Perversion narcissique

Trouble de comportement reposant sur un égocentrisme destructeur pour l'entourage

La perversion narcissique est une forme de perversion décrite initialement par le psychanalyste Paul-Claude Racamier, dans laquelle le sujet agirait comme un prédateur en substituant le besoin d'être obéi au désir d'être aimé, et qui, pour l'obtenir, pourrait aller jusqu'à détruire l'identité de sa proie par la manipulation mentale ou le harcèlement moral.

Presse modifier

Il n'y a rien à attendre de la fréquentation des pervers narcissiques, on peut seulement espérer s'en sortir indemne.
  • « Les prédateurs moraux : identification du pervers narcissique », Paul-Henri Moinet, Le nouvel économiste, nº 1634, du 18 au 24 octobre 2012, p. 12


Un "prédateur moral" affirme de façon péremptoire et distille des fausses nouvelles au premier venu, des pseudo-secrets qu'il enjoint aussitôt de ne pas répéter pour qu'on s'empresse de le faire [...] Prolongeant la mégalomanie infantile, c'est un adulte qui veut ne rien devoir à personne. Se vivant comme infaillible, il ne s'excuse jamais et ne remercie jamais.
  • « Les prédateurs moraux : identification du pervers narcissique », Paul-Henri Moinet, Le nouvel économiste, nº 1634, du 18 au 24 octobre 2012, p. 12


Manfred F.R. Kets de Vries estime que 3.9% des cadres sont des "psychopathes légers", dont la mentalité s'adapte très bien aux grandes entreprises [...] Pour le psychiatre Dominique Barbier, les pervers narcissiques représenteraient au moins 10% de la population.
  • « Les pervers narcissiques », Vincent Olivier, L'Express, 20 mars 2013, p. 96 et 97


Psychanalyse et Psychologie modifier

Paul-Claude Racamier, Les Schizophrènes, 1980 modifier

Les paradoxes des schizophrènes

On s'attachera dans ce rapport à montrer que la schizophrénie s'organise de manière aléatoire le long du trajet qui va de la psychose aiguë à la perversion narcissique.
  • Les Schizophrènes (1980), Paul-Claude Racamier, éd. Payot & Rivages, coll. « Petite bibliothèque Payot », 2001  (ISBN 978-2-228-89427-2), partie Les paradoxes des schizophrènes, chap. 2. De plusieurs constantes psychotiques, Où l'on oppose l'anticonflictualité des schizophrènes à l'intraconflictualité des névroses, p. 66


Alberto Eiguer, Le Pervers narcissique et son complice, 1989 modifier

Le Champ de la perversion narcissique

Le narcissisme positif de l'autre est mis sans arrêt en danger, faussé et disqualifié par le pervers narcissique.
  • Le pervers narcissique et son complice, Alberto Eiguer, éd. Dunot, coll. « Psychismes », 1989  (ISBN 2 10 002843 X), partie I. Le Champ de la perversion narcissique, chap. Définition et description générale, p. 4


Marqué par un narcissisme pathologique, qui le pousse à l' acting out pervers, le pervers narcissique peut « ignorer » son objet. Il peut aussi se sentir envieux de la vitalité, de la pensée autonome, de l'intensité émotionnelle et de la créativité qu'il constate chez son complice, ce qui exacerbe sa possessivité et le conduit à se lancer « à la conquête du territoire psychique de l'autre » [...]. Ce fonctionnement n'est pas rare chez les patients narcissiques qui, dans des situations d'instabilité, vont se sentir poussés à agir ainsi, afin de retrouver l'équilibre que leur soi exige.
  • Le pervers narcissique et son complice, Alberto Eiguer, éd. Dunot, coll. « Psychismes », 1989  (ISBN 2 10 002843 X), partie I. Le Champ de la perversion narcissique, chap. Définition et description générale, p. 5


P.-C. Racamier (1978) avance que le pervers narcissique est au fond un psychotique sans symptômes et que c'est de la pression de sa psychose latente désorganisatrice qu'il cherche à se débarrasser par l' acting out. La décharge, sur quelqu'un d'autre, de sa psychose (délégation) lui permet de rester « équilibré ». Il est question de « déprédation morale » (P.-C. Racamier, 1987).
  • Le pervers narcissique et son complice, Alberto Eiguer, éd. Dunot, coll. « Psychismes », 1989  (ISBN 2 10 002843 X), partie I. Le Champ de la perversion narcissique, chap. Définition et description générale, p. 5


Les « pervers de caractère » sont peu supportés par l'entourage, leur besoin de nier la réalité de l'autre est trop grande : ils réclament fébrilement des gages immédiats et une reconnaissance totale ; ce que le pervers narcissique demande aussi, mais celui-ci sait attendre, puis « organiser » une stratégie relationnelle, qui viendrait confirmer ses fantasmes.
  • Le pervers narcissique et son complice, Alberto Eiguer, éd. Dunot, coll. « Psychismes », 1989  (ISBN 2 10 002843 X), partie I. Le Champ de la perversion narcissique, chap. Définition et description générale, Différences avec le sadisme, p. 9


Si le pervers de caractère utilise un discours revendicatif irritant, le pervers narcissique sait créer un élan positif envers lui, en prenant soin de se présenter en victime, sans le dire, sans culpabiliser à la lumière du jour. Il suscite parfois un éveil surmoïque chez l'autre, qui sera pris de regrets ou même de peur, mais cela se passe à bas bruit et même d'une manière totalement inconsciente pour lui.
  • Le pervers narcissique et son complice, Alberto Eiguer, éd. Dunot, coll. « Psychismes », 1989  (ISBN 2 10 002843 X), partie I. Le Champ de la perversion narcissique, chap. Définition et description générale, Différences avec le sadisme, p. 9


Le farceur et le mystificateur, des caractères plus proches du pervers-narcissique, présentent trois traits spécifiques.
1. « Besoin d'inspirer de la panique ou de l'angoisse chez les autres. »
2. « Gratification agressive et sentiment de pouvoir qui naissent de la réalisation de la mystification. »
3. « Plaisir de révéler la mystification. »
Autrement dit, leur plaisir est double devant l'humiliation de la victime, une première fois en la trompant, une deuxième fois en lui signalant son erreur. Ils ont une très forte tendance au jeu, à créer un scénario fantasmatique dans lequel l'angoisse de castration est momentanément soulagée, du fait de son apparition chez quelqu'un d'autre.

  • Le pervers narcissique et son complice, Alberto Eiguer, éd. Dunot, coll. « Psychismes », 1989  (ISBN 2 10 002843 X), partie I. Le Champ de la perversion narcissique, chap. Définition et description générale, Différences avec le sadisme, p. 9


J. Mc Dougall (1972) souligne que, anesthésié affectivement, le pervers fait tout pour provoquer et développer la jouissance chez son objet, et ceci jusqu'au paroxysme. En revanche, on observe plutôt chez le pervers narcissique une recherche désespérée pour éloigner le danger de la perte de son intégrité narcissique. Il en attend bien davantage un soulagement que le triomphe recherché par la plupart des pervers. Si le pervers narcissique déclenche des émotions, des désirs ou des fantasmes, ils sont rarement voluptueux.
  • Le pervers narcissique et son complice, Alberto Eiguer, éd. Dunot, coll. « Psychismes », 1989  (ISBN 2 10 002843 X), partie I. Le Champ de la perversion narcissique, chap. Définition et description générale, Différences avec le sadisme, p. 11


Le type privilégié de passage à l'acte du pervers narcissique est l'induction : le sujet provoque des sentiments, des actes, des réactions ou, au contraire, il les inhibe.
  • Le pervers narcissique et son complice, Alberto Eiguer, éd. Dunot, coll. « Psychismes », 1989  (ISBN 2 10 002843 X), partie I. Le Champ de la perversion narcissique, chap. Définition et description générale, L'induction narcissique, p. 14


Le pervers narcissique essaie de maîtriser la relation à l'autre, en maintenant par divers procédés un état de dépendance réciproque. Pour cela, il utilise différents messages qui varient selon le cas et les circonstances. Un de ces messages est celui de la définition des intentions de l'autre ou la désignation d'un désir.
  • Le pervers narcissique et son complice, Alberto Eiguer, éd. Dunot, coll. « Psychismes », 1989  (ISBN 2 10 002843 X), partie I. Le Champ de la perversion narcissique, chap. Définition et description générale, L'induction narcissique, p. 14


[Le pervers narcissique] communique par allusions, sans se compromettre. Il peut penser, par exemple, qu'un ami vient le voir pour lui emprunter de l'argent. Devant cet ami, il adopte alors une attitude intermédiaire entre la confiance et la suspicion, parlant de ses dettes à lui, de ceux qui demandent de l'argent et ne le rendent jamais, ou de la société qui va à sa décomposition, parce qu'on ne peut plus se fier à personne. Il va étaler des arguments qui font preuve d'ardeur, de connaissance, de certitude, au point d'être très convaincant. L'autre — qui n'avait aucune intention de demander de l'argent — va éventuellement se sentir mal à l'aise sans savoir exactement pourquoi. Il peut se promettre de ne jamais demander du crédit, douter de sa propre honnêteté ou se sentir déjà irrémédiablement décadent. Sans le vouloir, il rentre dans le jeu, dans la définition du désir telle que la veut le pervers narcissique.
  • Le pervers narcissique et son complice, Alberto Eiguer, éd. Dunot, coll. « Psychismes », 1989  (ISBN 2 10 002843 X), partie I. Le Champ de la perversion narcissique, chap. Définition et description générale, L'induction narcissique, p. 15


Dans le chapitre VI du rapport « Les paradoxes des schizophrènes », P.-C. Racamier (1978) conclut par cette phrase (qui est tout un programme) : « Nous nous sommes déjà demandé de quelle perversion la psychose schizophrénique est l'envers, sans doute pouvons-nous désormais répondre à cette question, ancienne comme les premières découvertes de S. Freud : la schizophrénie est l'envers d'une perversion narcissique. »
  • Le pervers narcissique et son complice, Alberto Eiguer, éd. Dunot, coll. « Psychismes », 1989  (ISBN 2 10 002843 X), partie I. Le Champ de la perversion narcissique, chap. Définition et description générale, Séduction narcissique, p. 26


Applications à la psychopathologie

Les rapports entre psychose et perversion narcissique sont étroits. P.-C. Racamier (1978) a insisté sur la présence de pervers narcissiques parmi les proches du psychotique ; nous lui devons également la formule de la perversion narcissique comme revers de la schizophrénie : cette perversion narcissique serait celle d'un autre, de la mère du patient le plus fréquemment.
Cependant le psychotique même agit souvent sur le mode pervers, à la sortie de l'épisode critique notamment.

  • Le pervers narcissique et son complice, Alberto Eiguer, éd. Dunot, coll. « Psychismes », 1989  (ISBN 2 10 002843 X), partie II. Applications à la psychopathologie, chap. Psychose et perversion narcissique, Emprise régressive et emprise fonctionnelle, p. 83


Paul-Claude Racamier, Pensée perverse et décervelage, 1992 modifier

Sources et trajets

Le mouvement pervers narcissique se définit essentiellement comme une façon organisée de se défendre de toute douleur et contradiction internes et de les expulser pour les faire couver ailleurs, tout en se survalorisant, tout cela aux dépens d’autrui.
  • Pensée perverse et décervelage, 1992, Sources et trajets Définition, dans [1], paru Trait pour trait Mouvement de travail et de recherche autour de la psychanalyse, Paul-Claude Racamier.


Mouvement pervers narcissique

La perversion narcissique s’organise : elle sera ce qui empoisonne les autres, sans du tout incommoder celle ou celui qui l’exerce.
Une double opération sera donc menée à bien, qui consiste :
— à expulser hors de soi les conflits ou leurs traces et les douleurs ou les peines, sur le dos et dans la tête des autres, à charge pour eux de les héberger et de les agir ;
— à augmenter la valeur narcissique propre au détriment de l’autre, employé comme ustensile et comme faire-valoir.

  • Pensée perverse et décervelage, 1992, Mouvement pervers narcissique Plaisir manipulatoire, et faire-valoir narcissique, dans [2], paru Trait pour trait Mouvement de travail et de recherche autour de la psychanalyse, Paul-Claude Racamier.


Je parle au singulier. Il faudrait parler au pluriel. C’est que la perversion narcissique est loin d’être une affaire individuelle : c’est une affaire collective, et à partir du moment où les espaces psychiques sont transgressés, nous savons que tous les débordements sont possibles.
Pareillement, le mouvement pervers est loin d’être une affaire intrapsychique. C’est une affaire hautement interactive. Car il est tellement, ce mouvement, tourné vers autrui, qu’il ne cesse de s’en servir.

  • Pensée perverse et décervelage, 1992, Mouvement pervers narcissique Plaisir manipulatoire, et faire-valoir narcissique, dans [3], paru Trait pour trait Mouvement de travail et de recherche autour de la psychanalyse, Paul-Claude Racamier.


Son procédé majeur, son arme, devrais-je dire, c’est la disjonction. Il s’agit de disjoindre les personnes, les informations, les pensées : il s’agit toujours de rompre des liens.
La perversion narcissique constitue sans aucun doute le plus grand danger qui soit dans les familles, les groupes, les institutions et les sociétés. Rompre les liens, c’est attaquer l’amour objectal et c’est attaquer l’intelligence même : la peste n’a pas fait pis.

  • Pensée perverse et décervelage, 1992, Mouvement pervers narcissique Question d’immunité, question de liaison, dans [4], paru Trait pour trait Mouvement de travail et de recherche autour de la psychanalyse, Paul-Claude Racamier.


Noyaux pervers

A moins d’être complices, les victimes de la perversion narcissique sont à plaindre et plus encore à protéger. Les plus exposés au danger, ce sont les schizophrènes [...]. Les schizophrènes, incertains comme ils le sont de leur propre moi, narcissiquement béants, prêts à tout pour plaire et prompts à périr de faux-semblants, sont les proies préférées du narcissisme pervers.
  • Pensée perverse et décervelage, 1992, Noyaux pervers Objet de pervers, dans [5], paru Trait pour trait Mouvement de travail et de recherche autour de la psychanalyse, Paul-Claude Racamier.


Gérard Pirlot/Jean-Louis Pedinielli, Les Perversions sexuelles et narcissiques, 2005 modifier

Introduction

Pour le psychopathologue, le terme « perversion » recouvre à la fois un type d'acte, une conduite sexuelle (perversion sexuelle), un caractère pathologique, un mode de relation à l'autre teinté de manipulation. Par extension, le terme « perversion » peut concerner aussi des sujets qui n'ont pas de comportements sexuels inhabituels, mais un mode de jouissance reposant sur la souffrance, l'humiliation, l'instrumentation de l'autre : registre de la perversion « morale » ou « narcissique » qui procéderait d'un noyau commun à toutes les perversions. Ce sont alors la domination et la disqualification du moi d'autrui qui sont cherchées.


Perversions narcissiques

Si les perversions sexuelles visent à « détourner », à des fins de jouissance, les pratiques sexuelles, les perversions narcissiques opèrent, dans une société à dominante narcissique (Lipovetski, Ehrenberg), des détournements visant l'identité et la personnalité de l'autre.
  • Les Perversions sexuelles et narcissiques, Gérard Pirlot/Jean-Louis Pedinielli, éd. Armand Colin, coll. « 128 Psychologie », 2005  (ISBN 2-200-34042-7), partie IV. Perversions narcissiques, chap. 1. Pourquoi l'extension du terme ?, p. 101


Les termes « perversion » et « perversité » portent à confusion. Si la perversion renvoie, en clinique, à des conduites agies, la perversité a trait à un contenu moral, comme la cruauté d'un sujet, son plaisir à faire, consciemment, du mal à autrui. Ainsi la perversité est associée à la perfidie, à la malignité, autant d'attitudes qui impliquent une dimension de profit narcissique et évoquent tant la perversion sexuelle que la perversion narcissique.
  • Les Perversions sexuelles et narcissiques, Gérard Pirlot/Jean-Louis Pedinielli, éd. Armand Colin, coll. « 128 Psychologie », 2005  (ISBN 2-200-34042-7), partie IV. Perversions narcissiques, chap. 1. Pourquoi l'extension du terme ?, 1.2 Perversion/perversité ; séduction sexuelle/narcissique, p. 102


« Dérive » manipulatoire de la séduction narcissique, la perversion narcissique appartient à un registre plus public (familial, social) que la perversion sexuelle, d'ordre plus privé. Les manœuvres semant la confusion dans l'esprit de l'autre relèvent d'un registre de disqualification des sensations, des émotions ou des pensées de l'autre, victime de la séduction perverse qui « l'enferme » dans la toute-puissance du pervers. Chez la victime, cette disqualification des émotions et de la pensée crée une « dé-fantasmatisation », une « désymbolisation » et détruit les différences entre les registres psychiques, créant une confusion sur laquelle « joue » le pervers narcissique.
Ces disqualifications apparaissent volontiers dans le champ de la communication, de l'omission de qualification (une mère se plaint que son enfant ne fait pas de sport, s'il en fait, elle dit alors qu'il ferait mieux de faire de la musique), de la surestimation narcissique mensongère de l'objet (flatterie) qui a pour but de contrôler celui-ci... Un autre procédé est l' induction (Eiguer, 1996) : la victime se laisse abuser, parce qu'elle peut se trouver dans une situation de faiblesse, de fragilité. Le pervers le perçoit et va alors faire éprouver à la victime des sentiments inhabituels pour elle mais qui appartiennent au sujet pervers. Utilisant l'identification projective, il délègue et dépose dans l'autre des affects et des idées dont il souhaite se débarrasser. Pousser la victime parfois jusqu'à la faute pour ensuite la critiquer et la mettre à sa merci, tel est le but pervers du « détournement » de toute relation.

  • Les Perversions sexuelles et narcissiques, Gérard Pirlot/Jean-Louis Pedinielli, éd. Armand Colin, coll. « 128 Psychologie », 2005  (ISBN 2-200-34042-7), partie IV. Perversions narcissiques, chap. 1. Pourquoi l'extension du terme ?, 1.4 Perversion narcissique a) Pathologie de l'agir de parole, p. 105


Alberto Eiguer, Psychanalyse du libertin, 2010 modifier

Libertinage et prédation

Force nous est de constater que lorsqu'un libertin ne cherche plus son plaisir mais vise à imposer sa suprématie, il est devenu un pervers-narcissique. Il a abandonné le terrain du libertinage. Si en plus sa stratégie s'oriente vers l'emprisonnement d'autrui, il fonctionne déjà en prédateur.
  • Psychanalyse du libertin, Alberto Eiguer, éd. Dunot, coll. « Psychismes », 2010  (ISBN 978-2-10-054958-0), partie II. Libertinage et prédation, chap. Qui sont les prédateurs sexuels ?, Par où passe le danger ?, p. 116


Racamier observe (1992) que l'attitude de prédation morale est liée au fait que les pervers-narcissiques disposent d'une pensée limitée et qu'il leur faut agir [...]. « D'où le besoin d'incessantes confirmations [...]. »
  • Psychanalyse du libertin, Alberto Eiguer, éd. Dunot, coll. « Psychismes », 2010  (ISBN 978-2-10-054958-0), partie II. Libertinage et prédation, chap. Psychopathologie du prédateur et de sa famille, La naissance du concept de prédation morale, p. 119


Deux impératifs sont absolument nécessaires au pervers-narcissique : n'être jamais inférieur ; n'être jamais dépendant. L'autre n'est que proie ou pigeon.
  • Psychanalyse du libertin, Alberto Eiguer, éd. Dunot, coll. « Psychismes », 2010  (ISBN 978-2-10-054958-0), partie II. Libertinage et prédation, chap. Psychopathologie du prédateur et de sa famille, La naissance du concept de prédation morale, p. 120


Dans les familles, la dépendance et la vulnérabilité sont « naturelles » ; l'adulte en tire profit. Il est question que la victime sente sa dépendance et l'exagère si nécessaire. La vulnérabilité serait soulignée en « rappelant » qu'elle existe depuis « toujours ». Le pervers-narcissique n'aime pas prononcer le mot traumatisme, car celui-ci suppose une circonstance, le hasard de rencontres fortuites. Il faut que toute expérience de vie apparaisse difficile pour la victime car pour elle, c'est dans sa nature de se trouver fragile.
Une autre vulnérabilité y est rattachée : sa dépendance du regard social ; la victime a une estime de soi en quête de complétude et de confirmation. Le pervers fera le nécessaire pour faire croire que sa compagnie est la meilleure garantie pour renforcer son moi.

  • Psychanalyse du libertin, Alberto Eiguer, éd. Dunot, coll. « Psychismes », 2010  (ISBN 978-2-10-054958-0), partie II. Libertinage et prédation, chap. Psychopathologie du prédateur et de sa famille, La naissance du concept de prédation morale, p. 122


La pervers-narcissique recycle le fond paranoïque en l'adaptant : sa rigidité, sa capacité à trouver un alibi logique à toute remise en doute, son enchaînement déductif, son acharnement à défendre les positions égotiques contre vents et marées.
  • Psychanalyse du libertin, Alberto Eiguer, éd. Dunot, coll. « Psychismes », 2010  (ISBN 978-2-10-054958-0), partie II. Libertinage et prédation, chap. Psychopathologie du prédateur et de sa famille, La naissance du concept de prédation morale, p. 123


Pour le pervers-narcissique, expulser son angoisse n'est pas aussi impératif que pour le paranoïque ; c'est une forme de communication au service de son plan de susciter le désespoir chez la victime : l'annonce des calamités à venir devant lesquelles on «se sentirait bien plus démuni qu'on ne le pense » (Eiguer, 1995). Ainsi, la victime s'accrochera-t-elle davantage de son « mentor ».
  • Psychanalyse du libertin, Alberto Eiguer, éd. Dunot, coll. « Psychismes », 2010  (ISBN 978-2-10-054958-0), partie II. Libertinage et prédation, chap. Psychopathologie du prédateur et de sa famille, La naissance du concept de prédation morale, p. 123


Le pervers-narcissique attire sa proie vers soi et la détourne de toute voie qui la conduise vers l'objectalité « et les angoisses et les désirs qui s'y attachent » (Racamier, 1992).
  • Psychanalyse du libertin, Alberto Eiguer, éd. Dunot, coll. « Psychismes », 2010  (ISBN 978-2-10-054958-0), partie II. Libertinage et prédation, chap. Psychopathologie du prédateur et de sa famille, La naissance du concept de prédation morale, p. 123


Pour un pervers-narcissique, humilier autrui est en accord avec son besoin de se trouver quelqu'un qui soit persuadé de valoir « moins que lui ». Il parvient ainsi à sentir sa supériorité. Dans les termes du sadisme, l'humiliation nourrit une jouissance.
  • Psychanalyse du libertin, Alberto Eiguer, éd. Dunot, coll. « Psychismes », 2010  (ISBN 978-2-10-054958-0), partie II. Libertinage et prédation, chap. Invitation à la débauche, Cruautés, p. 139