Jacques Julliard
Jacques Julliard, né le 4 mars 1933 à Brénod (Ain), est un journaliste et essayiste français, historien de formation et ancien responsable syndical. Éditorialiste du Nouvel Observateur durant 32 ans, il est ensuite passé à Marianne.
Citations
modifierSur l'islamo-gauchisme
modifierIl y a un problème de l'islamo-gauchisme. Pourquoi et comment une poignée d'intellectuels d'extrême gauche, peu nombreux mais très influents dans les médias et dans la mouvance des droits de l'homme, ont-ils imposé une véritable sanctuarisation de l'islam dans l'espace politique français ? Oui, pourquoi ces intellectuels, pour la plupart agnostiques et libertaires, se sont-ils brusquement pris de passion pour la religion la plus fermée, la plus identitaire, et, dans sa version islamiste, la plus guerrière et la plus violente à la surface du globe ? Pourquoi cette étrange intimidation, parée des plumes de la morale ? Pourquoi ne peut-on plus parler de l'islam qu'en présence de son avocat ?
- « Jacques Julliard : « Qu'est-ce que l'islamo-gauchisme ? » », Jacques Julliard, Le FigaroVox, 26/08/2016 (lire en ligne)
Il est singulier de voir ces âmes sensibles s'angoisser des progrès de la prétendue « islamophobie », qui n'a jamais fait un mort, hormis les guerres que se font les musulmans entre eux, quand les persécutions dont sont victimes par milliers les chrétiens à travers le monde ne leur arrachent pas un soupir. Singulier que le geste prophétique du pape François, ramenant symboliquement de Lesbos trois familles de migrants musulmans, ne leur ait pas tiré un seul applaudissement. Ils ont abandonné la laïcité, mais ils ont conservé l'anticléricalisme. Pis, l'antichristianisme.
Quant à moi, qui continue de croire plus que jamais à la République, au peuple, à la laïcité, au Sermon sur la montagne, je ne laisserai jamais dire que cette gauche-là représente la gauche.
- « Jacques Julliard : « Qu'est-ce que l'islamo-gauchisme ? » », Jacques Julliard, Le FigaroVox, 26/08/2016 (lire en ligne)
Sur l'identité française
modifierL'identité française, c'est d'abord une langue, la nôtre. Elle est un signe de ralliement, une culture, un esprit, une forme de rapport au monde. L'identité française ensuite, c'est la littérature. Je m'inquiète qu'elle soit de moins en moins enseignée à l'école. Que les fables de La Fontaine ne soient plus apprises aux enfants. Que Les châtiments de Victor Hugo prennent la poussière. Et je répète là ce que j'ai écrit dans Marianne. Si je devais choisir entre la littérature française et la gauche, si la gauche me donnait l'impression de rompre avec cette nourriture essentielle que sont les livres, je choisirai la littérature. Et ce n'est pas un propos de mandarin, j'ai connu un paysan qui n'avait lu qu'un livre dans sa vie, c'était Les Misérables : il était cultivé.
- Conversations françaises, Sous la direction de Vincent Trémolet de Villers, éd. Les éditions du Cerf, 2016 (ISBN 978-2-204-10929-1), p. 217
L'identité française est une histoire. Ernest Renan dit qu'une Nation est à la fois un patrimoine historique et un contrat d'avenir. Il a raison.
- Conversations françaises, Sous la direction de Vincent Trémolet de Villers, éd. Les éditions du Cerf, 2016 (ISBN 978-2-204-10929-1), p. 217
Enfin, l'identité française, c'est un territoire. C'est si vrai que l'on parle du droit de sol. On ne me fera jamais croire que Gambetta, que Jaurès, que Victor Hugo, le général de Gaulle, Jean Moulin aient pu vivre sans une certaine idée de la France. La nature polémique de Sarkozy a pollué le débat sur cette notion d'identité mais on ne doit pas pour autant la bannir.
- Conversations françaises, Sous la direction de Vincent Trémolet de Villers, éd. Les éditions du Cerf, 2016 (ISBN 978-2-204-10929-1), p. 217