Jacques Dewitte
Jacques Dewitte est un philosophe, écrivain et traducteur belge né à Schaerbeek (Bruxelles, Belgique) le 16 juillet 1946.
Citations de Jacques Dewitte
modifierEssai
modifierL'identité de l'Europe, 2010
modifierC’est quelques années plus tard que j’ai découvert cette « autre Europe », à travers des lectures et des rencontres, en particulier celle de Leszek Kolakowski, dont la conférence en 1980 au Collège de France « Où sont les barbares ? », plaidoyer pour l’esprit européen menacé par le totalitarisme soviétique et sa propre propension au relativisme radical, m’a profondément marqué.
- « Comment parler de l'identité européenne ? », Jacques Dewitte, dans L'identité de l'Europe, Sous la direction de Chantal Delsol et Jean-François Mattéi, éd. PUF, 2010 (ISBN 978-2-13-058308-0), p. 124
Il faudrait que la conscience et la fierté d’être européens ne soient pas inexistantes, bref que l’Europe ait quelque chose qui fasse vibrer les cœurs.
- « Comment parler de l'identité européenne ? », Jacques Dewitte, dans L'identité de l'Europe, Sous la direction de Chantal Delsol et Jean-François Mattéi, éd. PUF, 2010 (ISBN 978-2-13-058308-0), p. 128
Mais comment la révolte anticulturelle liée à 68 (avec les mots-clés de « contre-culture » ou « d’anti-culture ») peut-elle comprendre, aujourd’hui encore, la méditation venue d’Europe centrale sur la liberté de la culture et, surtout, sur la « culture comme condition de la liberté » ? C’est là que la ligne de fracture, la frontière invisible, demeure tenace. L’autre Europe avait une idée de la culture dont, en Europe de l’Ouest, on était dépourvu, sinon précisément pour la combattre comme une forme de domination sournoise.
- « Comment parler de l'identité européenne ? », Jacques Dewitte, dans L'identité de l'Europe, Sous la direction de Chantal Delsol et Jean-François Mattéi, éd. PUF, 2010 (ISBN 978-2-13-058308-0), p. 125
À partir de 1989, l’Europe a commencé à se recomposer, les frontières sont tombées l’une après l’autre. Mais une frontière imperceptible continue à séparer ces deux lignées – la lignée de 68 et la lignée du Printemps de Prague. Leur relation mutuelle demeure encore difficile et problématique.
- « Comment parler de l'identité européenne ? », Jacques Dewitte, dans L'identité de l'Europe, Sous la direction de Chantal Delsol et Jean-François Mattéi, éd. PUF, 2010 (ISBN 978-2-13-058308-0), p. 125
Presse
modifierL’ « esprit révolutionnaire » se manifeste par une non-adhésion au monde, un désir inextinguible d’en découdre avec le donné, ce que j’appelle le déjà-là. À rebours, l’esprit conservateur se manifeste par un souci du monde, une sollicitude envers des êtres et des choses qui le façonnent. Cette disposition affective est fondamentale, car elle implique que certaines choses méritent d’être conservées : la culture, la langue, des paysages, des traditions. Mais conservation ne signifie pas une simple préservation ; il s’agit d’entretenir et de prolonger ce qui a été légué.
- « L’esprit conservateur est le souci de ce qui tient ensemble le monde de manière invisible », Max-Erwann Gastineau, entretien avec Jacques Dewitte, Revue Limite, 12 mai 2016 (lire en ligne)
Si le mouvement écologique est une prise de conscience de la démesure technologique, cette conscience devrait s’étendre aux limites inhérentes à la condition humaine et ne pas adhérer aux projets divers mais convergents, qui voudraient s’en prendre à la condition sexuée, à l’énigme de la naissance et à la condition mortelle, qui favorisent le caractère interchangeable de toute chose et de tout être. Je constate aussi qu’une autre branche de l’écologie, qui s’exprime chez les défenseurs de la « cause animale », manifeste fréquemment une véritable haine de l’humanité.
- « L’esprit conservateur est le souci de ce qui tient ensemble le monde de manière invisible », Max-Erwann Gastineau, entretien avec Jacques Dewitte, Revue Limite, 12 mai 2016 (lire en ligne)
Comme le montre très bien Camus, il y a non seulement la nature en dehors de l’homme, dont l’écologie politique s’est emparée, mais aussi la nature en l’homme, qui n’est d’ailleurs ni bonne, ni mauvaise. Sans ce contrepoids qu’est l’amour du monde et des hommes tels qu’ils sont, sans cette acceptation du tragique de l’existence humaine, la révolte s’adosse à un projet de subversion, de déconstruction, ou bien de destruction, comme les totalitarismes qui ont cherché à saper tous les fondements anthropologiques des sociétés humaines pour fabriquer de toutes pièces un homme nouveau, libéré des entraves du passé.
- « L’esprit conservateur est le souci de ce qui tient ensemble le monde de manière invisible », Max-Erwann Gastineau, entretien avec Jacques Dewitte, Revue Limite, 12 mai 2016 (lire en ligne)