Abd el-Kader

homme politique et chef militaire algérien

Abd el-Kader (arabe : عبد القادر الجزائري) (né le 21 février 1808 près de Mascara en Algérie - décédé le 24 mai 1883 à Damas Syrie), est un émir, un théologien soufi algérien, également écrivain-poète et philosophe, homme politique et résistant militaire face à l'armée coloniale française.

Portrait en buste de Abd el-Kader, émir algérien, 1852. Ange Tissier

Citations

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Place de l’Émir-Abd-el-Kader (Alger)
 
Portrait d’Abd El-Kader par Alexis-Marie Gochet, La France coloniale illustrée, 1888.
Ne demandez jamais quelle est l’origine d’un homme ; interrogez plutôt sa vie, son courage, ses qualités et vous saurez ce qu’il est. Si l’eau puisée dans une rivière est saine, agréable et douce, c’est qu’elle vient d’une source pure.
  • Abd El-Kader, 1860, dans L'émir Abd El-Kader, 1808-1883, paru chez Hachette, 1925, p.5, Paul Azan.


J'ai vu hier la maison des canons avec lesquels on renverse les remparts (Musée d'artillerie); je vois aujourd'hui la machine (l'imprimerie) avec laquelle on renverse les rois. Ce qui en sort ressemble à la goutte d'eau venue du ciel : si elle tombe dans le coquillage entrouvert, elle produit la perle; si elle tombe dans la bouche de la vipère, elle produit le venin.
  • Abd El-Kader, 1852, dans Abd El-Kader sa vie politique et militaire, paru chez Hachette, 1863, p.400, Alexandre Bellemare.


Si les musulmans et les chrétiens avaient voulu me prêter leur attention, j'aurais fait cesser leurs querelles; ils seraient devenus, extérieurement et intérieurement, des frères.
  • Abd El-Kader, 1850, dans Abd El-Kader et l'Algérie au XIXe siècle, paru chez Edif, 2000, p.123, Collectif.


Citations sur Abd El-Kader

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Lui, l'homme fauve du désert,
Lui, le sultan né sous les palmes,
Le compagnon des lions roux,
Le hadji farouche aux yeux calmes,
L'émir pensif, féroce et doux ;

Lui, sombre et fatal personnage
Qui, spectre pâle au blanc burnous,
Bondissait, ivre de carnage,
Puis tombait dans l'ombre à genoux ;

Qui, de sa tente ouvrant les toiles,
Et priant au bord du chemin,
Tranquille, montrait aux étoiles
Ses mains teintes de sang humain ;

Qui donnait à boire aux épées,
Et qui, rêveur mystérieux,
Assis sur des têtes coupées,
Contemplait la beauté des cieux ;


Quoiqu'il se prétende Arabe, en sa qualité de cherif, considérée, dans ce cas, comme synonyme de descendant du prophète Mohammed, Abd-el-Kader n'est lui-même qu'un Berbère arabisé, comme la plupart des hommes éminents dont l'Afrique septentrionale s'honore.
  • L'Algérie devant l'Empereur, Auguste Warnier, éd. Firmin Didot, 1865, p. 47


Le plus illustre représentant de la race sémitique de nos jours, Abd-el-Kader, est un savant, un homme de méditation religieuse et de fortes passions, nullement un soldat.
  • Histoire générale et système comparé des langues sémitiques, Ernest Renan, éd. Imprimerie impériale, 1858, p. 15


Jugé au point de vue historique, en dehors de tous les préjugés de notre civilisation, c'est un des hommes les plus extraordinaires de notre époque. Jugurtha moderne, il a, pendant quatorze ans, tenu en échec les forces d'une des plus puissantes nations de la terre.
  • Nouvelle biographie générale, sous la direction de Ferdinand Hoefer, éd. Firmin Didot, 1852, t. 1, Abd-el-Kader, p. 67


II n'y a présentement, dans le monde, que trois hommes auxquels on puisse accorder légitimement la qualification de grands, et tous trois appartiennent à l'islamisme; ce sont : Abd-el-Kader, Méhémet-Ali et Chamyl.
  • Maréchal Soult, 1843, dans Abd-el-Kader sa vie politique et militaire, paru chez Hachette, 1863, p.4, Alexandre Bellemare.


Si un artiste voulait peindre un de ces moines inspirés du moyen-âge que leur ferveur entraînait sous l'étendard de la croix, il ne pourrait, il me semble, choisir un plus beau modèle qu'Abd el Kader.
  • Trente-deux ans à travers l'ISLAM-1832-1864., Léon Roches, éd. Firmin-Didot, 1884, p. 154


Il ressemble assez au portrait qu’on a souvent donné de Jésus-Christ.
  • Maréchal Bugeaud, 1837, lettre au comte Molé, dans L'honneur de Saint-Arnaud, paru chez Plon, 1993, p.92, François Maspero.


Je considère que c'est un bonheur d'avoir un homme comme lui pour conduire les Arabes; lui seul est capable de les diriger dans la voie de la civilisation et du commerce.
  • Maréchal Bugeaud, 25 mai 1837, dans La vie d'Abed-El-Kader (1867), paru chez Sned, 1974, préface de M.Habart, p.36, Charles-Henry Churchill.


Assurément un homme très remarquable que l’histoire doit placer à côté de Jugurtha.
  • Maréchal Bugeaud, 23 mars 1843, dans La vie d'Abed-El-Kader (1867), paru chez Sned, 1974, préface de M.Habart, p.36, Charles-Henry Churchill.


C'est un ennemi actif, intelligent et rapide, qui exerce sur les populations arabes le prestige que lui ont donné son génie et la grandeur de la cause qu'il défend. C'est plus, beaucoup plus qu'un prétendant ordinaire; c'est une espèce de prophète, c'est l'espérance de tous les musulmans fervents.
  • Maréchal Bugeaud, 1er janvier 1846, dans La vie d'Abed-El-Kader (1867), paru chez Sned, 1974, préface de M.Habart, p.36, Charles-Henry Churchill.


Certainement l'une des grandes figures historiques de notre époque.
  • Maréchal Bugeaud, 17 juin 1848, dans La vie d'Abed-El-Kader (1867), paru chez Sned, 1974, préface de M.Habart, p.36, Charles-Henry Churchill.


Le général [Eugène] Daumas regarde cet Arabe comme un homme supérieur, auquel l'histoire assignera une grande place.
  • Horace de Viel-Castel, 1860, dans La vie d'Abed-El-Kader (1867), paru chez SnedD, 1974, préface de M.Habart, p.11, Charles-Henry Churchill.


Un esprit de l’espèce la plus rare et la plus dangereuse, mélange d’un enthousiasme sincère et d’un enthousiasme feint, espèce de Cromwell musulman.
  • « Travail sur l'Algérie » (1841), dans Alexis de Tocqueville, De la colonie en Algérie, Alexis de Tocqueville, éd. Complexe, 1988, p. 67


Abd el Kader nous a renvoyé sans condition, sans échange, tous nos prisonniers. Il leur a dit : « Je n’ai plus de quoi vous nourrir, je ne veux pas vous tuer, je vous renvoie». Le trait est beau pour un barbare.
  • Lettres du Maréchal Saint-Arnaud, Maréchal Saint-Arnaud, éd. Michel Lévy frères, 1855, t. 1, 14 mai 1842, p. 386


Jugurtha n'était […] ni plus habile, ni plus hardi, ni plus persévérant que cet homme là, et s'il y a de notre temps un Salluste, l'histoire d'Abd-el-Kader mérite qu'il la raconte.
  • Mémoires pour servir à l'histoire de mon temps (1865), François Guizot, éd. Michel Lévy frères, 1865, L'Algérie et le Maroc (1841-1847), p. 154


S'il y avait en Algérie un héritier d'Abd el Kader dépositaire de sa pensée, fidèle à sa tradition et possédant son envergure, il ferait profiter la race indigène de l'expérience laborieusement acquise par son dernier Sultan; il l'entrainerait dans la voie du progrès.


Un homme résume en lui toutes les forces que l'Algérie nous oppose ; il centuple les difficultés du sol et du climat, l'énergie des individus, la force agonisante du fanatisme religieux ; s'élève enfin tellement au-dessus de ses compatriotes, que nous ne pourrons rien tant que ce seul homme ne sera pas abattu, et que, lui abattu et les autres soumis, nous ne serons sûrs de rien, s'il n'est mort. Cet homme est Abd-el-Kader.[…] On dit que la France […] l'a créé. Sans doute, tout envahisseur crée, dans le pays qu'il veut conquérir, un homme en qui se personnifie, pour ainsi dire, le sol envahi. Mais on ne crée de cette façon que ce qui est déjà susceptible d'être, et d'être très grand : Abd-el-Kader ne nous a laissé qu'une faible part dans l'œuvre de sa grandeur.
  • Les Français en Algérie : souvenirs d'un voyage fait en 1841 (1847), Louis Veuillot, éd. Ad. Mame, 1857, XXI Abd-El-Kader, p. 266


C'est la volonté des siens qui lui a donné argent, armes, chevaux, soldats, comme elle lui donna le pouvoir absolu bien avant cette paix (de la Tafna). Français, je désire sa chute, puisque la lutte s'est renouvelée; ma conduite mililaire répond de ma parole. Mais Abd-el-Kader est l'homme de l'histoire ; elle ne saura plus l'oublier : elle redira son nom ; elle le peindra sans canons, sans arsenaux, sans trésor, usant pendant de longues années des armées immenses, braves, bien munies, incessamment renouvelées; et lorsque ce nom lui rappellera les chefs qui tentent aujourd'hui la gloire en s'acharnant à sa perle, peut-être inscrira-t-elle en regard ce jugement de Napoléon : «Si la gloire de César n'était fondée que sur la guerre des Gaules, elle serait problématique. Que peut la bravoure privée de la science militaire contre une armée de ligne disciplinée et constituée comme l'armée romaine? » Elle absoudra Abd-el-Kader de ses exécutions rigoureuses : les peuples combattant pour leur liberté n'ont-ils pas toujours voué leurs déserteurs à la mort — Pauvre enfant du désert ! n'ayant pour richesse que ton Koran, ton chapelet et ton cheval, pour armes que ton génie et ta parole, tu tomberas peut-être comme le haut palmier sous l'effort du simounn ; mais les générations futures exalteront ton nom! malheur au cœur qui ne saurait bénir les martyrs de la liberté! Oh! que Byron n'est-il encore de ce monde ! sa harpe vigoureuse eût vibré par les échos de ton nom, et tu pourrais mourir consolé comme les héros de Fingal ; car tu eusses entendu ta gloire éternisée dans les chants du barde. Tombe, si la Providence l'a prescrit dans son impénétrable sagesse, mais ne désespère point du souvenir éternel; la Providence ne défend point de te plaindre.
  • général Duvivier, 1842, Quatorze observations, dans Le magasin pittoresque, paru Bureaux d'Abonnement, 1848, p.25, Édouard Charton.


Tout ce que nous lisons sur la conduite d'Abd-el Kader à Paris a véritablement un attrait qui plaît et

qui charme. Il y a dans la conduite de cet homme une grâce, une dignité, une piété, qui portent jusqu'à l'admiration la sympathie que l'infortuné captif a jusqu'ici inspirée au monde. Est-ce à cause du profond sentiment de bonheur qu'il éprouve de se voir délivré d'une captivité trop longtemps prolongée qu'il s'est dépouillé de cette stoïque réserve et de cette orgueilleuse impassibilité de l'Arabe en présence des merveilles de la civilisation chrétienne, ou bien notre propre manière de voir nous a-t-elle trompés? Toujours est-il certain que l'Émir montre une expansion de surprise, une disposition a s'ouvrir aux impressions agréables, qui forment un contraste frappant avec l'attitude des chefs de sa race qui jusqu'à présent ont figuré dans la capitale de leurs vainqueurs.

  • Libération d'Abd el Kader en 1852
  • Morning Herald, 1852, dans Napoléon III et Abd-el-Kader, paru chez P.Martinon, 1853, p.379, Eugene Civry.


La politique s'est tue devant l'intérêt immense qu'excite la présence d'Abd-el-Kader à Paris. On sait qu'il va ce soir à l'Opéra, et les places se vendent à des prix fabuleux. La libération de ce noble et vaillant homme a mis dans tous les cœurs une joie immense, mais dans aucun cette joie n'a été plus profonde que chez Louis-Napoléon, qui a toujours, pensé que l'honneur de la France tenait à la situation d'Abd-el-Kader. Un de mes amis, qui a été ministre de Louis-Napoléon, immédiatement après son élection de 1848, me racontait que dans un des premiers conseils tenus à l'Elysée, Louis-Napoléon amena la discussion sur la libération de l'illustre chef arabe. Il est notoire aujourd'hui que, si Abd-el-Kader n'a pas plus tôt été rendu a la liberté, c'est qu'il y avait entre le prince et lui le contrôle de l'Assemblée et du ministère, mais que, du jour où Louis-Napoléon a reconquis sa volonté toute puissante et incontestée, il s'est empressé de prendre toutes les mesures pour rouvrir à l'Émir les portes de la captivité.
  • Libération d'Abd el Kader en 1852
  • Morning Post, 1852, dans Napoléon III et Abd-el-Kader, paru chez P.Martinon, 1853, p.380, Eugene Civry.


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