Métamorphoses (Ovide)
Les Métamorphoses (en latin Metamorphōseōn librī, « Livres des métamorphoses ») sont un long poème latin d'Ovide, dont la composition débute probablement en l'an 1. L'œuvre comprend quinze livres (près de douze mille vers) écrits en hexamètres dactyliques et regroupe plusieurs centaines de récits courts sur le thème des métamorphoses issus de la mythologie grecque et de la mythologie romaine, organisés selon une structure complexe et souvent imbriqués les uns dans les autres. La structure générale du poème suit une progression chronologique, depuis la création du monde jusqu'à l'époque où vit l'auteur, c'est-à-dire le règne de l'empereur Auguste. Fameux dès l'Antiquité, le poème devient un classique de la littérature latine traduit dans le monde entier et connaît une postérité abondante jusqu'à l'époque actuelle. Il a suscité de nombreux commentaires et analyses et a inspiré de nombreux artistes de l'Antiquité jusqu'à nos jours.
Citations
modifierLivre I
modifier- (la)
In nova fert animus mutatas dicere formas
Corpora ; di, coeptis, nam vos mutastis et illas,
Adspirate meis primaque ab origine mundi
Ad mea perpetuum deducite tempora carmen.
- Invocation aux dieux aux premiers vers du premier livre.
- (la) Les Métamorphoses, Métamorphoses (Ovide) (trad. Joseph Chamonard), éd. GF-Flammarion, 1966, I, p. 41, vers 1
Quand tous les animaux, courbés, fixent le sol,
Il fit l'homme debout, chef dressé, face au ciel,
Levant haut son regard et scrutant les étoiles.
- (la)
Pronaque cum spectent animalia cetera terram,
Os homini sublime dedit caelumque tueri
Iussit et erectos ad sidera tollere vultus.
- Création de l'humanité par Prométhée.
- (la) Les Métamorphoses, Ovide (trad. Olivier Sers), éd. Les Belles Lettres, coll. « Classiques en poche », 2009, I, p. 9, vers 83-86
Livre II
modifierCette grande mission, Phæton, que tu postules,
Excède ton jeune âge et dépasse tes forces.
Ta vie est d'un mortel, ton vœu d'un immortel.
- (la)
Magna petis, Phaeton, et quae nec viribus istis
Munera conveniant nec tam puerilibus annis.
Sors tua mortalis ; non est mortale quod optas.
- Hélios tente de dissuader son fils Phaéton, qui veut conduire le char du soleil.
- (la) Les Métamorphoses, Ovide (trad. Olivier Sers), éd. Les Belles Lettres, coll. « Classiques en poche », 2009, II, p. 55, vers 54-56
Livre III
modifierFort jolie, elle accoucha d'un fils
Qui dès lors semblé né pour être aimé des nymphes,
Et l'appela Narcisse. Elle vint demander
S'il pouvait escompter une longue vieillesse.
Le devin répondit : « S'il ne se connaît pas. »
- (la)
- prophétie d'un devin au sujet de Narcisse.
- (la) Les Métamorphoses, Ovide (trad. Olivier Sers), éd. Les Belles Lettres, coll. « Classiques en poche », 2009, III, p. 127, vers 344-348
De nombreux jeunes gens, de nombreuses jeunes femmes le désiraient.
- (la)
Multi illum juvenes, multae cupiere puellae.
- Beauté de Narcisse.
- (la) Les Métamorphoses, Ovide (trad. Olivier Sers), éd. Les Belles Lettres, coll. « Classiques en poche », 2009, III, p. 127, vers 353
Mais l'amour dure et croît du mal de l'abandon.
- (la)
Sed tamen haeret amor crescitque dolore repulse
- Beauté de Narcisse.
- (la) Les Métamorphoses, Ovide (trad. Olivier Sers), éd. Les Belles Lettres, coll. « Classiques en poche », 2009, III, p. 130, vers 395
Le garçon, séparé de ses amis, leur crie :
Quelqu'un est-il par là ? Par là ! répond Écho.
Stupéfait, promenant ses regards alentour,
Il crie à pleine voix : Viens ! Viens ! lui répond-elle.
Voyant que nul ne vient, il crie : Que me fuis-tu ?
Les mots qu'il a criés lui reviennent pareils.
Il insiste, abusé par ce pseudo-dialogue :
Ici ! Rejoignons-nous ! Rien n'est plus agréable
À Écho qui répète à plaisir : Joignons-nous !
- (la)
- Beauté de Narcisse.
- (la) Les Métamorphoses, Ovide (trad. Olivier Sers), éd. Les Belles Lettres, coll. « Classiques en poche », 2009, III, p. 129, vers 389-387
La mort ferma ses yeux qui l'admiraient encor,
Et même En-Bas il se mira dans l'eau du Styx.
- (la)
Lumina mors clausit domini mirantia formam.
Tum quoque se, postquam est inferna sede receptus,
In Stygia spectabat aqua.
- Mort de Narcisse.
- (la) Les Métamorphoses, Ovide (trad. Olivier Sers), éd. Les Belles Lettres, coll. « Classiques en poche », 2009, III, p. 137, vers 503-504
Livre IV
modifierC'est là qu'innocente, payait pour le langage de sa mère,
Andromède : ainsi l'avait ordonné l'injuste Ammon.
À un dur rocher, attachée par les bras,
le petit-fils d'Abas la voit (et si une légère brise ne bougeait
ses cheveux, si ses yeux ne coulaient d'un pleur tiède,
il croirait à une œuvre de marbre) : malgré lui il prend feu,
il est stupéfié, pris par l'image de la beauté incroyable,
presque il oublie de secouer ses ailes dans l'air.
- (la)
illic inmeritam maternae pendere linguae
Andromedan poenas iniustus iusserat Ammon ;
quam simul ad duras religatam bracchia cautes
uidit Abantiades, nisi quod leuis aura capillos
mouerat et tepido manabant lumina fletu,
marmoreum ratus esset opus ; trahit inscius ignes
et stupet et uisae correptus imagine formae
paene suas quatere est oblitus in aere pennas.
- Persée aperçoit Andromède.
- (la) Les Métamorphoses (Ier siècle apr. J.-C.), Ovide (trad. Marie Cosnay), éd. Librairie générale française, coll. « Livre de poche », 2020 (réédition ; première édition aux éditions de l'Ogre, 2017), IV, p. 142, vers 676-677
Neptune
La souilla, narre-t-on, au temple de Minerve.
La déesse offusquée voila de son égide
Sa chaste face, et pour punir cet attentat
En hydres transforma les crins de la Gorgone,
Et ces serpents nés d'elle encor la barricadent,
Frappant ses ennemis d'horreur et d'épouvante.
- (la)
- Métamorphose de Méduse.
- (la) Les Métamorphoses, Ovide (trad. Olivier Sers), éd. Les Belles Lettres, coll. « Classiques en poche », 2009, IV, p. 201, vers 797-803
Livre V
modifierDe mes yeux j'ai vu ta fille Proserpine.
La tristesse et l'effroi marquaient encor sa face,
Mais elle est reine et règne au pays des ténèbres,
Du Seigneur des Enfers matrone souveraine.
- (la)
- La source Aréthuse révèle à Déméter ce qu'est devenue sa fille Proserpine.
- (la) Les Métamorphoses, Ovide (trad. Olivier Sers), éd. Les Belles Lettres, coll. « Classiques en poche », 2009, V, p. 233, vers 505-508
Livre VI
modifierSitôt qu'ils sont touchés par ce présent funeste,
Elle perd ses cheveux, son nez et ses oreilles
Sa tête se réduit, tout son corps s'étrécit,
De maigres bras se lient en jambes à ses flancs,
Le reste n'est que ventre. Elle en tire pourtant
Du fil, et tisse encor, araignée, comme hier.
- (la)
- Métamorphose d'Arachné en araignée.
- (la) Les Métamorphoses, Ovide (trad. Olivier Sers), éd. Les Belles Lettres, coll. « Classiques en poche », 2009, VI, p. 253, vers 140-145
Livre VII
modifierComme un foetus prend forme humaine en la matrice
Où son être s'assemble en ses parties diverses
Et n'en sort qu'accompli pour s'ébattre à l'air libre,
Tels, formés dans le champ de la Terre gravide
À l'image de l'homme, ils surgissent du champ,
Moisson miraculeuse et levant tout armée !
- (la)
Utque hominis speciem materna sumit in alvo
Perque suos intus numeros componitur infans
Nec nisi maturus comunes exit in auras ;
Sic ubi visceribus gravidae telluris imago
Effecta est hominis, feto consurgit in arvo,
Quodque magis mirum est, simul edita concutit arma.
- Naissance des Semés, nés des dents du dragon semées par Jason au cours de ses épreuves pour obtenir la Toison d'or.
- (la) Les Métamorphoses, Ovide (trad. Olivier Sers), éd. Les Belles Lettres, coll. « Classiques en poche », 2009, VII, p. 299, vers 125-130
Livre VIII
modifierPour trouver où dormir frappant à mille portes
On leur en ferma mille. Une seule s'ouvrit,
Petite, au toit de chaume et de roseau palustre,
Mais Baucis, pieuse vieille, et, son égal en âge,
Philémon, mariés là dans leur jeunesse, ensemble
Y vieillissaient et allégeaient leur pauvreté
En l'avouant et la portant sans amertume.
- (la)
- Jupiter et Mercure mettent à l'épreuve l'hospitalité et la bonté des humains en Phrygie. Seuls Philémon et Baucis les accueillent.
- (la) Les Métamorphoses, Ovide (trad. Olivier Sers), éd. Les Belles Lettres, coll. « Classiques en poche », 2009, VIII, p. 383, vers 628-634
Livre IX
modifierSon teint perd sa blancheur,
Sa force croît, sa face a plus de hardiesse,
Ses cheveux sans apprêt sont plus courts, sa vigueur
Dépasse celle qu'elle eut, femme, et toi, de fille,
Te voilà un garçon.
- (la)
- Iphis, jeune femme, se métamorphose en homme et peut ainsi se marier avec sa bien-aimée Ianthé.
- (la) Les Métamorphoses, Ovide (trad. Olivier Sers), éd. Les Belles Lettres, coll. « Classiques en poche », 2009, IX, p. 449, vers 787-791
Livre X
modifierPar ces lieux d'épouvante,
Ce grand Chaos, ce vaste empire du silence,
Retissez, je vous prie, les destins abrégés
D'Eurydice.
- (la)
- (la) Les Métamorphoses, Ovide (trad. Olivier Sers), éd. Les Belles Lettres, coll. « Classiques en poche », 2009, X, p. 453, vers 29-32
Livre XI
modifierRavi de voir son nourricier, le dieu lui offre,
Dangereuse faveur, un cadeau à son choix.
Mal inspiré, il dit : Fais que tout ce que touche
Mon corps soit transformé en pépites d'or fauve !
- (la)
- Vœu du roi Midas.
- (la) Les Métamorphoses, Ovide (trad. Olivier Sers), éd. Les Belles Lettres, coll. « Classiques en poche », 2009, XI, p. 503, vers 100-103
Livre XII
modifierO éloquent vieillard, sagesse de ce siècle,
Dis-nous qui fut Cénée, pourquoi changea son sexe,
Dans quelle armée, dans quel combat tu vis sa force,
Par qui il fut vaincu, si jamais il le fut.
- (la)
- Les Myrmidons pressent Nestor de leur raconter l'histoire de Cénée, né femme, devenu homme et invulnérable.
- (la) Les Métamorphoses, Ovide (trad. Olivier Sers), éd. Les Belles Lettres, coll. « Classiques en poche », 2009, XII, p. 557, vers 178-181
Époux d'Hippodamé, le fils du fier Ixion
À sa noce invita ses frères les Centaures.
- (la)
- Noces d'Hippodamie et de Pirithoüs, au cours de laquelle a lieu le combat entre les Lapithes et les Centaures.
- (la) Les Métamorphoses, Ovide (trad. Olivier Sers), éd. Les Belles Lettres, coll. « Classiques en poche », 2009, XII, p. 559, vers 210-211
Livre XIII
modifierJe n'évoquerai pas, Pélasges, mes exploits,
Car vous avez tout vu. Qu'il vous conte les siens,
Accomplis sans témoin, que seule a sus la lune.
- (la)
Nec memoranda tamen uobis mea facta, Pelasgi,
Esse reor ; uidistis enim ; sua narret Vlixes,
Quae sine teste gerit, quorum nox conscia sola est.
- Ajax rivalise avec Ulysse pour savoir lequel d'entre eux mérite l'honneur de recevoir les armes du défunt Achille.
- (la) Les Métamorphoses, Ovide (trad. Olivier Sers), éd. Les Belles Lettres, coll. « Classiques en poche », 2009, XIII, p. 587, vers 13-15
Je crois qu'il ne faut pas vous rappeler mes actions, Pélasges,
vous les avez vues ; les siennes, Ulysse les raconte,
il les a menées sans témoin, seule la nuit les connaît.
- (la)
Nec memoranda tamen uobis mea facta, Pelasgi,
Esse reor ; uidistis enim ; sua narret Vlixes,
Quae sine teste gerit, quorum nox conscia sola est.
- Ajax rivalise avec Ulysse pour savoir lequel d'entre eux mérite l'honneur de recevoir les armes du défunt Achille.
- (la) Les Métamorphoses (2017), Ovide (trad. Marie Cosnay), éd. éditions de l'Ogre (première édition), coll. « Livre de poche (réédition poche) », 2020, XIII, p. 401, vers 13-15
Je n'ai cependant pas besoin de vous rappeler mes exploits, Pélasges, j'en suis sûr : vous les avez vus. Qu'Ulysse nous raconte les siens, accomplis sans témoin et dont la nuit seule est confidente.
- (la)
Nec memoranda tamen uobis mea facta, Pelasgi,
Esse reor ; uidistis enim ; sua narret Vlixes,
Quae sine teste gerit, quorum nox conscia sola est.
- Ajax rivalise avec Ulysse pour savoir lequel d'entre eux mérite l'honneur de recevoir les armes du défunt Achille.
- (la) Les Métamorphoses, Ovide (trad. Joseph Chamonard), éd. Garnier frères, coll. « GF-Flammarion », 1966, XIII, p. 317, vers 13-15
L'Etna bout dans mon cœur de toute sa violence,
L'écrase, et, Galatée, tu ne t'en émeus pas !
- (la)
- Plaintes du Cyclope Polyphème amoureux de Galatée qui le repousse.
- (la) Les Métamorphoses, Ovide (trad. Olivier Sers), éd. Les Belles Lettres, coll. « Classiques en poche », 2009, XIII, p. 639, vers 868-869
Livre XIV
modifierÀ peine descendue dans l'eau jusqu'à la taille,
À ses aines Scylla voit aboyer des monstres,
Et, les croyant d'abord étrangers à son corps,
Veut s'enfuir, terrifiée par leurs crocs menaçants.
Elle a beau fuir, les repoussant elle les traîne,
Et voulant voir ses pieds, ses jambes et ses cuisses
Ne voit que les rictus rageurs de ces Cerbères
Sur qui elle est dressée et dont ses flancs retiennent
Les dos liés ensemble à ses aines tronqués.
- (la)
- Métamorphose de Scylla ensorcelée par Circé.
- (la) Les Métamorphoses, Ovide (trad. Olivier Sers), éd. Les Belles Lettres, coll. « Classiques en poche », 2009, XIV, p. 651, vers 59-67
Livre XV
modifierÔ temps qui tout dévore, ô vieillesse jalouse,
Vous ruinez toute chose, et par les dents de l'âge
Rongé, consumez tout peu à peu de mort lente !
- (la)
- (la) Les Métamorphoses, Ovide (trad. Olivier Sers), éd. Les Belles Lettres, coll. « Classiques en poche », 2009, XV, p. 715, vers 234-236
Rien ne reste tel quel, et renouvelant tout
La nature toujours fait d'une forme une autre.
Rien ne meurt, croyez-moi, mais tout dans l'univers
Varie, change d'aspect. Ce qu'on appelle naître,
C'est commencer d'être autre qu'on fut, et mourir
Cesser d'être cet autre. Au hasard les parties
Volent de çà de là, mais la somme est constante.
Rien ne garde longtemps, m'est avis, même forme.
- (la)
- (la) Les Métamorphoses, Ovide (trad. Olivier Sers), éd. Les Belles Lettres, coll. « Classiques en poche », 2009, XV, p. 716-717, vers 253-259
L'Etna crachant son soufre en sa fournaise ardente,
Ne brûla pas toujours et s'éteindra un jour.
- (la)
- (la) Les Métamorphoses, Ovide (trad. Olivier Sers), éd. Les Belles Lettres, coll. « Classiques en poche », 2009, XV, p. 721, vers 340-341
Un seul, oiseau, s'engendre et renaît de lui-même.
Le phénix d'Assyrie ne vit de grains ni d'herbe,
Mais des pleurs de l'encens et du suc de l'amome.
- (la)
- (la) Les Métamorphoses, Ovide (trad. Olivier Sers), éd. Les Belles Lettres, coll. « Classiques en poche », 2009, XV, p. 725, vers 392-395
N'usez que d'aliments obtenus sans violence !
- (la)
- (la) Les Métamorphoses, Ovide (trad. Olivier Sers), éd. Les Belles Lettres, coll. « Classiques en poche », 2009, XV, p. 729, vers 478
Voilà. Mon œuvre est fait. Jupiter en courroux
Ni le fer ni le feu ni le temps n'y mordront.
Qu'au jour de mon trépas, maître de mon seul corps,
Il achève le cours incertain de ma vie,
Moi, ma meilleure part survolera les astres,
Immortelle, et mon nom, rien ne l'effacera.
Sur le monde dompté où partout Rome règne
On me lira de siècle en siècle, et s'il est vrai
Qu'un poète peut voir l'avenir, je vivrai.
- (la)
- Derniers vers des Métamorphoses.
- (la) Les Métamorphoses, Ovide (trad. Olivier Sers), éd. Les Belles Lettres, coll. « Classiques en poche », 2009, XV, p. 754-755, vers 871-879