Il apparaît ainsi que les forêts sont des superorganismes, des organisations structurées comme le sont par exemple les fourmilières. […]
Un arbre n'est pas une forêt, il ne peut à lui seul créer des conditions climatiques équilibrées, il est livré sans défense au vent et à la pluie. A plusieurs, en revanche, les arbres forment un écosystème qui modère les températures extrêmes, froides ou chaudes, emmagasine de grandes quantités d'eau et augmente l'humidité atmosphérique. Dans un tel environnement, les arbres peuvent vivre en sécurité et connaître une grande longévité. Pour maintenir cet idéal, la communauté doit à tout prix perdurer.
La vie secrète des arbres, Peter Wohlleben, éd. Les Arènes, 2017
(ISBN 9782352045939), p. 15
Les arbres se synchroniseraient de façon que tous aient les mêmes chances de développement. […] les arbres compensent mutuellement leurs faiblesses et leurs forces. Le rééquilibrage s'effectue dans le sol, par les racines. Et les échanges vont bon train. Qui est bien nanti donne généreusement et qui peine à se nourrir reçoit de quoi améliorer son ordinaire. Nous retrouvons ici aussi les champignons dont l'immense réseau agit cette fois en machine à redistribuer géante. En somme, le système fonctionne un peu comme nos services d'aide sociale.
La vie secrète des arbres, Peter Wohlleben, éd. Les Arènes, 2017
(ISBN 9782352045939), p. 28
Les arbres compensent mutuellement leurs faiblesses et leurs forces. Le rééquilibrage s'effectue dans le sol, par les racines. Et les échanges vont bon train. Qui est bien nanti donne généreusement et qui peine à se nourrir reçoit de quoi améliorer son ordinaire.
La vie secrète des arbres, Peter Wohlleben, éd. Les Arènes, 2017
(ISBN 9782352045939), p. 28
Nous savons de l'observation de la floraison des sites forestiers en voie de dépérissement que ce sont précisément les sujets mal en point qui mettent le plus d'ardeur à fleurir. Sans doute est-ce afin d'assurer leur descendance avant que la mort signe la disparition définitive de leur patrimoine génétique. Des effets similaires sont induits par les records de sécheresse et de chaleur de certains étés qui mènent les arbres au bord de la rupture puis les font abondamment fleurir le printemps suivant. Ce qui, au passage, tord le cou à l'idée qui voudrait qu'une abondance de glands et de faînes indique que l'hiver sera particulièrement rigoureux.
La vie secrète des arbres, Peter Wohlleben, éd. Les Arènes, 2017
(ISBN 9782352045939), p. 41
Il n'est pas étonnant que les épicéas qui poussent en terrain humide soient les plus touchés par les épisodes de sécheresse : favorisés par la nature, ces enfants gâtés ne se sont jamais trouvés en situation de devoir s'adapter à la pénurie. Un kilomètre plus loin, sur un versant sud, sec et caillouteux, la situation est tout autre. C'est là que je me serais attendu à ce qu'une forte sécheresse estivale cause le plus de dommages. Or le constat est inverse. Les ascètes qui vivent ici sont des endurcis beaucoup plus résistants que leurs collègues qui n'ont jamais eu à se restreindre.Ils ont beau avoir nettement moins d'eau à leur disposition, à la fois parce que le sol en retient peu et parce que le soleil est plus desséchant, ces épicéas se portent bien.
La vie secrète des arbres, Peter Wohlleben, éd. Les Arènes, 2017
(ISBN 9782352045939), p. 59
La diversité est une assurance de pérennité, et comme les champignons sont de leur côté dépendants de la stabilité de leur environnement, si les appétits hégémoniques d'une espèce mettent cette dernière en péril, ils rééquilibrent les forces en aidant les plus faibles afin de les préserver d'une disparition totale.
La vie secrète des arbres, Peter Wohlleben, éd. Les Arènes, 2017
(ISBN 9782352045939), p. 68
Si nous voulons que les forêts jouent plus pleinement leur rôle dans la lutte contre le changement climatique, nous devons les laisser vieillir.
La vie secrète des arbres, Peter Wohlleben, éd. Les Arènes, 2017
(ISBN 9782352045939), p. 84
Et quand un arbre est coupé ? Meurt-il ?
Qu’en est-il par exemple, de cette souche multicentenaire évoquée au tout début du livre, que ses congénères maintiennent sous perfusion pour qu’elle ne meure pas ? Est-ce un arbre ? Si ce n’en est pas un, qu’est-ce que c’est ? L’affaire se complique quand la souche forme un rejet. Et cela est d’autant plus fréquent que, dans de nombreuses forêts, les feuillus ont longtemps été exploités par les charbonniers qui les coupaient pour fabriquer du charbon de bois.
Les souches ont formé des rejets qui constituent aujourd'hui, des siècles plus tard, la base d'une majorité de nos forêts de feuillus, notamment de chênes et de charmes. La méthode consistait à couper et à laisser repousser les rejets une quinzaine d'années environ avant de les couper à nouveau, de sorte que jamais les arbres n'atteignaient une grande ampleur.
À l'époque,cette pratique du taillis était dictée par la pauvreté des populations qui ne pouvaient se permettre d'attendre que les arbres grossissent. Les formes en cépées, que vous pouvez rencontrer aujourd'hui en forêt, en sont des vestiges, de même que les renflements globuleux à la base des pieds-mères, signe d'une prolifération des tissus due à l'abattage régulier des rejets.
La vie secrète des arbres, Peter Wohlleben, éd. Les Arènes, 2017
(ISBN 9782352045939), p. 94
Cet épicéa a fait un sort à quelques doctrines scientifiques. Jusque-là, personne ne savait que l’espèce pouvait dépasser les 500 ans. Surtout, il était généralement admis que les épicéas n’étaient apparus dans cette partie de la Suède que 2 000 ans après le recul des glaciers.
Pour moi, ce petit végétal qui n’a l’air de rien est symbolique du peu que nous comprenons des arbres et des forêts, et de tous les prodiges de la nature qu’il nous reste à découvrir.
La vie secrète des arbres, Peter Wohlleben, éd. Les Arènes, 2017
(ISBN 9782352045939), p. 95
Chez les arbres, vieux n’est pas synonyme de faible, bossu et vulnérable, mais de vigoureux et performant. Les arbres-vieillards sont nettement plus productifs que les jeunes blancs-becs, et ils sont de précieux alliés des hommes dans leur lutte contre le réchauffement climatique. […] Prôner le rajeunissement des forêts pour les revitaliser s’apparente à de la tromperie.
La vie secrète des arbres, Peter Wohlleben, éd. Les Arènes, 2017
(ISBN 9782352045939), p. 111-112
Tendez l’oreille, les vieilles forêts de feuillus offrent un service météo à court terme d’une grande fiabilité : le pinson des arbres.
En temps normal, le chant de ce passereau brun roux à tête grise est une courte série de notes descendantes finissant en fioritures, flûtées et mélodieuses (ne dit-on pas gai comme un pinson ?).
Que la pluie arrive, aussitôt le pinson change de registre et ne répète plus qu’une seule note, claire, et moins charmante.
La vie secrète des arbres, Peter Wohlleben, éd. Les Arènes, 2017
(ISBN 9782352045939), p. 126
Notre difficulté à comprendre les arbres a surtout pour origine leur extrême lenteur. Leur enfance et leur jeunesse sont dix fois plus longues que la nôtre et ils vivent au moins cinq fois plus longtemps que nous.
La vie secrète des arbres, Peter Wohlleben, éd. Les Arènes, 2017
(ISBN 9782352045939), p. 216
Nous devons veiller à ne pas puiser dans l’écosystème forestier au-delà du nécessaire et nous devons traiter les arbres comme nous traitons les animaux, en leur évitant des souffrances inutiles. L’exploitation du bois doit se faire dans le respect des besoins spécifiques des arbres. Cela signifie qu’ils doivent pouvoir satisfaire leurs besoin d’échange et de communication, qu’ils doivent pouvoir croître dans un véritable climat forestier, sur des sols intacts, et qu’ils doivent pouvoir transmettre leurs connaissances aux générations suivantes.
La vie secrète des arbres, Peter Wohlleben, éd. Les Arènes, 2017
(ISBN 9782352045939), p. 251
La futaie jardinée est à l’exploitation forestière ce que la culture biologique est à la production de denrées alimentaire
La vie secrète des arbres, Peter Wohlleben, éd. Les Arènes, 2017
(ISBN 9782352045939), p. 251
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