Madeleine Riffaud
résistante, poétesse, journaliste française
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Madeleine Riffaud, née le à Arvillers (Somme) et morte le à Paris, est une résistante, poétesse et journaliste française.

Citations
modifierLes linges de la nuit, 1974 (réédité en 2021)
modifierTelle demeure la hiérarchie confucéenne des hôpitaux : les médecins, sauf exception rarissime, ne saluent jamais l'agent hospitalier. Ils regardent à travers.
- Les linges de la nuit (1974), Madeleine Riffaud, éd. Michel Lafon, 2021, p. 25
Justine […] n'a pas sa pareille pour économiser, planquer une ou deux oranges, des yaourts, de la purée, prévoyant que ce soir la dame paralysée du 8 n'aura peut-être pas de visites (son mari qui fait les trois-huit lui apporte des gâteries dès qu'il le peut) ou que l'opéré de la veille sortira de sa léthargie et fera signe qu'il a faim. […] Dans l'argot des camps nazis, ce que fait Justine portait un nom : Organisier. Elle ne peut le savoir. Un détenu « organisait », barbotait un pull-over ou un bout de pain aux gardiens pour les donner à un camarade plus faible. Ainsi, aujourd'hui, dans la France en paix, se débrouille Justine la Brune.
- En 1974, Justine, une « femme de ménage en blanc », survit avec à peine plus de 1200 francs par mois.
- Les linges de la nuit (1974), Madeleine Riffaud, éd. Michel Lafon, 2021, p. 45
on peut aimer sa patrie comme sa mère et tomber amoureux de celle du voisin
- Madeline Riffaud à vécu 22 ans au Viêt-Nam.
- Les linges de la nuit (1974), Madeleine Riffaud, éd. Michel Lafon, 2021, p. 54
L'ignorance dans laquelle sont laissé les malades, les termes savants prononcés près de leur lit par les hommes en blanc, ce langage inconnu que nul ne leur traduit, décuplent l'angoisse et la douleur.
- Les linges de la nuit (1974), Madeleine Riffaud, éd. Michel Lafon, 2021, p. 68
Mourir à volonté, aidant juste un peu la nature, est un secret que partagent certains humains avec les animaux capturés.
- Les linges de la nuit (1974), Madeleine Riffaud, éd. Michel Lafon, 2021, p. 70
Loin de la mer, « quand je ne vois pas la mer un seul jour, j'ai le cœur barbouillé », nous dit-il, il dort à Paris.
Il dort à Paris, comme dorment dans les boutiques sur les quais de la Mégisserie
les animaux sauvages au fond des cages
capturés.
Que l'on vendra et qui mourront
Sur la moquette d'HLM.
Il dort sa vie. Comme un animal s'évade en mourant
Quand il veut.
Comme un marcheur épuisé choisit de s'asseoir
dans la neige
sachant très bien
Comme un blessé se couche à mi-chemin de l'oasis
et le sable sous lui vire au noir
- Les linges de la nuit (1974), Madeleine Riffaud, éd. Michel Lafon, 2021, p. 71-72
Plus près du malade que l'infirmière surchargée de paperasses, obsédée par ses gestes de technicienne, écrasée de responsabilités (quand on se bat seule, on n'a guère le temps de trouver les mots), l'agent hospitalier, l'aide-soignante, voués aux soins les plus terre à terre, peuvent beaucoup pour aider un être désespéré à remonter la pente. Justine « n'est pas une lumière ». J'ai trouvé : Justine est une lampe, posée la nuit au bord du chemin afin d'éclairer au carrefour le passant perdu. L'homme souffrant ne vit pas que de perfusions et d'antibiotiques.
- Les linges de la nuit (1974), Madeleine Riffaud, éd. Michel Lafon, 2021, p. 74
Il n'y a pas si longtemps, forte de mon expérience du tiers monde, je croyais que le désespoir est un luxe de gens assez nourris (si pauvre qu'ils soient, ils ont mangé quelque chose), le luxe de ceux qui n'ont pas jour et nuit des bombardiers au-dessus de la tête. Depuis que je travaille dans cet hôpital pareil à des centaines d'autres, je découvre dans mon propre pays une forme de misère, une lèpre dont je ne soupçonnais pas l'ampleur, que m'avaient masquée mes lointains reportages : la solitude.
- Les linges de la nuit (1974), Madeleine Riffaud, éd. Michel Lafon, 2021, p. 91
C'est par le cœur, par la conscience professionnelle que l'État-patron nous tient. Ils savent bien, les salauds, qu'on se débrouillera toujours. Si tu es seul dans ton sevrice, tu feras seul. Tu ne jetteras pas ta blouse en laissant tes malades, ni les copains.
- Les linges de la nuit (1974), Madeleine Riffaud, éd. Michel Lafon, 2021, p. 110
L'humanité est un luxe dans un service hospitalier français au XXe siècle.
- Les linges de la nuit (1974), Madeleine Riffaud, éd. Michel Lafon, 2021, p. 115
C'est de sa pauvreté que mourra Ophélie, happée par la machine à broyer les improductifs, les isolés, les exilés en tout genre. Ophélie meurt parce qu'elle voit un tueur de la Gestapo dans chaque cave, dans les sous-sols de l'hôpital et que sa tête est lardée de barbelés. Parce qu'elle a toujours vécu entourée de murs, parce que plus personne ne faisait l'amour avec elle, ni ne lui répétait qu'elle est jolie. Elle l'est pourtant. Plus que jolie. Mais ses miroirs sont brisés et l'on ne se voit bien que dans les yeux d'un autre. Elle meurt parce qu'à cinquante ans une femme a moins besoin d'un nouvel amour que de s'abriter sous un arbre qui a poussé et mûri en même temps qu'elle. Elle meurt d'exil, ne sachant plus d'où elle est venue, où elle se trouve ni par quel chemin rentrer en elle-même, dans son pays. Elle meurt étouffée de solitude autant que de son affection vasculaire et de sa névrose.
- Les linges de la nuit (1974), Madeleine Riffaud, éd. Michel Lafon, 2021, p. 119
Tant de gens (je ne dis pas de couples) dorment dans un même lit, font l'amour sans jamais se rencontrer. « La solitude, alors, descend au fil des fleuves… » La Pensée et son mari ont réussi à garder la communication, sans parole, au mépris de l'horloge guetteuse, téléphonie sans fil entre un monde aux frontières du néant et le nôtre.
- Les linges de la nuit (1974), Madeleine Riffaud, éd. Michel Lafon, 2021, p. 154
Elle est entrée dans la boue, non pas celle qui salit, mais la boue de la réalité pareille à celle des rizières, où l'on sème dans l'eau, sous un soleil à assommer un bœuf. Elle devient adulte, il ne faut pas la décourager.
- Les linges de la nuit (1974), Madeleine Riffaud, éd. Michel Lafon, 2021, p. 181
Rencontres, communication. Rien ne peut se bâtir de valable, rien qui soit mieux qu'un leurre paternaliste, une victoire gaspillée, dans la jungle de béton, « enfer moderne », sans un lien affectif d'un être à un autre, à tâtons noué.
- Les linges de la nuit (1974), Madeleine Riffaud, éd. Michel Lafon, 2021, p. 194
Flocons de poussière dans les couloirs, contre-plaqué décollé, peintures écaillées. Cet établissement devrait être encore flambant neuf. Hélas, le nettoyage est confié à une entreprise privée, laquelle emploie un personnel ignorant, sous-payé et songe plus à ses bénéfices qu'à l'asepsie. Un hôpital ne se nettoie pas comme une gare et ne devrait pas être géré comme une usine.
- Les linges de la nuit (1974), Madeleine Riffaud, éd. Michel Lafon, 2021, p. 235
Rien ne remplacera jamais une infirmière, un agent hospitalier. La modernisation, le saupoudrage d'opérations prestige, faute de personnel, égalent mettre la charrue avant les bœufs, courir à la catastrophe.
- Les linges de la nuit (1974), Madeleine Riffaud, éd. Michel Lafon, 2021, p. 263-264
Interviews
modifierCe n'est pas facile de ne pas avoir été fusillée quand tous les autres l'ont été.
- Madeleine Riffaud, Les nuits de France Culture : Une série d'entretiens menés par Ludovic Sellier, Marie-Christine Clauzet, Radio France, 3 août 1993, diffusé sous sa forme actuelle le 18 juillet 2015 (accéder en ligne)
Résister c’est aimer les gens, ne pas haïr. Il faut aussi rester soi-même. Il ne faut pas paniquer parce que l’ennemi qui est en face, c’est ce qu’il veut.
- Réponse à la question "Comment fait-on pour résister ? ", posée par un lycéen.
- « Commémorations du 8-Mai : Madeleine Riffaud, 91 ans, en perpétuelle résistance », Stéphanie Trouillard, France 24, 8 mai 2016 (lire en ligne)
Si nous on a tenu, c’est parce qu'en toute situation, au lieu de nous dire : 'Je suis un martyr, je suis une victime', on s'est toujours dit : 'Je suis un résistant ! Je suis un combattant !'. L’écrivain Vercors avait l’habitude de dire qu’on est plus ou moins homme si on se rebelle ou si on se laisse crever.
- Sur la survie des résistants pendant la Seconde guerre mondiale.
- « Commémorations du 8-Mai : Madeleine Riffaud, 91 ans, en perpétuelle résistance », Stéphanie Trouillard, France 24, 8 mai 2016 (lire en ligne)
Quand on demandait à Raymond Aubrac, ce qu'était résister, il disait toujours, aux jeunes : "Ne laisse jamais passer une injustice, sans t’opposer, même par une parole. Oppose-toi à l’injustice qu'elle quelle soit".
- « Commémorations du 8-Mai : Madeleine Riffaud, 91 ans, en perpétuelle résistance », Stéphanie Trouillard, France 24, 8 mai 2016 (lire en ligne)
Citation sur
modifierMadame, vous avez dit exactement ce qu'il fallait. Pour cela vous êtes allée sur place, vous avez mis vos mains dans la merde, vous avez fermé les yeux des mourants, vous avez lavé par terre...Vous étiez fille de salle, incognito, vous qui étiez grand reporter !
- Extrait d'une lettre d'un lecteur, infirmier libéral, publiée dans la réédition des Linges de la nuit.
- Les linges de la nuit (1974), Madeleine Riffaud, éd. Michel Lafon, 2021, p. 217