Utilisatrice:Victoire F./Brouillon

Félix Milliet en 1870.

Félix Milliet, né le à Valence et mort le dans le 5e arrondissement de Paris, est un militant républicain, poète et chansonnier français.

Poèmes attribuées à Félix Milliet

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J'aime ta chevelure
Dont la noire parure
Se sépare en bandeaux,
Puis doucement s'arrange
Autour de ton front d'ange
En gracieux anneaux.

De tes seize ans parée
Et de joie enivrée,
Lorsque tu viens au bal,
J'aime la rose blanche
Dont la tige se penche
Sur ton front virginal.

Paul Milliet : "Ceux qui ont observé les tableaux et les gravures de cette époque [1838], se souviennent de ces jeunes flUes à l'air naïf, coiffées de bandeaux plats, avec accroche-cœurs. Au bal, elles portaient une fleur plantée au sommet de la tête et retombant sur le front."

Oh ! c'est qu'elle était là, la jeune demoiselle,
    Assise au bord du Loir,
Son album à la main, dessinant la tourelle,
    Du gothique manoir.

Paul Milliet : Il "raconte une joute sur l'eau à laquelle il avait pris part. Ses yeux se tournaient souvent vers le rivage."

Lorsqu'au milieu des jeux, des ris, des danses folles,
Les hommes, à l'envi, vers toi se presseront,
Ton oreille entendra de bien douces paroles,
Qui feront de plaisir rougir ton jeune front.

Alors songe parfois que, loin de cette fête.
Loin de tout le bonheur que le monde promet,
Il est un cœur aimant, une âme de poète,
Qui te chante tout bas et t'adore en secret.

PM : Il n'est pas invité à un bal

Eh bien! je t'aime ainsi, pâle et triste relique,
Quand je tourne vers toi mon œil mélancolique,
Il s'échappe un soupir de mon cœur oppressé ;
Une larme, parfois, vient mouiller ma paupière.
C'est que je songe alors à ta splendeur première,
    À ton éclat trop tôt passé.

C'est que je vois en toi la plus fidèle image
De nos illusions, des rêves du bel âge,
De ces beaux songes d'or que l'on fait à vingt ans,
Brillants comme tes fleurs, comme elles éphémères,
Et qu'on voit s'envoler, hélas ! tristes chimères,
    Sur l'aile froide des autans.

Plus je l'aime, ô mon Dieu ! plus je suis misérable.
Dans son brillant chemin je passe inaperçu ;
En vain je la supplie, elle est inexorable,
Et ce que j'ai souffert pourtant elle l'a su.

Tout bonheur ici-bas repose sur le sable ;
Mon espoir du matin chaque soir est déçu ;
De ses refus amers la cruelle m'accable,
Et j'aurai tout donné sans avoir rien reçu.

Je demandais si peu pour chérir l'existence,
Si peu pour être heureux ; une ombre d'espérance.
Un seul mot de pitié... qui n'est venu jamais !

Ai-je pu malgré moi mériter votre blâme ?
Un feu d'amour divin illuminait mon àme ;
Tout va s'éteindre ; adieu !... Comme je vous aimais !

PM : Bientôt le jeune officier dut quitter Montoii'e pour aller en garnison à Vendôme.

Vois-tu, si tu n'as pas, une fois en ta vie.
Éprouvé de l'amour la puissante magie.
Tu ne comprendras pas l'ineffable bonheur,
L'indicible plaisir qui vous remplit le cœur,
Le Dimanche à midi, quand, quittant la semaine,
On s'élance à cheval tout à travers la plaine,
Au galop, plein d'espoir, ivre d'amour. Souvent
Lorsque tombe la pluie et que souffle le vent,
Pour passer, ruisselant, sur un coursier qui fume
Et qui mâche en courant son mors blanchi d'écume,
Devant une fenêtre, où l'on verra soudain
Un rideau, soulevé par une blanche main.
Puis, vous apparaîtra le gracieux visage
D'une enfant aux yeux bleus qui, de votre passage
Inquiète, attendait le moment désiré,
Peut-être hélas trop lent à venir à son gré.
Tu ne comprendras pas l'ivresse, le délire,
La volupté qu'on a de penser, de se dire
Que votre ange adorée, en vous voyant ainsi,
Vous plaindra, puis tout bas murmurera : merci.
Car elle saura bien que c'est à cause d'elle
Que sur votre manteau la pluie à flots ruisselle,
Que c'est pour elle seule et pour voir ses beaux yeux,
Pour ouïr de sa voix le son mélodieux,
Pour voir son beau cou blanc, semé de veines bleues,
Qu'au galop vous avez parcouru quatre lieues.

PM : Il écrit à un ami.

Je voudrais que ma poésie
Fût harmonieuse et choisie,
Comme le chant du rossignol :
Alors mon ardente pensée,
Dans une strophe cadencée,
Jusque vers toi prendrait son vol.
Je voudrais que ma poésie
Fût harmonieuse et choisie.

Je voudrais, par un sortilège.
Avoir le pinceau du Corrège,
De l'Albane ou de Raphaël :
Ta beauté, lumineuse étoile,
Rayonnerait sur l'humble toile,
Son éclat serait immortel.
Je voudrais, — par un sortilège,
Avoir le pinceau du Corrège.

Je voudrais être un statuaire
Et, donnant ta forme à la pierre,
T'asseoir sur un haut piédestal,
Dans une ravissante pose ;
Puis, au socle de granit rose,
Buriner ton nom virginal.
Je voudrais être un statuaire
Pour donner ta forme à la pierre.

Je voudrais être, en mon ivresse,
Le sylphe léger, qui caresse
Ton beau front pendant le sommeil ;
Puis, le matin, quand ta paupière
Ouvre ses cils à la lumière,
Être un blanc rayon de soleil.
Je voudrais être, en mon ivresse,
Le sylphe heureux qui te caresse.

Mais hélas, je suis peu de chose,
Ni grand peintre, ni sylphe rose,
Ni poète à la lyre d'or.
Qu'importe, si tu veux me prendre
Tel que je suis, rêveur bien tendre.
Avec mon cœur pour tout trésor.
Mais hélas, je suis peu de chose,
Ni grand peintre, ni sylphe rose.

- Tout ça en 1838 -

Qu'elle ne puisse pas faire la différence
De son bonheur présent à son bonheur passé.
D'être un ormeau fidèle à cette tendre vigne
Qui de la soutenir vient de me trouver digne.
Oh, lorsqu'un nœud divin unira pour toujours
Et mon âme à ton âme et mes jours à tes jours,
Comme un fleuve aux flots d'or s'écouleront les heures.
Si tu veux, nous fuirons loin des tristes demeures,
Loin du bruit, de la foule, insupportable essaim,
Et nous irons ensemble, en nous donnant la main.
Promener lentement sur la verte colline,
Près de la vieille tour, d'où le regard domine
Le vallon calme et frais, sillonné par le Loir.
[...]
Je te dirai combien tristes étaient mes jours,
Avant que ta présence en vînt charmer le cours,
Comme péniblement s'écoula mon enfance,
Comment, bien jeune encor, je connus la souffrance,
Et plus tard, dans le monde où j'essayai mes pas,
Combien je rencontrai d'amertumes, hélas !
Du jour où je t'aimai, je te dirai mes craintes.
Puis mes éclairs d'espoir, mes soupirs et mes plaintes,
Et mes jours sans repos et mes nuits sans sommeil,
Et les vœux insensés que j'adressais au ciel.
Enfin tu m'entendras dire que je t'adore.
Te le dire cent fois, puis te le dire encore.

PM : "En janvier 1939, fut enfin accordé le consentement si ardemment attendu." Poème d'avril 39

Et mon àme s'arrête, en extase, ravie...
C'est que tu m'apparais auprès de son berceau,
Auprès de notre enfant dont le premier somûre
Fut pour toi, la première, ô mère au cœur divin.
Qui lui donnas le jour au prix d'un long martyre.
Et qui, pour le nourrir, donnes encor ton sein.
Alors d'un bonheur pur mon triste front s'éclaire,
Comme un sombre horizon aux rayons du soleil
Et je baise mon fils et je bénis sa mère.
Et j'adresse pour eux une prière au ciel.

PM : "Lors de la naissance de son fils aîné, Félix exprima d'une façon charmante les sentiments délicats et tendres d'un jeune homme étonné d'être père pour la première fois. Il ose à peine toucher le nouveau-né, il reste plongé dans une contemplation délicieuse"

[...]
Le peuple souffre, adoucissez sa peine,
    Chantez encore, ô Béranger.

N'êtes-vous pas la muse qui console ?
Des parias l'ange libérateur ?
De l'ouvrier n'êtes-vous pas l'idole ?
Ne sait-il pas tous vos refrains par cœur ?
Hélas ! en vain les pauvres prolétaires
D'un joug fatal voudraient se dégager,
Le capital les étreint dans ses serres !
    Chantez encore, ô Béranger.

La guerre sainte en Europe s'apprête ;
La liberté recrute ses soldats.
Partout l'esclave a relevé la tête
Et devant lui tremblent les potentats.
Contre les Rois, au signal de la France,
Voyez, voyez nos frères s'insurger !
Sonnez pour eux l'heure de délivrance,
    Chantez encore, ô Béranger.

ENVOI

Doux souvenir ! votre bouche indulgente
Daigna sourire à mes modestes vers,
Et votre voix m'a dit : jeune homme, chante,
Chiante au soleil et même dans les fers ;
Et j'ai rêvé, mais j'étais en délire,
De devenir un jour l'écho léger,
Vague et lointain de votre grande lyre.
    Chantez encore, ô Béranger.

15 avril 1849

Gloire aux martyrs, honte aux bourreau !
Voilà le cri du peuple en France.

Refrain d'une chanson

https://archive.org/stream/s11cahiersdelaqui10pg#page/n510/mode/1up

Citations sur Félix Milliet

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Les chansons que voici sont l'œuvre d'un nouveau venu, après Désaugiers, après Émile Debraux, après Béranger, après le prolétaire P. Dupont. Trouvera-t-il à son tour une petite place au banquet ? Il a chanté d'abord pour lui, avec son cœur, et quand on chante ainsi, l'on chante pour tout le monde. Mon amitié indiscrète adressa un jour au juge suprême en matière de goût, à celui dont les vers sont les odes de la rue, à Déranger, une des productions de Félix Milliet, ayant, je crois, pour refrain : « Plus de chansons ! » Béranger répondit ainsi à cet envoi :

« La chanson de M. F. Milliet est très spirituelle et bien tournée ; j'engage ce jeune auteur à ne pas accorder crédit à son refrain. Qu'il fasse des chansons et beaucoup. »

Cet encouragement du maître a porté ses fruits; Félix Milliet a oublié son refrain ; il a chanté et voici ses œuvres. Populaires au fond de la province qu'il habite, elles le deviendront à Paris aussi, car un seul sentiment les a dictées : l'amour de la République, la foi dans notre immortelle devise : Liberté, Égalité, Fraternité.

Préface de Napoléon Gallois

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