Euripide

auteur grec classique

Euripide, né à Salamine vers 480 av. J.-C., mort en Macédoine en 406 av. J.-C., est l'un des trois grands poètes tragiques de l'époque classique, avec Eschyle et Sophocle.

Buste d'Euripide (copie romaine d'un original grec).

Les Phéniciennes modifier

Voilà qui est d'un serf, de taire sa pensée.
  • (grc)

    δούλου τόδ’ εἶπας, μὴ λέγειν ἅ τις φρονεῖ.

  • Jocaste réagissant aux propos de Polynice qui lui décrit sa condition d'exilé.
  • (grc) Les Phéniciennes., Euripide (trad. Louis Méridier), éd. Les Belles Lettres, coll. « Collection des universités de France », 1950, p. 170, vers 392


La vérité parle un langage sans détour, et la justice n'a que faire d'explications compliquées. Elle trouve en soi son opportunité, tandis que l'injustice, viciée en son essence, réclame des sophismes pour remède.
  • (grc)

    ἁπλοῦς ὁ μῦθος τῆς ἀληθείας ἔφυ,
    κοὐ ποικίλων δεῖ τἄνδιχ’ ἑρμηνευμάτων·
    ἔχει γὰρ αὐτὰ καιρόν· ὁ δ’ ἄδικος λόγος
    νοσῶν ἐν αὑτῷ φαρμάκων δεῖται σοφῶν.

  • Polynice répondant à Étéocle.
  • (grc) Les Phéniciennes., Euripide (trad. Louis Méridier), éd. Les Belles Lettres, coll. « Collection des universités de France », 1950, p. 170, vers 469-472


Médée modifier

 
Affiche d'Alfons Mucha pour une mise en scène de Médée au Théâtre de la Renaissance à Paris (France) en 1898, avec Sarah Bernhardt dans le rôle-titre.

Et je n'approuve pas le citoyen à l'humeur insolente
qui blesse les siens en dédaignant de les comprendre.

  • (grc)

    οὐδ’ ἀστὸν ᾔνεσ’ ὅστις αὐθάδης γεγὼς
    πικρὸς πολίταις ἐστὶν ἀμαθίας ὕπο.

  • Médée s'adressant au Chœur des femmes de Corinthe.
  • (grc) Tragédies complètes, Euripide (trad. Marie Delcourt-Curvers), éd. Gallimard, coll. « Folio », 1962, t. 1, p. 143, vers 223-224


De tout ce qui respire et qui a conscience
il n'est rien qui soit plus à plaindre que nous, les femmes.
D'abord nous devons faire enchère
et nous acheter un mari, qui sera maître de notre corps,
malheur plus onéreux que le prix qui le paie.
Car notre plus grand risque est là: l'acquis est-il bon ou mauvais ?
Se séparer de son mari, c'est se déshonorer,
et le refuser est interdit aux femmes.
Entrant dans un monde inconnu, dans de nouvelles lois,
dont la maison natale n'a rien pu lui apprendre,
une fille doit deviner l'art d'en user avec son compagnon de lit.
Si elle y parvient à grand'peine,
s'il accepte la vie commune en portant de bon cœur le joug avec elle,
elle vivra digne d'envie. Sinon, la mort est préférable.
Car un homme, quand son foyer lui donne la nausée,
n'a qu'à s'en aller, pour dissiper son ennui,
vers un ami ou quelqu'un de son âge.
Nous ne pouvons tourner les yeux que vers un être unique.
Et puis l'on dit que nous menons dans nos maisons
une vie sans danger, tandis qu'eux vont se battre !
Mauvaise raison : j'aimerais mieux monter trois fois en ligne
que mettre au monde un seul enfant !

  • (grc)

    άντων δ’ ὅσ’ ἔστ’ ἔμψυχα καὶ γνώμην ἔχει
    γυναῖκές ἐσμεν ἀθλιώτατον φυτόν·
    ἃς πρῶτα μὲν δεῖ χρημάτων ὑπερβολῇ
    πόσιν πρίασθαι, δεσπότην τε σώματος
    λαβεῖν· κακοῦ γὰρ τοῦτ’ ἔτ’ ἄλγιον κακόν.
    κἀν τῷδ’ ἀγὼν μέγιστος, ἢ κακὸν λαβεῖν
    ἢ χρηστόν. οὐ γὰρ εὐκλεεῖς ἀπαλλαγαὶ
    γυναιξίν, οὐδ’ οἷόν τ’ ἀνήνασθαι πόσιν.
    ἐς καινὰ δ’ ἤθη καὶ νόμους ἀφιγμένην
    δεῖ μάντιν εἶναι, μὴ μαθοῦσαν οἴκοθεν,
    ὅτῳ μάλιστα χρήσεται ξυνευνέτῃ.
    κἂν μὲν τάδ’ ἡμῖν ἐκπονουμέναισιν εὖ
    πόσις ξυνοικῇ μὴ βίᾳ φέρων ζυγόν,
    ζηλωτὸς αἰών· εἰ δὲ μή, θανεῖν χρεών.
    ἀνὴρ δ’, ὅταν τοῖς ἔνδον ἄχθηται ξυνών,
    ἔξω μολὼν ἔπαυσε καρδίαν ἄσης·
    ἔξω μολὼν ἔπαυσε καρδίαν ἄσης·
    [ἢ πρὸς φίλον τιν’ ἢ πρὸς ἥλικα τραπείς·]
    ἡμῖν δ’ ἀνάγκη πρὸς μίαν ψυχὴν βλέπειν.
    λέγουσι δ’ ἡμᾶς ὡς ἀκίνδυνον βίον
    ζῶμεν κατ’ οἴκους, οἳ δὲ μάρνανται δορί·
    κακῶς φρονοῦντες· ὡς τρὶς ἂν παρ’ ἀσπίδα
    στῆναι θέλοιμ’ ἂν μᾶλλον ἢ τεκεῖν ἅπαξ.

  • Médée s'adressant au Chœur des femmes de Corinthe.
  • (grc) Tragédies complètes, Euripide (trad. Marie Delcourt-Curvers), éd. Gallimard, coll. « Folio », 1962, t. 1, p. 143, vers 230-251


Sur Euripide modifier

Aristote modifier

Aussi est-ce précisément l'erreur de ceux qui critiquent Euripide que de lui reprocher de procéder ainsi dans ses tragédies et de donner à beaucoup d'entre elles un dénouement malheureux. Cette pratique est bonne, comme nous l'avons dit. En voici un indice très important : à la scène et dans les concours, ce sont les tragédies de cette espèce qui se révèlent les plus tragiques, quand elles sont bien faites, et Euripide, si par ailleurs il laisse à désirer pour l'économie de l'œuvre, apparaît néanmoins comme le plus tragique des poètes.
  • (grc) οἱ Εὐριπίδῃ ἐγκαλοῦντες τὸ αὐτὸ ἁμαρτάνουσιν ὅτι τοῦτο δρᾷ ἐν ταῖς τραγῳδίαις καὶ αἱ πολλαὶ αὐτοῦ εἰς δυστυχίαν τελευτῶσιν. τοῦτο γάρ ἐστιν ὥσπερ εἴρηται ὀρθόν: σημεῖον δὲ μέγιστον: ἐπὶ γὰρ τῶν σκηνῶν καὶ τῶν ἀγώνων τραγικώταται αἱ τοιαῦται φαίνονται, ἂν κατορθωθῶσιν, καὶ ὁ Εὐριπίδης, εἰ καὶ τὰ ἄλλα μὴ εὖ οἰκονομεῖ, ἀλλὰ τραγι κώτατός γε τῶν ποιητῶν φαίνεται.
  • Poétique (IVe siècle avant J.-C.), Aristote (trad. J. Hardy), éd. Gallimard, coll. « Tel », 1996 (Les Belles Lettres 1990)  (ISBN 2-07-074368-3), 1453a, p. 101


Sophocle […] déclara faire lui-même les hommes tels qu'ils doivent être tandis qu'Euripide les faisait tels qu'ils sont.
  • Citation que Jean de La Bruyère a paraphrasée et adaptée dans ses Caractères : « Corneille nous assujettit à ses caractères et à ses idées, Racine se conforme aux nôtres ; celui-là peint les hommes comme ils devraient être, celui-ci les peint tels qu’ils sont. »
  • Poétique, Aristote (trad. Michel Magnien), éd. Librairie générale française, coll. « Le Livre de poche / Classiques », 1990  (ISBN 978-2-253-05241--8), chap. XXV, 1460 b 33-34, p. 128


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