Pierre Garcia-Fons

peintre et sculpteur catalan

Pierre Garcia-Fons né à Badalone le 29 juillet 1928 et décédé le 30 juillet 2016, à Paris, est un artiste peintre français d'origine catalane.

Citations propres à l'auteur modifier

Écrits en marge de ma pratique picturale modifier

  • 30 juin 1967 :
    Dans les années 1962-65, je digérais mal une certaine réussite, j'éprouvais une sorte de refus, un malaise. [...] Et je me prends à regretter cette "réussite-là", qu'il fallait savoir exploiter pour l'infléchir en temps voulu dans le sens de mes aspirations.
  • Catalogue Exposition rétrospective Garcia-Fons 1946-2006, Couvent des Minimes Perpignan, Marie Costa et Eric Forcada, éd. Ville de Perpignan, 2006, p. 61


  • 8 juillet 1967 :
    Cette question de ne pas être d'avant-garde, j'ai beau me dire que c'est un faux problème, le malaise quand je persiste à penser que je suis, par rapport à une certaine histoire de la peinture officielle ou pas, en tous cas admise, décidée, véhiculée par les divers pouvoirs culturels, sur une voie de garage, peut-être catalogué, en compagnie de la cohorte de 'faiseurs de tableaux de consommation bien digérés", destinés à un public "non éclairé", tous pris en bloc sans trop y regarder de près, gêneurs, rebuts de l'histoire. Hop ! à la poubelle.
  • Catalogue Exposition rétrospective Garcia-Fons 1946-2006, Couvent des Minimes Perpignan, Marie Costa et Eric Forcada, éd. Ville de Perpignan, 2006, p. 61


  • 26 octobre 1967 :
    Il arrive que je m'effondre... mais pour peu de temps.
  • Catalogue Exposition rétrospective Garcia-Fons 1946-2006, Couvent des Minimes Perpignan, Marie Costa et Eric Forcada, éd. Ville de Perpignan, 2006, p. 61


  • 27 octobre 1967 :
    Oui, c'est une époque où pour "réussir", il faut adapter un truc et s'y tenir. Pas étonnant que je sois dans une position inconfortable. Je vais d'une technique à l'autre, d'un sujet à l'autre, selon l'humeur. Mais je crois percevoir des caractéristiques qui apparaissent inconsciemment, et ce sur quoi je compte.
  • Catalogue Exposition rétrospective Garcia-Fons 1946-2006, Couvent des Minimes Perpignan, Marie Costa et Eric Forcada, éd. Ville de Perpignan, 2006, p. 61


  • 10 janvier 1968 :
    L'époque se caractérise par une folle course en avant. Au risque de paraître réactionnaire, passéiste, je sens qu'il faut freiner. Travailler tranquillement sans rejeter à priori ce qui est nouveau, ni ce qui est ancien.
  • Catalogue Exposition rétrospective Garcia-Fons 1946-2006, Couvent des Minimes Perpignan, Marie Costa et Eric Forcada, éd. Ville de Perpignan, 2006, p. 61


  • 8 mars 1968 :
    Fidélité au visuel. C'est une notion d'impressionniste. C'est un concept. Le réel est mouvant, insaisissable.
  • Catalogue Exposition rétrospective Garcia-Fons 1946-2006, Couvent des Minimes Perpignan, Marie Costa et Eric Forcada, éd. Ville de Perpignan, 2006, p. 61


  • 27 mars 1968 :
    C'est vrai que le plus important, c'est ce qu'il y a derrière la forme. Et pourtant, ce qui préoccupe, c'est la forme.
  • Catalogue Exposition rétrospective Garcia-Fons 1946-2006, Couvent des Minimes Perpignan, Marie Costa et Eric Forcada, éd. Ville de Perpignan, 2006, p. 65


  • 4 juillet 1968 :
    Que la paresse n'existe pas, qu'elle est toujours une forme de la peur.
  • Combien d'efforts il me faudra faire, combien de coups de téléphone je devrais donner pour que les autres de nouveau m'admettent dans le "circuit", me prennent pour un des leurs ?
  • Catalogue Exposition rétrospective Garcia-Fons 1946-2006, Couvent des Minimes Perpignan, Marie Costa et Eric Forcada, éd. Ville de Perpignan, 2006, p. 65


  • 10 janvier 1969 :
    Je suis issu de la tradition de la peinture et parce que je l'ai aimée, j'ai voulu m'y engager pour déverser sur des tableaux mes sentiments si mouvants d'homme de ce temps. Et tant pis, si je ne m'inscris pas dans "l'histoire". Dans ma pratique, je n'y songe même pas. Donc passéiste, avant-gardiste ? Sans intérêt, je préfèrerais être critiqué pour mes défauts. D'eux peuvent naître des qualités.
  • Catalogue Exposition rétrospective Garcia-Fons 1946-2006, Couvent des Minimes Perpignan, Marie Costa et Eric Forcada, éd. Ville de Perpignan, 2006, p. 65


  • 12 janvier 1969 :
    On voit souvent autour de soi des artistes avoir la frousse de ne pas être "de leur temps" ou "d'être dépassés". Je comprends qu'on ait la trouille de la médiocrité, des redites. Mais la fuite dans le truc aux apparences géniales pour se faire remarquer dans l'avant-garde du peloton et s'inscrire ainsi dans la suite supposée "histoire de l'art" me répugne.
  • Catalogue Exposition rétrospective Garcia-Fons 1946-2006, Couvent des Minimes Perpignan, Marie Costa et Eric Forcada, éd. Ville de Perpignan, 2006, p. 65


  • 25 mars 1969 :
    Il faut descendre du rêve. Mais ne jamais le perdre de vue.
  • Catalogue Exposition rétrospective Garcia-Fons 1946-2006, Couvent des Minimes Perpignan, Marie Costa et Eric Forcada, éd. Ville de Perpignan, 2006, p. 67


  • 16 août 1969 :
    Je n'ai fait ces jours-ci que travailler à la toile [...], à m'en rendre malade, content pourtant de reprendre ce thème de [...] qui m'excitait au départ. Car là, je me sens dans mon élément. J'ai essayé de la prendre méthodiquement par la douceur, puis par surprise ensuite. Devant sa résistance, brutalement, je la harcèle, exaspéré. J'aurais dû compter, j'ai été sur le point de la finir au moins 5 fois depuis mon retour de [...] et puis, la mayonnaise qui tourne, ça devenait mauvais à chaque fois. Je me décide à gratter les matières accumulées et me remets à la bâtir. Ça devient autre chose, ça se met à respirer, un oiseau passe, puis un autre ... ça avance ... Et comme souvent, j'arrive à un carrefour où je me dis: "ça n'a jamais été si bien". Puis, comme c'est bien et que le mieux dit-on est l'ennemi du bien, je m'engouffre dans le mieux. Tel détail pourrait être amélioré. Avec précaution, j'améliore, j'améliore, espérant atteindre le point maxima. Je le tiens. Sûr. Plus tard, une inquiétude surgit. Pourquoi ? Un "perfectionnisme" maladif ? Pourquoi vouloir prendre conscience de chaque rapport coloré et de tel détail graphique qui détonne ? C'est trop voulu. Trop vouloir, c'est figer, tuer l'inconscient qui en dit plus, qui révèle plus, totalement innocent qu'il est. Ainsi devaient travailler Van Gogh, Soutine dans leur délire et même Picasso dans ses paris ludiques.
  • Catalogue Exposition rétrospective Garcia-Fons 1946-2006, Couvent des Minimes Perpignan, Marie Costa et Eric Forcada, éd. Ville de Perpignan, 2006, p. 67


  • 21 août 1969 :
    Les accidents heureux ne sont pas vraiment voulus. Je m'emploie plutôt à détruire tout ce que je fais "de conscient" qui me semble figé. Je choisis dans ce "non-voulu" qui devient de ce fait "voulu". Ainsi va ma pratique. Chaque morceau ou détail modifie le tout. Le tout ayant changé, chaque morceau est à son tour différent. Et ainsi de suite. La complexité me dépasse. Par moment, je perds le fil de l'ensemble rêvé ... entrevu.
  • Catalogue Exposition rétrospective Garcia-Fons 1946-2006, Couvent des Minimes Perpignan, Marie Costa et Eric Forcada, éd. Ville de Perpignan, 2006, p. 69


  • 4 octobre 1969 :
    Qu'on le veuille ou pas, un tableau, quels que soient les avatars de son élaboration, est une affirmation parce qu'une évidence livrée au temps. Et ça intimide.
  • Tirer parti de ses défauts. Ne pas les traîner comme un boulet. Savoir attendre pour certaines toiles que la "sensibilité' se recharge. Si ça se prolonge, alors, les violer...
  • Catalogue Exposition rétrospective Garcia-Fons 1946-2006, Couvent des Minimes Perpignan, Marie Costa et Eric Forcada, éd. Ville de Perpignan, 2006, p. 69


  • 7 décembre 1969 :
    Dimanche. Seul dans [...]. Au travers de la porte vitrée, le paysage montagnard et la neige qui continue à tomber. Je travaille à l'aquarelle.[...] A 13 heures, le voisin est venu m'inviter. J'ai eu du mal et de la peine à refuser. Je veux tant rester dans ma solitude, à l'abri, avec mes interrogations, devant ce paysage qui s'estompe.
  • Catalogue Exposition rétrospective Garcia-Fons 1946-2006, Couvent des Minimes Perpignan, Marie Costa et Eric Forcada, éd. Ville de Perpignan, 2006, p. 69


  • 17 décembre 1969 :
    1951- 52, l'époque de Georges Iscla, homme rayonnant de bonté, musicien ou se rêvant musicien. Je me souviens qu'il était plein de Moussorsky, parlant de la fusion des arts et qu'il m'accompagna au train, le jour où je partis faire mon service militaire.
  • Nostalgie de cette période où chez Cueco, nous travaillions ensemble avec Cézanne en tête. Cueco, le cousin doué de la famille, vraiment français lui, déjà peintre par filiation, connu quelques années auparavant, d'une intelligence et d'un humour rares. Autour de lui, nous étions quelques artistes en herbe, ça devenait sérieux. Admirateurs et admiratrices passaient ... au pied de la Vézère à Uzerche.
  • Hier, vernissage du salon des "Peintres Témoins de Leur Temps" au Musée Galliéra. Collection de tableaux plutôt médiocres ... Alors, qu'à la "Jeune Peinture", il y avait toujours des peintres qui m'intéressaient, que j'aimais ou estimais. Certains même, je les enviais. Ici, que des "faiseurs" avec leurs petites recettes. Les peintres qui m'intéressent ne sont pas là. Ils ont bien raison.
  • Catalogue Exposition rétrospective Garcia-Fons 1946-2006, Couvent des Minimes Perpignan, Marie Costa et Eric Forcada, éd. Ville de Perpignan, 2006, p. 71


  • 2 mars 1970 :
    [...], séjour à Venise avec Olga. J'aurais pu noter tant d'impressions des œuvres contemplées. J'étais venu voir Titien, Tintoret, Véronèse. Mon admiration était acquise d'avance et confirmée. La grande découverte fut Carpaccio.
  • [...me sentir obligé] de faire quelques aquarelles [...]. Pourtant, je n'ai rien fait qui soit convaincant. Sans doute, pas mûr pour imposer une vision personnelle, détachée du plaisir ressenti. [Ici, Pierre Garcia-Fons reprends un texte personnel] De Matisse : « quelquefois, on m'a concédé une certaine science, tout en déclarant que mon ambition était bornée et n'allait pas au delà de la satisfaction d'ordre purement visuel que peut procurer la vue d'un tableau. Mais, la pensée d'un peintre ne doit pas être considérée en dehors de ses moyens, car elle ne vaut qu'autant qu'elle est servie par des moyens qui doivent être d'autant plus complets (et par complets ... je n'entends pas compliqués) que sa pensée est plus profonde. Je ne puis distinguer entre le sentiment que j'ai de la vie et la façon dont je la traduis ».
  • Catalogue Exposition rétrospective Garcia-Fons 1946-2006, Couvent des Minimes Perpignan, Marie Costa et Eric Forcada, éd. Ville de Perpignan, 2006, p. 71


  • 20 mars 1970 :
    Les dimanches matin chez Manolo Valiente, au fond de la promenade des Platanes à Perpignan. C'étaient les dimanches de la découverte de l'art. Il y avait le soleil. C'était 10 ou 1l heures. Ses admirateurs arrivaient. Il était le mage possédant quelque secret. Je mesure le privilège qui m'était offert. Comme cela m'attirait! Je découvrais un artiste. Je n'en avais jamais connu. A cette époque, j'ai écouté pour la première fois de la vraie musique : Chopin, Granados, Saint-Saëns (La Danse Macabre), 5 ou 6 vieux 78 tours qu'il repassait souvent sur un vieux gramophone à manivelle. J'avais 16 ans.
  • Catalogue Exposition rétrospective Garcia-Fons 1946-2006, Couvent des Minimes Perpignan, Marie Costa et Eric Forcada, éd. Ville de Perpignan, 2006, p. 71


  • 1er juillet 1970 :
    Sans la nature ou tout au moins, si on ne s'y plonge pas, si on n'observe pas, je me sclérose dans les conventions qui figent. Mais, c'est plus commode de lui tourner le dos parce que la difficulté devant elle, c'est de choisir pour éviter de subir et imposer ses choix. Voilà comment ça se présente dans ma pratique. La nature, je peux y revenir (Delacroix parlait de dictionnaire), je l'embrasse, la savoure, je la pille des yeux et puis, je la quitte (peut-être, je lui fais des infidélités même) et je me remets à "la faire" avec ce moi en plus qu'elle ignore. Ce moi qui veut être ceci, cela, heureux ou tourmenté. Cela ne la regarde pas. Si je veux faire comme elle, c'est foutu. L'illusion de la vie, c'est mon illusion.
  • Catalogue Exposition rétrospective Garcia-Fons 1946-2006, Couvent des Minimes Perpignan, Marie Costa et Eric Forcada, éd. Ville de Perpignan, 2006, p. 71


  • 24 février 1972 :
    Cette idée, qui surgit de faire une grande toile de ramages dont le ciel serait dans l'eau. Renouer avec ce que j'avais entrevu l'an dernier [...]. L'œil avait emmagasiné et ça ressurgit...
  • Catalogue Exposition rétrospective Garcia-Fons 1946-2006, Couvent des Minimes Perpignan, Marie Costa et Eric Forcada, éd. Ville de Perpignan, 2006, p. 73


  • 6 mars 1972 :
    Le paysage se reflète dans l'eau. L'envers, l'endroit. L'ombre, la lumière. L'opaque et le transparent. Si je passe à l'action, le tableau résistera, sûr, parce que lui, les mots ne sont pas son affaire.
  • Catalogue Exposition rétrospective Garcia-Fons 1946-2006, Couvent des Minimes Perpignan, Marie Costa et Eric Forcada, éd. Ville de Perpignan, 2006, p. 73


  • 21 mai 1972 :
    Mes toiles "longues à venir". Bon. Peut-être faudrait-il qu'elles soient encore "plus longues à venir". Si je ne peux les quitter, ça vaut la peine d'attendre. Attendre pour comprendre ce à quoi je tiens, confusément. Que faire ? Le spontané ne me convient pas. C'est comme "faire aisé". La virtuosité me paraît suspecte, poudre aux yeux, fausse monnaie.
  • Catalogue Exposition rétrospective Garcia-Fons 1946-2006, Couvent des Minimes Perpignan, Marie Costa et Eric Forcada, éd. Ville de Perpignan, 2006, p. 73


  • 24 avril 1972 :
    Du 18 au 23 avec Olga, magnifique randonnée en [[Sologne[]]. J'en reviens l’œil réjoui. Les Étangs étrangement silencieux comme perdus depuis longtemps. Pour que je les redécouvre un jour, il faudra revenir à Romorantin.
  • Catalogue Exposition rétrospective Garcia-Fons 1946-2006, Couvent des Minimes Perpignan, Marie Costa et Eric Forcada, éd. Ville de Perpignan, 2006, p. 73


  • 28 août 1974 :
    Il [Pierre Garcia-Fons parle du poète Jordi Pere Cerdà (Antoine Cayrol)] semble pourtant en retrait de sa valeur. Avec raison, il dit que ce qui distingue les grands poètes, c'est "l'altura del respir" (la hauteur du souffle), mais je ne suis pas sûr de bien traduire.
  • Qu'est-ce qui m'attire ici ? [...] et ce silence inquiétant, expressif dans l'attente qui sait, d'un événement pouvant surgir.
  • Catalogue Exposition rétrospective Garcia-Fons 1946-2006, Couvent des Minimes Perpignan, Marie Costa et Eric Forcada, éd. Ville de Perpignan, 2006, p. 75


  • 13 février 1975 :
    Ce que j'ai à faire, ce que j'ai fait, personne ne l'a fait, ni ne le fera. Je dois donc le faire sans douter. Plutôt non, en intégrant le doute. Ce n'est pas tout à fait la même chose.
  • Catalogue Exposition rétrospective Garcia-Fons 1946-2006, Couvent des Minimes Perpignan, Marie Costa et Eric Forcada, éd. Ville de Perpignan, 2006, p. 77


  • 3 mars 1975 :
    Ça mûrit. "Ma peinture" se fait. Tout va venir lentement. Ça sera la somme de tous les efforts, des pesanteurs, des erreurs. [...] La valeur-couleur qui depuis longtemps m'enserre, m'étouffe, est toujours porteuse d'hésitations amollissantes qui nuisent à l'expression. [...]
  • Catalogue Exposition rétrospective Garcia-Fons 1946-2006, Couvent des Minimes Perpignan, Marie Costa et Eric Forcada, éd. Ville de Perpignan, 2006, p. 77


  • 11 mai 1975 :
    Bien savoir ce que je veux faire et le faire avec vaillance. A contrario, si j'ai envie de ne rien faire, il faut avoir le courage de ne rien faire.
  • Catalogue Exposition rétrospective Garcia-Fons 1946-2006, Couvent des Minimes Perpignan, Marie Costa et Eric Forcada, éd. Ville de Perpignan, 2006, p. 77


  • 22 janvier 1976 :
    Pas de doute, je me transforme et j'essaye de me comprendre au fur et à mesure que je me transforme.
  • Catalogue Exposition rétrospective Garcia-Fons 1946-2006, Couvent des Minimes Perpignan, Marie Costa et Eric Forcada, éd. Ville de Perpignan, 2006, p. 83


  • 10 mars 1976 :
    Je ne suis pas (peut-être, hélas) un homme de méthode. Mon travail, mes tableaux se font par poussées impulsives et "méditées" à la fois, venues de mes souterrains méconnus, après un temps de stagnation. Et ce qui arrive ressemble à la fatalité.
  • Catalogue Exposition rétrospective Garcia-Fons 1946-2006, Couvent des Minimes Perpignan, Marie Costa et Eric Forcada, éd. Ville de Perpignan, 2006, p. 89


  • 18 janvier 1977
    Probable, oui, probable que si dans les années 1962-65, j'avais eu du succès en Amérique chez les Findlay, je ne serais pas en train de devenir le peintre que je deviens ? Peut-être, une forme de la "chance".
  • Catalogue Exposition rétrospective Garcia-Fons 1946-2006, Couvent des Minimes Perpignan, Marie Costa et Eric Forcada, éd. Ville de Perpignan, 2006, p. 89


  • 5 juillet 1977
    Ma propre voie m'apparaît, le plus souvent, très étroite. Petit sentier à suivre avec ténacité.
  • Catalogue Exposition rétrospective Garcia-Fons 1946-2006, Couvent des Minimes Perpignan, Marie Costa et Eric Forcada, éd. Ville de Perpignan, 2006, p. 91


  • 13 septembre 1977 :
    Ce qui m'intéresse, c'est le moment où ce qui est "vrai" devient étrange.
  • Catalogue Exposition rétrospective Garcia-Fons 1946-2006, Couvent des Minimes Perpignan, Marie Costa et Eric Forcada, éd. Ville de Perpignan, 2006, p. 91


  • 23 août 1978 :
    Rentré avant hier de [...]. Je retrouve l'atelier devant le cimetière de Montmartre. Les tableaux laissés en cours attendent, semblant me dire: "Et alors .. on attend". "Oui. 0ui, mais j'ai ma vie, moi.
  • Catalogue Exposition rétrospective Garcia-Fons 1946-2006, Couvent des Minimes Perpignan, Marie Costa et Eric Forcada, éd. Ville de Perpignan, 2006, p. 93


  • 21 mai 1979 :
    Si on ne trouve pas sa propre discipline... Je pourrais bien m'imposer de "finir" 4 ou 5 tableaux chaque mois. Ne serait-ce que pour ne pas avoir cette impression de piétinement et aussi parce que sans perdre de vue mes désirs profonds, il faut exister "socialement" (descendre de la stratosphère). Les besoins matériels sont réels. Une petite cloche au son grave me le rappelle de temps en temps, lorsque je laisse courir. L'argent -il faut le nom¬mer- et le pouvoir qu'il donne de continuer à faire ce que je voudrais librement et payer mon marchand de couleurs...
  • Catalogue Exposition rétrospective Garcia-Fons 1946-2006, Couvent des Minimes Perpignan, Marie Costa et Eric Forcada, éd. Ville de Perpignan, 2006, p. 93


  • 23 mai 1979 :
    Je disais tout à l'heure à Olga (son épouse) (...) les cathédrales...Ceux qui les ont construites ne les ont jamais vues finies, puisque çà s'est étalé sur des générations. C'est nous qui les goûtons maintenant et je pense à l'impression que m'a laissé Strasbourg et plus lointainement Bourges ou Amiens... Nous, les peintres individualistes, nous voudrions avoir une vision immédiate de ce que nous faisons, alors qu'évidemment, d'autres verront (...) le tableau... le dessin et y verront des choses dont nous n'avons pas conscience.
  • Catalogue Exposition rétrospective Garcia-Fons 1946-2006, Couvent des Minimes Perpignan, Marie Costa et Eric Forcada, éd. Ville de Perpignan, 2006, p. 93


  • 04 juin 1979 :
    J'aime que dans mes tableaux ou aquarelles ou dessins, il y ait "quelque obscurité", j'allais dire "quelque austérité, mais aussi "quelque volupté".
  • Catalogue Exposition rétrospective Garcia-Fons 1946-2006, Couvent des Minimes Perpignan, Marie Costa et Eric Forcada, éd. Ville de Perpignan, 2006, p. 95


  • 08 juin 1979 :
    Surtout ne pas perdre cette conscience que je ne peux avancer qu'en "m'inventant". Aujourd'hui je bouillonne.
  • Catalogue Exposition rétrospective Garcia-Fons 1946-2006, Couvent des Minimes Perpignan, Marie Costa et Eric Forcada, éd. Ville de Perpignan, 2006, p. 95


  • 21 juin 1979 :
    Bien sûr, cela me manque de ne pas avoir fait de véritables études de peinture entre 15 et 25 ans.

Il faudra bien cerner toutes mes raisons d'avoir confiance, de croire à la validité de ce que je fais. En relation avec ce regret, de serait bien de "cataloguer", ce que j'ai réalisé comme le faisait Paul Klee, admirable modèle que je suis incapable d'imiter

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  • 16 août et 29 septembre 1979 :
    Sortir des impasses où je tombe. Les impasses où me mènent la recherche de "mes architectures".

Si une œuvre en cours me tient, il faut réfréner l'impatience d'autre chose. Mais voilà, je ne distingue pas bien l'envie d'autre chose, de l'envie de tout avaler. Je dois être boulimique.

Les impasses sur les toiles mal engagées qui sitôt commencées résistent, confiant un je ne sis quoi d'imprévisible qui me fera réagir pour ou contre avec conviction. J'attends le déclic pour me perdre dans l'intemporel où se produisent les accidents heureux, choc des contraires.

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  • 30 mai 1980 :
    Hier, j'ai "souffert", pensant faire du surplace, engoncé dans "un faire" conventionnel, croyais-je.
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  • 15 octobre 1980 :
    La réalité est donc dans l'imaginaire. Il faut l'accompagner avec un peu de clairvoyance.
  • Catalogue Exposition rétrospective Garcia-Fons 1946-2006, Couvent des Minimes Perpignan, Marie Costa et Eric Forcada, éd. Ville de Perpignan, 2006, p. 103


  • 04 août 1982 :
    Le fait est qu'il faut se voir. Oui, on ne peut pas s'en passer. Sans une idée de soi comment naviguer ? Et je me vois mal. Ma joie de vivre est bien souterraine. Je suis dans mes ombres où peut-être je me complais. Les lumières ont du mal à s'extraire. Il me vient des envies de bourgeonner.
  • Catalogue Exposition rétrospective Garcia-Fons 1946-2006, Couvent des Minimes Perpignan, Marie Costa et Eric Forcada, éd. Ville de Perpignan, 2006, p. 113


  • 01 décembre 1982 :
    Ce qui est étonnant, c'est qu'au détour d'une forme ou d'un rapport de formes ou d'un rapport de couleur quelque chose se passe, s'impose qui est un écho du vécu.
  • Catalogue Exposition rétrospective Garcia-Fons 1946-2006, Couvent des Minimes Perpignan, Marie Costa et Eric Forcada, éd. Ville de Perpignan, 2006, p. 115


  • 09 janvier 1983 :
    Peindre c'est moins créer que travailler à se créer. Je n'existe pas encore...
  • Catalogue Exposition rétrospective Garcia-Fons 1946-2006, Couvent des Minimes Perpignan, Marie Costa et Eric Forcada, éd. Ville de Perpignan, 2006, p. 115


  • 01 août 1983 :
    Bien sûr, les mots et les images sont des langages différents et leurs significations irréductibles. N'empêche que les mots ont une charge "imaginaire". De leu influx peuvent naître des images intraduisibles par les mots. Pourquoi soudain, je pense à ce qu'avait écrit, Jean Louis Ferrier dans une préface qu'il m'avait consacré : "La voilà, miroitante, l'image imaginaire de l'imaginé".
  • Catalogue Exposition rétrospective Garcia-Fons 1946-2006, Couvent des Minimes Perpignan, Marie Costa et Eric Forcada, éd. Ville de Perpignan, 2006, p. 117


  • 08 mars 1984 :
    Je pense à Bonnard. La merveilleuse exposition de Beaubourg. Pas un brin de bon goût. Que du sentiment. Le sentiment des choses, de la lumière. Mais aussi d'inexplicables audaces, silencieuses, indispensables, inattendues.
  • Catalogue Exposition rétrospective Garcia-Fons 1946-2006, Couvent des Minimes Perpignan, Marie Costa et Eric Forcada, éd. Ville de Perpignan, 2006, p. 119


  • 02 novembre 1984 :
    La pensée écrivante, c'est sans fond. C'est un métier. Peindre, c'est penser autrement, en tout cas, exercer de la pensée... autrement. Utiliser de la pensée pour un autre métier. Entre ces deux formes de pensée, il y a une autre monde. Et on s'étonne des dérives, des malentendus. Et des spéculations donnant lieu à divers pouvoirs.
  • Catalogue Exposition rétrospective Garcia-Fons 1946-2006, Couvent des Minimes Perpignan, Marie Costa et Eric Forcada, éd. Ville de Perpignan, 2006, p. 123


  • 04 février 1985 :
    Souvent, je me mets "en marge" du temps. Certains tableaux l'exigent. Je n'en finis plus. Finir m'est insupportable. ça n'a pas de sens, finir. Se mettre hors du temps, mon luxe.
  • Catalogue Exposition rétrospective Garcia-Fons 1946-2006, Couvent des Minimes Perpignan, Marie Costa et Eric Forcada, éd. Ville de Perpignan, 2006, p. 127


  • 17 avril 1986 :
    Je me modifie "par ce que je" fais, qui à son tour, me modifie.
  • Catalogue Exposition rétrospective Garcia-Fons 1946-2006, Couvent des Minimes Perpignan, Marie Costa et Eric Forcada, éd. Ville de Perpignan, 2006, p. 133


  • 07 février 1988 :
    Encore une fois, je réalise qu'on ne peut bousculer "son" temps. Il faut laisser la toile quelquefois, jusqu'au prochain élan. Un autre jour, une autre heure, une autre lumière, une autre disposition d'esprit ou même physique pour que se déclenche un autre élan.

Pas d'illusion, mais l'espérance ou les deux.

  • Catalogue Exposition rétrospective Garcia-Fons 1946-2006, Couvent des Minimes Perpignan, Marie Costa et Eric Forcada, éd. Ville de Perpignan, 2006, p. 139


  • 08 décembre 1988 :
    Le concept naît aussi de la pratique d'un substrat artisanal qui déclenche des interrogations.
  • Catalogue Exposition rétrospective Garcia-Fons 1946-2006, Couvent des Minimes Perpignan, Marie Costa et Eric Forcada, éd. Ville de Perpignan, 2006, p. 143


  • 07 février 1989 :
    Encore une fois aujourd'hui, je n'ai pas fait ce que j'aurais peut-être voulu faire, mais autre chose. Qui guide, ou quoi ? Rien ne prouve que si je comprends, ce serait mieux. Je ne suis pas en état de comprendre. Alors je fais. Que faire ?
  • Catalogue Exposition rétrospective Garcia-Fons 1946-2006, Couvent des Minimes Perpignan, Marie Costa et Eric Forcada, éd. Ville de Perpignan, 2006, p. 139


Citation au sujet de Paul Cézanne modifier

En ce début des années 1950, Pierre Garcia-Fons se reconnaît disciple de Paul Cézanne. À quelques semaines de l'ouverture, au Musée d'Art Moderne de la Ville de Paris, de la grande exposition Le cubisme 1907-1914, la revue de gauche Les Lettres Françaises demande aux artistes de réagir dans une enquête qui fait suite à l'attaque portée contre Cézanne qualifié de père de l'abstraction. Pierre Garcia-Fons :

"Je crois que l'importance de Cézanne a été souvent mal compris. Des faiseurs d'histoire de la peinture le prennent comme base d'un processus qui aboutirait aux abstraits. Sans doute, après lui et en partie à cause de lui, il y a eu l'expérience cubiste. Jusqu'à un certain point, elle est peut-être un enseignement qui complète celui de Cézanne. Mais à partir de là, il y avait des dangers : toutes les licences devenaient possibles. [... ] Il incarne à mon sens le véritable réalisme, qui tient compte de tous les aspects des rapports des choses. Que tout soit pour lui couleur, c'est ce que tout véritable peintre constate s'il veut entreprendre le travail de "voir" : c'est l'esprit des formes. Mais cela ne signifie pas qu'une pomme dans la toile ne doit pas rester une pomme qu'on voudrait croquer, ni le tissu, ni la chair de la chair que l'on aimerait caresser. Cézanne met en garde contre toute convention. Il apprend à peindre autrement que par l'intellect, mais par la sensation juste. C'est difficile. On a souvent la sensation, mais on ne l'applique pas d'une façon juste, ou bien, on applique ce qu'on voit, juste, mais sans la sensation. Il m'arrive de tomber dans l'un ou l'autre travers. L’œuvre de Cézanne est là qui me guide".
  • Catalogue Exposition rétrospective Garcia-Fons 1946-2006, Couvent des Minimes Perpignan, Marie Costa et Eric Forcada, éd. Ville de Perpignan, 2006, p. 31 à 33


Citation au sujet de Paul Rebeyrolle modifier

Exposition Paul Rebeyrolle au Grand Palais, 10 ans de peinture. Somme de travail énorme. c'est fort. on ne peut qu'admirer. Il intègre quelquefois des éléments extérieurs à la matière picturale et c'est souvent très réussi. Il porte en lui la nature qu'il restitue avec une science inouïe, avec rage, violence. sa vision est peut-être naturaliste, mais la nature il la viole. Bref, je continue à l'admirer depuis l'époque de la Ruche et de la Jeune Peinture.
  • Catalogue Exposition rétrospective Garcia-Fons 1946-2006, Couvent des Minimes Perpignan, Marie Costa et Eric Forcada, éd. Ville de Perpignan, 2006, p. 95


Notes et références modifier


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