Salvador Domingo Felipe Jacinto Dalí i Domènech, 1er Marquis de Púbol, connu sous le nom de Salvador Dalí, né le 11 mai 1904, mort le 23 janvier 1989 était un artiste-peintre surréaliste, sculpteur et un scénariste (cinéma) espagnol. Il est né et mort à Figueras, en Catalogne, où il créa son propre musée en 1974, le Teatre-Museu Gala Salvador Dalí.
L’activité paranoïaque critique est une force organisatrice et productrice de hasard objectif.
La conquête de l’irrationnel, Salvador Dalí, éd. Surréalistes, 1935, p. 16
PARANOÏA : Délire d’interprétation comportant une structure systématique.
ACTIVITÉ PARONOÏAQUE-CRITIQUE : méthode spontanée de connaissance irrationnelle fondée sur l’objectivation critique et systématique des associations et interprétations délirantes.
La conquête de l’irrationnel, Salvador Dalí, éd. Surréalistes, 1935, p. 61
Vers 6 heures, autour d’une table monumentale du salon sur laquelle se dressait une cigogne empaillée, des personnes fascinantes aux chevelures et à l’accent argentin buvaient du maté. On le servait dans un grand suçoir d'argent à passer de bouche en bouche. Cette promiscuité buccale me troublait particulièrement et engendrait en moi des tourbillons de malaises moraux, dans lesquels brillaient déjà de leur éclat blanc les diamants de la jalousie.
Lorsqu’à sept ans il fut invité chez la famille Mattas au deuxième étage de son appartement.
La vie secrète de Salvador Dalí, Salvador Dalí, éd. La Table Ronde, 1952, p. 5
L’adolescence est l’apparition des premiers poils.
La vie secrète de Salvador Dalí, Salvador Dalí, éd. La Table Ronde, 1952, p. 91
L’Espagne n’est pas un jardin, ni l’Espagnol un jardinier. L’Espagne est une planète où les roses sont des ânes pourris.
La vie secrète de Salvador Dalí, Salvador Dalí, éd. La Table Ronde, 1952, p. 163
Ne t’occupe pas d’être moderne. C’est l’unique chose que malheureusement, quoi que tu fasses, tu ne pourras pas éviter d’être.
Les cocus du vieil art moderne, Salvador Dalí, éd. Fasquelle, 1956, p. 38
Le moins que l’on puisse demander à une sculpture, c’est qu’elle ne bouge pas.
Dalí était de ceux qui croyaient les objets vivants.
Les cocus du vieil art moderne, Salvador Dalí, éd. Fasquelle, 1956, p. 54
En ce qui concerne la spontanéité, je dirai qu’elle est aussi un pied de porc, mais un pied de porc à l’envers, c’est-à-dire une langouste, celle-ci, comme chacun sait, présentant, au contraire du pied de porc, un squelette extérieur, alors que la viande superfine et délicate, c’est-à-dire le délire, occupe l’intérieur, ce qui signifie que, pour la spontanéité, la carapace de l’objectivité offre une résistance au délire mou de la viande.
Les cocus du vieil art moderne, Salvador Dalí, éd. Fasquelle, 1956, p. 107
Depuis la révolution française se développe une vicieuse tendance crétinisatrice qui tend à faire considérer par tout un chacun, que les génies (mis à part leur œuvre) sont des êtres humains plus ou moins semblables en tout au restant du commun des mortels. Ceci est faux. Et si ceci est faux pour moi qui suis, à notre époque, le génie à la spiritualité la plus vaste, un véritable génie moderne, ceci est encore plus faux pour les génies qui incarnèrent le sommet de la Renaissance, tel Raphaël, génie quasi divin. Le livre que voici prouvera que la vie quotidienne d’un génie, son sommeil, sa digestion, ses extases, ses ongles, ses rhumes, son sang, sa vie, sa mort sont essentiellement différents de ceux du reste de l’humanité. Ce livre unique est donc le premier journal écrit par un génie. Bien plus, par l’unique génie qui ait eu la chance unique d’être marié avec le génie de Gala, celle qui est l’unique femme mythologique de notre temps. Telles sont les raisons uniques et prodigieuses, mais strictement véridiques, qui font que tout ce qui va suivre, du début à la fin, sera génial d’une façon ininterrompue et inéluctable, rien que par le seul fait qu’il s'agit du Journal fidèle de votre fidèle et humble serviteur.
Journal d’un génie adolescent, Salvador Dalí, éd. La Table ronde, 1964, p. 15-16
L’unique différence entre un fou et moi, c’est que moi je ne suis pas fou.
Journal d’un génie adolescent, Salvador Dalí, éd. La Table ronde, 1964, p. 21
[…] Hitler, […] ne m’intéressait qu’en tant qu’objet de mon délire et que parce qu’il m’apparaissait d’une valeur catastrophique incomparable.
Journal d’un génie adolescent, Salvador Dalí, éd. La Table ronde, 1964, p. 32
Les erreurs ont presque toujours un caractère sacré. N’essaie jamais de les corriger.
Journal d’un génie adolescent, Salvador Dalí, éd. La Table ronde, 1964, p. 40
Délicieusement rongé par le désir de faire plus beau et extraordinaire.
Journal d’un génie adolescent, Salvador Dalí, éd. La Table ronde, 1964, p. 54
Moi, Dalí, qui suis plongé dans une constante introspection et une analyse méticuleuse de mes moindres pensées, je viens de découvrir soudain que, sans m'en rendre compte, toute ma vie je n'ai peint que des cornes de rhinocéros.
Journal d’un génie adolescent, Salvador Dalí, éd. La Table ronde, 1964, p. 58
La tenue est essentielle pour vaincre. Très rares sont les occasions où, dans ma vie, je me suis avili en civil. Je suis toujours habillé en uniforme de Dalí.
Journal d’un génie adolescent, Salvador Dalí, éd. La Table ronde, 1964, p. 59
Je possède en moi la notion ininterrompue que tout ce qui a trait à ma personne et à ma vie est unique et reste toujours marqué par un caractère exceptionnel, total et truculent.
Journal d’un génie adolescent, Salvador Dalí, éd. La Table ronde, 1964, p. 62
[…] Si j’aime tant me servir de termes gastronomiques pour faire avaler mes idées philosophiques, difficiles et laborieuses à digérer, j’exige toujours de ces idées une farouche limpidité jusque dans leurs moindres poils.
Journal d’un génie adolescent, Salvador Dalí, éd. La Table ronde, 1964, p. 84
La jalousie des autres peintres a toujours été le thermomètre de mon succès.
Journal d’un génie adolescent, Salvador Dalí, éd. La Table ronde, 1964, p. 99
L’unique chose dont le monde n’aura jamais assez est l’exagération.
Journal d’un génie adolescent, Salvador Dalí, éd. La Table ronde, 1964, p. 125
Les bals les plus réussis sont ceux dont on parle le plus sans y être allé.
Journal d’un génie adolescent, Salvador Dalí, éd. La Table ronde, 1964, p. 129
L’intelligence conduit, amène au brouillard de nuances du scepticisme, l’intelligence conduit au coefficient gastronomique d’incertitude super-gélatineuse, prous- tienne et faisandée.
Journal d’un génie adolescent, Salvador Dalí, éd. La Table ronde, 1964, p. 147
La critique est une chose sublime. Elle est digne seulement des génies.
Journal d’un génie adolescent, Salvador Dalí, éd. La Table ronde, 1964, p. 161
Ensuite soyez snob. Comme moi. Le snobisme vient chez moi de mon enfance. J’avais déjà de l’admiration pour la classe sociale supérieure qui se concrétisait à mes yeux en la personne d’une dame nommée Ursula Mattas. Elle était Argentine et j’en étais amoureux d’abord parce qu’elle portait un chapeau (on n’en portait pas dans ma famille) et qu’elle habitait au deuxième étage. Après l’enfance, le snobisme ne s’est pas borné au deuxième étage. J’ai toujours voulu être dans les étages les plus importants. Quand je suis venu à Paris, c’était une véritable obsession de savoir si je serais invité partout où je croyais qu’il fallait l’être. Une fois l’invitation reçue, le snobisme est instantanément soulagé, de la même façon que votre maladie est guérie dès que le médecin pousse la porte. Après, au contraire, très souvent je ne suis pas allé aux endroits où j’étais invité. Ou si j’y allais, je faisais un scandale qui me faisait tout de suite remarquer, puis je disparaissais instantanément. […] Le snobisme consiste à pouvoir se placer toujours dans les endroits où les autres n’ont pas accès, ce qui crée chez ces autres un sentiment d’infériorité.
Extraits d’une réponse de Dalí à l’interrogation d’un jeune homme sur sa réussite.
Journal d’un génie adolescent, Salvador Dalí, éd. La Table ronde, 1964, p. 163
[Et,] Jamais je n’ai autant eu envie de la manger.
Journal d’un génie adolescent, Salvador Dalí, éd. La Table ronde, 1964, p. 172
J’ai horreur des mouches sales. Je n’aime que les mouches proprissimes/très propres.
Journal d’un génie adolescent, Salvador Dalí, éd. La Table ronde, 1964, p. 180
Il vaut mieux péter pour tuer le temps, que de médire, de faire des libelles ou de mauvais vers.
Extrait de la citation originelle : « Si ces messieurs n’ont rien de mieux à faire, ils ont raison, il faut égayer l’ennui d'un bureau, et il vaut mieux péter pour tuer le temps, que de médire, de faire des libelles ou de mauvais vers. »
Journal d’un génie adolescent, Salvador Dalí, éd. La Table ronde, 1964, p. 293
Je désanthropise le hasard. Je pénètre de plus en plus dans la mathématique contradictoire de l’univers. Ces deux dernières années, j’ai terminé quatorze toiles plus sublimes les unes que les autres. La Vierge et l’enfant Jésus éclatent sur tous mes tableaux. Là encore, j’applique la mathématique la plus rigoureuse : celle de l’archicube. Le Christ pulvérisé en huit cent quatre-vingt-huit éclats qui se fondent en un neuf magique.
Les moustaches radar (1964), Salvador Dalí, éd. Gallimard, coll. « Folio », 2008 (ISBN9782070317004), p. 31
Nous entrons dans l’ère de la grande peinture. Quelque chose s’est achevé en 1954 avec la mort de ce peintre d’algue tout juste bon à favoriser la digestion bourgeoise, je veux dire Henri Matisse, peintre de la révolution de 1789.
Les moustaches radar (1964), Salvador Dalí, éd. Gallimard, coll. « Folio », 2008 (ISBN9782070317004), p. 31-32
Dans le hall était assis René Clair, lisant le journal. Il a levé les yeux, ses yeux continuellement sceptiques, cernés, comme on le sait, par la meurtrissure inguérissable et congénitale de cocuage cartésien.
Les moustaches radar (1964), Salvador Dalí, éd. Gallimard, coll. « Folio », 2008 (ISBN9782070317004), p. 51
Les événements les plus importants qui puissent arriver à un peintre contemporain sont au nombre de deux :
1° Être espagnol
2° S’appeler Gala Salvador Dalí.
Ces deux choses me sont arrivées à moi.
[…] Picasso, certes, est bien espagnol […], et il s’appelle seulement Pablo, comme Pablo Casals, comme les papes, c’est-à-dire qu’il s’appelle comme tout le monde.
Les moustaches radar (1964), Salvador Dalí, éd. Gallimard, coll. « Folio », 2008 (ISBN9782070317004), p. 56
J’ai déjà dit, en racontant ma rencontre avec lui, que le crâne de Freud ressemblait à un escargot de Bourgogne. La conséquence est évidente : si on veut manger sa pensée il faut la sortir avec une aiguille. Alors elle sort tout entière.
Les moustaches radar (1964), Salvador Dalí, éd. Gallimard, coll. « Folio », 2008 (ISBN9782070317004), p. 62
L’escargot et Le Greco […] possèdent et nous offrent cette rarissime vertu quasi miraculeuse de mimétisme gustatif transcendant.
Les moustaches radar (1964), Salvador Dalí, éd. Gallimard, coll. « Folio », 2008 (ISBN9782070317004), p. 62
À cette époque [en 1956], j’étais contre l’art lithographique pour des raisons esthétiques, morales et philosophiques. Je trouvais ce procédé sans rigueur, sans monarchie, sans inquisition. À mes yeux, ce n’était qu’un procédé libéral, bureaucratique et mou.
Les moustaches radar (1964), Salvador Dalí, éd. Gallimard, coll. « Folio », 2008 (ISBN9782070317004), p. 69
Il est difficile d’attirer l’attention tendue du monde pendant plus d’une demi-heure de suite. Moi, j’ai réussi à le faire pendant vingt ans, et chaque jour. Ma devise a été « que l’on parle de Dali même si on en parle bien ».
Les moustaches radar (1964), Salvador Dalí, éd. Gallimard, coll. « Folio », 2008 (ISBN9782070317004), p. 77
N’oublions pas que ces orgies d’informations devront être abondamment arrosées par le sang et le bruit de fortes doses d'opéras, d’irrationalité concrète, de musique concrétissime et de décors abstraits mathieusiens et millarésiens, comme celles déjà fameuses ou Dalí veut le volume de bruit lyrique provoqué par la castration-supplice et la mise à mort de 558 porcs sur fond sonore de 300 motocyclettes, moteurs en marche, sans jamais oublier les hommages rétrospectifs tels que les passages d’orgue remplis de chats attachés aux claviers afin de mêler leurs miaulements irascibles à la divine musique du Padre Vittoria que Philippe II d’Espagne pratiqua déjà en son temps.
Les moustaches radar (1964), Salvador Dalí, éd. Gallimard, coll. « Folio », 2008 (ISBN9782070317004), p. 110
Il est difficile d'attirer l'attention tendue du monde pendant plus d'une demi-heure de suite. Moi, j'ai réussi à le faire pendant vingt ans, et chaque jour. Ma devise a été « que l'on parle de Dali même si on en parle bien ».
[…] les premières maisons comestibles […], les premiers et seuls bâtiments érotisables, dont l’existence vérifie cette formation urgente et si nécessaire pour l’imagination amoureuse : pouvoir le plus réellement manger l’objet du désir.
De la beaute terrifiante et comestible de l’architecture modern style (1933) in Oui, Salvador Dalí et Robert Descharnes, éd. Denoël/Gonthier, 1971, vol. 2, p. 26
La beauté sera comestible ou ne sera pas.
Reprise à propos du cannibalisme des objets de « La beauté sera convulsive ou ne sera pas » d’André Breton.
De la beaute terrifiante et comestible de l’architecture modern style (1933) in Oui, Salvador Dalí et Robert Descharnes, éd. Denoël/Gonthier, 1971, vol. 2, p. 29
Tout peintre doit avoir une épouse et une maîtresse. Mais tous les trois doivent vivre ensemble dans la plus parfaite harmonie. Vous voyez donc tout de suite qu’il s’agit d’un ménage à trois. Avec votre femme légitime vous devez commencer à vivre ensemble dès l’âge de 12 ans et au moment où elle aura exactement 1300 ans. Elle s’appelle la Peinture.
Secret numéro 12.
50 secrets magiques, Dalí, éd. Edita, Denoël, 1974, p. 71-72
La peinture m’aime plus que moi je ne l’aime ; elle m’en veut souvent car, chaque fois que je la délaisse un peu pour écrire, je la sens languir et cela même quand, comme je le fais en ce moment, je ne parle que d’elle. Je sais qu’elle m’accablera d’amers reproches car la peinture, elle, ne se contente pas de paroles que le vent emporte.
50 secrets magiques, Dalí, éd. Edita, Denoël, 1974, p. 72
Tout bon peintre qui aspire à créer d’authentiques chef-d’œuvre doit, avant tout, se marier avec ma femme. […] La femme du peintre s’appelle Gala. Car Gala est celle, grandiose, qui avance et opère les guérisons des pervers écarts de votre esprit ; Gala est celle avec qui vous pouvez, en l’épousant, vivre continuellement comme avec une maîtresse et qui adorera votre peinture plus que vous ne l’adorez vous-même - vous avertissant sans orgueil lorsque l’occasion s’en présente : « Ceci peut vexer ta peinture… », « Ne faisons pas ça : cela attristerait ta peinture ! » « tu délaisses ta peinture… » « Regarde comme elle est belle, ta peinture - un jour tu regretteras de ne pas l’avoir suffisamment aimée ! »
Secret numéro 13.
50 secrets magiques, Dalí, éd. Edita, Denoël, 1974, p. 72
Dormir est une façon de mourir ou tout au moins de mourir à la réalité, mieux encore, c’est la mort de la réalité.
Raccourcissement de la citation originelle : « Dormir est une façon de mourir ou tout au moins de mourir à la réalité, mieux encore, c’est la mort de la réalité, mais la réalité meurt dans l’amour comme dans le rêve. »
Salvador Dalí : rétrospective 1920-1980, Salvador Dalí, éd. Le Centre, 1979, vol. 1, p. 170
Les sanglantes osmoses du rêve et de l’amour occupent entièrement la vie de l’homme.
Citation suivant directement celle ci-dessus.
Salvador Dalí : rétrospective 1920-1980, Salvador Dalí, éd. Le Centre, 1979, vol. 1, p. 170
Céret est l'endroit super-rossignolesque par excellence.
(fr)Dalí,Voyage au centre du monde: treize photographes catalans pour Dalí, Georges-Henri Gourrier, Bernard Revel et Grégory Tuban, éd. Mare nostrum, 2003, p. 13
Comme le dit Salvador Dalí, la « montre molle » est chair, elle est « fromage ». Ces déformations sont souvent mal comprises parce qu’elles sont vues statiquement. Certains critiques stabilisés les prennent aisément pour des insanies. Ils n’en vivent pas la force onirique profonde, ils ne participent pas à l’imagination de riche viscosité qui donne parfois à un clin d’œil le bénéfice d’une divine lenteur.
L’eau et les rêves — Essai sur l’imagination de la matière (1942), Gaston Bachelard, éd. Le Livre de Poche, coll. « Biblio Essais », 1993 (ISBN978-2-253-06100-7), partie IV, chap. IV Les eaux composées, p. 123
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