Littérature

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Prose poétique

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Paul Éluard , Capitale de la douleur, 1926

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André Masson

Rampe des mois d'hiver, jour pâle d'insomnie, mais aussi, dans les chambres les plus secrètes de l'ombre, la guirlande d'un corps autour de sa splendeur.
  • Capitale de la douleur suivi de L'amour la poésie (1926), Paul Éluard, éd. Gallimard, coll. « Poésie », 1966  (ISBN 978-2-07-030095-2), partie Nouveaux poèmes, André Masson, p. 105


Ce soir-là, ses salons en stuc blanc chargé d'or étaient éclairés avec plus de splendeur que de coutume ; des multitudes de girandoles en cristal de roche à facettes étincelantes, se répétant à l'infini dans des panneaux de glace, jetaient une vive lumière sur les draperies de damas aux tons éclatants. Des pyramides de cactus, qui ouvraient leurs corolles ardentes dans cette chaude atmosphère, ajoutaient encore à l'éblouissement de l'œil. Un orchestre puissant faisait retentir d'une musique provocante ces espaces sonores où les femmes aux courtes tuniques, aux cheveux parfumés, ruisselants de pierreries, les bras nus, les épaules nues, arrivaient une à une et se prenaient la main, comme des fées qui se rassemblent pour un joyeux sortilège.