Xavier Forneret
écrivain, poète, dramaturge et journaliste français
Xavier Forneret (16 août 1809 – 7 juillet 1884) est un écrivain français, poète, dramaturge, romancier et auteur d'aphorismes.
Citations propres à l'auteur
modifierDeux destinées (1834)
modifier- Acte I, scène 4
Charles
En misanthrope, je sais me contenter de mes pensées, d'une amie qui les retrace ; cela est pour moi moins trompeur et plus amusant qu'une danse au piano et qu'un accueil froid et banal d'une maîtresse de maison.
Léon
As-tu fini, est-ce tout dit ?
Charles
Fini, oui ; tout dit, non.
Léon, se levant
Grâce ! je t'en prie… mais dans ce monde, que tu as en horreur, on est libre d'y parler, de regarder ce qu'on aime ; tu le sais, on exprime aisément par les yeux et les allusions ce que le cœur éprouve. À la danse, les mains se prennent, frémissent, partout on se rencontre, des soupirs s'échappent, l'âme est profondément émue de plaisir et de bonheur…( avec passion et emphase) Hier soir, le frôlement d'une robe renversa tous mes sens.
En misanthrope, je sais me contenter de mes pensées, d'une amie qui les retrace ; cela est pour moi moins trompeur et plus amusant qu'une danse au piano et qu'un accueil froid et banal d'une maîtresse de maison.
Léon
As-tu fini, est-ce tout dit ?
Charles
Fini, oui ; tout dit, non.
Léon, se levant
Grâce ! je t'en prie… mais dans ce monde, que tu as en horreur, on est libre d'y parler, de regarder ce qu'on aime ; tu le sais, on exprime aisément par les yeux et les allusions ce que le cœur éprouve. À la danse, les mains se prennent, frémissent, partout on se rencontre, des soupirs s'échappent, l'âme est profondément émue de plaisir et de bonheur…( avec passion et emphase) Hier soir, le frôlement d'une robe renversa tous mes sens.
- Écrits complets, vol. I, Xavier Forneret, éd. Les Presses du Réel, 2013, p. 26
- Acte III, scène 10
- (M. Derval, le père de Charles, vient de mourir en confessant le meurtre de son épouse)
L'officier de la loi, entrant soudain
Au nom de la loi, nous arrêtons monsieur Derval !
Charles
Arrêtez un cadavre !…
Au nom de la loi, nous arrêtons monsieur Derval !
Charles
Arrêtez un cadavre !…
- Écrits complets, vol. I, Xavier Forneret, éd. Les Presses du Réel, 2013, p. 60
- Acte V, scène 11
- (dernières répliques de la pièce)
Charles, se frappant d'un poignard
Attends, je vais avec toi !!…(Il tombe sur le cercueil.)
M. de Saint Brienne, accourant avec frénésie et un poignard à la main
Homme infâme ! Je te cherchais partout… Mon poignard ne rougira donc point de ton sang. Justice est faite !!…
Attends, je vais avec toi !!…(Il tombe sur le cercueil.)
M. de Saint Brienne, accourant avec frénésie et un poignard à la main
Homme infâme ! Je te cherchais partout… Mon poignard ne rougira donc point de ton sang. Justice est faite !!…
- Écrits complets, vol. I, Xavier Forneret, éd. Les Presses du Réel, 2013, p. 139
L'Homme Noir (1835)
modifier- Acte I, scène 5
Arthur
Faut-il que le médecin soit menteur, ou que le menteur soit médecin ?
Théodore
Voudrais-tu que nous dissions sans cesse : Mort ! Mort ?
Faut-il que le médecin soit menteur, ou que le menteur soit médecin ?
Théodore
Voudrais-tu que nous dissions sans cesse : Mort ! Mort ?
- Écrits complets, vol. I, Xavier Forneret, éd. Les Presses du Réel, 2013, p. 260
- Acte II, scène 5
Bénini, seul
Ô jalousie ! tu es à l'âme ce que le poison est au corps.(Il est dans une agitation extrême.)
Ô jalousie ! tu es à l'âme ce que le poison est au corps.(Il est dans une agitation extrême.)
- Écrits complets, vol. I, Xavier Forneret, éd. Les Presses du Réel, 2013, p. 297
- Acte III, scène 8
Pierre, examinant un poignard
Qu'il est brillant ! La mort doit s'y mirer avec plaisir.
Qu'il est brillant ! La mort doit s'y mirer avec plaisir.
- Écrits complets, vol. I, Xavier Forneret, éd. Les Presses du Réel, 2013, p. 345
- Acte IV, scène 3
Le vicomte,
Pauvre femme ! quand tu es seule enfermée dans ton salon, on pourrait dire de toi : Dans les belles campagnes du Dauphiné il y a un château, dans ce château un salon, dans ce salon une femme, dans cette femme un cœur, dans ce cœur rien, et enfin dans ce rien, tout ; car il y a de l'amour !
Pauvre femme ! quand tu es seule enfermée dans ton salon, on pourrait dire de toi : Dans les belles campagnes du Dauphiné il y a un château, dans ce château un salon, dans ce salon une femme, dans cette femme un cœur, dans ce cœur rien, et enfin dans ce rien, tout ; car il y a de l'amour !
- Écrits complets, vol. I, Xavier Forneret, éd. Les Presses du Réel, 2013, p. 369
Et la lune donnait et la rosée tombait (1836)
modifierC'est toi qui rends chaud le soleil ; il ne le serait pas tant, si tu ne le voyais pas.
Les fleurs n'auraient point d'odeur, si tu ne venais les respirer.
Les nuits ne seraient pas aussi soupirantes, si tu ne les écoutais pas.
La Lune ne montrerait pas un aussi bel argent, si tes yeux ne le polissaient.
Les fleurs n'auraient point d'odeur, si tu ne venais les respirer.
Les nuits ne seraient pas aussi soupirantes, si tu ne les écoutais pas.
La Lune ne montrerait pas un aussi bel argent, si tes yeux ne le polissaient.
- Écrits complets, vol. II, Xavier Forneret, éd. Les Presses du Réel, 2013, p. 399
Vapeurs, ni vers ni prose (1838)
modifier- Un pauvre honteux
- (Vapeur XIII, fin du poème)
Il l'a pliée,
Il l'a cassée,
Il l'a placée,
Il l'a coupée,
Il l'a lavée,
Il l'a portée,
Il l'a grillée,
Il l'a mangée.
— Quand il n'était pas grand, on lui avait dit : — Si tu as faim, mange une de tes mains.
Il l'a cassée,
Il l'a placée,
Il l'a coupée,
Il l'a lavée,
Il l'a portée,
Il l'a grillée,
Il l'a mangée.
— Quand il n'était pas grand, on lui avait dit : — Si tu as faim, mange une de tes mains.
- Écrits complets, vol. I, Xavier Forneret, éd. Les Presses du Réel, 2013, p. 659
- Ombre d'ombre
- (Vapeur XXV, derniers quatrains)
La nature
En soupirs
Ne murmure
Que désirs.
Toi, mon âme,
Que veux-tu —
Une femme
La vertu ?
Rien. Je n'ose
Désirer
Cette chose, —
DÉTERRER.
En soupirs
Ne murmure
Que désirs.
Toi, mon âme,
Que veux-tu —
Une femme
La vertu ?
Rien. Je n'ose
Désirer
Cette chose, —
DÉTERRER.
- Écrits complets, vol. I, Xavier Forneret, éd. Les Presses du Réel, 2013, p. 726
- Elle est morte pour moi
- (Vapeur XXXIV, un seul vers)
Oh ! qu'Elle se souvienne, et Elle pleurera.
- Écrits complets, vol. I, Xavier Forneret, éd. Les Presses du Réel, 2013, p. 772
Sans titre (1838)
modifierL'Animal a des pattes qui travaillent, l'homme a des mains qui prennent. —
- Écrits complets, vol. II, Xavier Forneret, éd. Les Presses du Réel, 2013, p. 15
Que ceux qui cherchent le Mouvement perpétuel regardent les yeux de la femme qui trompe. —
- Écrits complets, vol. II, Xavier Forneret, éd. Les Presses du Réel, 2013, p. 15
La Nécessité est une cloche qui sonne comme frappe un sourd. —
- Écrits complets, vol. II, Xavier Forneret, éd. Les Presses du Réel, 2013, p. 16
Au temps du Carnaval, l'Homme met sur son masque un visage de carton. —
- Écrits complets, vol. II, Xavier Forneret, éd. Les Presses du Réel, 2013, p. 19
Les Âmes froides se rassemblent ; les Cœurs brûlants s'isolent. —
- Écrits complets, vol. II, Xavier Forneret, éd. Les Presses du Réel, 2013, p. 26
On peut marcher sans tête. —
- Écrits complets, vol. II, Xavier Forneret, éd. Les Presses du Réel, 2013, p. 31
L'Ennui s'habille à la mode. —
- Écrits complets, vol. II, Xavier Forneret, éd. Les Presses du Réel, 2013, p. 36
- Citation choisie pour le 8 juillet 2017.
La Mort est la soupape de la Vie. —
- Écrits complets, vol. II, Xavier Forneret, éd. Les Presses du Réel, 2013, p. 36
Portrait n'est bien vivant qu'autant que l'Homme est mort. —
- Écrits complets, vol. II, Xavier Forneret, éd. Les Presses du Réel, 2013, p. 46
La Beauté n'est qu'un automate dont l'Amour est les ressorts. —
- Écrits complets, vol. II, Xavier Forneret, éd. Les Presses du Réel, 2013, p. 47
Le Poison est l'ami de l'Homme, puisqu'il le tue. —
- Écrits complets, vol. II, Xavier Forneret, éd. Les Presses du Réel, 2013, p. 49
Une voix puissamment éloquente quand elle se tait, c'est le Mépris. —
- Écrits complets, vol. II, Xavier Forneret, éd. Les Presses du Réel, 2013, p. 50
Ce qu'on ne peut atteindre, on le déchire. —
- Écrits complets, vol. II, Xavier Forneret, éd. Les Presses du Réel, 2013, p. 50
Il y a des cœurs qui ressemblent assez à une bouteille remplie qu'on enveloppe d'un linge mouillé et qu'on expose en plein soleil. — Le linge devient brûlant, l'intérieur de la bouteille est glacé. —
- Écrits complets, vol. II, Xavier Forneret, éd. Les Presses du Réel, 2013, p. 54
Celui qui est aimé de tout le monde ne mérite d'être aimé de personne. —
- Écrits complets, vol. II, Xavier Forneret, éd. Les Presses du Réel, 2013, p. 55
L'homme qui songe au temps passé sourit aux jours qu'il a de moins à vivre. —
- Écrits complets, vol. II, Xavier Forneret, éd. Les Presses du Réel, 2013, p. 61
Il y a peu d'Auteurs. —
- Écrits complets, vol. II, Xavier Forneret, éd. Les Presses du Réel, 2013, p. 67
Les beaux rêves sur le Monde sont des étincelles jaillissant sur la glace. —
- Écrits complets, vol. II, Xavier Forneret, éd. Les Presses du Réel, 2013, p. 67
La Folie, c'est la Mort avec des veines chaudes. —
- Écrits complets, vol. II, Xavier Forneret, éd. Les Presses du Réel, 2013, p. 73
Ouvrez bien des corps ; leurs cœurs auront la forme du Zéro. —
- Écrits complets, vol. II, Xavier Forneret, éd. Les Presses du Réel, 2013, p. 78
Encore un an de Sans titre (1840)
modifierLe plus grand voleur que je connaisse, — c'est moi, — si vous me lisez. —
- Écrits complets, vol. II, Xavier Forneret, éd. Les Presses du Réel, 2013, p. 93
Le Sapin, dont on fait des cercueils, est un arbre toujours vert. —
- Écrits complets, vol. II, Xavier Forneret, éd. Les Presses du Réel, 2013, p. 94
LE SOURIRE !
Veine qui coule heureuse
ouverte dans un bain. —
Veine qui coule heureuse
ouverte dans un bain. —
- Écrits complets, vol. II, Xavier Forneret, éd. Les Presses du Réel, 2013, p. 98
Notre plume qui écrit est le chien qui conduit l'Aveugle ; et nos mots, la corde entre nous et le chien. —
- Écrits complets, vol. II, Xavier Forneret, éd. Les Presses du Réel, 2013, p. 100
Tout dire se peut avec l'arc-en-ciel des phrases. —
- Écrits complets, vol. II, Xavier Forneret, éd. Les Presses du Réel, 2013, p. 101
Nous posons presque toujours ; aussi, pourquoi y a-t-il des Peintres ? —
- Écrits complets, vol. II, Xavier Forneret, éd. Les Presses du Réel, 2013, p. 114
La Bouteille éclate, — le Vin coule ; — le Crime naît, et l'Amour vient. —
- Écrits complets, vol. II, Xavier Forneret, éd. Les Presses du Réel, 2013, p. 121
Les cœurs, en partant des corps, ne manquent pas de remplir les visages. —
- Écrits complets, vol. II, Xavier Forneret, éd. Les Presses du Réel, 2013, p. 139
Pas de plus grande vérité qu'au Théâtre : on sait que tout est faux. —
- Écrits complets, vol. II, Xavier Forneret, éd. Les Presses du Réel, 2013, p. 141
JOURNAL : — Quel papier que la Terre ; — quels caractères que le Jour ; — quelle encre que la Nuit ! — Tout le monde imprime, tout le monde lit ; — personne ne comprend. —
- Écrits complets, vol. II, Xavier Forneret, éd. Les Presses du Réel, 2013, p. 141
ÂME, — femme échevelée ;
CŒUR, — homme pâle et maigre ;
CORPS, — maison de fous, où les deux premiers se regardent. —
CŒUR, — homme pâle et maigre ;
CORPS, — maison de fous, où les deux premiers se regardent. —
- Écrits complets, vol. II, Xavier Forneret, éd. Les Presses du Réel, 2013, p. 141
- Après fin
La jalousie qui tue n'est qu'une goutte de sang de la mer de celle qui pleure. —
- Écrits complets, vol. II, Xavier Forneret, éd. Les Presses du Réel, 2013, p. 157
Pièce de pièces, Temps perdu (1840)
modifier- Un rêve, C'est
Un rêve. — Ne m'interrogez pas ; je vous le montre comme je l'ai eu ; regardez-le : — Il m'a semblé que c'était le soir. La fenêtre d'une chambre où je me trouvais était ouverte. Le soleil y regardait avec des yeux mourants, et paraissait dire aux six bâtons presque blancs qui, debout, brillaient par le haut dans la chambre : « Lumières, vous pâlirez ! » Et en effet le soleil et les lumières étaient comme le diamant avec le strass.
Le soleil se promenait sur un carré long de bois, sur lequel il y avait un drap jauni par le temps, sali par les hommes. C'était aussi l'or sur le cuivre.
Les six bâtons presque blancs, c'étaient six cierges.
Le carré long de bois était une boîte à cadavre. Autour de la boîte, des gouttes rendaient de temps en temps le pavé noir. Ce n'était pas du sang, c’était de l'eau bénite.
Dieu en argent sur sa croix penchait sa tête vers le coffre cloué.
Le soleil se promenait sur un carré long de bois, sur lequel il y avait un drap jauni par le temps, sali par les hommes. C'était aussi l'or sur le cuivre.
Les six bâtons presque blancs, c'étaient six cierges.
Le carré long de bois était une boîte à cadavre. Autour de la boîte, des gouttes rendaient de temps en temps le pavé noir. Ce n'était pas du sang, c’était de l'eau bénite.
Dieu en argent sur sa croix penchait sa tête vers le coffre cloué.
- Écrits complets, vol. II, Xavier Forneret, éd. Les Presses du Réel, 2013, p. 427
Si cela signifiait bien quelque chose, ce ne serait point un rêve.
- Écrits complets, vol. II, Xavier Forneret, éd. Les Presses du Réel, 2013, p. 429
- Alabrune, ou Un pauvre du soir
Malheureuse organisation que la mienne ! Pauvre homme que je suis, à qui rien n'apparaît comme à tous ; qui, à cause d'une étincelle, d'une feuille jaune, d'un silence, crie à l'incendie ! à l'arbre mort ! au désespoir !
- Écrits complets, vol. II, Xavier Forneret, éd. Les Presses du Réel, 2013, p. 442
- Le Diamant de l'herbe
Selon, je crois, des dires, le ver luisant annonce par son apparition plus ou moins lumineuse, plus ou moins renouvelée, plus ou moins près de certain endroit, plus ou moins multipliée, car, toujours selon les dires, il se meut sous l'influence de ce qui doit advenir, le ver luisant présage ou une tempête sur mer, ou une révolution sur terre : alors il est sombre, se rallume et s'éteint ; puis un miracle : alors on le voit à peine ; puis un meurtre : il est rougeâtre ; puis de la neige : ses pattes deviennent noires ; du froid : il est d'un vif éclat sans cesse ; de la pluie : il change de place ; des fêtes publiques : il frémit dans l'herbe et s'épanche en innombrables petits jets de lumière ; de la grêle : il se remue par saccades ; du vent : il semble s'enfoncer en terre ; un beau ciel pour le lendemain : il est bleu ; une belle nuit : il étoile l'herbe à peu près comme pour les fêtes publiques, seulement il ne frémit pas. Pour une enfant qui naît, le ver est blanc ; enfin, à l'heure où s'accomplit une étrange destinée, le ver luisant est jaune.
Je ne sais jusqu'à quel point ces dires doivent être crus ; mais voici : je raconte.
Je ne sais jusqu'à quel point ces dires doivent être crus ; mais voici : je raconte.
- Écrits complets, vol. II, Xavier Forneret, éd. Les Presses du Réel, 2013, p. 484
Neuf heures sonnaient au moment où la lune donnait son regard, où l'araignée filait, où le ver luisant luisait.
L'eau coulait comme le temps passe, — toujours.
L'eau coulait comme le temps passe, — toujours.
- Écrits complets, vol. II, Xavier Forneret, éd. Les Presses du Réel, 2013, p. 486
Il y avait sur la lampe du pavillon une chouette qui se balançait gravement et qui, au moment de la sortie de la jeune femme, se mirait dans le petit ver.
Le lendemain, à la même heure, ce ver, qui avait jauni pour l'homme, jaunissait pour la femme ; elle s'empoisonnait où elle était tombée.
Le lendemain, à la même heure, ce ver, qui avait jauni pour l'homme, jaunissait pour la femme ; elle s'empoisonnait où elle était tombée.
- Écrits complets, vol. II, Xavier Forneret, éd. Les Presses du Réel, 2013, p. 488
Extraits d'un volume de Rêves (1846)
modifierCommencerai-je, ne commencerai-je pas ? — Et tout en écrivant ces premiers mots, j'ai commencé. C'est une de ces interrogations qu'on s'adresse, comme pour se stimuler, s'aiguillonner ; c'est presque le chant du Poltron.
- Écrits complets, vol. II, Xavier Forneret, éd. Les Presses du Réel, 2013, p. 506
Je cheminai assez longtemps, et j'arrivai à une porte toute parsemée de clous d'étoiles.
Ma surprise et mon admiration m'arrêtèrent.
Convaincu que je m'étais trompé de route, et que je ne devais pas parvenir à toucher d'aussi près de si belles choses, je n'osai faire un pas de plus, — des jambes ; mais ma tête se leva, et mes regards marchèrent avec rapidité, ouvrant des portes à poignées de jets d'eau, et roulant sur des gonds de musique mystérieusement sonore.
Ma surprise et mon admiration m'arrêtèrent.
Convaincu que je m'étais trompé de route, et que je ne devais pas parvenir à toucher d'aussi près de si belles choses, je n'osai faire un pas de plus, — des jambes ; mais ma tête se leva, et mes regards marchèrent avec rapidité, ouvrant des portes à poignées de jets d'eau, et roulant sur des gonds de musique mystérieusement sonore.
- Écrits complets, vol. II, Xavier Forneret, éd. Les Presses du Réel, 2013, p. 507
Aussitôt que le mot Assassin fut tracé, un homme à la barbe épaisse, au regard gris et ardent, au front perdu sous de longs cheveux en désordre, parut armé d'un poignard dont le manche était un morceau de tibia et une rotule ; la garde — une partie de crâne coupé en tranche de melon ; et la lame — une traînée de sang bouillant.
- Écrits complets, vol. II, Xavier Forneret, éd. Les Presses du Réel, 2013, p. 509
Voyage d'agrément de Beaune à Autun (1851)
modifierDepuis longtemps je me disais… Mais pardon, lecteur, il faut déjà que je m'arrête ; je suis à St-Léger, au retour de mon voyage, où, saisissant maladroitement un verre d'eau sucrée que je m'administre en attendant l'arrivée de la voiture pour Chagny, je submerge de cette eau la feuille de papier sur laquelle je commence ma narration (Agrément pas compté.)
Là… bien… voilà le dégât réparé, c'est-à-dire la feuille remplacée.
Là… bien… voilà le dégât réparé, c'est-à-dire la feuille remplacée.
- Écrits complets, vol. II, Xavier Forneret, éd. Les Presses du Réel, 2013, p. 685
Une femme entre deux âges, entre deux châles, entre deux cabas ; entre… eh ! pardieu, entre dans l'omnibus. Elle est fort polie, cette demi-dame ; en passant devant moi, elle me demande excuse : Faites, lui répondis-je fort spirituellement, madame ou mademoiselle, je ne sais lequel.
— C'est égal, monsieur, me répond-elle, c'est toujours du même bois.
Pétrifié par la justesse d'un tel raisonnement, et si au-dessus de mon mot faites, ce bois devint mon bâillon ; je ne soufflai mot jusqu'à St-Léger.
— C'est égal, monsieur, me répond-elle, c'est toujours du même bois.
Pétrifié par la justesse d'un tel raisonnement, et si au-dessus de mon mot faites, ce bois devint mon bâillon ; je ne soufflai mot jusqu'à St-Léger.
- Écrits complets, vol. II, Xavier Forneret, éd. Les Presses du Réel, 2013, p. 686
J'entre dans un long boyau de pierre, pas très-propre, et qui crève sur la rue — autrement dit, il y a une fenêtre à l'extrémité de cette chambre.
- Écrits complets, vol. II, Xavier Forneret, éd. Les Presses du Réel, 2013, p. 690
Caressa (1858)
modifierDes cheveux blancs sur un cœur encore vert sont donc comme des mains qui se trempent dans la neige : c'est froid, mais cela brûle !…
- Écrits complets, vol. II, Xavier Forneret, éd. Les Presses du Réel, 2013, p. 609
Ombres de poésie (1860)
modifier- (Pour toute préface)
Ces vers ayant été presque tous faits la nuit, —
Dans son profond silence…
Je leur devais un peu de soleil : quant au bruit,
Ont-ils une espérance?
Dans son profond silence…
Je leur devais un peu de soleil : quant au bruit,
Ont-ils une espérance?
- Écrits complets, vol. I, Xavier Forneret, éd. Les Presses du Réel, 2013, p. 867
Broussailles de la pensée (1870)
modifierUn parapluie ouvert est un beau ciel fermé.
- Écrits complets, vol. II, Xavier Forneret, éd. Les Presses du Réel, 2013, p. 179
Le Monde est une grande place sur laquelle part toujours un grand feu d'artifice.
- Écrits complets, vol. II, Xavier Forneret, éd. Les Presses du Réel, 2013, p. 190
L'Homme est un destructeur qui reconstruit sans cesse.
- Écrits complets, vol. II, Xavier Forneret, éd. Les Presses du Réel, 2013, p. 236
Ne vous effrayez pas du bruit d'abord, — Il y a tant de silence après.
- Écrits complets, vol. II, Xavier Forneret, éd. Les Presses du Réel, 2013, p. 256
À LA FRANCHISE : — L'Abeille pique et fait du miel.
- Écrits complets, vol. II, Xavier Forneret, éd. Les Presses du Réel, 2013, p. 278
Regards sur Xavier Forneret
modifierAlphonse Karr (1836)
modifierLes drames de M. Forneret ont du mouvement, de l'intérêt, de l'originalité, quoique l'auteur s'exagère prodigieusement cette dernière qualité. Il croit n'avoir pas fait une page qui ne soit une innovation, pas une ligne qui ne soit un paradoxe, pas un mot qui ne soit une audace. Nous ferons remarquer à M. Forneret que l'alphabet a été inventé longtemps avant lui.
- Critique dramatique, Charles Monselet, éd. Le Monde dramatique, 1836, p. 240
Charles Monselet (1859)
modifierM. Xavier Forneret s'exagère sa faiblesse ; il vaut mieux, dans ses efforts et dans ses aspirations enfiévrées, que cent écrivains dans leur stupide et sereine abondance.
- Le Roman d'un provincial, Charles Monselet, éd. Le Figaro, 1859, p. 6
Maxime du Camp (1883)
modifierJ'avais un besoin d'admiration qui s'exerçait sur tout […] et même sur Sans titre, par un homme noir blanc de visage. Cet homme noir, dont la place eût été à Charenton, se nommait Xavier Forneret. Il donnait des pièces de vin aux directeurs de théâtre pour faire jouer ses drames, était de première force sur le violon, avait une fortune qui lui permettait de publier lui-même ses livres, dormait dans un cercueil et habitait un appartement tendu de velours noir semé de larmes d'argent.
- Souvenirs littéraires, Maxime du Camp, éd. Hachette, 1883, p. 115-116