Marc Bonnant

avocat suisse

Marc Bonnant, né le 29 octobre 1944 dans le Canton du Tessin, est avocat au barreau de Genève.

Citations

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Il faut bien comprendre que tous les monothéismes ont horreur du rire, les dictatures aussi et tous les systèmes totalitaires. [...] Parce que le rire désacralise, questionne ; le rire est résolument révolutionnaire.


Nous considérons simplement qu'il y a au centre, consubstantielle à notre démocratie, une valeur majeure : c'est la liberté ; toutes les autres sont des arcs-boutants. [...] Il se trouve que, pour nous, elle est centrale et cardinale. Tout ce qui la menace nous apparaît l'agression ultime, nous apparait mortifère et insupportable. Nous transigerons sur tout mais pas sur la liberté d'expression.


Dans la vision laïque du monde, et je conçois qu'il y en ait d'autres, l'homme n'est pas réductible à sa spiritualité. Je peux m'en prendre à des fois, à des convictions, sans m'en prendre à la dignité de l'homme.


Et c'est le savoir, le savoir !, qui me semble la base de toute chose. Alors qu'on cesse de dire à ces pauvres enfants aux têtes blondes et brunes, désormais sacrifiés, qu'il leur suffit d'avoir une intelligence bien faite et que l'ignorance est un état de liberté salutaire. L'ignorance ne rend pas libre. Ou elle fait la liberté des progressistes. Le savoir enracine. Il fait des conservateurs.


La langue [...] est consubstantielle à la pensée. On pense dans les mots. On pense par les mots. On pense dans la langue.


La critique du christianisme est critique ; celle de l'islam, provocation. Pour l'islam, il n'y a que les croyants et les infidèles. Infidèles, nous le sommes, certes.


Tolérer l'islam, ce n'est pas l'accueillir. Il est même légitime d'être islamophobe. La détestation est salutaire. Elle divise, mais elle soude aussi autour d'une identité revendiquée.


Quelques idéalistes, ceux qui n'ont pas le sens tragique de l'Histoire et qui croient modifier la réalité en la niant, s'étaient réjouis des révolutions arabes. Ils saluaient la promesse de l'aube et l'émergence du printemps. Mais déjà les évênements leur donnent tort : les islamistes ont pris le pouvoir en Tunisie, la charia est désormais la loi libyenne, les Frères musulmans attendent embusqués, en Égypte. L'aube est une nuit, le printemps une ère glaciaire.


Les locaux calcinés de Charlie Hebdo sont la parfaite métaphore de l'avenir de nos libertés si nous laissons à l'Autre le soin de les borner et si nous intériorisons ses interdits pour en faire nos tabous.


Les dieux ne rient pas. Celui des mahométans moins que les autres.


Le blasphème ne peut être que le fait du croyant. L'athée, l'agnostique, le sectateur d'un autre credo ne blasphème pas, il exerce son esprit critique et analytique. La foi de l'autre n'est qu'une opinion, une représentation du monde qu'il peut juger et récuser librement. Là sont la liberté d'opinion et son corrélat, la liberté d'expression auxquellles nous tenons essentiellement.


A nos réserves, à nos critiques, l'islam répond par la fatwa, les lynchages, le déferlement de foules hurlantes, les attentats, le fer et le feu. A notre liberté répond sa contrainte; à notre droit sa force.


L'islam est viril, non seulement par le sort détestable qu'il réserve aux femmes, mais parce qu'il est conquérant, dominateur, arrogant, expansionniste et prosélyte. Autant de raisons d'armer notre résistance. D'abord de savoir désigner avec clarté l'ennemi. L'oecuménisme et la tolérance ne sont que dilution et ruine de l'âme.


A la foi des islamistes, nous n'opposons que notre scepticisme; à leur ferveur, notre sens de la mesure. Nous n'aimons plus que l'eau tiède. L'Occident est un tepidarium.


La censure c'est pas un phénomène aboli.


La limite que la morale impose à la liberté est un vaste sujet. C'est probablement un des sujets philosophiques les plus importants.


Est-ce qu'on fait rire lorsque qu'on ne sait pas faire penser ? C'est une question que, par pure hypothèse, j’énonce.


Qu'est-ce que c'est qu'un écrivain de droite ? Je vous raconte, je connais un peu, moi qui n'ai jamais écrit une ligne, mais qui les lis. Un écrivain de droite a d'abord une posture philosophique : il est contre les Lumières. Il a une posture historique : il est contre la Révolution française. À cet égard, il est un anti-moderne. Il a une position ou une posture existentielle : il est pessimiste. Religieuse : il croit au pêché originel. Et puis il a un style : la vitupération, l'imprécation, le style sublime [...].


[...] S'il y a quelque chose que dieu hait, c'est les insoumis et ceux qui savent ; il n'aime que les dociles et les ignorants. C'est la condition première et sublime de la foi. [...] Je ne comprends pas donc je crois.


Pourquoi la femme a t-elle voulu venir sur terre ? nous sommes déjà si nombreux !


Dès que vous êtes d'accord avec autrui, vous pouvez postuler le malentendu et dès que vous êtes d'accord avec vous-mêmes, c'est déjà le calme des cimetieres.


L'obligation d'amour est une violence inouïe faite à votre dignité et votre liberté de pensée : connaissez-vous quelque chose de plus totalitaire que l'injonction "aimez-vous les uns les autres" ? Et quoi de plus abjecte que ceux de gauche qui servent cet impératif par la loi ?


Il est infiniment plus efficace de déplaire que de plaire . Il est infiniment plus agréable d'être haï que d'être aimé ! La haine contracte et rassemble l'être , l'amour le dilue . On se perd en amour , on se retrouve en haïssant


La générosité, la douceur, la compassion ou le don sont des armes : tout ce qui désarme est une arme !


Je n'aime par le désordre de Socrate quand on ne s'assure pas si tels les juifs, on sait qui fait pousser les arbres.


Je ne sais pas si les dieux existent mais je sais que s'ils existent, ils ne se soucient pas des hommes.


Quand tu auras désappris à espérer, je t'apprendrais à vouloir. Sans la volonté, rien n'advient !


La parole qui informe s'épuise dans ce qu'elle dit ; la mètis vaut par ce qu'elle fait naître chez autrui, quand l'autre se prolonge dans ma parole.


Nous avons vu que l'éloquence est une appropriation de l'esprit de l'autre ; c'est une force violente, irrespectueuse, immorale et mensongère. Que reste t'il ? la préoccupation de faire triompher une vision ; le bonheur de savoir qu'on le peut en terrassant son adversaire, en tuant la pensée de l'autre et en le laissant mort à son idée.


Le silence qui suit Mozart, c'est encore de la musique.


L'art de parler, c'est l'art d'être ailleurs le plus tôt possible.


Dieu est de droite, Jésus est manifestement de gauche.


Je ne suis pas convaincu que l'image fasse comprendre. Barthes disait : "un jour, l'image aura le dernier mot". Et, nous vivons ces temps tragiques où l'on exprime que par image, que l'on comprend que par image et qu'à vrai dire vous devez, par rapport à un public qui est formaté pour le visuel, pour le sensoriel, mais qui a fait tout abandon de l'esprit critique, vous devez viser l'émotion, le cœur et tout ce qu'il y a de poisseux dans l'homme. Vous en faites un métier.


Si le sexisme est un mépris ou une condescendance, je suis dans l'exaltation de la palette infinie des femmes.


Ce qui nous fait basculer souvent, de la normalité, de l'intégrité au crime, c'est le regard de l'autre, voire la représentation qu'on se fait du regard de l'autre.
  • Peut-on défendre l'indéfendable ?, 2019, Université de Fribourg, dans Youtube, Marc Bonnant.


Pratiquez l'intelligence comme un art supérieur du doute. L'intelligence doit perpétuellement suspendre son jugement. (…) Et lorsque l'intelligence s’arrête, alors nous basculons dans la conviction. La conviction est le point d’arrêt de l'intelligence.
  • Peut-on défendre l'indéfendable ?, 2019, Université de Fribourg, dans Youtube, Marc Bonnant.