Roger Nimier

écrivain français

Roger Nimier, né le 31 octobre 1925 à Paris et mort le 28 septembre 1962, est un romancier, journaliste et scénariste français.

Les Épées

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Naturellement, on devrait supprimer tous ceux qui manquent de vocabulaire, car ils sont grossiers sans le vouloir. Mais puisque d'autres se chargent à notre place de ces mesures d'hygiène, laissons-les faire.
  • Les Épées, Roger Nimier, éd. Gallimard, coll. « L'Imaginaire », 2003  (ISBN 2-07-074800-6), p. 47


Il y avait du bon et du mauvais dans la Milice. Je mets l'impopularité au premier rang des bonnes choses.
  • Les Épées, Roger Nimier, éd. Gallimard, coll. « L'Imaginaire », 2003  (ISBN 2-07-074800-6), p. 74


Je me suis demandé si j'étais simplement un milicien ou un résistant camouflé en milicien. Ou encore un fasciste qui jouait à la résistance sous un uniforme bleu marine. Je n'ai pas dépassé ce troisième stade d'hypothèses car il est reconnu que, plus loin, on tombe dans une grande fatigue intellectuelle.
  • Les Épées, Roger Nimier, éd. Gallimard, coll. « L'Imaginaire », 2003  (ISBN 2-07-074800-6), p. 76


À la belle saison, les armées alliées ont débarqué sur le sol normand, l'épée de l'Archange dans une main, une paire de menottes dans l'autre.
Le peuple parisien qui avait héroïquement couvert les pissotières de croix de Lorraine à la craie pendant quatre ans, le peuple parisien bomba les muscles et songea qu'il aurait bientôt notre peau[1]. Mais enfin, on avait eu la sienne avant et c'était juste.
  • Les Épées, Roger Nimier, éd. Gallimard, coll. « L'Imaginaire », 2003  (ISBN 2-07-074800-6), p. 85


Naturellement, je trouve plus fort que moi. Je considère ces ouvriers qui passent des heures à grossir leurs muscles en soulevant des pierres ou en portant des sacs comme des types déloyaux : ils s'entraînent, pendant que je lis Saint-Simon.
  • Les Épées, Roger Nimier, éd. Gallimard, coll. « L'Imaginaire », 2003  (ISBN 2-07-074800-6), p. 107


Je ne sais plus qui, un jour, m'a dit que j'étais vraiment indifférent, mais sans la moindre simplicité, et que cela gâchait tout : “Vous croyez que votre indifférence vous rend différent des autres.” J'ai failli lui sauter au cou, tellement c'était juste. Je n'ai pas cherché à répondre, à trouver une excuse : c'était vrai. Comme il est doux de se rouler dans son plus grand défaut, d'avoir honte et surtout de ne pas prendre de bonnes résolutions.
  • Les Épées, Roger Nimier, éd. Gallimard, coll. « L'Imaginaire », 2003  (ISBN 2-07-074800-6), p. 115


Le Hussard bleu

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Sanders - Quand les habitants de la planète seront un peu plus difficiles, je me ferai naturaliser humain. En attendant, je préfère rester fasciste, bien que ce soit baroque et fatigant.
  • Le Hussard bleu, Roger Nimier, éd. Gallimard, coll. « Folio », 2004  (ISBN 2-07-036986-2), p. 19


Sanders - L'autre jour, un hussard bleu bien informé m'a glissé dans l'oreille que nous retournerions à la terre sous forme d'azote, après notre mort. Cette solution ne me convient nullement. Je n'ai jamais rien compris à la chimie. Par contre j'étais premier en catéchisme.
  • Le Hussard bleu, Roger Nimier, éd. Gallimard, coll. « Folio », 2004  (ISBN 2-07-036986-2), p. 112


Sanders - Moi qui affecte tant de dégoût pour les hommes, je suis heureux de leur ressembler dans les actions essentielles de la vie. J'aime leurs églises, leurs tableaux. Je proteste contre le monde moderne, mais j'adore ses femmes minces.
  • Le Hussard bleu, Roger Nimier, éd. Gallimard, coll. « Folio », 2004  (ISBN 2-07-036986-2), p. 123


De Forjac - À vrai dire, je comprends les gens qui entassent des couches de laideur les unes sur les autres (un nez camus, des yeux à fleur de peau, voter aux élections, porter des bottines à tige), car pendant qu'ils y sont, ils auraient tort de se gêner.
  • Le Hussard bleu, Roger Nimier, éd. Gallimard, coll. « Folio », 2004  (ISBN 2-07-036986-2), p. 194


Sanders - La philo n'est pas mal non plus. Malheureusement, elle est comme la Russie : pleine de marécages et souvent envahie par les Allemands.
  • Le Hussard bleu, Roger Nimier, éd. Gallimard, coll. « Folio », 2004  (ISBN 2-07-036986-2), p. 348


Sanders - Votre querelle avec les résistants, c'est la querelle des cancres contre les bons élèves. N'empêche que vous êtes tous dans la même classe, mes petits agneaux, et vous faites un long devoir que vous ne comprenez pas très bien.
  • Le Hussard bleu, Roger Nimier, éd. Gallimard, coll. « Folio », 2004  (ISBN 2-07-036986-2), p. 353


Sanders - Je revenais en France. J'allais beaucoup lui demander. Une civilisation, une patrie, une religion, ces mots ont un sens. Imbécile qui attribuera ces aventures à l'humanité tout entière. Cette écœurante maladie des hommes, ce goût pâteux de soi-même, jamais, non, jamais...
  • Le Hussard bleu, Roger Nimier, éd. Gallimard, coll. « Folio », 2004  (ISBN 2-07-036986-2), p. 433


Sanders - Tout ce qui est humain m'est étranger.
  • Le Hussard bleu, Roger Nimier, éd. Gallimard, coll. « Folio », 2004  (ISBN 2-07-036986-2), p. 434


Les Enfants tristes

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Les chrétiens eux-mêmes ne songent qu'à démontrer deux choses : d'abord que le Christ ne manquait pas de bonne volonté et que, s'il avait vécu plus longtemps, il aurait lu Marx et en aurait tiré des conclusions.
  • Les Enfants tristes, Roger Nimier, éd. Gallimard, coll. « Folio », 1993, p. 141


Les écrivains sont-ils bêtes ?

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La littérature engagée, avec son air martial et ses bonnes résolutions, est sympathique dans la mesure où les fayots sont sympathiques dans un régiment de cavalerie.
  • « Les écrivains sont-ils bêtes ? », dans Les écrivains sont-ils bêtes ?, Roger Nimier, éd. Rivages, 1990, p. 19


On parle souvent de l’esprit de bourgeoisie comme d’un esprit de caste. C’est tout le contraire, il est digestif. Inlassablement la bourgeoisie a digéré les comédiens, les artistes, les apothicaires. Une singulière instauration leur a rendu la terre sainte. Nous reviendrons à de meilleurs sentiments quand à nouveau, les comédiens seront excommuniés et les écrivains fouettés en place publique.


Une grande époque littéraire tient à l’accord des lecteurs et des meilleurs écrivains de leur pays.


Il écrivait en excellent français ce qui lui passait par la tête, au lieu d'écrire ce qui passe successivement par le crâne d'André Siegfried et les pieds de Georges Duhamel – et se nomme humanisme.
  • « Le fondateur du blondinisme », dans Les écrivains sont-ils bêtes ?, Roger Nimier, éd. Rivages, 1990, p. 60


Faire l’Europe ce n’est pas détruire les nations mais simplement annihiler ce qu’elles présentent de mauvais.


J’appelle journalisme en littérature, tout ce qui intéressera demain moins qu'aujourd'hui.


Références

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  1. (Note de l'auteur) C'est un milicien qui parle.

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