Vivre sa vérité : Carnets de route est un journal écrit par Pierre Ceresole. Il contient des notes rédigées entre 1909 et 1944.

Les chapitres du livre publié sur la base des cahiers laissés par Ceresole portent des titres ajoutés par Hélène Monastier et Lise Ceresole.

Citations

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Au Japon (1912-1914)

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Dieu n'est pas dans une église ; une église est une chose fermée. Un symbole important, c'est que l'édifice soit ouvert : une porte immense par où la vérité puisse entrer, toujours. Dieu est dans chaque brin d'herbe qui vit, qui est beau ; dans chaque bonne et noble pensée ; dans chaque regard droit ; dans tout ce qui tend à établir l'harmonie entre les êtres ou les parties d'un être, l'art et la science. Dieu ne plane pas au-dessus de tout cela, c'est tout cela. (…).


On peut comprendre que ceux qui n’ont pas connu l’aisance, la richesse, soient impatients d’y parvenir. Mais que ceux qui ont expérimenté la vanité du mirage s’y cramponnent, c’est invraisemblable.


Nous avons une loi sur l'abattage des bœufs à la mode juive ; nous pourrions en avoir une contre celui des hommes à la mode chrétienne.


L’enfer, c’est une invention de bonnes gens faibles, pour se débarrasser de leur devoir le plus important, le plus lourd et le plus difficile… qui est de s’arranger avec les canailles et de rétablir l’harmonie.


Retour en Suisse (1914)

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Vivre de ses rentes est aussi avilissant que d'avoir des esclaves; c'est la même chose, du reste : esclaves indirects.


Mieux vaut être au ban de tous les partis et de tout le monde que d'être complice.


Sous le signe π (1915-1916)

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Le seul moyen de vaincre définitivement, c'est de faire alliance avec tout ce qu'il y a de meilleur chez votre ennemi.


Cette idée de vouloir faire triompher la justice par la violence paraîtra un jour aussi bête et fausse que nous paraît la torture pour savoir la vérité.


L'action pour la paix (1919-1926)

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L’inutilité, le danger de dire des choses dures et vraies par lettre. On ne fait pas des opérations chirurgicales avec des instruments à longue portée. Il faut toute la précision du coup d’œil et la sûreté aussi complète que possible de la main directement en contact avec l’opéré.


Nous préférons infiniment aller en prison plutôt que de continuer cette action ridicule qui consiste à entasser bois, pétrole, dynamite, pour prévenir l’incendie.


Ma petite gomme, devenue toute petite en effaçant cent mille erreurs, elle existe dans l’effacement de toutes ces erreurs ; maintenant, elle n’est pas plus grande qu’un de ces petits déchets d’elle-même qu’elle laissait chaque fois dans la bataille. La bonne, la vaillante petite gomme - pas une de ces fausses dures qui salissent tout quand on veut s’en servir et, sous prétexte d’effacer le mal, le transforment en catastrophe irréparable ! La gomme n’efface l’erreur qu’en consentant à se salir. Elle absorbe l’erreur d’autrui, entre en contact intime avec elle, la prend à son compte, puis la détache d’elle-même. Un enseignement profond : vous n’arrivez à corriger l’erreur d’autrui qu’en commençant par la faire vôtre, c’est-à-dire en montrant que nous en avez vraiment compris la cause, la nature profonde, et tout d’abord en la comprenant vraiment, cette cause ; et ensuite, de par votre nature capable, par sa communication permanente avec l’éternel, de se renouveler constamment, en laissant tomber l’épiderme des formes extérieures, vous éliminez définitivement la souillure.


A La Chaux-de-Fonds et aux Indes (1926-1937)

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La minute, le point critique, où la vraie amitié, où le vrai amour commence, c'est celui où l'on sent que si Lui, ou Elle, ont vraiment fait quelque chose de fâcheux et de regrettable, ou même de criminel, eh bien, c'est exactement comme si on l'avait fait soi-même.


Prisonnier de l'Éternel (I : 1937-1939 ; II : 1939-1949 ; III : 1941)

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À quoi reconnaît-on qu'on aime une personne ? À ce que par elle, à propos d'elle, il y a des valeurs très grandes et très humbles que tout à coup l'on comprend, reconnaît et aime passionnément d'une manière tout à fait désintéressée, qu'on aurait pas remarquées autrement.


Automne (I : 1941-1944 ; II : 1944-1945)

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Il y a de très mauvaises plantes auxquelles le pédagogue ne doit pas permettre de prendre racine dans le cœur de l’enfant : 1. travail pour la note, 2. travail angoissé, 3. travail sous menace, 4. travail dans un esprit de concurrence avec un autre. Ces plantes mauvaises étouffent la seul fleur belle, intéressante, qui vaille la peine : la joie épanouie et libre qui établit la communion entre nous et tous les autres hommes, toute la nature, tout – avec Dieu.


Jusqu’au bout au moins de votre laisse, et vous verrez qu’elle s’allonge.