Julie Dachez

autrice, psychosociologue et militante française

Julie Dachez (/ʒy.li da.ʃe/ ; née le 5 février 1985) est une docteure en psychologie sociale, conférencière et militante française pour les droits des personnes autistes et scénariste de bande dessinée. Elle est l'auteure de La Différence invisible et Dans ta bulle !

Julie Dachez en 2020.

Citations modifier

La Différence invisible, avec Mademoiselle Caroline (2016) modifier

Voir le recueil de citations : La Différence invisible

Dans ta bulle ! (2018) modifier

Cette définition clinique, en plus d'être réductrice en ne rendant pas hommage aux forces des personnes autistes, stigmatise des comportements qui, s'ils n'étaient pas l'affaire d'une minorité (les autistes), passeraient inaperçus.
  • Au sujet de la définition de l'autisme dans les DSM (Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders), utilisés par les psychiatres.
  • Dans ta bulle !, Julie Dachez, éd. Marabout, 2018, chap. Vous avez dit "normal" ?, p. 23


Ainsi, mieux vaut le dire d'entrée de jeu : pour moi, l'autisme est une différence de fonctionnement, pathologisée par une société obsédée par la normalité. Cela ne veut pas dire qu'être autiste est de tout repos, loin de là ! Étant directement concernée, je suis bien placée pour mesurer l'étendue des difficultés que l'on peut rencontrer quand on est autiste. Mais ces difficultés sont, pour bon nombre d'entre elles, créées par l'environnement dans lequel j'évolue et par la pression sociale, qui voudrait me pousser à me conformer, coûte que coûte, à cet environnement.
  • Dans ta bulle !, Julie Dachez, éd. Marabout, 2018, chap. Vous avez dit "normal" ?, p. 24


Ainsi, mieux vaut le dire d'entrée de jeu : pour moi, l'autisme est une différence de fonctionnement, pathologisée par une société obsédée par la normalité. Cela ne veut pas dire qu'être autiste est de tout repos, loin de là ! Étant directement concernée, je suis bien placée pour mesurer l'étendue des difficultés que l'on peut rencontrer quand on est autiste. Mais ces difficultés sont, pour bon nombre d'entre elles, créées par l'environnement dans lequel j'évolue et par la pression sociale, qui voudrait me pousser à me conformer, coûte que coûte, à cet environnement.
  • Dans ta bulle !, Julie Dachez, éd. Marabout, 2018, chap. Vous avez dit "normal" ?, p. 24


Je vois l'autisme comme une particularité, une façon d'être, et je plaide pour le changement social plutôt que pour la psychiatrisation des personnes.
  • Dans ta bulle !, Julie Dachez, éd. Marabout, 2018, chap. Vous avez dit "normal" ?, p. 28


Entre autistes (...) l'échange est plus fluide, plus facile, on se comprendre intuitivement. Si l'un des deux n'a plus envie de parler ou a besoin de s'enfermer dans sa chambre, l'autre le comprendra très bien et ne s'en offusquera pas.
  • Dans ta bulle !, Julie Dachez, éd. Marabout, 2018, chap. À la rencontre de Pauline, p. 45


Pour tenter de se figurer ce qui se passe dans la tête des personnes autistes lorsqu'elles s'adonnent à leurs passions, l'image la plus parlant est sans doute celle du funambule suspendu au-dessus du vide. Il faut imaginer son niveau d'abnégation, d'attention et de volonté, tous ses sens en alerte, le corps et l'esprit tendus vers un même but, ne supportant aucune distraction.
  • Dans ta bulle !, Julie Dachez, éd. Marabout, 2018, chap. À la rencontre de Gabriel, p. 58


Non seulement les personnes autistes sont très différentes entre elles, mais l'autisme peut aussi, pour chaque personne concernée, évoluer tout au long de la vie et s'exprimer de façon variable. Il me semble crucial de le rappeler, car cela permet d'aller au-delà du clivage autisme lourd/autisme léger.
  • Dans ta bulle !, Julie Dachez, éd. Marabout, 2018, chap. Être soi, p. 63


On se figure encore trop souvent qu'un autiste non verbal est déficient intellectuel.
  • Dans ta bulle !, Julie Dachez, éd. Marabout, 2018, chap. Être soi, p. 65


D'aucuns trouvent que les couples qui ne s'adressent pas la parole lors d'un dîner en tête-à-tête sont horriblement glauques et illustrent une relation amoureuse sur le déclin. Je ne vois pas du tout les choses ainsi. Ce que je trouve glauque, c'est de parler pour ne rien dire.
  • Dans ta bulle !, Julie Dachez, éd. Marabout, 2018, chap. À la rencontre de Pauline, p. 88


Quand on découvre qu'on est du côté de l'oppresseur, plutôt que de s'autoflageller ou d'être sur la défensive, il suffit d'en prendre conscience pour veiller à ne pas perpétuer des comportements racistes, sexistes, homophobes, et j'en passe.
  • Dans ta bulle !, Julie Dachez, éd. Marabout, 2018, chap. Autiste et femme : la double peine, p. 116


Les stéréotypes de genre n'épargnent pas les femmes autistes, ce pour quoi elles sont encouragées à être avenantes et chaleureuses. La pression sociale qu'elles subissent en tant que femmes les pousse à se socialiser et se conformer à tout prix.
  • Dans ta bulle !, Julie Dachez, éd. Marabout, 2018, chap. Autiste et femme : la double peine, p. 125


Si les autistes détestent parler pour ne rien dire, en revanche ils aiment échanger de l'information. C'est la raison pour laquelle il est plus confortable pour moi de faire cours ou de donner une conférence que de parler de la pluie et du beau temps à mon voisin de palier.
  • Dans ta bulle !, Julie Dachez, éd. Marabout, 2018, chap. À la rencontre de Fanny, p. 134


Comme beaucoup d'autistes, je suis hyperanxieuse et hyperémotive. Ma palette d'émotions n'est pas très étendue, ce que je ressens est plutôt binaire : contente/pas contente. Par contre, tout est très intense. En gros, j'oscille entre « Youpi quelle poilade ! » et « Ce monde est apocalyptique, on va tous crever ».
  • Dans ta bulle !, Julie Dachez, éd. Marabout, 2018, chap. À la rencontre de Fanny, p. 140


Pour elle [Fanny], comme pour toutes les personnes autistes, aucune interaction sociale n'est intuitive, tout doit être scruté, analysé et préparé en amont. Cette gymnastique intellectuelle est aussi épuisante qu'angoissante.
  • Dans ta bulle !, Julie Dachez, éd. Marabout, 2018, chap. À la rencontre de Fanny, p. 144


Pour mieux appréhender l'autisme, et pour offrir aux personnes concernées d'autres voies que l'institutionnalisation ou la médicamentation, il convient de l'envisager dans une perspective interdisciplinaire qui fait encore défaut.
  • Dans ta bulle !, Julie Dachez, éd. Marabout, 2018, chap. Guérir la normopathie, p. 161


Dans l'Allemagne nazie, des programmes d'euthanasie comme le « T4 » ont supprimé plus de dux cent mille enfants et adultes atypiques et/ou en situation de handicap avec des injections d'acide, de barbituriques, des électrochocs à haute dose, ou même en les laissant mourir de froid ou de faim.
  • Dans ta bulle !, Julie Dachez, éd. Marabout, 2018, chap. Guérir la normopathie, p. 163


Les comportements stéréotypés sont une auto-stimulation agréable qui permet aux personnes autistes de réduire leur niveau d'anxiété. Il ne fait donc aucun sens de vouloir les éliminer.
  • Dans ta bulle !, Julie Dachez, éd. Marabout, 2018, chap. Guérir la normopathie, p. 167


Le lexique utilisé pour décrire les personnes sourdes ressemble à s'y méprendre à celui qui est utilisé pour décrire les personnes autistes : elles seraient « enfermées » dans une « prison ». Le sourd serait « isolé », « dans son monde »... comme l'autiste soi-disant prisonnier de sa « bulle ».
  • Dans ta bulle !, Julie Dachez, éd. Marabout, 2018, chap. Guérir la normopathie, p. 169


Les intérêts spécifiques, qui sont considérés par la communauté scientifique et les praticiens comme symptomatiques de l'autisme, pourraient bien être des stratégies mises en place par les personnes autistes pour se sentir mieux.
  • Dans ta bulle !, Julie Dachez, éd. Marabout, 2018, chap. Guérir la normopathie, p. 174


La psychiatrie est prompte à faire peser sur l'individu le poids de sa souffrance et de ses problèmes, plutôt que de remettre en cause le système en place. Prenons l'exemple de l'asexualité : l'absence ou la réduction du désir sexuel figure en tant que pathologie psychiatrique dans le DSM-5 sous le terme « trouble hypoactif ». S'il s'agit bien d'une anomalie comportementale, au sens d'une différence, la considérer comme une pathologie est un glissement abusif. En quoi un désir sexuel faible ou inexistant serait-il pathologique ?
  • Dans ta bulle !, Julie Dachez, éd. Marabout, 2018, chap. Guérir la normopathie, p. 177-178


L'individu n'est pas « malade » de son asexualité mais malade de la pression sociale qu'il subit.
  • Dans ta bulle !, Julie Dachez, éd. Marabout, 2018, chap. Guérir la normopathie, p. 178


Quand ça ne choquera plus personne d'imaginer un autiste tatoué, clope au bec, qui se trémousse sur du Britney Spears, je crois qu'on aura enfin réussi à faire voler en éclats ces petites cases dans lesquelles on ne cesse de vouloir nous enfermer.
  • Dans ta bulle !, Julie Dachez, éd. Marabout, 2018, chap. À la rencontre de Thomas, p. 184


On voudrait nous faire croire que le couple c'est la clé de l'épanouissement.
  • Dans ta bulle !, Julie Dachez, éd. Marabout, 2018, chap. À la rencontre de Thomas, p. 186


J'espère qu'un jour il existera des guides de voyage pensés spécifiquement pour les personnes ayant des particularités sensorielles.
  • Dans ta bulle !, Julie Dachez, éd. Marabout, 2018, chap. À la rencontre de Thomas, p. 203


Que l'on soit un salarié exploité, un autiste opprimé ou que l'on fasse partie de n'importe quelle frange de la population subissant les affres d'un système inégalitaire, il n'y a qu'une solution : lutter collectivement contre l'injustice.
  • Dans ta bulle !, Julie Dachez, éd. Marabout, 2018, chap. Militer, p. 217


Dès 1993, Jim Sinclair, lui-même autiste, déclare à l'occasion d'une conférence internationale sur l'autisme à Toronto : « Quand des parents disent : "Je voudrais que mon enfant n'ait pas d'autisme", ce qu'ils disent vraiment, c'est : "Je voudrais que l'enfant autiste que j'ai n'existe pas, et avoir un enfant différent (non-autiste) à la place". Relisez cela. C'est ce que nous entendons quand vous dites être affligés par notre existence. C'est ce que nous entendons que vous priez pour une guérison. C'est ce que nous comprenons quand vous parlez de vos espoirs et de vos rêves les plus chers en ce qui nous concerne : que votre plus grand souhait est qu'un jour, nous cessions d'être et que des étrangers que vous puissiez aimer apparaissent derrière nos visages. »
  • Dans ta bulle !, Julie Dachez, éd. Marabout, 2018, chap. Militer, p. 218


Temple Grandin affirme quant à elle : « I am different... not less. » (« Je suis différente... pas déficiente. ») Une citation largement reprise par la communauté autistique partout dans le monde, à tel point qu'elle en est devenue une sorte de mantra.
  • Dans ta bulle !, Julie Dachez, éd. Marabout, 2018, chap. Militer, p. 218


Considérer que les personnes autistes ne sont pas malades et que leur place n'est pas en hôpital psychiatrique ne veut pas dire — je le répète — qu'elles n'auraient pas besoin d'être accompagnées, qu'il faudrait qu'elles soient livrées à elles mêmes et qu'elles se dépatouillent avec leurs difficultés. Cela veut tout simplement dire que, quel que soit l'accompagnement choisi, il doit se faire en accord avec les besoins de la personne, et certainement pas dans le but de la normaliser.
  • Dans ta bulle !, Julie Dachez, éd. Marabout, 2018, chap. Militer, p. 219


Je crois qu'il est important de politiser notre vécu, afin de le mettre au service du bien commun.
  • Dans ta bulle !, Julie Dachez, éd. Marabout, 2018, chap. Militer, p. 222


Les personnes autistes ne devraient pas avoir à être pures et innocentes pour qu'on leur reconnaisse le droit d'exister.
  • Dans ta bulle !, Julie Dachez, éd. Marabout, 2018, chap. Militer, p. 225


Le communautarisme est perçu comme un repli, un truc dangereux qui doit être combattu. Alors qu'en fait l'entre-soi des dominés est une stratégie de survie face à un environnement social hostile. N'est-il pas ironique, alors que ces personnes sont exclues de la société, de les pointer du doigt lorsqu'elles se réunissent entre elles pour lutter contre cette exclusion ? Ne s'agit-il pas d'un subtil retournement de situation ? Car il me semble que ce qui est dangereux et devrait être combattu, c'est bien l'oppression des dominés.
  • Dans ta bulle !, Julie Dachez, éd. Marabout, 2018, chap. Militer, p. 228


Je vais devoir soutenir dans des conditions pensées par et pour les neurotypiques. Moi, une autiste au trouble anxieux. C'est ça, la définition d'une situation de handicap.
  • Au sujet de sa soutenance de thèse.
  • Dans ta bulle !, Julie Dachez, éd. Marabout, 2018, chap. Militer, p. 234


Propos publics modifier

La BD est largement autobiographique, quasiment tout ce qui est décrit, tous les dialogues, sont des évènements que j'ai vécus. J'ai simplement forcé le trait par moments, pour obtenir un effet comique.
  • Au sujet de sa bande dessinée La Différence invisible.
  • « Différence invisible et flagrante indifférence. Entretien avec Julie Dachez et Mademoiselle Caroline », Julie Dachez (propos recueillis par L. Gianati), BD, 29 août 2016 (lire en ligne)


La France a un retard significatif en matière d'autisme, notamment à cause du lobbying de la psychanalyse. À titre d'exemple, alors que le syndrome d'Asperger a été intégré aux manuels internationaux de classification des "maladies mentales" (la CIM 10 et le DSM-IV) dès 1994, il n'a été intégré au manuel français (la CFTMEA) qu'en 2002...
  • « Différence invisible et flagrante indifférence. Entretien avec Julie Dachez et Mademoiselle Caroline », Julie Dachez (propos recueillis par L. Gianati), BD, 29 août 2016 (lire en ligne)


Articles connexes modifier

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