Max Jacob

poète, romancier, essayiste, épistolier et peintre français
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Max Jacob est un poète, romancier, essayiste, épistolier et peintre français, né le 12 juillet 1876 à Quimper, mort le 5 mars 1944, alors qu'il était emprisonné au camp de Drancy (Seine-Saint-Denis).

Max Jacob

Ballades, 1938

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Sous les ormeaux plus vieux que mon père et que mon grand'père, sous les ormeaux du Mont Frugy d'Odet. Sous les marronniers des bords d'Odet où je suis né, j'ai vu passé le petit paysan malade. Oh ! ne me regarde pas comme si j'allais mourir car tu es moi-même et je te connais. L'enfant ! L'enfant vient-il du ciel ou de l'enfer ? Souris, je te connaîtrai par ton sourire.


Il fait, tous les jours, un peu plus sombre : et c'est maintenant comme une glissade. Se laisser aller à mourir sur la glissade. Après, cela continue mais on ne sait plus. Seulement une vague appréhension comme d'un tunnel et l'accident. l'accident vous culbute, on est arrivé, on est arrêté par un bras méchant qui vous arrache.


Oh ! tristesse de la nature ici ! les arbres dépérissent et ce n'est ni l'hiver, ni l'automne : feuilles jaunes et fleurs bien malades. L'hôtellerie a bonne apparence et ne donne pas à manger, pourtant les voyageurs sont nombreux. Tous ces voyageurs ont plus d'habitude que de foi. Le véhicule a bel aspect, hélas, il nous mène où conduisent la tiédeur et l'accoutumance.
  • Route de l'enfer


Et puisqu'il faut bien qu'on lise

Vingt volumes dont le tien
(J'y tiens)
Il y a Sœur Emmerich,
Rainer Maria Rilke,
Féeries, Alcools, Cocteau,
L'astrologie D'Ely Star
(C'est mon fort et c'est mon fard)
Villon, la Bible et Rimbaud,
Tes vers ne sont pas moins beaux.
Viens me voir, poète et passant,
Pour qu'on pleure en s'embrassant.


Le Cornet à dés (1945)

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LA GUERRE
Les boulevards extérieurs, la nuit, sont pleins de neige; les bandits sont des soldats; on m'attaque avec des rires et des sabres, on me dépouille : je me sauve pour retomber dans un autre carré. Est-ce une cour de caserne, ou celle d'une auberge ? que de sabres! que de lanciers! il neige! on me pique avec une seringue : c'est un poison pour me tuer; une tête de squelette voilée de crêpe me mord le doigt. De vagues réverbères jettent sur la neige la lumière de ma mort.
  • (fr) Le Cornet à dés, Max Jacob, éd. Gallimard, coll. « Poésie », 1967, Première partie, p. 29


Je me déclare mondial, ovipare, girafe, altéré, sinophobe et hémisphérique. Je m'abreuve aux sources de l'atmosphère qui rit concentriquement et pète de mon incertitude.
  • « Le coq et la perle », extrait.
  • (fr) Le Cornet à dés, Max Jacob, éd. Gallimard, coll. « Poésie », 1967, Première partie, p. 54


Ses bras blancs devinrent tout mon horizon.
  • « Le coq et la perle », extrait.
  • (fr) Le Cornet à dés, Max Jacob, éd. Gallimard, coll. « Poésie », 1967, Première partie, p. 55


Brouillard, étoile d'araignée
  • « Le coq et la perle », extrait.
  • (fr) Le Cornet à dés, Max Jacob, éd. Gallimard, coll. « Poésie », 1967, Première partie, p. 61


Sur la Seine, les trombes d'eau montaient aussi haut que les tours : je suis perdu dans le labyrinthe d'une écluse et d'un pont.
  • « Le coq et la perle », extrait.
  • (fr) Le Cornet à dés, Max Jacob, éd. Gallimard, coll. « Poésie », 1967, Première partie, p. 62


La fumée dont les courbes se poursuivent sur la tenture de soie bleue frappée de roses en velours grenat, c'est le chat qui passe, cette fumée.
  • « Le coq et la perle », extrait.
  • (fr) Le Cornet à dés, Max Jacob, éd. Gallimard, coll. « Poésie », 1967, Première partie, p. 67


FANTOMAS
Sur le marteau de la porte en argent bruni, sali par le temps, sali par la poussière du temps, une espèce de Bouddha ciselé au front trop haut, aux oreilles pendantes, aux allures de marin ou de gorille : c'était Fantomas. Il tirait sur deux cordes pour faire venir là-haut je ne sais quoi. Son pied glisse; la vie en dépend; il faut atteindre la pomme d'appel, la pomme en caoutchouc avant le rat qui va la trouer. Or, tout cela n'est que de l'argent ciselé pour un marteau de porte.
  • (fr) Le Cornet à dés, Max Jacob, éd. Gallimard, coll. « Poésie », 1967, Première partie, p. 98


LE CENTAURE
Oui! j'ai rencontré le Centaure! c'était sur une route de Bretagne : les arbres ronds étaient disséminés sur les talus. Il est couleur café au lait; il a les yeux concupiscents et sa croupe est plutôt la queue d'un serpent que le corps d'un cheval. J'étais trop défaillant pour lui parler et ma famille nous regardait de loin, plus effrayée que moi. Soleil! que de mystères tu éclaires autour de toi.
  • (fr) Le Cornet à dés, Max Jacob, éd. Gallimard, coll. « Poésie », 1967, Seconde partie, p. 160


 
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