Hermann Hesse

romancier, poète, peintre et essayiste allemand-suisse

Hermann Hesse (1877-1962) est un écrivain allemand, lauréat du Prix Nobel de littérature de 1946. Fils de missionnaires protestants, il refuse de suivre les traces de ses parents et s'enfuit, à l'âge de 14 ans, du séminaire protestant de Maulbronn. Plus tard, la révolte, la quête de soi et l'anticonformisme seront des thèmes qu'il développera par ailleurs dans Demian (1919) et Le Loup des steppes (1927). Influencé par la psychologie de Jung, l'univers de Hesse s'imprègne également de préoccupations spirituelles et humanistes, lesquelles donneront notamment lieu à Siddharta (1922) et au Jeu des perles de verre (1943). Hermann Hesse fut naturalisé suisse en 1924.

Hermann Hesse.

Siddharta (1922) modifier

Tu as envie d'apprendre, Siddharta, eh bien! apprends encore cela : l'amour peut se mendier, s'acheter, se donner, se ramasser dans la rue, mais il ne se vole pas!
  • Siddharta (1922), Hermann Hesse (trad. Joseph Delage), éd. Éditions Rombaldi, coll. « Collection des prix Nobel de littérature », 1963, p. 117


Crois-tu vraiment que les folies que tu as faites, c'est pour les épargner à ton fils? Et penses-tu pouvoir préserver ton fils du Sansara? Comment t'y prendrais-tu? Par la doctrine, par la prière, par les admonestations? [...] Crois-tu donc, ô mon ami! que cette voie puisse être évitée à qui que ce soit? À ton fils peut-être, parce que tu l'aimes et que tu voudrais bien lui épargner des peines, des souffrances et des désillusions? Mais, si tu mourais même dix fois pour lui, tu ne réussirais pas à détourner de lui une parcelle de son destin.
  • Siddharta (1922), Hermann Hesse (trad. Joseph Delage), éd. Éditions Rombaldi, coll. « Collection des prix Nobel de littérature », 1963, p. 182-183


Quand il lui arrivait de passer des voyageurs de condition inférieure, des marchands, des soldats, des femmes de toutes catégories, ces gens-là ne lui semblaient plus aussi étrangers qu'autrefois; il les comprenait, il comprenait leur existence que ne réglaient ni idées ni opinions, mais uniquement des besoins et des désirs; il s'y intéressait et se sentait lui-même comme eux.
  • Siddharta (1922), Hermann Hesse (trad. Joseph Delage), éd. Éditions Rombaldi, coll. « Collection des prix Nobel de littérature », 1963, p. 191-192


Le Savoir peut se communiquer, mais pas la Sagesse. On peut la trouver, on peut en vivre, on peut s'en faire un sentier, on peut, grâce à elle, opérer des miracles, mais quant à la dire et à l'enseigner, non, cela ne se peut pas.
  • Siddharta (1922), Hermann Hesse (trad. Joseph Delage), éd. Éditions Rombaldi, coll. « Collection des prix Nobel de littérature », 1963, p. 204-205


Le Loup des steppes (Der Steppenwolf , 1927) modifier

 
Hermann Hesse en 1926
On ne peut vivre intensément qu’aux dépens du moi.
  • Le Loup des steppes (1927), Hermann Hesse (trad. Juliette Pary), éd. Calmann-Lévy, coll. « Le Livre de Poche », 1999, partie Traité du Loup des steppes, p. XIII


Le bourgeois, de par sa nature, est un être doué d’une faible vitalité, craintif, effrayé de tout abandon, facile à gouverner. C’est pourquoi, à la place de la puissance, il a mis la majorité ; à la place de la force, la loi ; à la place de la responsabilité, le droit de vote.
  • Le Loup des steppes (1927), Hermann Hesse (trad. Juliette Pary), éd. Calmann-Lévy, coll. « Le Livre de Poche », 1999, partie Traité du Loup des steppes, p. XIII


Narcisse et Goldmund, 1930 modifier

Mais comment veux-tu mourir un jour, Narcisse, puisque tu n’as point de mère ? Sans mère on ne peut pas aimer, sans mère on ne peut pas mourir.
  • Narcisse et Goldmund, Hermann Hesse (trad. Fernand Delmas), éd. Calmann-Lévy, 1986, p. 345


Le Voyage en Orient (Die Morgenland fahrt, 1932) modifier

Toute l’histoire du monde ne me paraît souvent rien d’autre qu’un livre d’images reflétant le désir le plus violent et le plus aveugle des hommes : le désir d’oublier.
  • Le Voyage en Orient (1932), Hermann Hesse (trad. Jean Lambert), éd. Calmann-Lévy, coll. « Le Livre de Poche », 2009  (ISBN 978-2-253-03458-2), p. 21-22


Le Jeu des perles de verre (Das Glasperlenspiel, 1943) modifier

L'histoire universelle, c'était l'interminable récit, sans esprit ni ressort dramatique, de la violence faite au plus faible par le plus fort. Et vouloir établir une relation entre l'histoire véritable, réelle, l'histoire intemporelle de l'esprit et cette rixe stupide et vieille comme le monde d'ambitieux en quête du pouvoir et d'arrivistes avides d'une place au soleil, ou vouloir l'expliquer par celle-ci, c'était vraiment déjà trahir l'esprit.
  • Le Jeu des perles de verre (1955, 1991), Hermann Hesse (trad. Jacques Martin), éd. Calmann-Lévy, coll. « Le Livre de Poche », 2002, c1999, p. 373


Il est certain que deux peuples et deux langues ne communiqueront jamais ensemble avec autant de compréhension et d'intimité que deux individus qui ont en commun la nation et le langage. Mais ce n'est pas une raison pour renoncer à se comprendre et à refuser le dialogue. Entre personnes d'un même peuple et d'une même langue, il existe aussi des barrières qui empêchent une parfaite communication et une pleine compréhension réciproque : les barrières de la culture, de l'éducation, du talent, de l'individualité. On peut affirmer que tout homme sur terre peut en principe exprimer ses idées à n'importe quel autre, et l'on peut prétendre qu'il n'y a pas deux êtres au monde à qui il soit possible de communiquer entre eux et de se comprendre vraiment, totalement, intimement : les deux thèses sont aussi vraies l'une que l'autre.
  • Le Jeu des perles de verre (1955, 1991), Hermann Hesse (trad. Jacques Martin), éd. Calmann-Lévy, coll. « Le Livre de Poche », 2002, c1999, p. 393


L'histoire nous a fait l'effet d'une scène où les instincts et le goût du jour, la cupidité, l'amour de l'argent, de la puissance et du meurtre se donnent libre cours, l'effet d'un étalage de violence, de destructions et de guerre, de ministres ambitieux, de généraux vendus, de villes canonnées […] Et surtout nous perdons de vue que nous sommes nous-mêmes un fragment de l'histoire, le fruit d'une évolution, condamné à périr lui aussi, s'il perd ses capacités de développement ultérieur et de métamorphose. Nous sommes nous-mêmes de l'histoire, nous partageons la responsabilité de l'histoire universelle et de la position que nous y occupons.
  • Le Jeu des perles de verre (1955, 1991), Hermann Hesse (trad. Jacques Martin), éd. Calmann-Lévy, coll. « Le Livre de Poche », 2002, c1999, p. 461-62


Propos rapportés modifier

Voilà longtemps que nous avons perdu le paradis, et le paradis nouveau dont nous rêvons, ou que nous voulons édifier, ne se trouvera pas sur l’équateur ni au bord des mers chaudes d’Orient : il est en nous et dans notre avenir d’hommes du Nord.


 
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