Nicolas de Condorcet
philosophe, mathématicien et homme politique français
Marie Jean Antoine Nicolas de Caritat, marquis de Condorcet, né le 17 septembre 1743 à Ribemont et mort le 29 mars 1794 à Bourg-la-Reine, est un philosophe, mathématicien et politologue français.
Citations
modifierSur l'instruction publique, 1791-1792
modifierLe but de l'instruction n'est pas de faire admirer aux hommes une législation toute faite, mais de les rendre capables de l'apprécier et de la corriger. Il ne s'agit pas de soumettre chaque génération aux opinions comme à la volonté de celle qui la précède, mais de les éclairer de plus en plus, afin que chacun devienne de plus en plus digne de se gouverner par sa propre raison.
- « Sur l'instruction publique » (1791-1792), dans Œuvres, Nicolas de Condorcet, éd. Firmin-Didot, 1847, t. 7, Second mémoire (« De l'instruction commune pour les enfants »), p. 212 (voir la fiche de référence de l'œuvre)
Sur l'instruction publique, 1791-1792
modifierUn peuple éclairé confie ses intérêts à des hommes instruits, mais un peuple ignorant devient nécessairement la dupe des fourbes qui, soit qu’ils le flattent, soit qu’ils l’oppriment, le rendent l’instrument de leurs projets et la victime de leurs intérêts personnels.
- « De la nécessité de l'instruction publique » (1791-1792), dans Œuvres, Nicolas de Condorcet, éd. Firmin-Didot, 1847, t. 7, Cinquième mémoire (« Sur l’instruction relative aux sciences »), p. 439 (voir la fiche de référence de l'œuvre)
Esquisse d'un tableau historique des progrès de l'esprit humain, 1794
modifierJ'exposerai comment la religion de Mahomet, la plus simple dans ses dogmes, la moins absurde dans ses pratiques, la plus tolérante dans ses principes, semble condamner à un esclavage éternel, à une incurable stupidité, toute cette vaste portion de la terre où elle a étendu son empire; tandis que nous allons voir briller le génie des sciences et de la liberté sous les superstitions les plus absurdes, au milieu de la plus barbare intolérance. La Chine nous offre le même phénomène, quoique les effets de ce poison abrutissant y aient été moins funestes.
- Esquisse d'un tableau historique des progrès de l'esprit humain (1794), Nicolas de Condorcet, éd. Masson, 1822, p. 132
Il arrivera, donc, ce moment où le soleil n’éclairera plus, sur la terre, que des hommes libres, et ne reconnaissant d’autre maître que leur raison.
- Esquisse d'un tableau historique des progrès de l'esprit humain, Nicolas de Condorcet, éd. Agasse, 1794, p. 338
Citations rapportées
modifierLes droits des hommes résultent uniquement de ce qu'ils sont des êtres sensibles susceptibles d'acquérir des idées morales et de raisonner sur ces idées. Ainsi les femmes, ayant ces mêmes qualités, ont nécessairement des droits égaux. Ou aucun individu de l'espèce humaine n'a de véritables droits ou tous ont les mêmes.
- (fr) Le Mètre du monde, Denis Guedj, éd. Points, 2003 (ISBN 2-02-049989-4), chap. 1 (« Deux poids, deux mesures... »), p. 23 (voir la fiche de référence de l'œuvre)
Toute société qui n'est pas éclairée par les philosophes, est trompée par les charlatans.
- (fr) Le Mètre du monde, Denis Guedj, éd. Points, 2003 (ISBN 2-02-049989-4), chap. 10 (« Destitués ! »), p. 163 (voir la fiche de référence de l'œuvre)
Tous les partis qui se sépareront du peuple finiront par se perdre et peut-être le perdre avec eux.
- (fr) Le Mètre du monde, Denis Guedj, éd. Points, 2003 (ISBN 2-02-049989-4), chap. 10 (« Destitués ! »), p. 165 (voir la fiche de référence de l'œuvre)
Robespierre est un prêtre, et il ne sera que cela.
- L'Esprit des Lumières, Tzvetan Todorov, éd. Robert Laffont, 23 février 2006 (ISBN 2-221-10666-0), chap. 4 (« Laïcité »), p. 64 (voir la fiche de référence de l'œuvre)
Citations sur Condorcet
modifierCondorcet, il est vrai, ne dit que des choses communes ; mais il a l’air de ne les dire qu’après y avoir bien pensé, et c’est là ce qui le distingue.
- Pensées (~1780-1824), Joseph Joubert, éd. Librairie Vve Le Normant, 1850, t. 2, p. 198 (texte intégral sur Wikisource)
Condorcet se situe dans le même courant [que Diderot] pour plaider en faveur de l'accès des femmes au droit de cité au nom de la sensibilité, qualité commune aux deux sexes : « Les droits des hommes résultent uniquement de ce qu'ils sont des êtres sensibles, susceptibles d'acquérir des idées nouvelles et de raisonner sur ces idées. Ainsi les femmes ayant les mêmes qualités, ont nécessairement des droits égaux. » La sensibilité est donc une valeur essentielle aux Lumières en ce qu'elle permet de définir un terrain de rencontre et d'identité commune aux deux sexes. En se réclamant de la déesse Raison, les révolutionnaires de 1793 rompirent avec cet héritage. Remplaçant la sensibilité par le sentiment, ils réinscriront la différence des sexes dans la nature et la domination du citoyen sur la citoyenne dans la sphère du droit privé.
- Les Relations amoureuses entre les femmes (1995), Marie-Jo Bonnet, éd. Odile Jacob, coll. « Poches », 1981, partie 2. Des mystères de la nature à ceux de Lesbos (XVIIIè siècle), chap. I Lumières... sur la passion du semblable, Introduction, p. 138