Ange
créature céleste crée de lumière présente dans différentes religions.
Un ange désigne un être spirituel, entre Dieu et l'homme.
En langage figuré il s'apparente à une personne parfaite douée d'éminentes qualités.
Littérature
modifierÉcrits intimes
modifierGeorge Sand/Alfred de Musset, Le Roman de Venise, 1904
modifierGeorge Sand, Venise, 1er mai 1834
Est-ce que ta haute destinée te faisait peur ? Est-ce que l'esprit de Dieu était passé devant toi sous des traits trop sévères ? L'ange de la poésie, qui rayonne à sa droite, s'était penché sur ton berceau pour te baiser au front ; mais tu fus effrayé sans doute de voir si près de toi le géant aux ailes de feu. Tes yeux ne purent soutenir l'éclat de sa face, et tu t'enfuis pour lui échapper. A peine assez fort pour marcher, tu voulus courir à travers les dangers de la vie, embrassant avec ardeur toutes ses réalités et leur demandant asile et protection contre les terreurs de ta vision sublime et terrible. Comme Jacob, tu luttas contre elle, et comme lui tu fus vaincu. Au milieu des fougueux plaisirs où tu cherchais vainement ton refuge, l'esprit mystérieux vint te réclamer et te saisir. Il fallait que tu fusses poète, tu l'as été en dépit de toi-même.
- George Sand concernant Alfred de Musset.
- Le Roman de Venise (2004), George Sand/Alfred de Musset, éd. Grasset, 1904, George Sand — Venise, 1er mai 1834, p. 244
Quelle fièvre avez-vous fait passer dans la moelle de mes os, esprits de la vengeance céleste ? quel mal avais-je fait aux anges du ciel pour qu'ils descendissent sur moi et pour qu'ils missent en moi pour châtiment, un amour de lionne ?
- Le Roman de Venise (2004), George Sand/Alfred de Musset, éd. Grasset, 1904, George Sand — Venise, 1er mai 1834, p. 396
Nouvelle
modifierVladimir Nabokov, Le Mot, 1923
modifierJe vis ses yeux profonds, fixes et adamantins sous les arcades impétueuses de ses sourcils. Sur les nervures de ses ailes déployées étincelait une sorte de givre ; les ailes étaient grises, d'un gris d'une nuance indescriptible, et chaque plume se terminait par un croissant argenté. Son visage, l'ébauche de ses lèvres qui esquissaient un sourire, de son front droit et pur, me rappelaient des traits que j'avais vus sur terre.
- « Le Mot », Vladimir Nabokov (trad. Bernard Kreise), Le Magazine Littéraire, nº 495, Mars 2010, p. 11
Après avoir enlacé un instant mes épaules de ses ailes gorge-de-pigeon, l'ange proféra un seul mot, et dans sa voix je reconnus toutes les voix que j'avais aimées et qui s'étaient tues. Le mot qu'il prononça était si beau que dans un soupir je fermai les yeux et baissai plus encore la tête. Ce fut comme un parfum et un tintement qui s'écoulèrent dans mes veines, ce fut comme le soleil qui se levait dans mon cerveau, et les vallées innombrables de ma conscience reprirent, répétèrent cette sonorité lumineuse et paradisiaque. Je m'en emplis ; elle battais dans mes tempes en un réseau subtil, elle tremblait comme l'humidité sur mes cils, elle soufflait en un froid délicieux à travers mes cheveux, elle baignait mon cœur d'une chaleur divine.
- « Le Mot », Vladimir Nabokov (trad. Bernard Kreise), Le Magazine Littéraire, nº 495, Mars 2010, p. 11
Poésie
modifierRobert Desnos, Rrose Sélavy, 1922
modifierPhalange des anges, aux angélus préférez les phallus.
- Cette citation provient d'une revue dirigée par André Breton.
- « Rrose Sélavy », Robert Desnos, Littérature Nouvelle Série, nº 7, Décembre 1922, p. 21
Paul Éluard , Capitale de la douleur, 1926
modifierPorte ouverte
Venez à moi, si je vais à vous c'est un jeu,
Les anges des bouquets dont les fleurs changent de couleur.
- Capitale de la douleur suivi de L'amour la poésie (1926), Paul Éluard, éd. Gallimard, coll. « Poésie », 1966 (ISBN 978-2-07-030095-2), partie Répétitions, Porte ouverte, p. 19
Prose poétique
modifierAntonin Artaud, L'Art et la Mort, 1929
modifierQu'avons-nous à faire auprès de nous de cet ange qui n'a pas su se montrer ?
- L'Ombilic des Limbes suivi du Pèse-nerfs et autres textes (1929), Antonin Artaud, éd. Gallimard, coll. « Poésie/Gallimard », 1956, partie L'Art et la Mort, «Qui au sein...», p. 135
Roman
modifierIngrid Astier Même pas peur, 2015
modifierJe crois en mon ange gardien. Sans rire, avec tout ce que j’ai traversé, je me demande surtout comment je pourrais ne pas y croire... Chacun a son ange gardien. Mais quand il s’endort sur les nuages, bonjour la galère.
- Même pas peur, Ingrid Astier, éd. Syros, 2015 (ISBN 978-2-74-851666-1), p. 10 (voir la fiche de référence de l'œuvre)
Jean-Jacques Rousseau, Julie ou La nouvelle Héloïse, 1761
modifierJe ne suis pas un ange, il est vrai ; mais j'habiterai leur demeure, j'imiterai leurs exemples : on les fuit quand on ne leur veut pas ressembler.
- Julie ou La nouvelle Héloïse (1761), Jean-Jacques Rousseau, éd. Garnier-Flammarion, coll. « GF Flammarion », 1967 (ISBN 2-08-070148-7), partie VI, Lettre VII. Réponde à Madame de Wolmar, p. 517
Albert Cohen, Belle du Seigneur, 1968
modifierLes anges, leur musique ça doit être comme du César Franck en pire.
- « Pensée » d'Ariane, personnage de Belle du Seigneur, d'Albert Cohen.
- Dictionnaire égoïste de la littérature française, Charles Dantzig, éd. Grasset, 2005, p. 551
Yasmina Khadra, L’Attentat, 2005
modifierPour [mon neveu Adel], les anges sont éternels ; pour moi, ils meurent de nos blessures...
- L’Attentat, Yasmina Khadra, éd. Pocket, 2005, p. 218
Roula Azar Douglas, Le jour où le soleil ne s’est pas levé, 2018
modifierUne bougie qui brûle dans une église, c’est une prière qui se poursuit. La lumière qui s’en dégage monte jusqu’au ciel et l’ange auquel on la dédie peut la voir (…).
- Le jour où le soleil ne s’est pas levé, Roula Azar Douglas, éd. noir blanc etc..., 2018, p. 52
Cinéma
modifierWim Wenders, Les Ailes du désir, 1987
modifierC'est extraordinaire de n'être qu'un esprit et de témoigner pour l'éternité de tout ce qui a trait à la spiritualité de chaque mortel, mais parfois moi je me sens fatigué de n'être qu'un esprit. J'aimerais que ce survol éternel se termine enfin, j'aimerais sentir en moi un poids, sentir que cette densité abolit l'illimité, me rattache au monde terrestre. Et j'aimerais à chaque pas, à chaque coup de vent, pouvoir dire : « Maintenant. Et maintenant. Et maintenant. » Au lieu de dire : « Depuis toujours » ou « A jamais ». S'asseoir à une table où des personnes jouent aux cartes pour être salué, d'un simple geste amical. Lorsqu'il nous arrive parfois de prendre part nous ne faisons que simuler. Dans ce combat en pleine nuit, on a fait semblant, on a simulé une luxation de la hanche, comme on feint d'attraper le poisson avec eux, comme on feint de s'assoir à la table où ils sont assis, de boire ou de manger en leur compagnie quand on fait rôtir des agneaux, quand on sert du vin dans les tentes du désert. On feint, on simule. Sans vouloir tout de suite engendrer un enfant, planter un arbre, et bien je serais déjà satisfait, après une longue et pénible journée de travail, de nourrir le chat, comme… Avoir de la fièvre. Que le journal noircisse mes doigts. Que ce ne soit plus seulement l'esprit qui nous exalte, que ce soit un repas aussi. Le dessin d'une nuque, d'une oreille. Mentir, comme on respire. Avoir la sensation en marchant que toute sa charpente avance à chaque pas. Chercher à deviner, ne pas tout savoir. « Ah » ! Et « oh » ! Et « aïe » ! Avoir le droit de dire ça. Au lieu de « oui » et « Amen ».
- Bruno Ganz, Les Ailes du désir (1987), écrit par Wim Wenders
Musique
modifierMel Bonis (Mélanie Bonis, ou Mélanie Domange), L'ange gardien, Opus 99
modifierCaresse qui se penche,
Frôlement d'aile blanche
C'est ton ange gardien
- Œvres pour piano Vol. 7: Piéces pittoresques et poétiques C, Mel Bonis (1913), éd. Eberhard Mayer, Furore Verlag, 2006, p. 22