Bret Easton Ellis

écrivain américain
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Bret Easton Ellis, né le 7 mars 1964, est un écrivain américain.

Bret Easton Ellis (2006)

Citations de l'auteur

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Je pense J&B. Je pense verre de J&B dans ma main droite. Je pense main. Charivari. Chemise de chez Charivari. Je pense fusilli. Je pense Jami Gertz. je pense que j'aimerais enculer Jami Gertz. Porshe 911. Je pense au shar-pei. J'aimerais posséder un shar-pei. Je pense que j'ai vingt-six ans. L'année prochaine, j'aurai vingt-sept ans. Un valium. Je voudrais un valium. Je pense, non, deux valium. Je pense téléphone cellulaire...
  • American Psycho, Bret Easton Ellis (trad. Alain Defossé), éd. Robert Laffont, coll. « Pavillons », 2000  (ISBN 2-221-08899-9), p. 103


– Oh, mon dieu, Patrick, sanglote-t-elle, se mouchant dans le mouchoir que je lui ai jeté. Que tu es donc sordide. Tu es… inhumain
– Non, je suis… de nouveau, je cale.
– Tu… Tu n'es pas… Elle s'essuie le visage, incapable de finir sa phrase.
– Je ne suis pas quoi? Fais-je, intrigué.
– Tu n'es pas… Elle renifle, baisse les yeux, les épaules agitées de soubresauts… Tu n'es pas vraiment là. Tu… elle suffoque… tu n'existes pas.

  • American Psycho, Bret Easton Ellis (trad. Alain Defossé), éd. Robert Laffont, coll. « Pavillons », 2000  (ISBN 2-221-08899-9), p. 387


Il ne m'était jamais, jamais venu à l'esprit que les gens pussent être bons, ou qu'un homme pût changer, ou que le monde pût être meilleur au travers de ce plaisir que l'on prend à tel sentiment, telle apparence ou tel geste, à recevoir l'amour ou l'amitié de son prochain. Rien n'était affirmatif, le terme de « bonté d'âme » ne correspondait à rien, c'était un cliché vide de sens, une sorte de mauvaise plaisanterie. Le sexe, c'est la mathématique. L'individualité n'a plus lieu d'être. Que signifie l'intelligence ? Définissez ce qu'est la raison. Le désir… un non-sens. L'intellect n'est pas un remède. La justice, morte. La peur, le reproche, l'innocence, la compassion, le remords, le gaspillage, l'échec, le deuil, toutes choses, toutes émotions que plus personne ne ressent vraiment. La pensée est vaine, le monde dépourvu de sens. Dieu ne vit pas. On ne peut croire en l'amour. La surface, la surface, la surface, voilà ce dans quoi on trouve une signification… C'est ainsi que je vis la civilisation, un colosse déchiqueté…
  • American Psycho, Bret Easton Ellis (trad. Alain Defossé), éd. Robert Laffont, coll. « Pavillons », 2000  (ISBN 2-221-08899-9), p. 423


Il existe une idée de Patrick Bateman, une espèce d'abstraction, mais il n'existe pas de moi réel, juste une entité, une chose illusoire et, bien que je puisse dissimuler mon regard glacé, mon regard fixe, bien que vous puissiez me serrer la main et sentir une chair qui étreint la vôtre, et peut-être même considérer que nous avons des styles de vie comparables, je ne suis tout simplement pas là. Signifier quelque chose : voilà ce qui est difficile pour moi, à quelque niveau que ce soit. Je suis un moi-même préfabriqué, je suis une aberration. Un être non-contingent. Ma personnalité est une ébauche informe, mon opiniâtre absence profonde de cœur. Il y a longtemps que la conscience, la pitié, l'espoir m'ont quitté (à Harvard, probablement), s'ils ont jamais existé.
  • American Psycho, Bret Easton Ellis (trad. Alain Defossé), éd. Robert Laffont, coll. « Pavillons », 2000  (ISBN 2-221-08899-9), p. 425, 426


Et la mort passe par vagues successives. Les gens sont retournés, pliés en deux à l'envers, arrachés de leurs sièges, comme les dents sont arrachées des crânes, les gens sont aveuglés, leurs corps projetés dans l'atmosphère contre le plafond et puis chassés à l'arrière de l'avion, s'écrasant contre les autres passagers qui hurlent, tandis que des morceaux d'aluminium ne cessent de se détacher du fuselage, de tournoyer dans l'avion bondé et de découper des membres, et le sang se met à tourbilloner partout, les gens en sont trempés, le crachent par la bouche, clignent les paupières pour le chasser de leurs yeux, et puis un énorme pan de métal vole à travers la cabine et scalpe une rangée entière de passagers, leur découpant le sommet du crâne, tandis qu'un autre éclat traverse le visage d'une jeune femme, lui coupant la tête en deux mais sans la tuer vraiment.


Il pleut toujours. Et ce soir-là, après avoir reçu trois coups de fil silencieux, je casse un verre en le lançant contre le mur. Personne ne vient me demander ce qui se passe. Je m'allonge ensuite sur mon lit, prends vingt milligrammes de Valium pour accélérer la descente de coke, mais ça ne m'aide pas vraiment à dormir. J'éteins MTV, mets la radio, mais ne réussis pas à trouver KNAC, si bien que j'éteins la radio, regarde la Vallée, les néons et les tubes fluo sous le ciel pourpre nocturne et je reste là, nu, devant la fenêtre, à regarder les nuages défiler, puis je m'allonge sur mon lit et j'essaie de me rappeler depuis combien de temps je suis de retour à la maison et puis je me lève, arpente ma chambre, allume une autre cigarette en attendant la sonnerie du téléphone. Voila à quoi ressemblent les nuits quand il pleut.


Le type sort alors du cabinet de toilette et me dit aussitôt : « Non, pas de musique. Je veux que tu entendes tout. Absolument tout.» Il ferme la radio. Je demande au type si je peux utiliser les toilettes. Julian retire son caleçon. Le type sourit d'un air mystérieux, me dit oui et je vais au cabinet de toilette et je verrouille la porte, ouvre les deux robinets du lavabo et tire plusieurs fois la chasse d'eau en essayant de vomir, mais j'y arrive pas. Je m'essuie la bouche et retourne dans la chambre. Le soleil est descendu, les ombres envahissent les murs, Julian essaie de sourire. Le type lui rend son sourire, les ombres s'étendent sur son visage.

J'allume une cigarette.
Le type renverse Julian sur le lit.
Me demande s'il tapine.
Je ne ferme pas les yeux.
On peut disparaître ici sans même s'en apercevoir.


« Quesse tu comptes faire ? T'as nulle part où aller. Tu veux raconter ton histoire à tout le monde ? Que tu as tapiné pour rembourser une dette de drogue ? Mon p'tit, t'es plus naïf que j'croyais. Allez, t'en fais donc pas baby, ça va aller mieux.»

Disparaître ici.
La seringue se remplit de sang.
Tu es beau garçon, c'est tout ce qui compte.
Me demande s'il tapine.
Les gens ont peur de se perdre. De se perdre.


Citations sur l'auteur

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Frédéric Beigbeder, Premier bilan après l'apocalypse, 2011

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Bret Easton Ellis était capable d'accoucher d'un monstre aussi radical que American Psycho, le roman qui assassine le XXe siècle. Tout est là : la puissance du capital, la maladie mentale de Wall Street (vingt ans avant la faillite de Lehman Brothers), la violence sadienne, l'érotisme tordu des enfants gâtés de l'Amérique, la solitude urbaine, l'humour noir glaçant, le cynisme confinant au nazisme. American Psycho est le chef-d'œuvre du nihilisme définitif, celui qui a tout conclu, c'est le roman ultime de la déshumanisation.


Né en 1964, Bret Easton Ellis est la réincarnation de Hemingway mais il ne le sait pas. Alors il se prend pour le Marquis de Sade en béhaviorama : un sale gosse pourri gâté qui casse ses jouets. En fait, c'est un écrivain faussement amoral, et un vrai satiriste : depuis Moins que zéro (1985) et ses étudiants blasés, drogués et snobs de Los Angeles, jusqu'à cette nouvelle fresque en Glamorama de la mode et de la célébrité, en passant par le serial killer en costume Armani d'American Psycho (1991), Ellis décrit les turpitudes les plus extrêmes de notre société avec une froide délectation. C'est pourquoi il fait scandale, alors qu'au fond de lui se cache seulement un curé qui appelle au secours.


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