Science
La Science (du latin scientia, connaissance) relève historiquement de l'activité philosophique, et fut pendant longtemps un exercice spéculatif visant à élucider les mystères du monde par l'exercice de la raison. À la fin du Moyen Âge, la science s'est progressivement détachée de l'emprise de la théologie et de la philosophie. Au cours de son histoire, elle s'est structurée en disciplines scientifiques : mathématiques, chimie, biologie, physique, mécanique, optique, astronomie, économie, sociologie…
Aujourd'hui, la science désigne à la fois une démarche intellectuelle reposant idéalement sur un refus des dogmes et un examen raisonné et méthodique du monde1 et de ses nécessités visant à produire un ensemble de connaissances résistant au temps e aux critiques rationnelles. La science désigne aussi l'ensemble organisé de ces connaissances, souvent structuré en théories et modèles (ex: théorie de l'électromagnétisme en électricité, théorie de l'offre et de la demande en économie, modèle masse-ressort en mécanique rationnelle…).
- La Formation de l'esprit scientifique, Gaston Bachelard, éd. Vrin, 1938, p. 5
- La Formation de l'esprit scientifique, Gaston Bachelard, éd. Vrin, 1938, p. 10
- La Formation de l'esprit scientifique, Gaston Bachelard, éd. Vrin, 1938, p. 10
- Citation choisie pour le 27 septembre 2007.
- Citation choisie pour le 12 janvier 2017.
- La Formation de l'esprit scientifique, Gaston Bachelard, éd. Vrin, 1938, p. 14
- La Formation de l'esprit scientifique, Gaston Bachelard, éd. Vrin, 1938, p. 18
La science elle-même se déploie dans le temps, bien sûr : elle découvre peu à peu de nouvelles connaissances, de nouvelles vérités, qui ajustent l'une après l'autre notre représentation du réel. Mais si la science a une histoire, c'est celle d'un mouvement vers cette vérité qui n'en a pas, et dont la nécessité est étrangère à nos découvertes. L'histoire des sciences a un sens, parce que les sciences s'approchent peu à peu dans le temps de ce qui est extérieur au temps. Et on peut parler de ce cheminement de la science comme d'un progrès, si l'on considère ce cheminement par rapport à l'objectif immuable que constitue la vérité, vers laquelle tout chercheur tente simplement d'avancer.
On ne peut donc parler de progrès que pour décrire un mouvement qui se connaît pour but un point d'arriver immobile.
- Demeure, pour échapper à l'ère du mouvement perpétuel, François-Xavier Bellamy, éd. Grasset, 2018 (ISBN 978-2-246-81558-7), p. 158, 159
- La Vie de Galilée, Bertolt Brecht (trad. Éloi Recoing), éd. L’Arche, 1990 (ISBN 2-85181-248-3), scène 9, p. 90
- La Vie de Galilée, Bertolt Brecht (trad. Éloi Recoing), éd. L’Arche, 1990 (ISBN 2-85181-248-3), scène 14, p. 129
- Génie du christianisme (1802), François-René de Chateaubriand, éd. Flammarion, coll. « Garnier Flammarion », 1993 (ISBN 2-08-070104-5), t. 1, partie 3 « Beaux-arts et littérature », chap. II « Chimie et histoire naturelle », Livre second « Philosophie », p. 416 (texte intégral sur Wikisource)
- Madame Curie, Eve Curie, éd. Gallimard, 1938, p. 181
- Manuel de Philosophie, Armand Cuvillier, éd. Armand Colin, 1947, t. 2. Logique - Morale - Philosophie générale, partie 1. Logique, chap. II. La science et l'esprit scientifique, p. 48
- Manuel de Philosophie, Armand Cuvillier, éd. Armand Colin, 1947, t. 2. Logique - Morale - Philosophie générale, partie 3. Philosophie générale, chap. III. Les doctrines contemporaines, p. 532
- La Societé du spectacle, Guy Debord, éd. Éditions Gérard Lebovici, coll. « Commentaires XIV », 1988, p. 35
- Tout. Les rêves mathématiques d'une théorie ultime, Jean-Paul Delahaye, éd. Herman, 2011 (ISBN 978-2-7056-8190-6), chap. Et si TOUT était mathématique ?, p. 243
- Citation choisie pour le 20 avril 2021.
- « La Science des Rêves », Pierre-Gilles de Gennes, Science et Vie Junior, nº 214, 18/05/07, p. 13
Croire que la science suffit est la plus ingénue des superstitions.
- Carnets d'un vaincu, Nicolás Gómez Dávila (trad. Alexandra Templier), éd. L'Arche, 2008 (ISBN 978-2-85181-697-9), p. 112
- Darwin et les grandes énigmes de la vie (1977), Stephen Jay Gould (trad. Daniel Lemoine), éd. Points, coll. « Sciences », 1997 (ISBN 978-2-02-006980-9), partie 4, chap. 14, p. 131
- Darwin et les grandes énigmes de la vie (1977), Stephen Jay Gould (trad. Daniel Lemoine), éd. Points, coll. « Sciences », 1997 (ISBN 978-2-02-006980-9), partie 5, chap. 17, p. 156
Des faits nouveaux rassemblés dans le cadre d'une nouvelle théorie sont rarement le prélude à une réelle évolution de la pensée. Les faits ne « parlent pas d'eux-même » ; ils sont interprétés à la lumière de la théorie. La pensée créatrice, dans les sciences autant que dans les arts, est le moteur du changement. La science est une activité essentiellement humaine, non l'accumulation mécanique, automatique d'information objectives qui conduirait, grâce aux lois de la logique, à des conclusions inévitables.
- Darwin et les grandes énigmes de la vie (1977), Stephen Jay Gould (trad. Daniel Lemoine), éd. Points, coll. « Sciences », 2001 (ISBN 978-2-02-006980-9), chap. 20, p. 173
La Science ne clôt aucun débat, ni scientifique, ni, à fortiori, politique ou moral. La Science, ce n'est pas la Vérité. La Science, c'est une méthode pour s'approcher de la Vérité qui se dérobe sans cesse et que nous n'atteindrons jamais. Et ce qui distingue la Science de l'idéologie, c'est précisément que la Science est réfutable.
- « Henri Guaino "Si beaucoup de choses changent dans le monde, il y a quelque chose qui ne change pas beaucoup : la nature humaine." », Propos recueillis par Max-Erwann Gastineau, Limite, nº 15, Juillet 2019, p. 52
- Sapiens : Une brève histoire de l'humanité (2011), Yuval Noah Harari (trad. Pierre-Emmanuel Dauzat), éd. Albin Michel, 2015 (ISBN 978-2-226-25701-7), p. 319-322
- Le Jeu des possibles : essai sur la diversité du vivant (1981), François Jacob, éd. Fayard, 1987, p. 13
- Souvenirs sur Marx (1935), Paul Lafargue et Wilhem Liebnknecht, éd. Éditions de Sandre, 2008 (ISBN 978-2-914958-84-4), chap. I, Karl Marx, Souvenirs personnels, p. 4
- Souvenirs sur Marx (1935), Paul Lafargue et Wilhem Liebnknecht, éd. Éditions de Sandre, 2008 (ISBN 978-2-914958-84-4), chap. I, Karl Marx, Souvenirs personnels, p. 4
- Souvenirs sur Marx (1935), Paul Lafargue et Wilhem Liebnknecht, éd. Éditions de Sandre, 2008 (ISBN 978-2-914958-84-4), chap. I, Karl Marx, Souvenirs personnels, p. 9
- Souvenirs sur Marx (1935), Paul Lafargue et Wilhem Liebnknecht, éd. Éditions de Sandre, 2005 (ISBN 978-2-914958-84-4), chap. IV, Souvenirs sur Marx (Extraits), p. 38
Michel de Montaigne
modifier- Essais, Montaigne, éd. P. Villey et Saulnier, 1595, t. I, chap. 25, Du Pedantisme, p. 52 (texte intégral sur Wikisource)
La science domine tout ce qui est dans le temps – mais seulement ce qui est dans le temps. Rien ne lui échappe – sauf le temps.
La science d'aujourd'hui détruit l'ignorance d'hier et elle fera figure d'ignorance au regard de la science de demain. Dans le cœur des hommes il y a un élan vers autre chose qu'un savoir qui ne suffira jamais à expliquer un monde dont la clé secrète est ailleurs.
- C'est une chose étrange à la fin que le monde, Jean d'Ormesson, éd. Robert Laffont, 2010 (ISBN 978-2-221-11702-6), p. 113
Subsiste encore un doute. Si clair, si évident, le progrès de la science ne suscite-t-il pas plus de questions qu'il ne fournit de réponse ? La réalité — qui n'est peut-être qu'un songe appelé réalité — est si prodigieusement inépuisable qu'elle n'en finit jamais de déborder toutes les tentatives d'exploration et de renvoyer sans fin à autre chose. On marche toujours, on n'arrive jamais. La science est un grimpeur qui, au faîte de chaque pic, découvre toujours d'autres sommets qui lui dérobent l'horizon. Une malédiction frappe la science qui court de succès en succès : tous ses triomphes, et ils sont réels, sont des victoires à la Pyrrhus.
- C'était bien (2003), Jean d'Ormesson, éd. Gallimard, coll. « Folio », 2005 (ISBN 2-07-031653-X), p. 85
La science qui nous empêche de souffrir nous invente d'autres souffrances. La science qui guérit et fait vivre est aussi la science qui tue. La science qui nous donne le pouvoir sur le monde est aussi la science qui nous retire tout pouvoir et qui risque, un jour, de nous retirer le monde.
- C'était bien (2003), Jean d'Ormesson, éd. Gallimard, coll. « Folio », 2005 (ISBN 2-07-031653-X), p. 90
- Conjectures et Réfutations, Karl Popper (trad. M.-I. et M. B. de. Launay), éd. Payot, 1985, p. 64
- Citation choisie pour le 13 octobre 2016.
Kurt Vonnegut
modifier- Le Berceau du chat, Kurt Vonnegut, Jr (trad. Jacques B. Hess), éd. J'ai Lu, 1974, p. 192
- Citation choisie pour le 8 novembre 2019.
- « Pantagruel » (1532), dans François Rabelais : tout ce qui existe de ses œuvres, François Rabelais, éd. Garnier, 1884, chap. VIII (« Comment Pantagruel, estant à Paris, receut letres de son pere Gargantua, et la copie d'icelles »), p. 131
- Citation choisie pour le 28 novembre 2008.
Fondamentalement, on se trouve placé devant une alternative : ou bien le vivant en tant que tel peut être appréhendé par la science — mais alors le vivant, en tant qu'être capable de finalité, se dissout, ce n'est plus le vivant ; ou bien le vivant en tant que tel ne peut pas être appréhendé par la science (en son sens moderne), et... non, ce serait trop dur à admettre, cela obligerait à trop de remises en cause. Mieux vaut ne pas y penser.
- « La vie n'est plus ce qu'elle était », Olivier Rey, Revue Limite, nº 5, Janvier 2017, p. 89
- Le devenir de l'intelligence (écrit en 1943), René Zazzo, éd. PUF, 1945, chap. IV_Le Niveau, p. 75
Émile Zola, Discours, 1893
modifier- « Discours à l'Assemblée générale des étudiants de Paris » (18 mai 1893), dans Œuvres complètes, Émile Zola, éd. François Bernouard, 1927, vol. 50 (« Mélanges. Préfaces et discours »), p. 288
Divers
modifier- « Qu'est-ce que l'ethnopsychiatrie? La réponse inconvenante de Tobie Nathan », Tobie Nathan in L'influence qui guérit, Odile Jacob, 1994, cité par Ludovic Maubreuil, Éléments (revue), nº n°111, décembre 2003, p. 50