« Jean d'Ormesson » : différence entre les versions

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Balise : Éditeur de wikicode 2017
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|année =2003
|page=35
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{{citation|
Peut-être [[Johann Sebastian Bach|Bach]] et [[Wolfgang Amadeus Mozart|Mozart]] composaient-ils des cantates et des airs d'opéra pour exprimer leur joie. Peut-être les peintres peignent-ils parce que le monde est beau. Je crois que les écrivains écrivent parce qu'ils éprouvent du chagrin. Je crois qu'il y a des livres parce qu'il y a du mal dans le monde et dans le cœur des hommes. Personne n'écrirait s'il n'y avait pas d'histoire. Et le moteur de l'histoire, c'est le mal.
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{{réf Livre
|auteur=Jean d'Ormesson
|titre=C'était bien
|éditeur=Gallimard
|année =2005
|année d'origine=2003
|collection=Folio
|ISBN=2-07-031653-X
|page=70
}}
 
{{citation|
Subsiste encore un doute. Si clair, si évident, le progrès de la science ne suscite-t-il pas plus de questions qu'il ne fournit de réponse ? La réalité — qui n'est peut-être qu'un songe appelé réalité — est si prodigieusement inépuisable qu'elle n'en finit jamais de déborder toutes les tentatives d'exploration et de renvoyer sans fin à autre chose. On marche toujours, on n'arrive jamais. La science est un grimpeur qui, au faîte de chaque pic, découvre toujours d'autres sommets qui lui dérobent l'horizon. Une malédiction frappe la science qui court de succès en succès : tous ses triomphes, et ils sont réels, sont des victoires à la Pyrrhus.
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{{réf Livre
|auteur=Jean d'Ormesson
|titre=C'était bien
|éditeur=Gallimard
|année =2005
|année d'origine=2003
|collection=Folio
|ISBN=2-07-031653-X
|page=85
}}
 
{{citation|
La science qui nous empêche de souffrir nous invente d'autres souffrances. La science qui guérit et fait vivre est aussi la science qui tue. La science qui nous donne le pouvoir sur le monde est aussi la science qui nous retire tout pouvoir et qui risque, un jour, de nous retirer le monde.
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{{réf Livre
|auteur=Jean d'Ormesson
|titre=C'était bien
|éditeur=Gallimard
|année =2005
|année d'origine=2003
|collection=Folio
|ISBN=2-07-031653-X
|page=90
}}
 
{{citation|
Dans ce coin-ci au moins de la planète, dominé par la science et la télévision, enfants de [[Voltaire]], de [[Gustave Flaubert|Flaubert]], d'[[Oscar Wilde]], d'[[André Gide]], de [[Raymond Queneau|Queneau]], si différents les uns des autres mais liés par un sens aigu de ce qui pouvait encore être écrit sans trop de ridicule, nous sommes entrés dans une culture de la distance et de la dérision. D'un côté, la science, il n'y a pas de quoi se tordre, qui nous fabrique notre avenir ; de l'autre, sous des rafales d'images, une lassitude et un dégoût mêlés de cris de douleur et de rires un peu fêlés : je crois que tout le monde les entend. Quelque chose à craqué. Nous ne sommes pas encore dans un monde différent. Mais, sans presque le savoir, nous ne sommes déjà plus les mêmes. Pas encore ailleurs. Mais déjà plus ici.
}}
{{réf Livre
|auteur=Jean d'Ormesson
|titre=C'était bien
|éditeur=Gallimard
|année=2005
|année d'origine=2003
|collection=Folio
|ISBN=2-07-031653-X
|page=98
}}
 
{{citation|
« ''Himmelhoch jauchzend, zum Tode betrübt'' ». J'étais gai, j'étais triste. J'étais fou de bonheur. Et accablé de chagrin. La vie m'a toujours paru délicieuse — et le monde, plein de larmes. Il y a du mal sous le soleil et je doute que l'histoire en vienne jamais à bout. Je ne crois pas que demain sera débarrassé du mal qui affligeait hier. Rêver d'un monde parfait qui brillerait devant nous est d'une naïveté meurtrière : beaucoup ont souffert et sont morts sous le prétexte, séduisant et criminel comme Lucifer lui-même, de changer le monde en paradis et de rendre aux hommes leur innocence.
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{{réf Livre
|auteur=Jean d'Ormesson
|titre=C'était bien
|éditeur=Gallimard
|année =2005
|année d'origine=2003
|collection=Folio
|ISBN=2-07-031653-X
|page=134
}}
 
{{citation|
À mesure que la science tranche les faces de Gorgogne, de nouvelles têtes poussent à l'hydre pour poursuivre le travail et répandre la terreur. Aucun d'entre nous n'est à l'abri du mal qui frappe à coups redoublés. Ce mal — dont le christianisme nous parle avec génie sous les espèces du péché originel et, d'une certaine façon, de l'Incarnation, sacrifice inversé et suprême, offert non plus par les hommes à Dieu mais par Dieu aux hommes pour racheter le mal de l'histoire — ne peut ni s'effacer ni triompher.
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{{réf Livre
|auteur=Jean d'Ormesson
|titre=C'était bien
|éditeur=Gallimard
|année=2005
|année d'origine=2003
|collection=Folio
|ISBN=2-07-031653-X
|page=138
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