Vincent, François, Paul... et les autres

film français

Vincent, François, Paul... et les autres est un film français de Claude Sautet sorti en 1974, adaptation du roman de Claude Néron La Grande Marrade. Les dialogues ont été écrits par Jean-Loup Dabadie.

La scène du repas modifier

(Tous les amis sont à table. François coupe le gigot.)
Jean : Alors, Jacques. Tu disais, la banlieue ?
Jacques : Pas la banlieue, mais un peu plus loin. Quand tu traverses, tu reconnais plus rien.
Pierre : Ni personne.
Colette : C'était pourtant bien ces petites maisons. On se croyait à la campagne.
Lucie : En tous cas, c'est moins laid que ces tours.
François : Ça dépend lesquelles.
Jacques : C'est vrai. Il y a des tours qui sont belles.
Colette : En général, dans celles-là, il y a des bureaux.
Pierre : Et puis les autres, t'as qu'à voir les prix !
Paul : Julia, t'as pas un autre couteau ?
Julia : Oui, il y en a un sans manche là-dedans.
François : Ça va, regarde !
Pierre : En tous cas, les gens qui habitaient là se sont fait expulser, sans histoires.
François : On les reloge.
Pierre : Oui, dans des HLM avec des loyers qu'ils ne peuvent pas payer.
François : Ils n'ont qu'à s'installer plus loin.
Vincent : Dans la Creuse, c'est pas mal, il paraît. Ou dans l'Ardèche.
Pierre : Tu rigoles mais les types qui sont déjà à 60 ou 100 km de leur travail, c'est pas une rigolade pour eux. En attendant
qu'on les éjecte un peu plus loin.
François : C'est l'évolution urbaine. C'est inévitable. Faut savoir s'adapter.
Pierre : T'es très marrant. Faut avoir les moyens.
Julia : Pierre !
Paul : C'est Francois qui a raison. Ceux qui n'ont pas d'argent, ils n'ont qu'à s'arranger. Ou pour en avoir, ou pour s'en passer. Mais pas pour emmerder les autres, qu'est-ce que ça veut dire ? S'adapter, ça signifie quoi ? Vivre avec son temps. Savoir bouger avec la société. Comme François. Naturellement, une seule devise : «Pour changer de vie, changer la vie.» Ah, autrefois, c'était autre chose. Fallait pas rire avec le progrès social, sinon il se fâchait. C'était la grande époque du dispensaire. Créons et multiplions les dispensaires de banlieue. Soigner les pauvres gratuitement. La science n'est pas à vendre. Nous sommes au service du monde, et cetera, et cetera... Voilà ce qu'on entendait à Maisons-Alfort dans les années 50. Puis alors, je sais pas ce qui s'est passé. Tout d'un coup, coup de baguette. Plus de dispensaire, dis donc ! Et à la place, une clinique toute blanche à l'étoile. Nous sommes au service du monde, mais du beau monde. C'est ça, l'évolution urbaine, mon petit garçon. Les autres n'ont qu'à s'installer plus loin. C'est ça, s'adapter, t'as compris ?
François : Je vais pas entendre des conneries toute ma vie ! Recevoir des leçons imbéciles jusqu'à la fin des temps ! Écouter un écrivain qui n'écrit rien, un boxeur qui ne veut pas boxer, des bonnes femmes qui couchent avec n'importe quoi, merde ! Et quand on sera partis, celui-là qui va rester avec sa danseuse qu'a une jambe et qui... Qu'est-ce que j'en ai à foutre ?
Vincent : Écoute, François...
François : Ta gueule ! Tu m'emmerdes ! Je t'emmerde ! Je vous emmerde tous avec vos dimanches et votre gigot à la con ! Merde !


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