Âme
L’âme (du latin anima, « souffle, respiration ») est le principe vital et spirituel, immanent ou transcendant, qui animerait le corps d'un être vivant (homme, animal, végétal).
Cette simplicité de l'âme, nous consacrons notre vie à l'acquérir, ou à la retrouver si nous l'avons connue, car c'est un don de l'enfance qui le plus souvent ne survit pas à l'enfance… il faut très longtemps souffrir pour y rentrer, comme tout au bout de la nuit on découvre une autre aurore…
- Citation de Georges Bernanos, Dialogues des carmélites
Elle est la viridité de la chair, puisque c'est elle qui assure la croissance et le développement du corps de l'homme : de même l'humidité fait fructifier la terre.
- Sur l'âme
- Le livre des œuvres divines, Hildegarde de Bingen (trad. Bernard Gorceix), éd. Albin Michel, coll. « Spiritualités vivantes », 2011 (ISBN 978-2-226-22042-4), chap. Présentation, p. 94
L'âme est un jeune tigre qui bondit par-dessus la mort.
- Explicit
Âme qui, terreau des désirs, des émotions et de la mémoire, était en nous dès avant notre naissance, en un état qu'on pourrait qualifier de pré-langage et pré-conscience — non sans qu'un chant natif soit déjà là —, et qui nous accompagne jusqu'au bout, lors même que nous serions privés de conscience ou de langage. Toute d'une pièce, indivisible, irréductible, irremplaçable, absorbant en effet les dons du corps et de l'esprit, donc pleinement incarnée, elle est la marque de l'unicité de chacun de nous et, par là, de la vraie dignité de chacun de nous. Elle se révèle l'unique don incarné que chacun de nous puisse laisser.
À côté de l'âme, l'esprit, en tant qu'instrument de connaissance, est d'une importance capitale ; il est cependant au service de l'âme qui est le terreau natif et irréductible de chaque être.
À part le bouddhisme dans la version la plus extrême de sa doctrine, toutes les grandes traditions spirituelles ont pour point commun d'affirmer une perspective de l'âme située au-delà de la mort corporelle. Cette affirmation est basée sur l'idée que l'âme de chaque être est reliée au Souffle primordial qui est, je l'ai dit, le principe de Vie même. Compte tenu de ce fait, notre âme, animée par un authentique désir d'être, a le don de nous rappeler — quelle que soit notre « croyance » — combien la vie de chacun participe d'une immense aventure que les Chinois nomment le Tao, la Voie, aventure unique en réalité — il n'y en a pas d'autres — qui connaîtra des transformations mais point de fin, celle de la Vie.
L'esprit raisonne, l'âme résonne.
- « Sagesse de l'âme », Interview de François Cheng, Le Nouveau Magazine littéraire, nº 577, mars 2017, p. 26
Entre âme et esprit s’établit un rapport complémentaire ou dialectique. Si l’âme est intimement personnelle, l’esprit, lui, a un aspect plus général, plus collectif ; c’est lui qui permet le langage et le raisonnement. Le rôle de l’esprit est central : il contribue à former l’individu et à le situer au cœur du réseau social. L’âme participe de l’essence de chaque être, elle est là, entière, dès avant sa naissance, et elle l’accompagne, toujours entière, jusqu’à son état ultime, même si l’esprit défaille. C’est elle qui, absorbant patiemment tous les dons et les épreuves du corps et de l’esprit, est authentiquement fruit conservant intact ce qui fait l’unicité de chacun.
- Cinq méditations sur la mort, autrement dit sur la vie, François Cheng, éd. Albin Michel, 2013 (ISBN 978-2-226-25191-6), p. 72
L'âme charnelle est d'une autre chair.
Haute flamme par-dessus les sarments,
Pure extase née de l'unique nectar,
Nuage, plus que le vol d'aigle, éthéré,
Lune, plus que les marées, caressante,
Rêve d'enfant pourchassant l'étoile filante,
Cri d'appel rejoignant le souffle originel.
D'une tout autre chair l'âme charnelle.
- La vraie gloire est ici (2015), François Cheng, éd. Gallimard, coll. « nrf poésie », 2017 (ISBN 978-2-07-270645-5), p. 165
- Pensées (1670), Blaise Pascal, éd. Flammarion, coll. « Garnier Flammarion », 1993 (ISBN 978-2080702661), De la nécessité du pari, p. 111 (texte intégral sur Wikisource)
- Œuvres en prose, 1909-1914, Charles Péguy, éd. Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1959, p. 1397
- Œuvres en prose, 1909-1914, Charles Péguy, éd. Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1959, p. 1399