Jean d'Ormesson
Jean d'Ormesson, surnommé « Jean d'O », de son nom complet Jean Bruno Wladimir François-de-Paule Le Fèvre d’Ormesson, né le 16 juin 1925 à Paris (VIIe arrondissement) et mort dans la nuit du 4 au 5 décembre 2017 à Neuilly-sur-Seine, est un romancier et chroniqueur français.
Romans
modifierPresque rien sur presque tout
modifierL’éternité toute seule, dans un néant qui était le tout, aurait pu durer, sinon pour toujours, du moins à jamais. Il n’y a pas d’autre mystère que le mystère des origines. Personne – et pas même moi qui ai l’outrecuidance de vous introduire dans la longue histoire du tout – ne peut savoir pourquoi le temps a surgi de l’éternité ni pourquoi le néant s’est transformé en tout. Dans nos moments d’exaltation ou de découragement, il nous arrive de penser que tout n’est que néant. C’est qu’il reste dans notre tout des traces de ce néant dont il sort. « Dieu a fait le monde de rien, écrit Paul Valéry, mais le rien perce. »
- Presque rien sur presque tout, Jean d'Ormesson, éd. Gallimard, 1996 (ISBN 2-07-074439-6), p. 14
La mathématique, l’histoire, l’éducation, le jardinage, l’enquête policière, la rumination amoureuse et tout le reste n’en finissent jamais d’exiger un retour et un recours aux origines. Soigner, surtout – et je vous soigne – c’est suivre pas à pas la chaîne des effets et des causes jusqu’à la cause première, et presque toujours cachée, du mal. Entre la guérison et les origines existe un lien secret qui jette une brusque lumière sur ce tout où nous vivons. Exister dans le temps, c’est s’interroger sur l’origine.
- Presque rien sur presque tout, Jean d'Ormesson, éd. Gallimard, 1996 (ISBN 2-07-074439-6), p. 17, 18
Pour l’esprit le plus obtus, rien de plus évident : le tout est réel dans le temps parce qu’il était possible dans l’éternité. Peut-être faut-il aller plus loin et dire que le tout est réel dans le temps parce qu’il était nécessaire dans l’éternité.
- Presque rien sur presque tout, Jean d'Ormesson, éd. Gallimard, 1996 (ISBN 2-07-074439-6), p. 21
Le temps est le cœur du tout distingué du néant. Se pencher sur le tout, c’est se pencher sur le temps. Le temps est notre patrie, notre bien à tous, notre matière et notre âme. Il est aussi près de nous que l’éternité en est loin. Nous avons du mal à parler de l’éternité parce qu’elle nous est trop étrangère. Nous avons du mal à parler du temps parce qu’il nous est trop familier. Mais de quoi parler d’autre ? Le tout appartient à l’être qui l’a fait surgir du néant. Et il appartient au temps à qui l’être l'a confié.
- Presque rien sur presque tout, Jean d'Ormesson, éd. Gallimard, 1996 (ISBN 2-07-074439-6), p. 27
Le temps n’est pas l’éternité. L’éternité est une absence de temps. Le temps est un refus d’éternité. Le temps a commencé. Il finira. Si le temps n’avait pas commencé, s’il ne finissait pas, il serait lui-même l’éternité.
- Presque rien sur presque tout, Jean d'Ormesson, éd. Gallimard, 1996 (ISBN 2-07-074439-6), p. 27, 28
Le tout commence avec le temps : il se dégage du néant parce que le temps s’en empare. Tombé de l’éternité, le temps est lié à quelque chose de nouveau que nous appelons la matière. La matière est de l’être menacé par le temps. Il est au moins douteux qu’il y ait du temps sans matière. Il est tout à fait sûr qu’il n’y a pas de matière sans temps.
- Presque rien sur presque tout, Jean d'Ormesson, éd. Gallimard, 1996 (ISBN 2-07-074439-6), p. 29
Des philosophes ont prétendu que ni la matière ni le temps n’avaient de réalité autonome et qu’ils n’existaient, en vérité, que dans l’esprit des hommes : s’il n’y avait pas d’hommes, il n’y aurait pas de temps et il n’y aurait pas de matière. La lecture que nous proposons de l’univers sur le mode de la fable suppose qu’il y a un tout et que les hommes s’y succèdent. Et qu’il y a du temps qui s’écoule dans le tout avant qu’il y ait des hommes pour le penser. Sur cette fable tombent d’accord et saint Thomas d’Aquin et le bistrot du coin.
- Presque rien sur presque tout, Jean d'Ormesson, éd. Gallimard, 1996 (ISBN 2-07-074439-6), p. 29
Le caractère du temps est autrement difficile. Il est plus pâle que son frère [l’espace], plus remuant, plus secret, plus difficile à cerner, à juger et à connaître. Plus intelligent aussi. Et moins sûr. C’est un personnage cruel, nerveux, changeant, porté sur le paradoxe, d’une instabilité maladive, toujours prêt à trahir ses amis les plus chers. On dirait qu’il ne dort que d’un œil, qu’il est debout sur une patte, qu’il attend à chaque instant l’occasion de quitter la compagnie et de filer parce qu’il s’ennuie. Faire fond sur lui est une folie où beaucoup se sont laissé prendre.
- Presque rien sur presque tout, Jean d'Ormesson, éd. Gallimard, 1996 (ISBN 2-07-074439-6), p. 34
Le passé est faible parce qu’il est mort. Le passé est très fort parce que personne, jamais, et même pas Dieu, ne pourra faire en sorte qu’il n’ait pas existé. Le passé est du temps tombé dans le néant et frappé d’éternité.
- Presque rien sur presque tout, Jean d'Ormesson, éd. Gallimard, 1996 (ISBN 2-07-074439-6), p. 44
Voici l’avenir qui s’amène. Il frappe à la vitre, il cogne à la porte. Il est impatient d’arriver. Le passé est la patience même : il attend sans se lasser. L’avenir est impatient. Peut-être parce qu’il est lié au souvenir et aux cultes des morts, le passé a quelque chose de religieux. L’avenir a quelque chose de militaire. Le passé joue de l’orgue. L’avenir sonne le clairon. Le passé est derrière. Derrière quoi ? On ne sait pas. L’avenir est devant. On dirait, ne me demandez pas pourquoi, que le passé est féminin. Des fruits. Des parfums. Des assiettes et des draps empilés dans les armoires. Une odeur entêtante de foin coupé et de bois. L’avenir est affreusement viril. Même s’il arrive aux femmes de le dominer, ce sont des rêves d’hommes qui l’habitent. L’argent, le pouvoir, la violence, les machines sont du côté de l’avenir. Le feu de la cheminée est du côté du passé. Le passé est tiède comme un corps de femme. L’avenir est un glacier qui brille sous le soleil.
- Presque rien sur presque tout, Jean d'Ormesson, éd. Gallimard, 1996 (ISBN 2-07-074439-6), p. 47
La science domine tout ce qui est dans le temps – mais seulement ce qui est dans le temps. Rien ne lui échappe – sauf le temps. Le temps garde en lui et protège le mystère des origines. Il nous nargue. Il nous livre tout ce qui se déroule grâce à lui et en lui. Mais son être et son sens, il nous les refuse avec constance.
- Presque rien sur presque tout, Jean d'Ormesson, éd. Gallimard, 1996 (ISBN 2-07-074439-6), p. 54
C’est à la fin des temps qu’on saura si le tout a été fait pour les hommes ou si les hommes n’ont été qu’une étape sur le chemin du tout. Une sacrée étape en tout cas. Dans la longue histoire du tout, j’aurai toujours un faible pour le temps assez bref où les hommes auront vécu, dans l’angoisse et dans l’orgueil, sur cette planète reculée, perdue au fond de l’univers et qu’ils appelaient la Terre.
- Presque rien sur presque tout, Jean d'Ormesson, éd. Gallimard, 1996 (ISBN 2-07-074439-6), p. 105
Nous sommes condamnés à la pensée comme nous sommes condamnés au temps et à la liberté. Il est un peu gauche pour un homme de parler de pensée, car il ne peut rien en dire qu’en se servant de la pensée, ou de ce qui lui tient lieu. Ce qui le précipite aussitôt dans un cercle vicieux et dans un tourbillon dont personne ne peut sortir et qui donne le vertige. Penser la pensée est le plus drôle, le plus cruel, le plus dangereux des drôles de jeux.
- Presque rien sur presque tout, Jean d'Ormesson, éd. Gallimard, 1996 (ISBN 2-07-074439-6), p. 138
À ceux qui croient que la création est comme attirée, depuis le début, vers la naissance de l’homme, les partisans d’une nécessité rigoureuse et aveugle, de mèche avec le hasard, ont le droit d’objecter qu’il s’agit d’une conception mythique et quasi mystique, entièrement centrée sur l’homme, fondée sur sa faiblesse et son orgueil mêlés et sur son besoin d’être rassuré comme un enfant dans la nuit : c’est parce qu’ils sont des hommes que les hommes s’imaginent que l’univers a été créé pour les hommes.
- Presque rien sur presque tout, Jean d'Ormesson, éd. Gallimard, 1996 (ISBN 2-07-074439-6), p. 140
À ceux, en revanche, qui s’imaginent que la nécessité seule, assaisonnée d’un peu de hasard comme le vinaigre se mêle à l’huile pour faire une bonne salade, peut expliquer le monde, les partisans d’une sagesse suprême et d’une volonté extérieure répondront qu’une telle conception est mécanique et réductrice, qu’elle suppose déjà résolus les problèmes qu’elle aborde et qu’elle laisse entier le problème du tout, de ses origines, de son sens et de ses fins.
- Presque rien sur presque tout, Jean d'Ormesson, éd. Gallimard, 1996 (ISBN 2-07-074439-6), p. 140, 141
La pensée n’est pas liée, comme l’instinct chez les fourmis ou chez les abeilles si laborieuses, à telle ou telle situation. Elle n’est pas liée à tel ou tel objet. Elle est une ouverture au tout. L’homme, qui est un animal, n’est plus un animal. Il est autre chose. D’une certaine façon, il est le tout. Parce qu’il le pense.
- Presque rien sur presque tout, Jean d'Ormesson, éd. Gallimard, 1996 (ISBN 2-07-074439-6), p. 144
Le souvenir nous désespère, nous amuse, nous crucifie, nous enchante. Il est à nous, et à nous seuls. Nous sommes capables d'agir sur le présent, mais il nous est extérieur. Nous ne pouvons rien sur le passé, mais il nous appartient. Ce qui est à nous, et seulement à nous, c'est ce qui n'est plus. Tomber dans le passé et dans l'absence n'est rien d'autre que tomber dans la pensée. Les hommes sont les maîtres sans pouvoir de tout ce qui a cessé d'être. Pantelants, déchus, dans les larmes et l'impuissance, nous sommes les lieux de l'évanouissement, de la chute implacable dans le néant, du souvenir et du passé.
- Presque rien sur presque tout, Jean d'Ormesson, éd. Gallimard, 1996 (ISBN 2-07-074439-6), p. 176, 177
Passer de l'imagination à la foi, c'est grimper vingt étages et sauter d'un monde à un autre. Personne ne réduira les illuminations et les splendeurs de la foi aux songes et aux jeux de l'imagination. Parce qu'elle franchit avec audace les limites de l'espace et du temps et celle de notre tout, la foi n'en est pas moins parente de l'imagination. « La foi, écrit saint Thomas d'Aquin en une formule superbe, est la forme de mon espérance. » Elle est aussi une forme, la plus haute, la plus belle, de l'imagination. Le projet de Pascal, ennemi s’il en est de l'imagination, est de fonder la loi sur une raison à la fois exaltée et traînée dans la boue. Malgré tout son génie, Pascal ne convaincra jamais que ceux qui sont déjà convaincus. De très loin supérieure aux délires de la folle du logis, la foi appartient au même registre que l'imagination et elle entretient avec la raison des relations difficiles et ambiguës : elle ne s'oppose pas à elle, mais elle ne s'y soumet pas non plus. C'est aux yeux de la foi surtout que le tout est un roman.
- Presque rien sur presque tout, Jean d'Ormesson, éd. Gallimard, 1996 (ISBN 2-07-074439-6), p. 193
Le propre de la raison, et de la vérité qui est sa fin, est d'entraîner l'adhésion de tous les esprits sans exception. Personne ne peut refuser le théorème de Pythagore, la géométrie d’Euclide, la deuxième loi de la thermodynamique, dite principe de Carnot, les équations de Newton ou d'Einstein. Personne ne peut prétendre que les lois de la gravitation et de l'attraction n'existent pas, que la somme des angles d'un triangle euclidien est plus grande ou plus petite que deux droits, que le carré de l'hypoténuse n'est pas égal à la somme des carrés des deux autres côtés. Aucun des systèmes établis par la science ne représente sans doute une vérité définitive, puisque la vérité est hors de la portée des hommes : il y a des géométries non-euclidiennes et Einstein dément Newton comme Newton démentait Ptolémée. Mais chacun, à son époque et dans les limites de son domaine, possède une force contraignante qui est la marque de la raison et de ce que nous appelons la vérité scientifique.
- Presque rien sur presque tout, Jean d'Ormesson, éd. Gallimard, 1996 (ISBN 2-07-074439-6), p. 193, 194
La vérité des religions est autrement sublime que les vérités scientifiques. Mais il est toujours permis de la refuser. Personne ne peut imposer, sauf par la force, la croyance à Brahmâ, à Jéhovah, à Zeus, à Zoroastre, à Mithra, à Bouddha, à Jésus, à Mahomet. La religion a beau être la forme la plus haute de la pensée des hommes, elle ne relève pas exclusivement de la raison. Elle se sert de la raison, elle collabore avec elle. Elle relève d'autre chose qui est plus proche du rêve et de l'imagination, de l'inspiration peut-être, ou de la grâce, ou de la mystique, que de la science et de la raison.
- Presque rien sur presque tout, Jean d'Ormesson, éd. Gallimard, 1996 (ISBN 2-07-074439-6), p. 194
Aux yeux des chrétiens, le communisme qui a tué beaucoup d'hommes au nom de l'amour des hommes, est un christianisme devenu fou. Aux yeux des communistes, le christianisme est une doctrine obscurantiste et réactionnaire qui s'obstine à croire à un Dieu et à une âme qui n'ont pas de réalité. Du coup, les chrétiens, qui étaient déjà, par définition, ou qui auraient dû être, les adversaires de toutes les doctrines de domination et de violence, sont devenus, par excellence, les adversaires des communistes qui avaient adopté et retourné leurs principes. Car il y a une dialectique du christianisme comme il y a une dialectique du marxisme. Les chrétiens ont le devoir d'être du côté des victimes et de les défendre contre les bourreaux, mais victimes et bourreaux ont une fâcheuse propension à échanger sans cesse leur rôle : les victimes n'ont rien de plus pressé que de se changer en bourreaux, et les bourreaux en victimes. L'histoire du marxisme stalinien qui renverse le tsarisme pour tendre à l’imiter et qui détruit une tyrannie arrogante pour instaurer une tyrannie sournoise, plus dure et plus cruelle que la tyrannie arrogante, se résume peut-être dans cette sanglante inversion.
- Presque rien sur presque tout, Jean d'Ormesson, éd. Gallimard, 1996 (ISBN 2-07-074439-6), p. 204
Il est douteux que l'Église catholique, qui est la plus ancienne, avec le judaïsme dont elle sort, de toutes les institutions de ce monde, puisse enfreindre indéfiniment la loi de l'usure et du délabrement des constructions des hommes. Qu’elle ait duré deux mille ans est déjà si stupéfiant qu'il n'est pas interdit à ses fidèles de voir l'action de l'Esprit-Saint dans cette continuité qui touche à la permanence. Mais, même si elle disparaissait, ce qui n'est pas impossible, le cœur du christianisme ne disparaîtra pas. Inventés par le christianisme, qui met fin d'un seul coup, au prix de la mort de Dieu, à la domination exclusive et millénaire des empereurs et des rois, des puissants et des riches, et qui constitue ainsi la révolution la plus décisive et peut-être la seule durable, et la plus imitée, de l'histoire de l'humanité, l'amour des hommes pour les hommes et la pitié pour leurs souffrances n’en finiront jamais de renaître de leurs cendres.
- Presque rien sur presque tout, Jean d'Ormesson, éd. Gallimard, 1996 (ISBN 2-07-074439-6), p. 205
C'est une chose étrange à la fin que le monde
modifier- C'est une chose étrange à la fin que le monde, Jean d'Ormesson, éd. Robert Laffont, 2010, p. 30
- Citation choisie pour le 28 octobre 2011.
La seule différence qui compte est imposée par le sexe : il y a des hommes et il y a des femmes, et il faut un homme et une femme pour qu'il y ait un enfant. Pendant des milliers de millénaires, et jusqu'à nous en tout cas, les deux sexes s'unissent pour que l'histoire continue.
- C'est une chose étrange à la fin que le monde, Jean d'Ormesson, éd. Robert Laffont, 2010 (ISBN 978-2-221-11702-6), p. 30
Ce n'est pourtant pas compliqué : le temps passe et je dure, l'histoire se déroule et l'être est. Derrière les tribulations du monde, il y a quelque chose qui lui permet de changer sans cesse et de rester le même à travers les changements : c'est moi. L'herbe pousse, les enfants meurent. Derrière le monde qui se fait et s'écroule, qui ne se fait que pour s'écrouler, qui s'écroule et se refait, il y a cet être immobile, éternel, infini, hors de l'espace et du temps, qui hante l'esprit des hommes plongés dans l'espace et dans le temps et guettés par une mort dont il leur est interdit, à eux qui comprennent tout, qui changent tout, qui se croient la fin de tout, de jamais rien savoir.
- C'est une chose étrange à la fin que le monde, Jean d'Ormesson, éd. Robert Laffont, 2010 (ISBN 978-2-221-11702-6), p. 63
Dieu est hors du temps. mais il est aussi dans le temps, parce que les hommes qui le pensent, qui l'adorent, qui le combattent sont emportés dans le temps. Dieu est éternel, et il a pourtant une histoire — qui est l'histoire des hommes.
Dans cette histoire de Dieu et des hommes, il y a, entre le milieu du XIXe siècle et le début du XXIe, un peu plus de cent cinquante ans qui sont rudes pour un Dieu dénoncé et traqué par les hommes.
- C'est une chose étrange à la fin que le monde, Jean d'Ormesson, éd. Robert Laffont, 2010 (ISBN 978-2-221-11702-6), p. 101
La science d'aujourd'hui détruit l'ignorance d'hier et elle fera figure d'ignorance au regard de la science de demain. Dans le cœur des hommes il y a un élan vers autre chose qu'un savoir qui ne suffira jamais à expliquer un monde dont la clé secrète est ailleurs.
- C'est une chose étrange à la fin que le monde, Jean d'Ormesson, éd. Robert Laffont, 2010 (ISBN 978-2-221-11702-6), p. 113
J'espère que les hommes ne souffriront pas toujours. Ou qu'ils souffriront un peu moins. J'espère qu'il y aura enfin un peu de bonheur pour ceux qui n'en ont jamais eu. J'espère — est-ce assez bête ! — que la justice et la vérité, si souvent contrariées, sont, ici-bas d'abord, et peut-être même ailleurs, autre chose que des cymbales et des illusions. Il faut toujours penser comme si Dieu existait et toujours agir comme s'il n'existait pas.
Il y a, chez les hommes, et seulement chez les hommes, un élan vers la beauté et vers la vérité et une soif d'espérance.
Tout est bien.
- C'est une chose étrange à la fin que le monde, Jean d'Ormesson, éd. Robert Laffont, 2010 (ISBN 978-2-221-11702-6), p. 291, 292
- C'est une chose étrange à la fin que le monde, Jean d'Ormesson, éd. Éditions Robert Laffont, 2010, p. 18
C'était bien
modifier- C'était bien, Jean d'Ormesson, éd. Gallimard, 2003, p. 57
- C'était bien, Jean d'Ormesson, éd. Éditions Gallimard, 2003, p. 35
Peut-être Bach et Mozart composaient-ils des cantates et des airs d'opéra pour exprimer leur joie. Peut-être les peintres peignent-ils parce que le monde est beau. Je crois que les écrivains écrivent parce qu'ils éprouvent du chagrin. Je crois qu'il y a des livres parce qu'il y a du mal dans le monde et dans le cœur des hommes. Personne n'écrirait s'il n'y avait pas d'histoire. Et le moteur de l'histoire, c'est le mal.
- C'était bien (2003), Jean d'Ormesson, éd. Gallimard, coll. « Folio », 2005 (ISBN 2-07-031653-X), p. 70
Subsiste encore un doute. Si clair, si évident, le progrès de la science ne suscite-t-il pas plus de questions qu'il ne fournit de réponse ? La réalité — qui n'est peut-être qu'un songe appelé réalité — est si prodigieusement inépuisable qu'elle n'en finit jamais de déborder toutes les tentatives d'exploration et de renvoyer sans fin à autre chose. On marche toujours, on n'arrive jamais. La science est un grimpeur qui, au faîte de chaque pic, découvre toujours d'autres sommets qui lui dérobent l'horizon. Une malédiction frappe la science qui court de succès en succès : tous ses triomphes, et ils sont réels, sont des victoires à la Pyrrhus.
- C'était bien (2003), Jean d'Ormesson, éd. Gallimard, coll. « Folio », 2005 (ISBN 2-07-031653-X), p. 85
La science qui nous empêche de souffrir nous invente d'autres souffrances. La science qui guérit et fait vivre est aussi la science qui tue. La science qui nous donne le pouvoir sur le monde est aussi la science qui nous retire tout pouvoir et qui risque, un jour, de nous retirer le monde.
- C'était bien (2003), Jean d'Ormesson, éd. Gallimard, coll. « Folio », 2005 (ISBN 2-07-031653-X), p. 90
Dans ce coin-ci au moins de la planète, dominé par la science et la télévision, enfants de Voltaire, de Flaubert, d'Oscar Wilde, d'André Gide, de Queneau, si différents les uns des autres mais liés par un sens aigu de ce qui pouvait encore être écrit sans trop de ridicule, nous sommes entrés dans une culture de la distance et de la dérision. D'un côté, la science, il n'y a pas de quoi se tordre, qui nous fabrique notre avenir ; de l'autre, sous des rafales d'images, une lassitude et un dégoût mêlés de cris de douleur et de rires un peu fêlés : je crois que tout le monde les entend. Quelque chose à craqué. Nous ne sommes pas encore dans un monde différent. Mais, sans presque le savoir, nous ne sommes déjà plus les mêmes. Pas encore ailleurs. Mais déjà plus ici.
- C'était bien (2003), Jean d'Ormesson, éd. Gallimard, coll. « Folio », 2005 (ISBN 2-07-031653-X), p. 98
« Himmelhoch jauchzend, zum Tode betrübt ». J'étais gai, j'étais triste. J'étais fou de bonheur. Et accablé de chagrin. La vie m'a toujours paru délicieuse — et le monde, plein de larmes. Il y a du mal sous le soleil et je doute que l'histoire en vienne jamais à bout. Je ne crois pas que demain sera débarrassé du mal qui affligeait hier. Rêver d'un monde parfait qui brillerait devant nous est d'une naïveté meurtrière : beaucoup ont souffert et sont morts sous le prétexte, séduisant et criminel comme Lucifer lui-même, de changer le monde en paradis et de rendre aux hommes leur innocence.
- C'était bien (2003), Jean d'Ormesson, éd. Gallimard, coll. « Folio », 2005 (ISBN 2-07-031653-X), p. 134
À mesure que la science tranche les faces de Gorgone, de nouvelles têtes poussent à l'hydre pour poursuivre le travail et répandre la terreur. Aucun d'entre nous n'est à l'abri du mal qui frappe à coups redoublés. Ce mal — dont le christianisme nous parle avec génie sous les espèces du péché originel et, d'une certaine façon, de l'Incarnation, sacrifice inversé et suprême, offert non plus par les hommes à Dieu mais par Dieu aux hommes pour racheter le mal de l'histoire — ne peut ni s'effacer ni triompher.
- C'était bien (2003), Jean d'Ormesson, éd. Gallimard, coll. « Folio », 2005 (ISBN 2-07-031653-X), p. 138
Un jour, je m'en irai sans en avoir tout dit
modifier- Un jour, je m'en irai sans en avoir tout dit, Jean d'Ormesson, éd. Éditions Robert Laffont, 2013, p. 98
- Un jour, je m'en irai sans en avoir tout dit, Jean d'Ormesson, éd. Éditions Robert Laffont, 2013, p. 153
Qu’ai-je donc fait
modifier- Qu’ai-je donc fait, Jean d'Ormesson, éd. Éditions Robert Laffont, 2008 (ISBN 978-2-221-11198-7), p. 71
- Qu’ai-je donc fait, Jean d'Ormesson, éd. Éditions Robert Laffont, 2008 (ISBN 978-2-221-11198-7), p. 151
La littérature vivante d'aujourd'hui, qui m'a si souvent emmerdé avec son sérieux implacable et son pédantisme expérimental et toujours avorté, je lui rends bien volontiers la monnaie de sa pièce et je l'envoie se faire foutre avec beaucoup de gaieté. Je ne sais pas si je serai encore vivant demain, mais je suis sûr que la littérature vivante d'aujourd'hui, qui, avec son intolérance de donneuse de leçons et ses fanfaronnades de mauvais sentiments, est l'exact pendant, inversé et beaucoup plus prétentieux, de la crétinerie des pompiers de la peinture et de la littérature de la fin du XIXe siècle, sera morte avant moi — si elle n'est pas déjà morte.
- Qu’ai-je donc fait, Jean d'Ormesson, éd. Éditions Robert Laffont, 2008 (ISBN 978-2-221-11198-7), p. 28, 29
Ne lis pas n'importe quoi. Lis plutôt les grands livres dont tout le monde parle sans les lire.
- Qu’ai-je donc fait, Jean d'Ormesson, éd. Éditions Robert Laffont, 2008 (ISBN 978-2-221-11198-7), p. 65
Les espérances sont comme les femmes : les plus belles ne sont pas plus pas inaccessibles que les autres. Mieux vaut viser Rimbaud ou La Bruyère et rester loin derrière que viser Bordeaux ou Feuillet ou Sartre ou Eugène Sue et risquer de les atteindre.
- Qu’ai-je donc fait, Jean d'Ormesson, éd. Éditions Robert Laffont, 2008 (ISBN 978-2-221-11198-7), p. 66
Le vent du soir
modifier- Le vent du soir, Jean d'Ormesson, éd. Jean Claude Lattès, 1985, p. 114
- Le vent du soir, Jean d'Ormesson, éd. Jean Claude Lattès, 1985, p. 145
- Le vent du soir, Jean D'Ormesson, éd. Éditions Jean Claude Lattès, 1985, p. 365
Tous les hommes en sont fous
modifier- Incipit
- Tous les hommes en sont fous, Jean D'Ormesson, éd. Éditions Jean Claude Lattès, 1986, p. 19
- Tous les hommes en sont fous, Jean D'Ormesson, éd. Éditions Jean Claude Lattès, 1986, p. 45
- Tous les hommes en sont fous, Jean D'Ormesson, éd. Éditions Jean Claude Lattès, 1986, p. 146
– Nous sommes tous des esclaves, me dit-elle.
– Les esclaves des autres, lui dis-je. Et les esclaves de nous-mêmes.
- Tous les hommes en sont fous, Jean D'Ormesson, éd. Éditions Jean Claude Lattès, 1986, p. 146
Le bonheur à San Miniato
modifier- Le bonheur à San Miniato, Jean D'Ormesson, éd. Éditions Jean CLaude Lattès, 1987, p. 29
Casimir mène la grande vie
modifier- Casimir mène la grande vie, Jean D'Ormesson, éd. Gallimard, 1997, p. 135
Comme un chant d'espérance
modifier- Comme un chant d'espérance, Jean d'Ormesson, éd. Héloïse d'Ormesson, 2014, p. 85
- Comme un chant d'espérance, Jean d'Ormesson, éd. Héloïse d'Ormesson, 2014, p. 92
- Comme un chant d'espérance, Jean d'Ormesson, éd. Héloïse d'Ormesson, 2014, p. 95
- Comme un chant d'espérance, Jean d'Ormesson, éd. Héloïse d'Ormesson, 2014, p. 111
La Douane de mer
modifier- La Douane de mer (1994), Jean d'Ormesson, éd. Gallimard, coll. « Folio », 2006 (ISBN 2-07-039461-1), p. 53
– Eh bien, demanda A en penchant la tête d'un geste brusque, ce secret des secrets, dis-moi donc ce que c'est ?
- La Douane de mer (1994), Jean d'Ormesson, éd. Gallimard, coll. « Folio », 2006 (ISBN 2-07-039461-1), p. 186
- La Douane de mer (1994), Jean d'Ormesson, éd. Gallimard, coll. « Folio », 2006 (ISBN 2-07-039461-1), p. 227
- La Douane de mer (1994), Jean d'Ormesson, éd. Gallimard, coll. « Folio », 2006 (ISBN 2-07-039461-1), p. 227
Histoire du Juif errant
modifier- Histoire du Juif errant (1990), Jean d'Ormesson, éd. Gallimard, coll. « Folio », 2004 (ISBN 2-07-038578-7), p. 117
Il parlerait toutes les langues. Il aurait toujours dans sa poche assez d'argent pour survivre. Et le cancer, les armes blanches, le pistolet, le poison, la tempête et le feu, la cruauté des hommes et leur justice, le hasard et le destin seraient contraints de l'épargner. L'âge, c'est-à-dire le temps, n'aurait pas prise sur lui. Il avait laissé marcher le Galiléen vers sa mort. Il marcherait lui-même sans fin à travers l'univers. Mais il ne le savait pas encore.
- Histoire du Juif errant (1990), Jean d'Ormesson, éd. Gallimard, coll. « Folio », 2004 (ISBN 2-07-038578-7), p. 174
- Histoire du Juif errant (1990), Jean d'Ormesson, éd. Gallimard, coll. « Folio », 2004 (ISBN 2-07-038578-7), p. 267
- Histoire du Juif errant (1990), Jean d'Ormesson, éd. Gallimard, coll. « Folio », 2004 (ISBN 2-07-038578-7), p. 267
Je suis aussi la fatigue. la contradiction, et la fatigue. La passion et la fatigue. j'en ai assez de marcher. j'en ai assez d'un monde qui s'imagine toujours avoir tout découvert et qui ne comprend jamais rien. Voilà deux millénaires que je marche sur cette planète où tout se transforme toujours et où rien ne change jamais. C'est ce qui me rapproche des pauvres : les pauvres sont fatigués. Moi aussi.
- Histoire du Juif errant (1990), Jean d'Ormesson, éd. Gallimard, coll. « Folio », 2004 (ISBN 2-07-038578-7), p. 501
- Histoire du Juif errant (1990), Jean d'Ormesson, éd. Gallimard, coll. « Folio », 2004 (ISBN 2-07-038578-7), p. 505
- Histoire du Juif errant (1990), Jean d'Ormesson, éd. Gallimard, coll. « Folio », 2004 (ISBN 2-07-038578-7), p. 510
Le rapport Gabriel
modifier- Le rapport Gabriel (1999), Jean d'Ormesson, éd. Gallimard, coll. « Folio », 2003 (ISBN 2-07-041735-2), p. 39
- Le rapport Gabriel (1999), Jean d'Ormesson, éd. Gallimard, coll. « Folio », 2003 (ISBN 2-07-041735-2), p. 47
- Le rapport Gabriel (1999), Jean d'Ormesson, éd. Gallimard, coll. « Folio », 2003 (ISBN 2-07-041735-2), p. 258
- Le rapport Gabriel (1999), Jean d'Ormesson, éd. Gallimard, coll. « Folio », 2003 (ISBN 2-07-041735-2), p. 332
– Tu le sais mieux que moi, répondis-je.
– Et quel est l'urgent ?
Je réfléchis un instant.
- Le rapport Gabriel (1999), Jean d'Ormesson, éd. Gallimard, coll. « Folio », 2003 (ISBN 2-07-041735-2), p. 333
- Le rapport Gabriel (1999), Jean d'Ormesson, éd. Gallimard, coll. « Folio », 2003 (ISBN 2-07-041735-2), p. 404
La gloire de l'Empire
modifier- Incipit
- La gloire de l'Empire (1971), Jean d'Ormesson, éd. Gallimard, coll. « Folio », 2002 (ISBN 2-07-038941-3), p. 15
Au plaisir de Dieu
modifier- Incipit
- Au plaisir de Dieu (1974), Jean d'Ormesson, éd. Gallimard, coll. « Folio », 2006 (ISBN 2-07-037243-X), p. 13
Dieu, sa vie, son œuvre
modifier- Dieu, sa vie, son œuvre (1981), Jean d'Ormesson, éd. Gallimard, coll. « Folio », 2004 (ISBN 2-07-037735-0), p. 155
- Dieu, sa vie, son œuvre (1981), Jean d'Ormesson, éd. Gallimard, coll. « Folio », 2004 (ISBN 2-07-037735-0), p. 286
Odeur du temps
modifier- Avant-propos
- Odeur du temps, Jean d'Ormesson, éd. Éditions Héloïse D'Ormesson, 2007 (ISBN 978-2-35087-058-8), p. 15
- Odeur du temps, Jean d'Ormesson, éd. Éditions Héloïse D'Ormesson, 2007 (ISBN 978-2-35087-058-8), p. 93
Saveur du temps
modifier- Avant-propos
- Saveur du temps, Jean d'Ormesson, éd. Éditions Héloïse D'Ormesson, 2009 (ISBN 978-2-35087-114-1), p. 13
- Incipit
- Saveur du temps, Jean d'Ormesson, éd. Éditions Héloïse D'Ormesson, 2009 (ISBN 978-2-35087-114-1), p. 19
Je dirai malgré tout que cette vie fut belle
modifier- Je dirai malgré tout que cette vie fut belle, Jean d'Ormesson, éd. Gallimard, 2016 (ISBN 978-2-07-017829-2), p. 416
- Je dirai malgré tout que cette vie fut belle, Jean d'Ormesson, éd. Gallimard, 2016 (ISBN 978-2-07-017829-2), p. 425
- Je dirai malgré tout que cette vie fut belle, Jean d'Ormesson, éd. Gallimard, 2016 (ISBN 978-2-07-017829-2), p. 433
Ou, du moins, il n'existe pas en tant que tel. Il n'est pas une réalité. Il n'a pas d'existence propre. Il n'y a pas de temps vide comme il peut y avoir un espace vide. Le temps n'est rien d'autre qu'une dimension — ou plutôt la dimension — nécessaire et universelle de tout ce qui est appelé à exister à partir du big bang.
- Je dirai malgré tout que cette vie fut belle, Jean d'Ormesson, éd. Gallimard, 2016 (ISBN 978-2-07-017829-2), p. 439
- Je dirai malgré tout que cette vie fut belle, Jean d'Ormesson, éd. Gallimard, 2016 (ISBN 978-2-07-017829-2), p. 448
Dans ce tohu-bohu, je n'ai que trois convictions.
La première est la plus simple et la plus lumineuse : rien n'est plus beau que ce monde passager, si cruel et si gai, éclairé et réchauffé – quelle chance ! – par une étoile que nous appelons soleil et où – quelle chance ! – Il y a de l'eau, des chèvres, des montagnes, des chiffres, des livres, des secrets, ces oliviers et ces éléphants dont j'ai déjà trop parlé, des ambitions, des passions, des idées soudain nouvelles qui éclatent comme des grenades et des rêves de jeunes filles. En dépit de tant de malheurs et de tant de chagrins, c'est un bonheur d'être né.
- Je dirai malgré tout que cette vie fut belle, Jean d'Ormesson, éd. Gallimard, 2016 (ISBN 978-2-07-017829-2), p. 450
Apparemment opposée à la première, la deuxième a quelque chose de plus sombre : naître, c'est commencer à mourir et la vie que j'ai tant aimée est une espèce d'illusion appelée avec évidence à se dissiper au plus vite et à périr à jamais. Cette deuxième conviction l'emporte de loin sur la première. Avec ses bonheurs et sa tristesse, avec ses drames et ses enchantements, l'existence sur cette terre m'apparaît comme un sas, une sorte de stage, une épreuve, un examen de passage – mais vers quoi ou vers où ?
- Je dirai malgré tout que cette vie fut belle, Jean d'Ormesson, éd. Gallimard, 2016 (ISBN 978-2-07-017829-2), p. 450
Ma troisième conviction est la moins assurée et la plus contestable. Elle prend la forme d'un pari : je ne crois pas à un hasard qui aurait organisé, avec une rigueur et un génie surprenants, le monde autour de moi, et moi-même par dessus le marché. Malgré tous mes doutes, je mets mon espérance dans une nécessité obscure et dans une puissance inconnue.
- Je dirai malgré tout que cette vie fut belle, Jean d'Ormesson, éd. Gallimard, 2016 (ISBN 978-2-07-017829-2), p. 450
Guide des égarés
modifierPlus familière et plus présente que l'air toujours absent, l'eau est aussi plus étrange et plus paradoxale. Elle n'a ni forme ni couleur, mais nous pouvons la voir. Elle n'émet aucun son, mais nous écoutons volontiers sa musique et ses plaintes. Nous pénétrons parfois dans son invraisemblable texture, mais le plus souvent c'est elle qui nous pénètre pour s'installer chez nous où elle règne en maîtresse. A sa forme si instable et secrète jusqu'au miracle nous donnons le nom de « liquide ».
- Guide des égarés, Jean d'Ormesson, éd. Gallimard, coll. « nrf », 2016 (ISBN 978-2-07-269436-3), p. 31
Le temps existe, bien sûr, puisque nous vieillissons et mourons, puisque tout passe et s'en va. Mais il n'a pas, comme l'espace, une réalité par lui-même. Il n'est pas un fleuve où nous nous plongerions. Mystère profond, il est attaché à la matière et à la vie. Memento mori perpétuel et tout puissant, il est, sur toutes les formes les plus diverses de la réalité et de l'existence, sur toutes leurs facettes et tous leurs fragments les plus infimes, la marque indélébile d'un élan vers la mort et la disparition.
- Guide des égarés, Jean d'Ormesson, éd. Gallimard, coll. « nrf », 2016 (ISBN 978-2-07-269436-3), p. 42
Chacun de nous sort d'un mécanisme physique qui repose sur l'union de deux corps matériels et monte vers la liberté. La vie sort de molécules et de bactéries étrangères à tout esprit et monte — au moins de loin — vers le savoir, l'art, la beauté, la vérité. Le talent, le génie, l'imagination, la bonté sortent d'ovules et de sperme. Et l'univers lui-même sort d'une explosion matérielle avant de monter dans le temps, vers l'histoire, vers la mort au bout du rouleau — et, paradoxe suprême, vers la pensée et l'amour qui unissent la matière et l'esprit. Tout sort de la matière et tout monte vers l'esprit. Comme le monde lui-même, la pensée est une incarnation.
- Guide des égarés, Jean d'Ormesson, éd. Gallimard, coll. « nrf », 2016 (ISBN 978-2-07-269436-3), p. 47
Le mal est une trouvaille de génie qui n'appartient qu'aux hommes. Il est une invention et un prolongement de la pensée.
- Guide des égarés, Jean d'Ormesson, éd. Gallimard, coll. « nrf », 2016 (ISBN 978-2-07-269436-3), p. 49
Ce qu'il y a de plus étrange dans la mort, c'est cette barrière infranchissable qui la sépare de la vie. On dirait un fait exprès. Très loin dans le passé, il y a des millions et des millions de siècles, un mur s'élève tout au début pour nous empêcher de connaître notre origine. Très près dans l'avenir, dans quelques années, dans quelques mois ou peut-être demain, un mur s'élève tout à la fin pour nous empêcher de connaître notre destin.
Nous ignorons d'où nous venons, nous ignorons où nous allons. Nous sommes tous des égarés.
- Guide des égarés, Jean d'Ormesson, éd. Gallimard, coll. « nrf », 2016 (ISBN 978-2-07-269436-3), p. 66, 67
Chacun a le droit, et peut-être le devoir, d'être heureux. Les traités du bonheur et les recettes pour y parvenir sans trop de peine en quelques leçons ont fleuri un peu partout. J'ai contribué moi-même à cet engouement collectif et un peu forcé. Peut-être faut-il rappeler que la recherche frénétique du bonheur ouvre le chemin le plus sûr vers l'échec et le dégoût. Le bonheur n'est pas un but, encore moins une carrière ou une obligation, mais un don gratuit, une surprise ou la récompense de ceux qui ne passent pas leur temps à le cultiver. Le bonheur n'est pas un exercice narcissique et solitaire. Il tombe, comme par hasard, sur la tête et dans le cœur de ceux qui, loin de s'occuper d'eux-mêmes, s'occupent plutôt d'autre chose — et des autres.
- Guide des égarés, Jean d'Ormesson, éd. Gallimard, coll. « nrf », 2016 (ISBN 978-2-07-269436-3), p. 72
Le progrès est une réalité. Le progrès est une évidence. Le progrès est une idole. Le progrès est un mythe. Tout passe, tout évolue, mais tout reste semblable. Le prince Salina, dans Le Guépard de Lampedusa revu par Visconti, l'avait déjà déjà deviné : rien ne change jamais que pour mieux se poursuivre.
- Guide des égarés, Jean d'Ormesson, éd. Gallimard, coll. « nrf », 2016 (ISBN 978-2-07-269436-3), p. 79
Une bonne partie, et la plus bruyante, de l'art d'aujourd'hui s'est détournée de la beauté. Une œuvre d'art a encore le droit d'être belle. Elle peut aussi nourrir des ambitions différentes. Au lendemain de deux guerres mondiales et de la crise économique, avec les progrès de la science et la crainte de l'avenir, après Rimbaud, Joyce, Picasso, Charlie Chaplin d'un côté, Barnum, la radio, le cinéma, la télévision de l'autre, le rejet, le combat, la fureur, une éthique parfois inversée ont pris la place de l'admiration, inséparable de la beauté. Les médias et l'argent ont détrôné la reconnaissance par les pairs et la gloire. Les metteurs en scène l'ont emporté sur les auteurs. Le commentaire sociologique s'est emparé de l'art.
- Guide des égarés, Jean d'Ormesson, éd. Gallimard, coll. « nrf », 2016 (ISBN 978-2-07-269436-3), p. 90
Le problème avec la vérité, qui est adéquation de la pensée et de la réalité, conformité du langage au monde et à son histoire, c'est qu'elle ne cesse de se dérober. Elle se situe volontiers sous l'invocation de la formule célèbre d'un procureur de Judée au temps de l'empereur Tibère : « Qu'est-ce-que la vérité ? »
Il n'y a de beauté que parce qu'il y a des hommes pour la percevoir. Il n'y a de vérité — de mensonge — que parce qu'il y a une pensée et un langage pour la découvrir — ou la dissimuler. Inséparable de l'expression sous forme de voix ou d'écriture, elle est aussi liée au mal qu'elle affronte et qu'elle dissipe. Assoiffée de reconnaissance, elle est fragile et toujours prête à la bataille.
- Guide des égarés, Jean d'Ormesson, éd. Gallimard, coll. « nrf », 2016 (ISBN 978-2-07-269436-3), p. 93
Au-delà des bouleversements de la science, de la technique, des mœurs, de la religion qui déboussolaient les esprits, le découragement des citoyens, le désarroi des consciences, le fameux malaise dans la civilisation n'étaient peut-être rien d'autre que les manifestations de la crise de la vérité.
- Guide des égarés, Jean d'Ormesson, éd. Gallimard, coll. « nrf », 2016 (ISBN 978-2-07-269436-3), p. 98
Les chrétiens ont deux convictions, et peut-être seulement deux. Ils croient à Dieu comme source et comme sens de l'univers. Et ils croient à un homme nommé Jésus en qui leur Dieu s'est incarné et qui enseigne conjointement l'amour de Dieu et l'amour des hommes. Puisque Dieu a choisi, dans sa puissance et dans sa gloire, de prendre visage humain, un peu de divinité est descendue sur ses créatures. Dieu se confond avec l'homme. L'homme se rapproche de Dieu. Le christianisme est une théologie, mais est aussi un humanisme.
- Guide des égarés, Jean d'Ormesson, éd. Gallimard, coll. « nrf », 2016 (ISBN 978-2-07-269436-3), p. 114
La Conversation
modifier- La Conversation, Jean d'Ormesson, éd. Héloïse d'Ormesson, 2011 (ISBN 978-2-35087-174-5), p. 90, 91
- La Conversation, Jean d'Ormesson, éd. Héloïse d'Ormesson, 2011 (ISBN 978-2-35087-174-5), p. 102, 103
- La Conversation, Jean d'Ormesson, éd. Héloïse d'Ormesson, 2011 (ISBN 978-2-35087-174-5), p. 114, 115
Une fête en larmes
modifierJe crois que le monde change, je crois qu'il ne cesse de changer et de rester le même, je crois que les hommes progressent et qu'ils montent vers quelque chose d'inconnu qui ressemble à l'espérance et d'où le mal ne sera pas extirpé. Il est aussi ridicule de nier le progrès que de le parer de toutes les vertus.
- Une fête en larmes, Jean d'Ormesson, éd. Éditions Robert Laffont, 2005 (ISBN 2-221-10483-8), p. 44
Je suis de ceux qui croient à un péché originel et à la présence d'un mal qui rentrera par la fenêtre quand on l'aura chassé par la porte. C'est ce monde-là qu'il nous faut non seulement supporter, mais aimer et dont il faut s'amuser.
- Une fête en larmes, Jean d'Ormesson, éd. Éditions Robert Laffont, 2005 (ISBN 2-221-10483-8), p. 72
– À quoi ? demanda Clara avec une ombre d'insolence.
– Mais à la mort, lui dis-je. Ne le savez-vous pas ? Tout finit. Les amours éternels finissent aussi par finir. Vous finirez. Je finirai. Je suis près de finir. Vous êtes loin de finir parce que vous êtes jeune. Mais vous finirez aussi. C'est un malheur. Et, en un sens, c'est une chance. On peut dire que, sous le soleil et au-delà du soleil, tout est triste et mal parce que tout finit. On peut dire aussi — et c'est pire, et c'est encore plus triste — que tout est bien : parce que tout finit.
- Une fête en larmes, Jean d'Ormesson, éd. Éditions Robert Laffont, 2005 (ISBN 2-221-10483-8), p. 156
C'est pour vous rappeler à la réalité. L'amour lui-même, qui est une des rares choses auxquelles nous puissions, dans cette vallée d'erreurs et de larmes, dans cette galerie de faux-semblants, être tentés de croire, est frappé de malédiction. Il l'emporte de très loin sur toutes les bassesses du monde — mais il lui appartient encore : il en partage la misère. Reflet du sacré, il est un rêve, une nuée, une illusion scintillante. Un peu plus haut que tout le reste, il est une des facettes les plus brillantes et les plus enivrantes du néant de ce monde.
- Une fête en larmes, Jean d'Ormesson, éd. Éditions Robert Laffont, 2005 (ISBN 2-221-10483-8), p. 159
Plus sûrement que toute autorité, légitime ou non, la démocratie, le vote, le socialisme, l'impôt ont tué la révolution qui jouissait d'une santé insolente dans l'opposition à la monarchie ou à la dictature, au moins tant qu'elles étaient faibles ou dès qu'elles le devenaient — et toutes les dictatures finissent, à un moment ou à un autre, par se relâcher et s'affaiblir. Nous sommes entrés dans un monde non seulement unifié et très petit, mais souple, fluide, presque livide, malléable jusqu'à l’inexistence et demain virtuel. Ce qui a pu faire naître la conviction que l'histoire est finie, avec ses idées de permanences et de réalité, ses structures, ses institutions, et qu'elle laissait la place à autre chose.
- Une fête en larmes, Jean d'Ormesson, éd. Éditions Robert Laffont, 2005 (ISBN 2-221-10483-8), p. 196
Et moi, je vis toujours
modifierCe qu'il y a de merveilleux avec la guerre de Troie, c'est que, contrairement à la règle qui veut que l'histoire soit la mère de la poésie, c'est ici de la poésie que surgit enfin l'histoire. Presque tout ce que vous savez de la guerre de Troie sort de l'Iliade d'Homère — dont nous ne savons pas grand-chose, pas même s'il a vraiment existé. L'Iliade de ce poète inconnu, peut-être aveugle, peut-être légendaire, mais en tout cas génial, est la source de tout un pan immense de l'histoire universelle.
- Et moi, je vis toujours, Jean d'Ormesson, éd. Gallimard, 2018 (ISBN 978-2-07-274430-3), p. 26, 27
Avec Héraclite à Éphèse et Parménide en Grande-Grèce, l'oiseau de minerve, sa chouette, son hibou — la philosophie prend son envol. Pour Héraclite, tout passe, tout change, rien ne dure. On ne se baigne jamais deux fois dans le même fleuve. L'univers n'est qu'une succession d'illusions éphémères. Pour Parménide, c'est le contraire. Le monde est solide et dense. Un mot le résume : l'être. L'être est, un point c'est tout. Beaucoup s'imaginent qu'il peut y avoir un néant, du non-être. C'est une erreur. L'être est. Le non-être n'est pas et il ne faut pas en parler. Toute l'histoire de la philosophie à venir sort de l'opposition entre Héraclite et Parménide. Platon et Spinoza seront du côté de Parménide et de sa substance infinie et éternelle. Hegel et Marx seront du côté d'Héraclite. Ils reconnaîtront en lui le maître de la dialectique.
- Et moi, je vis toujours, Jean d'Ormesson, éd. Gallimard, 2018 (ISBN 978-2-07-274430-3), p. 32, 33
Nous devons tout à la Grèce et à Rome. Et pourtant, tout au long de ces siècles de puissance et de gloire, un seul événement, le plus inaperçu d'abord et le plus décisif sans doute de l'histoire des hommes, s'inscrit soudain dans l'espace et le temps : un enfant naît sous le règne d'Auguste.
- Et moi, je vis toujours, Jean d'Ormesson, éd. Gallimard, 2018 (ISBN 978-2-07-274430-3), p. 45, 46
L'histoire prend souvent des chemins détournés pour parvenir à son but. Dieu se sert de lignes courbes pour écrire très droit. Ce ne sont pas les empereurs, ce ne sont pas les puissants de ce monde, ce ne sont pas les riches dont Jésus ne dit pas de bien qui font triompher le christianisme. Ce sont les pauvres, les esclaves, les femmes — et les barbares.
- Et moi, je vis toujours, Jean d'Ormesson, éd. Gallimard, 2018 (ISBN 978-2-07-274430-3), p. 47
Corneille, si je ne me trompe, c'est un théâtre d'hommes avec des femmes ; Racine, c'est un théâtre de femmes avec des hommes. Chez Corneille, la volonté l'emporte sur la passion ; chez Racine, la passion l'emporte sur la volonté. Corneille nous montre des héros triomphants ; Racine, des victimes condamnées. Pour Corneille, la tragédie est une grande aventure héroïque qui peut finir bien ; pour Racine, c'est une aventure personnelle et intime qui ne peut finir que mal.
- Et moi, je vis toujours, Jean d'Ormesson, éd. Gallimard, 2018 (ISBN 978-2-07-274430-3), p. 157
Le miracle français était politique, économique et militaire. Il était surtout littéraire, intellectuel, artistique et culturel. Il était lié à des victoires, au commerce, à l'industrie, à la multiplication des ateliers, au savoir-faire de nos artisans. Il reposait d'abord sur l'usage et le triomphe d'une langue qui allait devenir la langue de l'Europe et donner à la France, pour un siècle, et peut-être pour un peu plus, le premier rang dans le monde.
- Et moi, je vis toujours, Jean d'Ormesson, éd. Gallimard, 2018 (ISBN 978-2-07-274430-3), p. 170
Le XVIIe est un siècle d'écrivains. le XVIIIe est un siècle d'intellectuels.
- Et moi, je vis toujours, Jean d'Ormesson, éd. Gallimard, 2018 (ISBN 978-2-07-274430-3), p. 173
Dans beaucoup de régions, et notamment dans cette Europe qui continue à régner sur le monde, la bourgeoisie domine les deux siècles qui succèdent à l'Ancien Régime, à la Révolution et à l'Empire. Beaucoup de définitions ont été données du bourgeois. Il est réservé et il a des réserves. Il ne s'engage jamais tout entier. Il a plus d'intérêts que d'idéal. Il aime le confort et il est conformiste. Il est prudent, sûr de lui, parfois chafouin, affolé de culture, près de ses sous. Il se réclame d'un passé d'ailleurs plutôt récent, d'un art souvent moderne pour essayer de donner le change, de la tradition, de la beauté. Il tente toujours de passer pour audacieux, mais il craint l'avenir, les artistes et l'amour. Il est plus familier des banques et des assurances que de l'agriculture et de la pêche en haute mer. Tout tient en un seul mot : l'argent. Orgueilleux et hautains, les aristocrates méprisaient un argent dont ils manquaient rarement. Les bourgeois ont un faible pour l'argent — même celui qu'ils n'ont pas et après lequel ils ne cessent jamais de courir.
- Et moi, je vis toujours, Jean d'Ormesson, éd. Gallimard, 2018 (ISBN 978-2-07-274430-3), p. 214
Déclenchée par un fait divers presque dérisoire, qui sert de prétexte à des haines recuites, la Grande Guerre est une guerre civile aux dimensions mondiales. Dénoncée par un petit nombre de grands esprits qui, d'un côté comme de l'autre, passent aussitôt pour des traîtres, elle va provoquer de grandes souffrances dans les deux camps, entraîner la mort de plus huit millions d'êtres humains et ouvrir la voie au déclin de l'Europe.
- Et moi, je vis toujours, Jean d'Ormesson, éd. Gallimard, 2018 (ISBN 978-2-07-274430-3), p. 233
Essais
modifierUne autre histoire de la littérature française, II
modifier- Une autre histoire de la littérature française, II, Jean d'Ormesson, éd. Gallimard, coll. « folio », 1998, p. 13
Qu'est-ce qui est au cœur de Marguerite Yourcenar ? Je dirais deux choses surtout. Commençons par la moins importante : le savoir, l'érudition, une connaissance approfondie de l'histoire de la culture.[...]
L'essentiel de Yourcenar est pourtant encore ailleurs. Il est dans une exigence qui va à contre-courant des tendances de l'époque. Pour dire les choses d'un mot, elle se méfie du bonheur. Elle méprise le bonheur et elle lui oppose le service, qui est peut-être le mot clé de sa personne et de son œuvre.
- Une autre histoire de la littérature française, II, Jean d'Ormesson, éd. Gallimard, coll. « folio », 1998, p. 354
Le désenchantement ne réclame pas de longues tartines. Ce que le chagrin fait de mieux, c'est de se murer dans son silence. Cioran coupe en deux la poire du désespoir. Il ne se répand pas, à la façon de Rolla ou de Childe Harold, en lamentations lyriques, il ne se tait pas non plus tout à fait : il procède par coups de semonce, par éclats mesurés, par proverbes plus noirs que ceux de Blake ou de Pierce qui se réclamaient pourtant du diable, par aphorismes et apophtegmes.
- Une autre histoire de la littérature française, II, Jean d'Ormesson, éd. Gallimard, coll. « folio », 1998, p. 384
Presse
modifier- « La culture vivante », Jean d'Ormesson, Grandes signatures, nº 1, avril 2008, p. 7
- Citation choisie pour le 3 janvier 2009.
- « La Chronique du temps qui passe », Jean d'Ormesson, Le Figaro Magazine, nº 13827, 11 février 1989, p. 9
- « L'appel de Jean d'Ormesson pour les Chrétiens d'Irak », Jean d'Ormesson, Le Figaro, 2 août 2014 (lire en ligne)
- « « Nous sommes en guerre » », Jean d'Ormesson, Le Figaro, 22 décembre 2014 (lire en ligne)
Émission
modifier- Commentant l'entrée d' Alain Finkielkraut à l'Académie française, l'écrivain et académicien Jean d'Ormesson en a profité pour formuler un souhait: celui de voir un représentant de l'islam intégrer cette prestigieuse institution
- Jean d'Ormesson, Entretien avec Jean d’Ormesson, Public Sénat, 28 janvier 2016
Citations rapportées
modifier- Dans le Figaro du 10 décembre 1992, à propos de la suppression par FR3 de l’émission littéraire Caractères.
- « Préface », Jacques Chambon (1995), dans Fahrenheit 451, Ray Bradbury, éd. Denoël, coll. « Folio/SF », 2000 (ISBN 2-07-041573-2), p. 13