Armée d'Afrique

ensemble des unités militaires françaises en Afrique française du Nord

L'Armée d'Afrique, plus exactement d'Afrique du Nord, désignait l'ensemble des unités militaires françaises issues des territoires d’Afrique du Nord (Algérie française, Protectorat français de Tunisie, Protectorat français du Maroc) dont l’origine remonte pour la plupart à la conquête de l'Algérie.

Durant la Seconde Guerre mondiale, l'armée d'Afrique constitue avec des forces de la France Libre, le corps expéditionnaire français en Italie puis la 1re

armée française.

Général Hugues de la Barre de Nanteuil modifier

La campagne de France que la 1re armée française mena sous les ordres du général de Lattre de Tassigny, à partir du 15 août 1944 est un des plus beaux morceaux de bravoure qu'ait écrit l'Armée d'Afrique.
  • L'Armée d'Afrique 1830-1962, Robert Huré, Hugues de la Barre de Nanteuil, Paul Devautour, éd. Charles-Lavauzelle, 1977, p. 419


Saïd Boualam modifier

Sur les drapeaux des régiments de tirailleurs algériens et sur les étendards des spahis est gravée une devise. Ce n'est même pas « Honneur et Fidélité » mais « Honneur et Patrie », notre Patrie, c'est la France, et nous n'admettons pas qu'on l'arrache de nos cœurs. Nous n'admettons pas, après le 13 mai, après le référendum du 28 septembre, qu'on revienne sur notre volonté de vivre et de mourrir français. Nous n'admettons pas non plus que la Métrople soit consultée pour savoir si l'on nous autorise à être français. C'est une injure qui nous est faite, à nous Musulmans, qui avons défendu sur tous les champs de bataille un patrimoine commun, un honneur commun, une patrie unique et qui sommes d'ailleurs un mélange de races, de confessions et de peuples ni plus ni moins divers que le peuple français lui-même.
  • Déclaration du Bachaga Boualam, vice-président de l'Assemblée Algérienne, le 28 janvier 1960
  • De Psichari à de Gaulle, Marcel Gallienne, éd. La pensée universelle, 1978, p. 187


Jacques Frémeaux modifier

Les troupes d'Afrique du Nord, associant Européens et musulmans en proportion équivalente, ont gagné sans doute leurs plus beaux titres de gloire au cours des campagnes successives de Tunisie, d'Italie, de France et d'Allemagne, sous les ordres de Juin, de Lattre et Leclerc. Le terme d'armée d'Afrique, bien que non officiel, leur restera attaché, au moins, pour ce qui est du corps expéditionnaire français (CEF) d'Italie et de l'armée B, devenue 1ere Armée française.
  • La France et l'Algérie en guerre: 1830-1870, 1954-1962, Jacques Frémeaux, éd. Commision française d'histoire militaire, 2002, p. 116


Charles de Gaulle modifier

D'ailleurs, j'ai bluffé, mais la 1re armée, c'étaient des nègres et des Africains[1]. La division Leclerc a eu deux mille cinq cents engagés volontaires à Paris. En réalité, j'ai sauvé la face, mais la France ne suivait pas ... Je ne serais pas au pouvoir... Qu'ils crèvent ! C'est le fonds de mon âme que je vous livre : tout est perdu. La France est finie, j'aurais écrit la dernière page.
  • Conversation entre De Gaulle et Pompidou le 11 juillet 1950 sur la 1re armée française en 1944-45


Maréchal Juin modifier

Le souvenir de l’héroïsme le plus pur et de la fraternité qui régna [entre européens et musulmans] dans les rangs de l’Armée d’Afrique, tant il est vrai que c’est dans son sein et au creuset des batailles que les deux races se sont toujours le mieux fondues, le mieux comprises, et le mieux aimées.
  • Le Maréchal Juin, commandant le Corps Expéditionnaire Français en Italie en 1943-44, à propos de l'Armée d'Afrique


L'armée d'Afrique venue combattre en Italie a marqué la renaissance des armées françaises.
  • L'Armée d'Afrique 1830-1962, Robert Huré, éd. Charles-Lavauzelle, 1977, cité par le Général Monsabert dans la préface, p. 2


Maréchal de Lattre de Tassigny modifier

Jamais la route des Maures n'a autant justifié son nom [...]. Sur toute la longueur serpente une file ininterrompue et pittoresque de goumiers, trottinant en longues colonnes par un, mélangés à leurs mulets, pieds nus, les godillots suspendus en sautoir ou accrochés au ceinturon avec le casque anglais. A l'infini, rezzas et djellabas rayées, achevaient de donner au paysage une parenté africaine.
  • Propos du Maréchal de Lattre de Tassigny sur les goumiers marocains lors du débarquement de Provence en août 1944


Général André Lenormand modifier

Les tirailleurs algériens écrivirent pour l'armée française des pages parmi les plus glorieuses de son histoire. Au cours de la guerre 1914-1918, leur discipline et leur courage leur valurent les plus hautes distinctions. Au cours de la 2° guerre mondiale, ils renouvelèrent leurs exploits, en Tunisie, puis en Italie. Ils furent parmi les remarquables combattants qui, à Cassino, obligèrent la Wehrmacht à se replier. C'est la 3° division algérienne, sous le commandement du général de Monsabert, qui, au prix de combats acharnés et de lourdes pertes, enleva le Belvédère et ouvrit une brèche dans la ligne Gustav. Les tirailleurs algériens participèrent avec les pieds-noirs au débarquement en Provence et à la libération de la France. A leur retour d'Indochine, la majorité d'entre eux reprit le combat en Algérie, essentiellement dans les montagnes, pour mener une guerre, qui, au départ, leur était incompréhensible.
  • Historia Magazine n°218, Général André Lenormand, éd. Historia, 6 mars 1972, la guerre d'Algérie, p. 25


Baron des Lyons de Feuchins modifier

Le rôle joué pendant la grande guerre par les indigènes algériens a été grand, leur sang s'est mêlé au sang français sur tous les champs de bataille, leur acquérant des droits légitimes par des sacrifices communs....
  • Sur les tirailleurs d'algériens ayant participé au premier conflit mondial au sein de divisions de l'Armée d'Afrique
  • Rapport sur le Bilan des Pertes en Morts et en Blessés des Nations Belligérantes, Henri des Lyons de Feuchins, éd. Journal Officiel, 1924, Documents Parlementaires, Annexe n° 335, p. 15


Albert Malet modifier

L'armée française, battue le 4 à Wissembourg, est refoulée de Woerth par l'armée du Prince Royal de Prusse. Pour couvrir sa retraite Mac-Mahon sacrifie ses dernières troupes de réserve. Alors apparurent les tirailleurs algériens. Ils avaient combattu l'avant veille toute la journée à Wissembourg. Ils étaient 1700. Déployés en ligne, comme à la parade, sans tirer un coup de feu, criant d'une seule voix : « À la baïonnette! », ils s'élancèrent. Rien ne tint devant eux. En quelques minutes, ils reprennent les pièces perdues, le village d'Elsasshausen et, toujours courant, poursuivaient les Allemands jusqu'à la lisière d'un bois. Là, contre un ennemi bien à couvert, leurs charges, trois fois renouvelées, furent vaines. Quand les tirailleurs, décimés par la mitraille, se retirèrent, ils laissèrent sur le terrain 800 hommes, la moitié de leur effectif. La charge des tirailleurs, la résistance acharnée de quelques débris de régiment [...], permirent la retraite sur Reichshoffen.
  • Albert Malet décrit l'épisode de la retraite sur Reichshoffen durant la guerre franco-allemande de 1870
  • Histoire de France 1789 à 1875, Albert Malet, éd. Hachette, 1921, p. 486


Jacques Marquette modifier

Il serait inadmissible que dans la communauté française de demain, les héros de la campagne de libération, descendants des glorieux tirailleurs qui à l'Alma, à Solférino, à Wissembourg, à Verdun et devant la ligne Maginot versèrent leur sang pour la France continuent à être traités en Français auxiliaires.
  • Une France nouvelle pour le monde nouveau‎ (1944), Jacques Marquette, éd. Maison française, 1944, p. 133


Adolphe Messimy modifier

Je laisse à ceux qui me liront le soin de réfléchir à ce qu'auraient été les événements, si Gallieni sur l'Ourcq et Foch aux marais de Saint-Gond, n'avaient pas eu à leur disposition ces troupes d'élite, pleine d'élan et fraîches, s'ils auraient pu remporter de justesse les deux succès qui décidèrent du sort de la bataille décisive... et de la France.
  • Adolphe Messimy, ancien ministre de la Guerre, sur le role des divisions de l'Armée d'Afrique (la Division Marocaine et la 45e Division d'infanterie) lors de la bataile de la Marne en septembre 1914


Pierre Montagnon modifier

Les tirailleurs de la 3e DIA, la division des trois croissants, écriront sur les pentes des Apennins quelques-unes des plus belles pages d'héroïsme de l'histoire de l'armée française. Ces enfants de la vieille Numidie que leur chef, le général de Montsabert, qualifie de par leur origine d'héritiers de la IIIe Augusta enlèveront le Monna Casale (1395 mètres), le Monna Acqua Fondata (1325 mètres), s'accrochent au Belvédère avant de forcer la ligne Gustav et de marcher sur Rome.


Général Monsabert modifier

C'est grâce à l'Armée d'Afrique que la France a retrouvé non seulement le chemin de la victoire et la foi en son armée, mais aussi et surtout l'Honneur et la Liberté.
  • Monsabert sur le rôle de l'Armée d'Afrique durant la campagne 1942-45
  • L'Armée d'Afrique 1830-1962, Robert Huré, éd. Charles-Lavauzelle, 1977, Préface par le Général Monsabert, p. 1


Colonel Maurice Rives modifier

Les coloniaux se sont couverts de gloire pour la France libre : [...] ce sont eux, les coloniaux, qui fournirent les 2/3 des troupes à Bir Hakeim, 70 % lors de la campagne d’Italie, du débarquement de Provence. Ce sont eux qui ont pris Toulon, Hyères, Marseille, Strasbourg.
  • Le colonel Rives fut à la tête du 16e régiment de tirailleurs sénégalais pendant la seconde guerre mondiale
  • TDC, n° 692, 15 mars 1995, Benjamin Stora, éd. CNDP, 1995, L'armée d'Afrique : les oubliés de la libération, p. 43


Antoine Sanguinetti modifier

Il faut comprendre mon indignation. Les batailles du Belvédère et de Garigliano ont été gagnées par des Marocains...Le gouvernement oublie que pendant la guerre, l'épopée extérieure du gaullisme, la reconquête du pays a été menée par plus d'Africains que de métropolitains. Ce sont des divisions algériennes, marocaines et maliennes qui ont repris Toulon et Marseille...Les Africains ont participé à toutes les guerres de la France depuis 1850, croyant qu'ils avaient des liens privilégiés avec la France. Des centaines de milliers sont morts pendant ces guerres. On ne sait pas si le soldat inconnu était noir. Cela donne à la France des devoirs absolus: devoir de reconnaissance, devoir de politesse, devoir de respect de leur dignité. Quand les pères des gens de la rue Pajol venaient se battre ici on ne leur demandait pas leurs papiers, mais on les mobilisait et on les envoyait au front. Ils ont passé le Rhin en 1944, alors que les Français libérés n'ont pas été mobilisés. A l'époque cela avait produit une gêne dans l'armée française. Mais on leur dénie d'avoir participé à la défense et à la prospérité nationale: depuis l'indépendance, toutes les pensions d'anciens combattants d'Afrique ont été supprimées...Je suis pour la défense des valeurs républicaines, des droits de l'homme. Je ne dis pas pour autant qu'il faut ouvrir grandes les frontières à tout le monde. Sinon la mutation engendrée serait telle que notre civilisation disparaîtrait. Certains changements demandent des préparations que nous n'avons pas su faire en cent cinquante ans d'empire colonial. Mais l'injustice du gouvernement français à leur égard et la mauvaise foi d'une partie de l'opinion française me révolte.
  • Interview de l'amiral Sanguinetti, ancien résistant, suite à l'intervention policière contre les Africains sans-papiers grévistes de la faim de Saint-Bernard en aout 1996


Commandant Victor Sapin-Lignières modifier

Dans toute l'histoire militaire mondiale, il n'existe pas un exemple comparable à l'importance et à la rapidité de la réputation que surent se tailler les zouaves et à l'engouement que provoquèrent leurs exploits, à tel point qu'on trouvera des hommes habillés en zouaves dans les insurgés de Pologne, dans les deux camps de la guerre civile américaine, dont le fameux régiment des zouaves du Potomac, et que, chose plus surprenante encore, ce furent des zouaves qui défendirent le trône de saint Pierre et sous le commandement de celui qui avait été leur chef prestigieux : Lamoricière.
  • Historia Magazine n°221, Commandant Victor Sapin-Lignières, éd. Historia, 27 mars 1972, la guerre d'Algérie, p. 28


Divers modifier

Comme le 2 Septembre [1914, front de la Marne], ainsi qu'à chaque tournant critique de cette guerre, les troupes d'Algérie vont arriver sur le champ de bataille à l'heure où il n'y a plus de place que pour des héros ! Après les zouaves, ce sont des tirailleurs dont les files profondes émergent de la nuit obscure, brusquement éclairées par nos phares. Etrange apparition ! Sous les casques jaunes, ces visages d'Orient semblent plus lointains que de coutume. Avec leur teint cuivré et leurs longs yeux en amande, ils évoquent les anciens samouraïs du Japon. Les plus grands et les plus beaux – dents blanches et barbes annelées - font surtout penser aux Sarrasins du Moyen-age. Et, dans les nombre, parmi les blancs comme parmi les indigènes, surtout parmi les vieux sous-officiers arabes, quels fiers visages militaires et quelles superbe démarches ! L'allure de ces hommes est si belle, si tranquille et si sûr... leurs titres sont les plus nombreux et les plus beaux qu'une troupe puisse revendiquer: petits-fils des zouaves d'Inkermann et de Sébastopol, de Magenta et de Solférino, des tirailleurs de Froeschwiller et de Wissembourg, héros eux-mêmes de Charleroi et de Guise, de Quennevières et de la Champagne, noblesse héritée et noblesse acquise les obligent à la fois.
  • L'ambulancier Pierre-Alexis Muenier qui enlève en voiture les blessés des postes de secours, ne peut s'empêcher, en doublant d'admirer les zouaves et les tirailleurs de la 37e division d'infanterie qui défilent vers le front de Verdun en février 1916.
  • L'angoisse de Verdun: notes d'un conducteur d'auto sanitaire, Pierre-Alexis Muenier, éd. Presses universitaires de Nancy, 1991, p. 54


Citations militaires modifier

Première Guerre mondiale modifier

Le général commandant la IXe Armée cite à l'ordre de l'armée la 1re Division du Maroc, commandée par le général Humbert pour la vaillance,

l'énergie, la ténacité dont elle a fait preuve aux combats de la Tosse-à-l'Eau le 28 août et dans les journées des 6, 7, 8 et 9 septembre à Montdement, Montgivroux, Saint-Prix. Les résultats obtenus, comme aussi les pertes cruelles mais glorieuses qu'elle a subies, en témoignent. Tous, zouaves, coloniaux, tirailleurs indigènes ont fait d'une façon admirable leur devoir.

  • Pages de gloire de la Division marocaine, 1914-1918, Armée de terre, éd. Chapelot, 1919, p. 102


Digne héritier des Turcos de Wissembourg et Froeschwiller, unissant sous son Drapeau les fils de l'Algérie, de la Tunisie et du Maroc, image vivante de l'Afrique du Nord, venus se donner corps et âme à la mère Patrie. En août 1914, aussitôt débarqués et lancés dans la bataille, les Tirailleurs, sous les ordres du Lieutenant-colonel Cros, retardent pied à pied la marche de l'envahisseur à la Fosse à l'eau, Bertoncourt, Alencout. En septembre, ils rejettent la Garde Impériale dans les marais de Saint-Gond, puis écrasent l'ennemi, contraint à la retraite, sous les murs du Château de Mondement. Le 9 mai 1915, en Artois, sous les ordres du Lieutenant-colonel Demetz, ils s'emparent de la Cote 140 et le 25 septembre, en Champagne, enlèvent brillamment les ouvrages ennemis au Nord de Souain. Le 11 juillet 1916, dans la Somme, ils se distinguent encore devant Belloy-en-Santerre. En Champagne, le 17 avril 1917, ils s'emparent des formidables positions du Mont Sans-Nom sous les ordres du Lieutenant-colonel Schultz qui, à Verdun, le 20 août les lance à l'assaut des puissantes organisations fortifiées qu'ils réduisent, en faisant 1 100 prisonniers. Au cours de l'épopée sublime de 1918, devant Villers-Bretonneux, ils enlèvent, le 26 avril 1918, sous les ordres du Lieutenant-colonel Schultz les positions de Cachy. Dans l'Aisne, le 18 juillet, sous les ordres du Lieutenant-colonel Mensier, ils percent les lignes ennemies, progressent de 11 kilomètres et font un grand nombre de prisonniers sur le même terrain où, les 29 et 30 mai, ils avaient soutenu des combats acharnés pour arrêter la marche de l'ennemi vers Compiègne. Du 2 au 16 septembre, sous le même commandement, à Sorny et à Vauxaillon, ils bousculent dans des conditions exceptionnellement dures, sur la ligne Hindenburg, les régiments allemands les plus réputés et progressent de plus de 7 kilomètres, préparent ainsi par leur héroïsme la marche sur Laon et la grande victoire.
  • Bulletin des lois, Bulletin des lois, éd. Imprimerie Royale, 1919, p. 2028


Notes modifier

  1. "Africains" désignent ici les Pieds-noirs et les Maghrébins de l'Armée d'Afrique, souvent appelés "Africains"

Voir aussi modifier

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