Communisme
Le communisme est une conception de société sans classe, une organisation sociale où l'État actuel et le privé de la propriété des moyens de production sont abolis. C'est une branche du socialisme. Selon le socialisme utopique et la pensée anarchiste, il part de l'adage « de chacun selon ses moyens, à chacun selon ses besoins ».
Au niveau politique, le communisme désigne une variété de mouvements qui affirment chercher à établir à terme une telle société.
XIXè siècle
modifier- L'Homme selon la science, son passé, son avenir (1869), Ludwig Büchner (trad. Letourneau), éd. Reinwald, 1885, p. 224
- in Histoire des philosophies matérialistes, Pascal Charbonnat, éd. Syllepse, 2007, partie Les matérialistes du 19e siècle, chap. Ludwig Büchner, L'homme en société, p. 426
L'un des deux Français qui faisaient partie du groupe, au visage pâle et à lunettes, me témoigna de la sympathie. Il s'efforçait de m'épargner les efforts qui paraissaient au-dessus de mes capacités physiques. C'était un communiste qui ne s'en cachait pas. En dépit de son sérieux un peu pesant, je me plaisais à converser avec lui, d'autant plus qu'il s'intéressait sincèrement à beaucoup de choses. Il y avait un sujet qu'après quelques échanges j'évitais ː le régime communiste en Chine. L'autre lui vouait une admiration sans bornes, le considérant comme le nouvel espoir de l'humanité. Lui qui d'ordinaire se montrait si attentif, presque humble, lorsque je lui parlais de choses qu'il ne connaissait pas, ici écoutait à peine, sûr de connaître mieux le sujet que moi, puisqu'il lisait L'humanité qui publiait fréquemment des articles sur la Chine. Il essayait même de me convaincre, arguant que pour réussir une telle révolution, des sacrifices étaient indispensables. En parlant, son visage pâle s'émaciait davantage, cependant que ses pommettes rosissaient et que ses yeux se mettaient à briller derrière ses lunettes, pareils à ceux d'un amoureux transi.
- « Une formule prétendue communiste », Jules Guesde, L'Egalité, 14 mai 1882, p. 1 (texte intégral sur Wikisource)
- Jules Guesde, le Collectivisme au Collège de France, in avertissement, Leçons à un professeur (réédition d'article de 1881-1882 de L'Égalité pour l'économiste libéral Paul Leroy-Beaulieu), à la Prison Sainte-Pélagie, le 10 août 1883, 3 brochures.
- in Jules Guesde, l'apôtre et la loi, Claude Willard, éd. Les éditions ouvrières, coll. « La part des hommes », 1991 (ISBN 2-7082-2889-7), p. 47
- Études socialistes, Jean Jaurès, éd. Paul Ollendorff, 1902, Introduction : Question de méthode, p. LIII (voir la fiche de référence de l'œuvre) (texte intégral sur Wikisource)
- Citation choisie pour le 21 mars 2010.
- Critique de l'économie politique (manuscrits de 1844) (1844), Karl Marx (trad. Kostas Papaioannou), éd. Allia, 2007, partie 3.Communisme et socialisme, chap. XVII.Communisme et socialisme 2.Athèisme, communisme, socialisme, p. 167 (texte intégral sur Wikisource)
- (de) Ein Gespenst geht um in Europa, das Gespenst des Kommunismus.
- Manifeste du parti communiste (1848), Karl Marx et Friedrich Engels (trad. Émile Bottigelli), éd. Flammarion, coll. « GF », 1998 (ISBN 2-08-071002-8), Introduction, p. 71 (texte intégral sur Wikisource)
- Manifeste du Parti communiste (1848), Karl Marx et Friedrich Engels (trad. Laura Lafargue), éd. Champ libre, 1983 (ISBN 2-85184-138-6), partie II (« Prolétaires et communistes »), p. 47-48 (texte intégral sur Wikisource)
- Manifeste du Parti communiste (1848), Karl Marx et Friedrich Engels (trad. Laura Lafargue), éd. Champ libre, 1983 (ISBN 2-85184-138-6), partie II (« Prolétaires et communistes »), p. 47-48 (texte intégral sur Wikisource)
- (de) Mögen die herrschenden Klassen vor einer kommunistischen Revolution zittern. Die Proletarier haben nichts in ihr zu verlieren als ihre Ketten. Sie haben eine Welt zu gewinnen. Proletarier aller Länder, vereinigt euch !
- Manifeste du parti communiste (1848), Karl Marx et Friedrich Engels (trad. Émile Bottigelli), éd. Flammarion, coll. « GF », 1998 (ISBN 2-08-071002-8), partie IV (« Position des communistes à l'égard des divers partis d'opposition »), p. 119 (texte intégral sur Wikisource)
- Anti-Dühring, Friedrich Engels (trad. Emile Bottigelli), éd. Éditions sociales, 1971, chap. II. Notions théoriques, p. 319
- Sur la Commune de Paris, Marx, Engel, Lénine, éd. Les Éditions du Progrès, 1971, La Guerre Civil en France, 1891, p. 16 (texte intégral sur Wikisource)
[Q]ue le communisme soit partiel ou complet, l’économie politique ne l’admet pas plus que le monopole, dont il n’est que l’extension.
- Gustave de Molinari, §V de « De la production de la sécurité », Journal des économistes 22, no. 95 (Paris: Chez Guillaumin et ce, 15 février 1849), p. 282.
Ou la production communiste est supérieure à la production libre, ou elle ne l’est point ?
Si oui, elle l’est non-seulement pour la sécurité, mais pour toutes choses.
Si non, le progrès consistera inévitablement à la remplacer par la production libre.
Communisme complet ou liberté complète, voilà l’alternative !
- Gustave de Molinari, §VI de « De la production de la sécurité », Journal des économistes 22, no. 95 (Paris: Chez Guillaumin et ce, 15 février 1849), p. 284.
Charles Baudelaire, Mon cœur mis à nu
modifierTout est commun, même Dieu.
- « Mon cœur mis à nu », dans Journaux intimes, Charles Baudelaire, éd. G. Crès, 1920, LXXXIV, p. 84 (voir la fiche de référence de l'œuvre) (texte intégral sur Wikisource)
XXè siècle
modifier- État et Révolution (1917), Lénine, éd. Éditions en langues étrangères, 1967, p. 112
La révolution retrouvait son vrai visage, celui du léninisme pur et dur qui est forcément cynique. J’ai cru que nous pourrions être communistes, que les communistes revendiqueraient enfin leurs crimes comme des sacrifices à l’idéal de la révolution mondiale, qu’ils avoueraient le génocide de la nation cosaque, le génocide des Musulmans du Caucase, qu’ils cesseraient de finasser ignoblement sur Katyn en abattant les cartes sur la table : nous avons massacré 12000 officiers polonais près de Smolensk parce que ces 12000 hommes étaient l’élite de la nation et auraient empêché un jour ou l’autre la soviétisation de la Pologne, fin suprême comme l’a avoué lui-même le fils de Staline, Jacob Dougashvili.
- Les Poneys sauvages (1970), Michel Déon, éd. Gallimard, 1970, p. 301
- Deutsche Hörer (24 Octobre 1942), Thomas Mann, éd. in ld., Essays, présenté par H. Kurzke, Fischer, Frankfurt a.M., 1986, t. 2, p. 271
- in Staline, Histoire et critique d'une légende Noire, Domenico Losurdo, éd. Aden, 2011, p. 16
- Discours à la conférence du PCF de Gennevilliers (1938).
- In La nature dans la pensée dialectique, Eftýchios Bitsákis, éd. L'Harmattan, 2001, p. 333
- Darwin on slavery, J.B.S. Haldane, éd. Daily Worker, 14 nov 1949, p. cité in Prum, M.(2005). L'un sans l'autre : Racisme et eugénisme dans l'aire anglophone (p.109). Harmattan.
- (en) And, too, I saw the low value placed upon human life, the total lack of respect for the dignity of man, the betrayal of trust, the terror of the Secret Police and the bloody hand of the assassin, during and since, those fateful years when I embraced communism.
- Color, Communism, and Common Sense, Manning Johnson, éd. édition électronique, 1958, p. 2
- (en) Loyalty is placed first because the Communist Party leaders demand that loyalty to the Party be placed above and before everything and that includes race, relatives, family and loved ones. It entails a complete surrender of the will to the communist hierarchy. A willingness to do anything, go anywhere and say anything you are told is a condition of Communist membership.
- Color, Communism, and Common Sense, Manning Johnson, éd. édition électronique, 1958, p. 12
- De François Mauriac. Cité dans :
- Mauriac et De Gaulle, chroniques et discours, 1945-1948, Malcolm Scott, éd. Esprit du temps, 2002, p. 299
- J'ai choisi la défense, Jean-Louis Tixier-Vignancour, éd. Éditions de la Table ronde, 1964, chap. Le procès de l'attentat du Petit-Clamart, p. 256
- L'erreur de l'Occident, Alexandre Soljenitsyne, éd. Grasset, 1980, p. 46-47
- Le Cinquième Empire (1977), Dominique de Roux, éd. Le Serpent à plumes, coll. « Motifs », 2007 (ISBN 978-2-268-06229-7), chap. IV, p. 63
- Cette lancinante douleur de la liberté, Vladimir Boukovsky (trad. Nikita Krivochéine), éd. Robert Laffont, coll. « Pluriel », 1981 (ISBN 2-01-008769-0), p. 174
- L'Avenir radieux, Alexandre Zinoviev (trad. Wladimir Berelowitch), éd. Point, 1985 (1978), chap. Le problème de la satiété, p. 191
- Communisme comme réalité, Alexandre Zinoviev (trad. Jacque Michaut), éd. Julliard/L'Age d'Homme, 1981 (ISBN 2-260-00252-8), partie Irréversibilité de l'évolution sociale, p. 328/329 (texte intégral sur Wikisource)
- Les confessions d'un homme en trop, Alexandre Zinoviev, éd. éditions Folio, 1991, chap. "1984" et 1984, p. 672
- Perestroïka et contre-perestroïka, Alexandre Zinoviev, éd. Olivier Orban, 1991, p. 13
Les racines du communisme existaient et existent, sous une forme ou une autre, dans les sociétés les plus diverses.
Elles existaient également dans la Russie d'avant la révolution. Elles existent aujourd'hui dans les pays occidentaux. Sans elles, aucune société d'envergure et un tant soit peu développé n'est concevable. Elles représentent des phénomènes sociaux que je qualifierai de "phénomènes communautaires". Ceux-ci ne deviennent dominants et ne peuvent engendrer un type de société spécifique communiste - ou "socialisme réel" - que dans des conditions bien particulières. (...)
Quoi qu'il en soit les phénomènes communautaires eux-même sont généraux, universels. Ils sont déterminés par le simple fait qu'un assez grand nombre d'individus se trouvent contraints de vivre, sur des générations, en formant un tout, une communauté. (...) Ces phénomènes communautaires sont régis à leur tour par certaine lois objectives.
Il en ressort de ce qui vient d'être dit que le communisme n'est ni le produit, ni la continuation, ni l'aboutissement du capitalisme. Ils ont des origines différentes. Ce n'est pas par hasard que le communisme a fait irruption sur la scène de l'histoire, non pas dans l'Occident hautement développé mais dans une Russie arriérée d'un point de vue capitaliste et hautement développée sur le plan des phénomènes communautaires : appareil d'état centralisé et puissant, classe importante de fonctionnaires, masses habituées à se soumettre au pouvoir, communauté paysanne. En liquidant les classes affaiblies des propriétaires terriens et celle, pas encore solide, des capitalistes, la révolutions d'Octobre devait balayer le terrain des relations communautaires. Ce n'est pas non plus par hasard que le communisme a séduit des pays de faible développement capitaliste.
Le communisme, en un mot, est l'organisation de millions de personnes en un tout, selon les lois communautaires. Cela implique naturellement, l'instauration de bien des choses inexistantes dans la société non communiste précédente, ou dans la société d'un autre type. Les éléments communautaires préexistants, prémices du communisme, se transforment dans les conditions nouvellement créées, parfois si radicalement qu'ils semblent n'avoir plus aucun lien avec leur anciennes manifestations. D'où l'impression, erronée, que les relations de type communiste sont absolument neuves.
Il s'ensuit que, pour faire un pays communiste, il ne suffit pas de prendre le pouvoir, de collectiviser l'économie ni d'imposer une idéologie d'état. Il y faut des transformations plus profonde à savoir : organiser différemment les masses, conformément aux lois communautaires auxquelles doivent-être soumis tous les aspects de la vie. (...)- Perestroïka et contre-perestroïka, Alexandre Zinoviev, éd. Olivier Orban, 1991, p. 14-16
- article écrit lors de la publication du livre noir du communisme
- « Sauver Lénine ? », Laurent Joffrin, Libération, 17 décembre 1997, p. 14
- Après les grands soirs, Antoine Spire, éd. Autrement, 1996 (ISBN 2-86260-611-1), p. 9
XXIè siècle
modifier- Un peu de courage !, Marie-George Buffet, éd. Le cherche midi, 2004, chap. 5 (« Comment faire ? »), p. 148
- Un peu de courage !, Marie-George Buffet, éd. Le cherche midi, 2004, chap. 2 (« Quels rapports sociaux ? », p. 56
Pour arriver à cet objectif, la question ne pose-t-elle qu'en termes de prise du pouvoir ? Non. Elle se pose en termes de prise de conscience et de prise en main par chaque individu non seulement de son propre destin, mais de celui du collectif, de la société.
- Un peu de courage !, Marie-George Buffet, éd. Le cherche midi, 2004, chap. 5 (« Comment faire ? »), p. 136
- La grande parade – Essai sur la survie de l’utopie socialiste, Jean-François Revel, éd. Plon, 2000, p. 87
- La grande parade – Essai sur la survie de l’utopie socialiste, Jean-François Revel, éd. Plon, 2000, p. 94
- La grande parade – Essai sur la survie de l’utopie socialiste, Jean-François Revel, éd. Plon, 2000, p. 108
Helmut Schmidt
modifier- in Alfred Wahl, La seconde histoire du nazisme dans l'Allemagne fédérale depuis 1945, Helmut Schmidt in entretien accordé au Spiegel, fin 2005, éd. Armand Collin, 2006 (ISBN 2-86260-611-1), p. 315