Günther Anders

philosophe et écrivain autrichien

Günther Anders, né le 12 juillet 1902 à Breslau et mort le 17 décembre 1992 à Vienne, est un penseur et essayiste allemand, puis autrichien.

Günther Anders et Hannah Arendt

L'Obsolescence de l'homme, 1956 modifier

Si la philosophie populaire n'existe pas, c'est qu'il existe tout aussi peu une voie de masse qu'une « voie royale » pour résoudre les problèmes philosophiques, et que philosopher signifie essentiellement « exposer quelque chose en respectant sa complexité ».
  • L'Obsolescence de l'homme (1956), Günther Anders (trad. Christophe David), éd. Encyclopédie des Nuisances, 2002, chap. Sur la bombe et les causes de notre aveuglement face à l'apocalypse, p. 263


On ne mesure pas la puissance d'une idéologie aux seules réponses qu'elle est capable de donner, mais aussi aux questions qu'elle parvient à étouffer.
  • L'Obsolescence de l'homme (1956), Günther Anders (trad. Christophe David), éd. Encyclopédie des Nuisances, 2002, chap. Sur la bombe et les causes de notre aveuglement face à l'apocalypse, p. 312


L'homme a honte d'être devenu plutôt que d'avoir été fabriqué. Il a honte de devoir son existence — à la différence des produits qui, eux, sont irréprochables parce qu'ils ont été calculés dans les moindres détails — au processus aveugle, non calculé et ancestral de la procréation et de la naissance. [...] Mais si on a honte du caractère obsolète de son origine, on a bien sûr également honte du résultat imparfait et inévitable de cette origine, en l’occurrence soi-même.
  • Günther Anders, L'Obsolescence de l'homme, 1956.


Pour étouffer par avance toute révolte, il ne faut pas s'y prendre de manière violente. Les méthodes du genre de celles d'Hitler sont dépassées. Il suffit de créer un conditionnement collectif si puissant que l'idée même de révolte ne viendra même plus à l'esprit des hommes.
  • Günther Anders, L'Obsolescence de l'homme, 1956.
  • Travailleur médiatique, Denis Robert, éd. Massot, 2021  (ISBN 9782380353327), p. 387


L'idéal serait de formater les individus dès la naissance en limitant leurs aptitudes biologiques innées. Ensuite, on poursuivrait le conditionnement en réduisant de manière drastique l'éducation, pour la ramener à une firme d'insertion professionnelle. Un individu inculte n'a qu'un horizon de pensée limité et plus sa pensée est bornée à des préoccupations médiocres, moins il peut se révolter. Il faut faire en sorte que l'accès au savoir devienne de plus en plus difficile et élitiste. Que le fossé se creuse entre le peuple et la science, que l'information destinée au grand public soit anesthésiée de tout contenu à caractère subversif.
  • Günther Anders, L'Obsolescence de l'homme, 1956.
  • Travailleur médiatique, Denis Robert, éd. Massot, 2021  (ISBN 9782380353327), p. 387


L'homme [.] de masse doit être traité comme ce qu'il est : un veau, et il doit être surveillé comme doit l'être un troupeau. Tout ce qui permet d'endormir sa lucidité est bon socialement, ce qui menacerait de l'éveiller doit être ridiculisé, étouffé, combattu. Toute doctrine mettant en cause le système soit d'abord être désignée comme subversive et terroriste et ceux qui la soutiennent devront ensuite être traités comme tels.
  • Travailleur médiatique, Denis Robert, éd. Massot, 2021  (ISBN 9782380353327), p. 391


Surtout pas de philosophie. Là encore, il faut user de persuasion et non de violence directe: on diffusera massivement, via la télévision, des divertissements abrutissant, flattant toujours l'émotionnel, l'instinctif. On occupera les esprits avec ce qui est futile et ludique. Il est bon avec un bavardage et une musique incessante, d'empêcher l'esprit de s'interroger, penser, réfléchir.
  • « La production de l'homme de masse », Günther Anders in l'obsolenscence de l'homme, 1956, Chosir la vie, nº 35, mars-avril 2022, p. 19


On mettra la sexualité au premier rang des intérêts humains. Comme anesthésiant social, il n'y a rien de mieux. En général, on fera en sorte de bannir le sérieux de l'existence, de tourner en dérision tout ce qui a une valeur élevée, d'entretenir une constante apologie de la légèreté; de sorte que l'euphorie de la publicité, de la consommation deviennent le standard du bonheur humain et le modèle de la liberté.
  • « La production de l'homme de masse », Günther Anders in l'obsolenscence de l'homme, 1956, Chosir la vie, nº 35, mars-avril 2022, p. 19


Le conditionnement produira ainsi de lui-même une telle intégration, que la seule peur (qu'il faudra entretenir) sera celle d'être exclus du système et donc de ne plus pouvoir accéder aux conditions matérielles nécessaires au bonheur. L'homme de masse, ainsi produit, doit être traité comme ce qu'il est: un produit, un veau, et il doit être surveillé comme doit l'être un troupeau. Tout ce qui permet d'endormir sa lucidité, son esprit critique est bon socialement, ce qui risquerait de l'éveiller doit être combattu, ridiculisé, étouffé... Toute doctrine remettant en cause le système doit d'abord être désignée comme subversive et terroriste et ceux qui la soutiennent devront ensuite être traités comme tels.
  • « La production de l'homme de masse », Günther Anders in l'obsolenscence de l'homme, 1956, Chosir la vie, nº 35, mars-avril 2022, p. 19


Philosophische Stenogramme, 1965 modifier

La contre-action : l’activité de ceux qui mènent les faits minimisés à la hauteur du visible, qui rendent leur format approprié aux phénomènes réprimés, qui corrigent le défiguré, est désignée [sic] d'« exagération ». L’expression est d’un usage si courant que nous ne voyons aucune raison de ne pas la reprendre. […] Si les philosophes, habitués à travailler à l’œil nu, rejettent l’exagération comme non sérieuse – et la plupart le font évidemment – ils ne valent nullement mieux, c’est-à-dire : ils ne sont pas moins obsolètes et ridicules que ne le seraient des virologues qui rejetteraient les microscopes, qui défendraient donc une « virologie à l’œil nu ».
  • Günther Anders<ref>Philosophische Stenogramme, Munich, C.H. Beck, 1965, 2002, p. 65 ; trad. par Thierry Simonelli.

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