Charles Baudelaire

poète français

Charles Baudelaire (9 avril 182131 août 1867) est un poète et traducteur français.

Portrait de Baudelaire en 1848 par Gustave Courbet (l'Atelier du peintre, détail)

Citations

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Du vin et du hachisch, 1851

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Le vin est semblable à l'homme : on ne saura jamais jusqu'à quel point on peut l'estimer et le mépriser, l'aimer et le haïr, ni de combien d'actions sublimes ou de forfaits monstrueux il est capable. Ne soyons donc pas plus cruels envers lui qu'envers nous-mêmes, et traitons-le comme notre égal.
  • « Du vin et du hachisch », dans Œuvres complètes (1980), Charles Baudelaire, éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 2004, p. 217 (texte intégral sur Wikisource)


J'ai souvent pensé que si Jésus Christ paraissait aujourd'hui sur le banc des accusés, il se trouverait quelque procureur qui démontrerait que son cas est aggravé par la récidive. Quant au vin, il récidive tous les jours. Tous les jours il répète ses bienfaits. C'est sans doute ce qui explique l'acharnement des moralistes contre lui. Quand je dis moralistes, j'entends pseudo-moralistes pharisiens.
  • « Du vin et du hachisch », dans Les paradis artificiels (1980), Charles Baudelaire, éd. Yves Florenne, coll. « Le Livre de Poche », 1993, p. 30


S'il existait un gouvernement qui eût intérêt à corrompre ses gouvernés, il n'aurait qu'à encourager l'usage du hachisch.
  • « Du vin et du hachisch », dans Œuvres complètes (1980), Charles Baudelaire, éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 2004, p. 227 (texte intégral sur Wikisource)


Les Fleurs du mal, 1857

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Charles Baudelaire
Hypocrite lecteur, — mon semblable, — mon frère !
  • « Les Fleurs du mal », dans Œuvres complètes (1857), Charles Baudelaire, éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 2004 (1980), p. 4 (texte intégral sur Wikisource)


Mais parmi les chacals, les panthères, les lices,
[…]
Dans la ménagerie infâme de nos vices,

Il en est un plus laid, plus méchant, plus immonde !
Quoiqu’il ne pousse ni grands gestes ni grands cris,
Il ferait volontiers de la terre un débris
Et dans un bâillement avalerait le monde ;

C’est l’Ennui !


Le Poète est semblable au princes des nuées
Qui hante la tempête et se rit de l'archer ;
Exilé sur le sol au milieu des huées,
Ses ailes de géant l'empêchent de marcher.

  • Les Fleurs du mal (1857), Charles Baudelaire, éd. Librairie Garnier Frères, 1949, partie Spleen et idéal, II (L'Albatros), p. 12 (texte intégral sur Wikisource)


La Nature est un temple où de vivants piliers
Laissent parfois sortir de confuses paroles ;
L’homme y passe à travers des forêts de symboles
Qui l’observent avec des regards familiers.

  • « Les Fleurs du mal », dans Œuvres complètes (1857), Charles Baudelaire, éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 2004 (1980), p. 8 (texte intégral sur Wikisource)


Homme libre, toujours tu chériras la mer.
  • « Les Fleurs du mal », dans Œuvres complètes (1857), Charles Baudelaire, éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 2004 (1980), XIV (L'homme et la mer), p. 14 (texte intégral sur Wikisource)


Ce soir, la lune rêve avec plus de paresse ;
Ainsi qu’une beauté, sur de nombreux coussins,
Qui d’une main distraite et légère caresse,
Avant de s’endormir, le contour de ses seins

  • Les Fleurs du Mal (1857), Charles Baudelaire, éd. Pocket, coll. « Lire et voir les classiques », 1989, LXV. Tristesses de la lune, p. 90 (texte intégral sur Wikisource)


-Elle pleure, insensé, parce qu'elle a vécu!
Et parce qu'elle vit! Mais ce qu'elle déplore
Surtout, ce qui la fait frémir jusqu'aux genoux,
C'est que demain, hélas! il faudra vivre encore!
Demain, aprés-demain et toujours! - comme nous!

  • Les Fleurs du mal (1857), Charles Baudelaire, éd. GF Flammarion, 1991, partie Spleen et idéal, XX (Le Masque), p. 74 (texte intégral sur Wikisource)


Que les soleils sont beaux dans les chaudes soirées !
Que l'espace est profond ! Que le cœur est puissant !

  • Les Fleurs du mal, Charles Baudelaire, éd. Poulet-Malassis et De Broise, 1857, section « Spleen et idéal », poème « Le Balcon », p. 82 (texte intégral sur Wikisource)


Grands bois, vous m’effrayez comme des cathédrales ;
Vous hurlez comme l’orgue ; et dans nos cœurs maudits,
Chambres d’éternel deuil où vibrent de vieux râles,
Répondent les échos de vos De profundis.


Horloge ! Dieu sinistre, effrayant, impassible,
Dont le doigt nous menace et nous dit : « Souviens-toi !
Les vibrantes Douleurs dans ton cœur plein d'effroi
Se planteront bientôt comme dans une cible.
[…]
Souviens-toi que le temps est un joueur avide
Qui gagne sans tricher, à tout coup ! c’est la loi.
[…]
Tantôt sonnera l’heure où le divin Hasard,
Où l’auguste Vertu, ton épouse encor vierge,
Où le Repentir même (oh ! la dernière auberge ! ),
Où tout te dira : Meurs, vieux lâche ! il est trop tard ! »


Saint Pierre a renié Jésus… il a bien fait !


C'est la Mort qui console, hélas ! Et qui fait vivre;
C'est le but de la vie, et c'est le seul espoir
Qui, comme un élixir, nous monte et nous enivre,
Et nous donne le cœur de marcher jusqu'au soir.


Car c’est vraiment, Seigneur, le meilleur témoignage
Que nous puissions donner de notre dignité
Que cet ardent sanglot qui roule d’âge en âge
Et vient mourir au bord de votre éternité !


L’Humanité bavarde, ivre de son génie,
Et, folle maintenant comme elle était jadis,
Criant à Dieu, dans sa furibonde agonie :
« Ô mon semblable, ô mon maître, je te maudis ! »


Petits Poèmes en prose, 1869

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La plus belle des ruses du Diable est de vous persuader qu'il n'existe pas !
  • La phrase complète est : « Mes chers frères, n'oubliez jamais, quand vous entendrez vanter le progrès des lumières, que la plus belle des ruses du Diable est de vous persuader qu'il n'existe pas ! » (les guillemets sont dans le poème). Une formule similaire est reprise par le personnage de Verbal Kint (Kevin Spacey) dans le film Usual Suspects (1995).


L'étude du beau est un duel où l'artiste crie de frayeur avant d'être vaincu.
  • « Petits Poèmes en prose », dans Œuvres complètes (1980), Charles Baudelaire, éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 2004, p. 163 (texte intégral sur Wikisource)


Mais qu'importe l'éternité de la damnation à qui a trouvé dans une seconde l'infini de la jouissance ?
  • « Petits Poèmes en prose », dans Œuvres complètes (1980), Charles Baudelaire, éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 2004, p. 168 (texte intégral sur Wikisource)


Et à quoi bon exécuter des projets, puisque le projet est en lui-même une jouissance suffisante ?
  • « Petits Poèmes en prose », dans Œuvres complètes (1980), Charles Baudelaire, éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 2004, p. 184 (texte intégral sur Wikisource)


Il est aussi difficile de supposer une mère sans amour maternel qu'une lumière sans chaleur
  • « Petits Poèmes en prose », dans Œuvres complètes (1980), Charles Baudelaire, éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 2004, p. 666 (texte intégral sur Wikisource)


J'ouvre le Kreisleriana du divin Hoffmann, et j'y lis une curieuse recommandation. Le musicien consciencieux doit se servir du vin de Champagne pour composer un opéra-comique. Il y trouvera la gaieté mousseuse et légère que réclame le genre. La musique religieuse demande du vin du Rhin ou du Jurançon. Comme au fond des idées profondes, il y a là une amertume enivrante; mais la musique héroïque ne peut pas se passer de vin de Bourgogne. Il a la fougue sérieuse et l'entraînement du patriotisme. Voilà certainement qui est mieux, et outre le sentiment passionné d'un buveur, j'y trouve une impartialité qui fait le plus grand honneur à un Allemand.


Mais voici bien autre chose. Descendons un peu plus bas. Contemplons un de ces êtres mystérieux, vivant, pour ainsi dire, des déjections des grandes villes; car il y a de singuliers métiers, le nombre en est immense. J'ai quelquefois pensé avec terreur qu'il y avait des métiers qui ne comportaient aucune joie, des métiers sans plaisir, des fatigues sans soulagement, des douleurs sans compensation, je me trompais. Voici un homme chargé de ramasser les débris d'une journée de la capitale. Tout ce que la grande cité a rejeté, tout ce qu'elle a perdu, tout ce qu'elle a dédaigné, tout ce qu'elle a brisé, il le catalogue, il le collectionne. Il compulse les archives de la débauche, le capharnaum des rebuts. Il fait un triage, un choix intelligent; il ramasse, comme un avare un trésor, les ordures qui, remâchées par la divinité de l'Industrie, deviendront des objets d'utilité ou de jouissance.
  • Petits poèmes en prose – Les Paradis artificiels, Charles Baudelaire, éd. Michel Levy Frères, 1869, p. 357-358 (texte intégral sur Wikisource)


C'était l'explosion du nouvel an : chaos de boue et de neige, traversé de mille carrosses, étincelant de joujoux et de bonbons, grouillant de cupidités et de désespoirs, délire officiel d'une grande ville fait pour troubler le cerveau du solitaire le plus fort.
  • Le Spleen de Paris (1869), Charles Baudelaire, éd. Maxi-Livres, coll. « Maxi-Poche Classiques Français », 1995  (ISBN 2-87714-226-4), IV. Un plaisant, p. 16


Il n'est pas donné à chacun de prendre un bain de multitude : jouir de la foule est un art ; et celui-là seul peut faire, aux dépens du genre humain, une ribote de vitalité, à qui une fée a insufflé dans son berceau le goût du travestissement et du masque, la haine du domicile et la passion du voyage.
  • Le Spleen de Paris (1869), Charles Baudelaire, éd. Maxi-Livres, coll. « Maxi-Poche Classiques Français », 1995  (ISBN 2-87714-226-4), XII. Les foules, p. 34


Pour moi, si je me penche vers la belle Féline, la si bien nommée, qui est à la fois l'honneur de son sexe, l'orgueil de mon cœur et le parfum de mon esprit, que ce soit la nuit, que ce soit le jour, dans la pleine lumière ou dans l'ombre opaque, au fond de ses yeux adorables je vois toujours l'heure distinctement, toujours la même, une heure vaste, solennelle, grande comme l'espace, sans division de minutes ni de secondes, — une heure immobile qui n'est pas marquée sur les horloges, et cependant légère comme un soupir, rapide comme un coup d'œil.
  • Le Spleen de Paris (1869), Charles Baudelaire, éd. Maxi-Livres, coll. « Maxi-Poche Classiques Français », 1995  (ISBN 2-87714-226-4), XVI. L'horloge, p. 46


Dans l'ardent foyer de ta chevelure, je respire l'odeur du tabac mêlée à l'opium et au sucre ; dans la nuit de ta chevelure, je vois resplendir l'infini de l'azur tropical ; sur les rivages duvetés de ta chevelure, je m'enivre des odeurs combinées du goudron, du musc et de l'huile de coco.
  • Le Spleen de Paris (1869), Charles Baudelaire, éd. Maxi-Livres, coll. « Maxi-Poche Classiques Français », 1995  (ISBN 2-87714-226-4), XVII. Un hémisphère dans une chevelure, p. 49


Laisse-moi mordre longtemps tes tresses lourdes et noires. Quand je mordille tes cheveux élastiques et rebelles, il me semble que je mange des souvenirs.
  • Le Spleen de Paris (1869), Charles Baudelaire, éd. Maxi-Livres, coll. « Maxi-Poche Classiques Français », 1995  (ISBN 2-87714-226-4), XVII. Un hémisphère dans une chevelure, p. 49


Le visage du premier Satan était d'un sexe ambigu, et il y avait aussi, dans les lignes de son corps, la mollesse des anciens Bacchus. Ses beaux yeux languissants, d'une couleur ténébreuse et indécise, ressemblaient à des violettes chargées encore des lourds pleurs de l'orage, et ses lèvres entrouvertes à des cassolettes chaudes, d'où s'exhalait la bonne odeur d'une parfumerie ; et à chaque fois qu'il soupirait, des insectes musqués s'illuminaient, en voletant, aux ardeurs de son souffle.
  • Le Spleen de Paris (1869), Charles Baudelaire, éd. Maxi-Livres, coll. « Maxi-Poche Classiques Français », 1995  (ISBN 2-87714-226-4), XXI. Les tentations ou Eros, Plutus et la Gloire, p. 58


Le gros Satan, tapait avec son poing sur son immense ventre, d'où sortait alors un long et retentissant cliquetis de métal, qui se terminait en un vague gémissement fait de nombreuses voix humaines. Et il riait, en montrant impudemment ses dents gâtées, d'un énorme rire imbécile, comme certains hommes de tous les pays quand ils ont trop bien dîné.
  • Le Spleen de Paris (1869), Charles Baudelaire, éd. Maxi-Livres, coll. « Maxi-Poche Classiques Français », 1995  (ISBN 2-87714-226-4), XXI. Les tentations ou Eros, Plutus et la Gloire, p. 60


Le voici qui, à la clarté sombre des réverbères tourmentés par le vent de la nuit, remonte une des longues rues tortueuses et peuplées de petits ménages de la montagne Sainte-Geneviève.


Salon de 1859

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L'imagination est la reine du vrai, et le possible est une des provinces du vrai. Elle est positivement apparentée avec l'infini.
Sans elle, toutes les facultés, si solides ou si aiguisées qu'elles soient, sont comme si elles n'étaient pas, tandis que la faiblesse de quelques facultés secondaires, excitées par une imagination vigoureuse, est un malheur secondaire. Aucune ne peut se passer d'elle, et elle peut suppléer quelques-unes. Souvent ce que celles-ci cherchent et ne trouvent qu'après les essais successifs de plusieurs méthodes non adaptées à la nature des choses, fièrement et simplement elle le devine. Enfin elle joue un rôle puissant même dans la morale; car, permettez-moi d'aller jusque-là, qu'est-ce que la vertu sans imagination ?
  • « Salon de 1859 », dans Œuvres complètes (1980), Charles Baudelaire, éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 2004, p. 751 (texte intégral sur Wikisource)


Les Paradis artificiels, 1860

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Puisse ce legs n’être remis que dans un temps infiniment reculé ; puisse ce pénétrant écrivain, ce malade charmant jusque dans ses moqueries, nous être conservé plus longtemps encore que le fragile Voltaire, qui mit, comme on a dit, quatre-vingt-quatre ans à mourir !


Hélas ! les vices de l’homme, si pleins d’horreur qu’on les suppose, contiennent la preuve (quand ce ne serait que leur infinie expansion !) de son goût de l’infini.
  • « Les Paradis artificiels », dans Œuvres complètes (1980), Charles Baudelaire, éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 2004, p. 233 (texte intégral sur Wikisource)


L’homme qui, dès le commencement, a été longtemps baigné dans la molle atmosphère de la femme, dans l’odeur de ses mains, de son sein, de ses genoux, de sa chevelure, de ses vêtements souples et flottants,
Dulce balneum suavibus
Unguentatum odoribus,
y a contracté une délicatesse d’épiderme et une distinction d’accent, une espèce d’androgynéité, sans lesquelles le génie le plus âpre et le plus viril reste, relativement à la perfection dans l’art, un être incomplet.
  • « Les Paradis artificiels », dans Œuvres complètes (1980), Charles Baudelaire, éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 2004, p. 293 (texte intégral sur Wikisource)


Dans le sommeil, ce voyage aventureux de tous les soirs, il y a quelque chose de positivement miraculeux ; c’est un miracle dont la ponctualité a émoussé le mystère.
  • « Les Paradis artificiels », dans Œuvres complètes (1980), Charles Baudelaire, éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 2004, p. 172 (texte intégral sur Wikisource)


Correspondance

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La vue d'une femme belge me donne une vague envie de m'évanouir. Le Dieu Éros lui-même, s'il voulait glacer immédiatement tous ses feux, n'aurait qu'à contempler le visage d'une Belge.
  • Correspondance (1865), Charles Baudelaire, éd. Gallimard, coll. « Folio classique », 2000, p. 316


Hygiène

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De Maistre et Edgar Poe m'ont appris à raisonner.
  • « Hygiène », dans Œuvres complètes (1980), Charles Baudelaire, éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 2004, p. 401 (texte intégral sur Wikisource)


Mon cœur mis à nu

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La femme est naturelle, c'est-à-dire abominable.
  • « Mon cœur mis à nu », dans Œuvres complètes (1980), Charles Baudelaire, éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 2004, p. 406 (texte intégral sur Wikisource)


Être un homme utile m'a toujours paru quelque chose de bien hideux.
  • « Mon cœur mis à nu », dans Œuvres complètes (1980), Charles Baudelaire, éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 2004, p. 407 (texte intégral sur Wikisource)


La croyance au progrès est une doctrine de paresseux, une doctrine de Belges. C'est l'individu qui compte sur ses voisins pour faire sa besogne.
  • « Mon cœur mis à nu », dans Œuvres complètes (1980), Charles Baudelaire, éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 2004, p. 408 (texte intégral sur Wikisource)


Il n'y a de gouvernement raisonnable et assuré que l'aristocratique. Monarchie ou république basées sur la démocratie sont également absurdes et faibles.
  • « Mon cœur mis à nu », dans Œuvres complètes (1980), Charles Baudelaire, éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 2004, p. 410 (texte intégral sur Wikisource)


L'être le plus prostitué, c'est l'être par excellence, c'est Dieu, puisqu'il est l'ami suprême pour chaque individu, puisqu'il est le réservoir commun, inépuisable de l'amour.
  • « Mon cœur mis à nu », dans Œuvres complètes (1980), Charles Baudelaire, éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 2004, p. 415 (texte intégral sur Wikisource)


Il n'y a de grand parmi les hommes que le poète, le prêtre et le soldat, l'homme qui chante, l'homme qui bénit, l'homme qui sacrifie et se sacrifie.
Le reste est fait pour le fouet.
  • « Mon cœur mis à nu », dans Œuvres complètes (1980), Charles Baudelaire, éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 2004, p. 416 (texte intégral sur Wikisource)


Les nations n'ont de grands hommes que malgré elles. Donc, le grand homme est vainqueur de toute sa nation.


Avis aux non-communistes :
Tout est commun, même Dieu.


Quand Jésus-Christ dit : « Heureux ceux qui sont affamés car ils seront rassasiés », Jésus-Christ fait un calcul de probabilités.
  • « Mon cœur mis à nu », dans Mon cœur mis à nu, Charles Baudelaire, éd. Librairie Générale Françaises/Le Livre de Poche, 1972, 163, p. 131 (texte intégral sur Wikisource)


Fusées

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Aimer les femmes intelligentes est un plaisir de pédéraste.
  • « Fusées », dans Œuvres complètes (1980), Charles Baudelaire, éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 2004, V, p. 391 (texte intégral sur Wikisource)


Ce qu'il y a d'enivrant dans le mauvais goût, c'est le plaisir aristocratique de déplaire.
  • « Fusées », dans Œuvres complètes (1980), Charles Baudelaire, éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 2004, XII, p. 396 (texte intégral sur Wikisource)


La modernité, c'est le transitoire, le fugitif, le contingent, la moitié de l'art, dont l'autre moitié est l'éternel et l'immuable.
  • Écrits esthétiques (1863), Charles Baudelaire, éd. Christian Bourgeois, coll. « 10/18 », 1986, partie Le Peintre de la vie moderne, chap. La Modernité, p. 372-373 (texte intégral sur Wikisource)
La femme est sans doute une lumière, un regard, une invitation au bonheur, une parole quelquefois ; mais elle est surtout une harmonie générale, non-seulement dans son allure et le mouvement des ses membres, mais aussi dans les mousselines, les gazes, les vastes et chatoyantes nuées d’étoffes dont elle s’enveloppe, et qui sont comme les attributs et le piédestal de sa divinité ; dans le métal et le mineral qui serpentent autour de ses bras et de son cou, qui ajoutent leurs étincelles au feu de ses regards, ou qui jasent doucement à ses oreilles. Quel poëte oserait, dans la peinture du plaisir causé par l’apparition d’une beauté, séparer la femme de son costume ? Quel est l’homme qui, dans la rue, au théâtre, au bois, n’a pas joui, de la manière la plus désintéressée, d’une toilette savamment composée, et n’en a pas emporté une image inséparable de la beauté de celle à qui elle appartenait, faisant ainsi des deux, de la femme et de la robe, une totalité indivisible ? C’est ici le lieu, ce me semble, de revenir sur certaines questions relatives à la mode et à la parure, que je n’ai fait qu’effleurer au commencement de cette étude, et de venger l’art de la toilette des ineptes calomnies dont l’accablent certains amants très-équivoques de la nature.
  • Œuvres complètes de Charles Baudelaire III. L’Art romantique, Charles Baudelaire, éd. Calmann Lévy, 1885, partie Le Peintre de la vie moderne, chap. La Femme, p. 98 (texte intégral sur Wikisource)


L'Art romantique

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La passion frénétique de l'art est un chancre qui dévore le reste.


Préface aux Histoires Extraordinaires de Edgar Allan Poe

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Parmi l'énumération nombreuse des droits de l'homme que la sagesse du XIXe siècle recommence si souvent et si complaisamment, deux assez importants ont été oubliés, qui sont le droit de se contredire et le droit de s'en aller.
  • Œuvres complètes, Charles Baudelaire, éd. L. Conard, 1953, p. xviii


Le Spleen de Paris

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La plus belle des ruses du diable est de vous persuader qu'il n'existe pas.
  • « Le joueur généreux », dans Le Spleen de Paris, Baudelaire, éd. Éditions Conard, 1862, p. 104


Au sujet de Charles Baudelaire

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Jean Clair, L'hiver de la culture, 2011

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Baudelaire avouait que le culte des images avait toujours été « sa grande, son unique, sa primitive passion ». Il ne parlait pas de la culture des images, il parlait de culte. Le culte qu’il voue à Rubens, à Goya, à Delacroix, n’est pas une adoration de l’homme par lui-même, une autocélébration, une anthropolâtrie décidément plus nauséeuse de siècle en siècle, mais la tentative, dans l’œuvre créée de main d’homme, de pressentir un infini qui ne peut être circonscrit dans une image, tout comme, à travers l’icône et sa vénération, l’orthodoxe veut rendre grâce à la divinité.


Baudelaire reste un homme de compassion, auquel le Surhomme est étranger, tout comme son culte des images est à l’inverse du Kulturell des philosophes arrogants d’un Geist, d’un Esprit qui peut tout. Il dit aussi de l’art qu’il est plein « d’ardents sanglots » et qu’il ne conçoit « guère un type de Beauté où il n’y ait du malheur ».
Toutes chose qui nous sont devenues à peu près incompréhensibles.


Je compare ces vers étranges
Aux étranges vers que ferait
Un marquis de Sade discret
Qui saurait la langue des anges

  • Ces vers furent inspirés par un exemplaire des « Fleurs du mal ».
  • Œuvres poétiques, Paul Verlaine, éd. Jean de Bonnot, 1975, t. 6, p. 67


Robert Desnos, Rrose Sélavy, 1922

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Rrose Sélavy demande si les Fleurs du Mal ont modifié les mœurs du phalle : qu'en pense Omphale ?
  • « Rrose Sélavy », Robert Desnos, Littérature Nouvelle Série, nº 7, Décembre 1922, p. 14


Philippe Muray, Le XIXe siècle à travers les âges, 1984

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Coupable, Baudelaire, crie Sartre. Coupable de se sentir inutile. Coupable de penser que les hommes utiles sont hideux. Coupable de se soumettre. Coupable de définir l'être vivant par son au-delà. Coupable d'accepter les lois morales de la société, de ne pas se rebeller, de ne pas créer de nouvelles valeurs. Coupable de n'être pas le pervers que le monde attend. Coupable d'accepter la chrétienté, le christianisme et l'histoire du catholicisme.
  • Le XIXe siècle à travers les âges (1984), Philippe Muray, éd. Gallimard, coll. « Tel », 1999, partie L'art de la fin, p. 379


 
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