Sexisme

attitude discriminatoire adoptée en raison du sexe ou du genre

Le sexisme désigne l'ensemble des préjugés ou discriminations reposant sur le genre des personnes. Il s'étend au concept de stéréotype et de rôle de genre, pouvant comprendre la croyance qu'un genre serait intrinsèquement supérieur à l'autre et conduire à perpétuer les inégalités homme-femme.

Essais féministes

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Claudie Baudino

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La langue n'est pas neutre. Produit d'une culture, elle reflète notre manière de penser le monde et, en même temps, elle la façonne et la perpétue. Dans une société fondée sur la domination masculine, elle constitue un réservoir inépuisable de représentations inégalitaires des femmes et des hommes, de stéréotypes féminins et masculins, d'idées reçues sur les rapports entre les sexes. (…) Véritable prophétie auto-réalisatrice, elle énonce, atteste et légitime la hiérarchie entre les sexes et les genres.
  • Le sexe des mots : un chemin vers l'égalité, Claudie Baudino, éd. Belin, 2018, p. 9


Le patriarcat n'a plus bonne presse, la domination masculine est dénoncée, mais la résistance s'organise en profondeur, sournoisement et efficacement. L'arme fatale de cette résistance, le butoir ultime à l'émancipation des femmes est le sexisme de la langue qui rend les femmes invisibles, donne une valeur différente aux deux parties constitutives de l'humanité et légitime la hiérarchie entre les sexes.
  • Le sexe des mots : un chemin vers l'égalité, Claudie Baudino, éd. Belin, 2018, p. 69


Simone de Beauvoir

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Si l’on dit que les hommes oppriment les femmes, le mari s’indigne, mais le fait est que c’est le code masculin, c’est la société élaborée par les mâles et dans leur intérêt qui a défini la condition féminine sous une forme qui est à présent pour les deux sexes une source de tourments.
  • Le Deuxième Sexe (1949), Simone de Beauvoir, éd. Gallimard, coll. « Folio », 1976, t. II. L'expérience vécue, p. 237


Olympe de Gouges

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La liberté et la justice consistent à rendre tout ce qui appartient à autrui ; ainsi l’exercice des droits naturels de la femme n’a de bornes que la tyrannie perpétuelle que l’homme lui oppose ; ces bornes doivent être réformées par les loix (sic) de la nature et de la raison.


Fanny Raoul

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Souvent frappée de nos maux domestiques, dont la multiplicité fait le mal public, j'en ai recherché la cause, et je l'ai trouvée dans le peu de considération, je dis plus, dans le mépris qu'on a pour les femmes ; mépris qui prend sa source dans l'état d'avilissement et d'oppression où les a réduites une législation barbare, copiée sur de barbares usages.
  • Opinion d'une femme sur les femmes, Fanny Raoul, éd. impr. de Giguet (Paris), 1801, Avertissement, p. 10


D'antiques préjugés, qu'un long usage a convertis en lois, ont établi dans le sort des deux sexes une différence telle, que l'un semble naître pour opprimer l'autre.
  • Opinion d'une femme sur les femmes, Fanny Raoul, éd. impr. de Giguet (Paris), 1801, p. 15


Je cherche vainement des preuves de cette incapacité prétendue, je n'en trouve aucune ; seulement je vois de ce qu'on les a toujours écarté des affaires [les femmes], on en a conclu qu'elles n'étaient pas propres aux affaires. Singulière façon de juger et d'établir des principes !
  • Opinion d'une femme sur les femmes, Fanny Raoul, éd. impr. de Giguet (Paris), 1801, p. 30


Il est remarquable de voir des philosophes s'attendrir sur le sort d'individus dont un espace immense les sépare, tandis qu'ils ne daignent pas s'apercevoir des maux qu'ils ont sous les yeux ; proclamer la liberté des nègres, et river les chaînes de leurs femmes, dont l'esclavage est pourtant aussi injuste que celui de ces malheureux ; reconnaître ce dont on n'eût jamais dû douter, que les uns sont, ainsi qu'eux, sortis des mains de la nature, lorsqu'ils semblent oublier que les autres soient son ouvrage.
  • Opinion d'une femme sur les femmes, Fanny Raoul, éd. impr. de Giguet (Paris), 1801, p. 36


Rendre l'un des deux sexes objet de mépris pour l'autre, c'est détruire le bonheur de tous les deux ; car si l'opprimé perd sa considération, l'oppresseur perd aussi les avantages et les charmes d'une confiance qui ne peut naître que de l'égalité, et le prix le plus flatteur du mérite, l'estime d'une âme libre.
  • Opinion d'une femme sur les femmes, Fanny Raoul, éd. impr. de Giguet (Paris), 1801, p. 44


Car un moyen certain de propager les Lumières serait de les rendre communes aux deux sexes ; et si les progrès en ont été si lents, c’est sans doute parce qu’un absurde préjugé les a interdites à l’un.
  • Opinion d'une femme sur les femmes, Fanny Raoul, éd. impr. de Giguet (Paris), 1801, p. 57-58


Représentations dans les arts

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Littérature

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Euripide, Médée, Ve siècle avant J.-C.

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De tout ce qui respire et qui a conscience
il n'est rien qui soit plus à plaindre que nous, les femmes.
D'abord nous devons faire enchère
et nous acheter un mari, qui sera maître de notre corps,
malheur plus onéreux que le prix qui le paie.
Car notre plus grand risque est là: l'acquis est-il bon ou mauvais ?
Se séparer de son mari, c'est se déshonorer,
et le refuser est interdit aux femmes.
Entrant dans un monde inconnu, dans de nouvelles lois,
dont la maison natale n'a rien pu lui apprendre,
une fille doit deviner l'art d'en user avec son compagnon de lit.
Si elle y parvient à grand'peine,
s'il accepte la vie commune en portant de bon cœur le joug avec elle,
elle vivra digne d'envie. Sinon, la mort est préférable.
Car un homme, quand son foyer lui donne la nausée,
n'a qu'à s'en aller, pour dissiper son ennui,
vers un ami ou quelqu'un de son âge.
Nous ne pouvons tourner les yeux que vers un être unique.
Et puis l'on dit que nous menons dans nos maisons
une vie sans danger, tandis qu'eux vont se battre !
Mauvaise raison : j'aimerais mieux monter trois fois en ligne
que mettre au monde un seul enfant !

  • (grc)

    άντων δ’ ὅσ’ ἔστ’ ἔμψυχα καὶ γνώμην ἔχει
    γυναῖκές ἐσμεν ἀθλιώτατον φυτόν·
    ἃς πρῶτα μὲν δεῖ χρημάτων ὑπερβολῇ
    πόσιν πρίασθαι, δεσπότην τε σώματος
    λαβεῖν· κακοῦ γὰρ τοῦτ’ ἔτ’ ἄλγιον κακόν.
    κἀν τῷδ’ ἀγὼν μέγιστος, ἢ κακὸν λαβεῖν
    ἢ χρηστόν. οὐ γὰρ εὐκλεεῖς ἀπαλλαγαὶ
    γυναιξίν, οὐδ’ οἷόν τ’ ἀνήνασθαι πόσιν.
    ἐς καινὰ δ’ ἤθη καὶ νόμους ἀφιγμένην
    δεῖ μάντιν εἶναι, μὴ μαθοῦσαν οἴκοθεν,
    ὅτῳ μάλιστα χρήσεται ξυνευνέτῃ.
    κἂν μὲν τάδ’ ἡμῖν ἐκπονουμέναισιν εὖ
    πόσις ξυνοικῇ μὴ βίᾳ φέρων ζυγόν,
    ζηλωτὸς αἰών· εἰ δὲ μή, θανεῖν χρεών.
    ἀνὴρ δ’, ὅταν τοῖς ἔνδον ἄχθηται ξυνών,
    ἔξω μολὼν ἔπαυσε καρδίαν ἄσης·
    ἔξω μολὼν ἔπαυσε καρδίαν ἄσης·
    [ἢ πρὸς φίλον τιν’ ἢ πρὸς ἥλικα τραπείς·]
    ἡμῖν δ’ ἀνάγκη πρὸς μίαν ψυχὴν βλέπειν.
    λέγουσι δ’ ἡμᾶς ὡς ἀκίνδυνον βίον
    ζῶμεν κατ’ οἴκους, οἳ δὲ μάρνανται δορί·
    κακῶς φρονοῦντες· ὡς τρὶς ἂν παρ’ ἀσπίδα
    στῆναι θέλοιμ’ ἂν μᾶλλον ἢ τεκεῖν ἅπαξ.

  • Médée s'adressant au Chœur des femmes de Corinthe.
  • (grc) Tragédies complètes, Euripide (trad. Marie Delcourt-Curvers), éd. Gallimard, coll. « Folio », 1962, t. 1, p. 143, vers 230-251


Beaumarchais, Le Mariage de Figaro, 1778

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Marceline : Dans les rangs même les plus élevées, les femmes n'obtiennent de vous qu'une considération dérisoire ; leurrées de respects apparents, dans une servitude réelle ; traitées en mineures pour nos biens, punies en majeures pour nos fautes ! Ah ! sous tous les aspects, votre conduite avec nous fait horreur ou pitié !


Saratchandra Chattopadhayay, Devdas, 1917

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On dit que les femmes sont capricieuses et inconstantes. Je pense que ces épithètes ne doivent pas s'appliquer à elles en toute occasion. C'est vous, les hommes, qui les louez sans réserve et c'est vous, aussi, qui les blâmez sans pitié et les faites tomber de leur piédestal. Vous pouvez dire sans contrainte ce que vous avez à dire mais les femmes, elles, ne le peuvent pas ; et même si elles le font, très peu de gens comprennent ce qu'elles disent, parce que leur manière de s'exprimer reste vague et elles se laissent submerger par les graves et fortes voix masculines. Finalement, les gens ne parlent que de leur côté négatif.
  • Chandramoukhi, à Devdas


Bande dessinée

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Pénélope Bagieu

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Je pense que face à la même société, à la même époque, les femmes ont quand même à faire face à deux fois plus d'adversité que les hommes, parce qu'elles doivent déjà s'affranchir de la société, généralement aussi selon les époques, de leur famille, un rôle préconçu qu'on attend d'elles. Le fait qu'elles doivent déjà surmonter ça, et qu'en plus certaines d'entre elles arrivent à changer des choses dans leur vie et en général, et que ça ait une influence sur leur entourage et sur leur époque, c'était quelque chose qui m'intéressait.
  • À propos de ses albums Culottées.
  • « "Culottées", ces femmes qui ont osé changer le monde, racontées en BD par Pénélope Bagieu », Pénélope Bagieu (propos recueillis par Laurence Houot), France TV Info, 29 septembre 2016 (lire en ligne)


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