Fritz Lang (5décembre1890 - 2août1976) est un réalisateur allemand d'origine autrichienne, naturalisé américain en 1935, et réalisateur de films célèbres comme M le maudit, Metropolis, ou la série des Docteur Mabuse. Cinéaste adulé par les critiques de la Nouvelle Vague, en particulier Claude Chabrol et Jean-Luc Godard qui l'a sollicité pour jouer son propre rôle dans Le Mépris, il est l'auteur d'une œuvre traversée de nombreux thèmes tels que la vengeance, la mort, le surhomme, la soif de pouvoir et surtout le double, thématique présente dans la quasi-totalité de son œuvre . Il a également signé La rue rouge et Désirs humains, d'après deux films de Jean Renoir, La chienne et La bête humaine. Metropolis est le seul film de l'histoire à être classé au patrimoine de l'UNESCO.
La spontanéité est le but de tout metteur en scène. C'est peut-être parce que j'ai appris mon métier dans un pays où l'on accorde la plus grande importance au détail que je prétends fonder la spontanéité sur un perpétuel souci du détail. Le pouce de l'auto-stoppeur qui négligemment essaye d'arrêter une voiture, le mouvement de poignet qui vide le verre et en réclame un autre au barman, un visage bronzé entouré de cheveux défaits par le vent…ces choses sont le fruit d'un long effort. Au cinéma, la spontanéité , comme l'atmosphère, ne peut naitre que de l'accumulation de détails.
Fritz Lang. Le meurtre et la loi, Michel Ciment, éd. Découvertes Gallimard, 2003, p. 1
Un cinéaste devrait être une sorte de psychanalyste, lui-même offert à la psychanalyse. Si quelqu'un pouvait connaître nos films et connaître tout de notre cœur, de nos désirs, de ce que nous aimons et de ce que nous haïssons, il pourrait dire pourquoi et comment nous fait ce que nous avons fait.
Fritz Lang. Le meurtre et la loi, Michel Ciment, éd. Découvertes Gallimard, 2003, p. 13
On tourne d'abord tout ce qui doit être tourné dans une direction et ensuite les plans dans la direction opposée. L'éclairage d'ensemble ne doit être changé qu'une fois, ce qui fait gagner beaucoup de temps.
Fritz Lang. Le meurtre et la loi, Michel Ciment, éd. Découvertes Gallimard, 2003, p. 65
Le western n'est pas seulement l'histoire des États-Unis, mais ce qu'est la saga des Nibelungen pour les Européens.
Fritz Lang. Le meurtre et la loi, Michel Ciment, éd. Découvertes Gallimard, 2003, p. 58
Les films américains étaient réalisés pour dire quelque chose. Dans L'invraisemblable vérité, j'ai voulu faire avec la chaise électrique ce qui a été fait par Robert Wise avec la chambre à gaz dans Je veux vivre. Je voulais faire un film contre la peine de mort, mais le film a été coupé et cette tendance a disparu.
Fritz Lang. Le meurtre et la loi, Michel Ciment, éd. Découvertes Gallimard, 2003, p. 81
Le Cinemascope n'est pas un format fait pour filmer les hommes, mais les serpents ou les enterrements.
Fritz Lang. Le meurtre et la loi, Michel Ciment, éd. Découvertes Gallimard, 2003, p. 93.
Je parle maintenant de l'accident de la voiture, quand Bardot et Palance meurent. Moi, je les aurais filmés dans la voiture allant de plus en plus vite. Quelque chose l'aurait empêché de braquer et j'aurais montré l'accident. Vous, vous ne montrez pas cela. vous avez montré qu'ils sont morts. Ils sont entre deux camions. Pour vous, les conséquences étaient beaucoup plus importantes que l'accident lui-même.
Je suis un maniaque, je le sais très bien. Mais si je n'avais pas été maniaque, je n'aurais jamais réalisé mes films comme je les ai réalisés.
Fritz Lang, Noël Simsolo, éd. Edilio, 1982, p. 121
L'Allemagne est trop petite pour deux criminels comme Hitler et moi.
Les grands cinéastes:Fritz Lang, Aurélien Ferenczi, éd. Cahiers du cinéma, 2007, p. 32
La mort est un sommet dramatique, elle implique une tension croissante La mort offre le plus grand drame, la mort a toujour le dernier mot.
Les grands cinéastes:Fritz Lang, Aurélien Ferenczi, éd. Cahiers du cinéma, 2007, p. 51
Tous mes films allemands et mes meilleurs films américains parlent du destin. Aujourd'hui, je ne crois plus au destin. Chacun construit son propre destin. Il n'y a pas de puissance mystérieuse, pas de dieu qui vous attribue un destin. Vous faites vous-même votre propre destin.
Les grands cinéastes:Fritz Lang, Aurélien Ferenczi, éd. Cahiers du cinéma, 2007, p. 87
Je respecte le public, et je crois qu'il évolue vers des critères meilleurs, vers des vérités plus élevées, sur l'écran comme dans la vie.
Fritz Lang, Lotte H. Eisner, éd. Petite bibliothèque des Cahiers du cinéma, 2005, p. 439
Je crois à la rébellion artistique. Je crois que de nouvelles approches, de nouvelles formes sont nécessaires pour refléter les changements du monde où nous vivons. Mais je ne crois pas que la seule réponse au sucre soit le poison.
Fritz Lang, Lotte H. Eisner, éd. Petite bibliothèque des Cahiers du cinéma, 2005, p. 439
Rome, ville ouverte et Les bourreaux meurent aussi montrent l'homme triomphant en lui-même, selon son propre sens de la dignité. Les deux films montrent des problèmes énormes, mais affirment que la solution peut naître du courage de l'homme et de son sacrifice pour ceux qui viendront après lui. Il ne s'agit pas là de l'homme victime du Destin, ou de l'homme mourant pour rien.
Fritz Lang, Lotte H. Eisner, éd. Petite bibliothèque des Cahiers du cinéma, 2005, p. 439
Pourquoi le meurtre a-t-il ce pouvoir de provoquer l'imagination des hommes? Pourquoi le récit d'un crime sanglant évince-t-il de la une des journaux les développements d'une guerre mondiale? Et pourquoi Shakespeare, dont il est difficile de découvrir une pièce dont le meurtre est absent, est-il le plus grand auteur dramatique de tous les temps?
Fritz Lang, Lotte H. Eisner, éd. Petite bibliothèque des Cahiers du cinéma, 2005, p. 441
Ma confiance en lui était absolue et aveugle. Il n'y avait ni démonstration, ni discussion, ni analyse du personnage. Fritz disait à ses comédiens ce qu'il voulait, point final. C'était un fanatique du réalisme.
Joan Bennet, actrice dans Chasse à l'homme, La femme au portrait, La rue rouge, Le secret derrière la porte
Fritz Lang. Le meurtre et la loi, Michel Ciment, éd. Découvertes Gallimard, 2003, p. 1
Tout est construit dans sa tête, avant même que les acteurs n'interviennent, et il ne fait aucune concession.
Fritz Lang. Le meurtre et la loi, Michel Ciment, éd. Découvertes Gallimard, 2003, p. 1
Je compare Lang à l'architecte qui contrôle chaque détail pour que celui-ci s'inscrive sans défaut dans un ensemble prévu.
Joseph Ruttenberg, chef opérateur de Furie
Fritz Lang. Le meurtre et la loi, Michel Ciment, éd. Découvertes Gallimard, 2003, p. 1
Lang était un technicien et un artiste complet. Mon sentiment est qu'il connaissait tous les aspects de la création cinématographique.
Ernest Laszlo, chef opérateur de La cinquième victime
Fritz Lang. Le meurtre et la loi, Michel Ciment, éd. Découvertes Gallimard, 2003, p. 83
Tous les scénarios de Lang sont construits de la même façon: le hasard force un personnage à sortir de sa coquille d'individualiste et à devenir un héros tragique dans la mesure où il force la main au destin qui lui est brusquement imposé.
Fritz Lang. Le meurtre et la loi, Michel Ciment, éd. Découvertes Gallimard, 2003, p. 93
Le vieux chef indien, serein, qui a médité longtemps et enfin compris le monde et qui a abandonné le sentier de la guerre aux jeunes et turbulents poètes. À travers son monocle, Lang pose sur le monde un regard lucide. Il sera la conscience du film, le trait d'union moral qui relie l'Odyssée d'Ulysse à celle de Camille et Paul.
Jean-Luc Godard, à propos du rôle de Fritz Lang dans Le Mépris
Fritz Lang. Le meurtre et la loi, Michel Ciment, éd. Découvertes Gallimard, 2003, p. 93-94
N'est-il pas étrange que tous les films américains de Fritz Lang, bien que signés de scénariste différents et tournés pour le compte des firmes les plus diverses, racontent très sensiblement la même histoire? Ceci ne donne-t-il pas à penser que Fritz Lang pourrait bien être un véritable auteur de films?
François Truffaut, prenant la défense de Fritz Lang dans un article des Cahiers du cinéma
Les grands cinéastes:Fritz Lang, Aurélien Ferenczi, éd. Cahiers du cinéma, 2007, p. 86
Par-delà la différence des genres, et malgré les contraintes des productions hollywoodiennes, se dégage de la succession des films de Lang une vision du monde et l'évidence que Lang est un véritable auteur de films.