Souffle
expulsion d'air par le relâchement du diaphragme et la contraction des muscles intercostaux
Littérature
modifierEssai
modifierMalcolm de Chazal, Sens plastique, 1948
modifierLa mort est une « perte de souffle » étagée. La volupté est une « perte de souffle » en rond.
- « Sens plastique », Malcolm de Chazal, dans Anthologie de la poésie française du XXè siècle (1948), Michel Décaudin (Ed.), éd. Gallimard, coll. « Poésie », 1983, p. 439
Nouvelle
modifierEdgar Allan Poe, Nouvelles Histoires extraordinaires, 1857
modifierColloque entre Monos et Una
Le cœur fatigué d'angoisses qui tiraient leur origine du désordre et de la décadence générale, je succombai à la cruelle fièvre. Après un petit nombre de jours de souffrance, après maints jours pleins de délire, de rêves et d'extases dont tu prenais l'expression pour celle de la douleur, pendant que je ne souffrais que de mon impuissance à te détromper, — après quelques jours je fus, comme tu l'as dis, pris par une léthargie sans souffle et sans mouvement, et ceux qui m'entouraient dirent que c'était la Mort.
- Nouvelles histoires extraordinaires (1857), Edgar Allan Poe (trad. Charles Baudelaire), éd. Gallimard, coll. « Folio Classiques », 2006 (ISBN 978-2-07-033897-9), Colloque entre Monos et Una, p. 288
Renée Vivien, La Dame à la Louve, 1904
modifierTrahison de la forêt
Les branches des arbres semblaient des pythons immobiles. Les lianes s’enroulaient comme des serpents verts. Un souffle de péril et de trahison montait de la terre et tombait des feuillages. Les étoiles étaient grandes ouvertes, ainsi que des fleurs de flamme.
- La Dame à la Louve, Renée Vivien, éd. Alphonse Lemaire, 1904, Trahison de la forêt, p. 93
Prose poétique
modifierAndré Breton, Poisson soluble, 1924
modifierPlus de souffles, plus de sang, plus d'âmes mais des mains pour pétrir l'air, pour doter une seule fois le pain de l'air, pour faire claquer la grande gomme des drapeaux qui dorment, des mains solaires, enfin, des mains gelées !
- Poisson soluble (1924), André Breton, éd. Gallimard, coll. « Poésie », 1996 (ISBN 2-07-032917-8), partie 9, p. 54
Roman
modifierGabriele D'Annunzio, Le Feu, 1900
modifierLes astres scintillaient, les arbres ondulaient, un jardin s’approfondissait derrière la tête de Perdita. Par les balcons ouverts, les souffles du ciel entraient dans la salle, agitaient les flammes des candélabres et les calices des fleurs, traversaient les portes, faisaient palpiter les tapisseries, animaient toute la vieille maison des Capello où la tragédienne, que les peuples avaient couverte de gloire et d’or, amassait les reliques de la magnificence républicaine.
- Le Feu, Gabriele D'Annunzio, éd. La Revue de Paris, 1900, chap. I. L'épiphanie du feu, p. 255
James Joyce, Ulysse, 1922
modifierSeul. Un seul amour. Un seul espoir. Un terme à mes alarmes. Martha, note de poitrine, reviens.
Re-viens !
Cela s'essorait, oiseau, vol planant, célère, cri pur, essor d'orbe d'argent qui bondit serein, s'accélère, se soutient, près de moi, ne le filez pas trop longtemps, du souffle, il a du souffle à vivre, vieux, s'essorant haut, resplendissant dans le haut, enflammé couronné, haut dans la symbolique fulgurance, haut de l'étreinte éthérée, haut, de la vaste et haute irradiation où partout tout s'essore toutautour dutour du tout sansfinnicessecessecesse.
- Ulysse (1922), James Joyce (trad. Auguste Morel), éd. Gallimard, coll. « Folio », 1957 (ISBN 2-07-040018-2), p. 424
Anne Calife sous le nom de Anne Colmerauer, La déferlante, 2003
modifierSon souffle dessine une rose glacée, piquante autour de ses lèvres.
- La déferlante, Anne Calife, éd. Balland,2003, réédition Menthol House, 2003 (ISBN 2-7158-1436-4), p. 93
Claire North, La Maison des Jeux, 2015
modifierD'abord, je suis le souffle. Ensuite, quand je suis le souffle, je suis l'air. Je suis le vent qui file à travers le ciel. Je suis les feuilles qui plient dans les arbres. Je suis la qui tourne, le sol qui se fend, la poussière qui voltige. Je suis ici et au-dessus et dans tous les coins du monde.
- La Maison des Jeux, Claire North (trad. Michel Pagel), éd. Belial, 2022 (ISBN 978-2-381-63057-1), t. 2 - Le Voleur, chap. 27, p. 90