé leur unité linguistique et administrative. [...] La France [...] n'a pas été fondée par aucun peuple particulier. Elle porte le nom d'un groupe germanique, parle une langue dérivée du latin, avec un fort accent gaulois nous disent les linguistes. Elle fut inventée par une communauté de peuples. Plus que tout autre nation au monde, elle est un défi vivant aux déterminations ethniques et culturelles.


Frantz Fanon, Les Damnés de la Terre, 2008 modifier

Chaque fois qu'il est question de valeurs occidentales, il se produit, chez le colonisé, une sorte de raidissement, de tétanie musculaire. [...] Or il se trouve que lorsqu'un colonisé entend un discours sur la culture occidentale, il sort sa machette ou du moins il s'assure qu'elle est à portée de sa main. La violence avec laquelle s'est affirmée la suprématie des valeurs blanches, l'agressivité qui a imprégné la confrontation victorieuse de ces valeurs avec les modes de vie ou de pensées des colonisés font que, par un juste retour des choses, le colonisé ricane quand on évoque devant lui ces valeurs.
  • Les Damnés de la Terre (1961), Frantz Fanon, éd. La Découverte poche, 2002, p. 46


Le colonialisme n'est pas une machine à penser, n'est pas un corps doué de raison. Il est la violence à l'état de nature et ne peut s'incliner que devant une plus grande violence.
  • Les Damnés de la Terre (1961), Frantz Fanon, éd. La Découverte poche, 2002, p. 61


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