Science

Activité d'élaboration des connaissances, ainsi que l'ensemble des savoirs produits par cette méthode

La Science (du latin scientia, connaissance) relève historiquement de l'activité philosophique, et fut pendant longtemps un exercice spéculatif visant à élucider les mystères du monde par l'exercice de la raison. À la fin du Moyen Âge, la science s'est progressivement détachée de l'emprise de la théologie et de la philosophie. Au cours de son histoire, elle s'est structurée en disciplines scientifiques : mathématiques, chimie, biologie, physique, mécanique, optique, astronomie, économie, sociologie

Aujourd'hui, la science désigne à la fois une démarche intellectuelle reposant idéalement sur un refus des dogmes et un examen raisonné et méthodique du monde1 et de ses nécessités visant à produire un ensemble de connaissances résistant au temps e aux critiques rationnelles. La science désigne aussi l'ensemble organisé de ces connaissances, souvent structuré en théories et modèles (ex: théorie de l'électromagnétisme en électricité, théorie de l'offre et de la demande en économie, modèle masse-ressort en mécanique rationnelle…).


La science de la réalité ne se contente plus du comment phénoménologique ; elle cherche le pourquoi mathématique.


Une expérience scientifique est […] alors une expérience qui contredit l'expérience commune.
  • La Formation de l'esprit scientifique, Gaston Bachelard, éd. Vrin, 1938, p. 10


La science est l'esthétique de l'intelligence.
  • La Formation de l'esprit scientifique, Gaston Bachelard, éd. Vrin, 1938, p. 10


La science, dans son besoin d'achèvement comme dans son principe, s'oppose absolument à l'opinion. S'il lui arrive, sur un point particulier, de légitimer l'opinion, c'est pour d'autres raisons que celles qui fondent l'opinion, de sorte que l'opinion a, en droit, toujours tort. L'opinion pense mal, elle ne pense pas , elle traduit des besoins, en connaissances. En désignant les objets par leur utilité, elle s'interdit de les connaître. On ne peut rien fonder sur l'opinion : il faut d'abord la détruire. Elle est le premier obstacle à surmonter. Il ne suffirait pas, par exemple, de la rectifier sur des points particuliers, en la maintenant, comme une sorte de morale provisoire, une connaissance vulgaire provisoire. L'esprit scientifique nous interdit d'avoir une opinion sur des questions que nous ne comprenons pas, sur des questions que nous ne savons pas formuler clairement. Avant tout il faut savoir poser des problèmes. Et quoi qu'on dise, dans la vie scientifique, les problèmes ne se posent pas d'eux-mêmes. C'est précisément ce sens du problème qui donne la marque du véritable esprit scientifique. Pour un esprit scientifique toute connaissance est une réponse a une question. S'il n'y a pas eu de questions il ne peut pas avoir connaissance scientifique. Rien ne va de soi. Rien n'est donné. Tout est construit.
  • La Formation de l'esprit scientifique, Gaston Bachelard, éd. Vrin, 1938, p. 14


Ainsi toute culture scientifique doit commencer […] par une catharsis intellectuelle et affective.
  • La Formation de l'esprit scientifique, Gaston Bachelard, éd. Vrin, 1938, p. 18


La science elle-même se déploie dans le temps, bien sûr : elle découvre peu à peu de nouvelles connaissances, de nouvelles vérités, qui ajustent l'une après l'autre notre représentation du réel. Mais si la science a une histoire, c'est celle d'un mouvement vers cette vérité qui n'en a pas, et dont la nécessité est étrangère à nos découvertes. L'histoire des sciences a un sens, parce que les sciences s'approchent peu à peu dans le temps de ce qui est extérieur au temps. Et on peut parler de ce cheminement de la science comme d'un progrès, si l'on considère ce cheminement par rapport à l'objectif immuable que constitue la vérité, vers laquelle tout chercheur tente simplement d'avancer.
On ne peut donc parler de progrès que pour décrire un mouvement qui se connaît pour but un point d'arriver immobile.


Galilée : Une des causes principales de la misère dans les sciences est qu’elles se croient riches, le plus souvent présomptueusement. Leur but n’est pas d'ouvrir une porte à la sagesse infinie mais de poser une limite à l’erreur infinie.


Galilée : La science ne connaît qu’une loi : la contribution scientifique.


Les sciences sont un labyrinthe où l'on s'enfonce plus avant au moment même où l'on croyait en sortir.


En science, nous devons nous intéresser aux choses, non aux personnes.
  • Madame Curie, Eve Curie, éd. Gallimard, 1938, p. 181


En résumé, la religion et la technique préparent le terrain à la pensée scientifique, mais ni l'une ni l'autre n'est encore la science. La science n'a pu naître précisément que le jour où la pensée humaine, opérant d'ailleurs ainsi une véritable « conversion » sur elle-même, est devenue capable de 'se libérer à la fois de la pensée mystique et de la pensée utilitaire'.
  • Manuel de Philosophie, Armand Cuvillier, éd. Armand Colin, 1947, t. 2. Logique - Morale - Philosophie générale, partie 1. Logique, chap. II. La science et l'esprit scientifique, p. 48


... la science n'est vraiment devenue elle-même que du jour où elle parvint à s'émanciper de la pensée technique aussi bien que de la pensée théologique (p.47, D.
  • Manuel de Philosophie, Armand Cuvillier, éd. Armand Colin, 1947, t. 2. Logique - Morale - Philosophie générale, partie 3. Philosophie générale, chap. III. Les doctrines contemporaines, p. 532


La domination spectaculaire a fait abattre l’arbre gigantesque de la connaissance scientifique à seule fin de s’y faire tailler une matraque. Pour obéir à cette ultime demande sociale d’une justification manifestement impossible, il vaut mieux ne plus trop savoir penser, mais être au contraire assez bien exercé aux commodités du discours spectaculaire. Et c’est en effet dans cette carrière qu’a lestement trouvé sa plus récente spécialisation, avec beaucoup de bonne volonté, la science prostituée de ces jours méprisables.
  • La Societé du spectacle, Guy Debord, éd. Éditions Gérard Lebovici, coll. « Commentaires XIV », 1988, p. 35


Pour Pythagore et ses disciples, le secret du monde tenait en quelques mots : « toute chose est nombre » ce qui signifiait pour eux que le monde s'explique et se comprend par l'usage des nombres entiers. Aujourd'hui la science apparaît tentée de reprendre l'idée pythagoricienne en l'étendant sous la forme « tout est mathématique », ce que Galilée disait aussi à sa façon en affirmant que « le livre de la nature est écrit en langage mathématique ». Cependant, le sens et la portée de ces liens affirmés entre la science et les mathématiques restent une énigme persistante. Elle est devenue de plus en plus pressante avec les progrès des mathématiques dont les objets -grâce à la théorie des ensembles en particulier-, sont maintenant capables de modéliser facilement toute structure et même tout ce qui se conçoit.
  • Tout. Les rêves mathématiques d'une théorie ultime, Jean-Paul Delahaye, éd. Herman, 2011  (ISBN 978-2-7056-8190-6), chap. Et si TOUT était mathématique ?, p. 243


Le vrai point d'honneur [d'un scientifique] n'est pas d'être toujours dans le vrai. Il est d'oser, de proposer des idées neuves, et ensuite de les vérifier.


Croire que la science suffit est la plus ingénue des superstitions.


La science a été longue à prendre en compte des explications de type historique - et les interprétations formulées jusqu'ici ont souffert de cette omission. Elle a aussi tendu à dénigrer l'histoire lorsqu'elle y a été confrontée, considérant toute invocation de la contingence comme moins élégantes basées directement sur des "lois de la nature" intemporelles.


Selon le grand géologue Charles Lyell, une hypothèse scientifique, pour être à la fois élégante et passionnante, doit aller à l'encontre du bon sens.
  • Darwin et les grandes énigmes de la vie (1977), Stephen Jay Gould (trad. Daniel Lemoine), éd. Points, coll. « Sciences », 1997  (ISBN 978-2-02-006980-9), partie 4, chap. 14, p. 131


Il est certain que la science n'est pas exempte de tout reproche. Nous avons persécuté les dissidents, instauré un catéchisme et essayé d'exercer notre autorité dans le domaine de la morale, où elle ne peut se justifier. Pourtant, sans la science et le rationalisme, maintenus dans leur domaine, jamais les problèmes qui se posent à nous ne pourront être résolus. Mais les Yahoos n'abandonnent jamais.
  • Darwin et les grandes énigmes de la vie (1977), Stephen Jay Gould (trad. Daniel Lemoine), éd. Points, coll. « Sciences », 1997  (ISBN 978-2-02-006980-9), partie 5, chap. 17, p. 156


Des faits nouveaux rassemblés dans le cadre d'une nouvelle théorie sont rarement le prélude à une réelle évolution de la pensée. Les faits ne « parlent pas d'eux-même » ; ils sont interprétés à la lumière de la théorie. La pensée créatrice, dans les sciences autant que dans les arts, est le moteur du changement. La science est une activité essentiellement humaine, non l'accumulation mécanique, automatique d'information objectives qui conduirait, grâce aux lois de la logique, à des conclusions inévitables.

  • Darwin et les grandes énigmes de la vie (1977), Stephen Jay Gould (trad. Daniel Lemoine), éd. Points, coll. « Sciences », 2001  (ISBN 978-2-02-006980-9), chap. 20, p. 173


La Science ne clôt aucun débat, ni scientifique, ni, à fortiori, politique ou moral. La Science, ce n'est pas la Vérité. La Science, c'est une méthode pour s'approcher de la Vérité qui se dérobe sans cesse et que nous n'atteindrons jamais. Et ce qui distingue la Science de l'idéologie, c'est précisément que la Science est réfutable.

  • « Henri Guaino "Si beaucoup de choses changent dans le monde, il y a quelque chose qui ne change pas beaucoup : la nature humaine." », Propos recueillis par Max-Erwann Gastineau, Limite, nº 15, Juillet 2019, p. 52


[...] la science n'est pas une entreprise qui se situe sur quelque plan moral ou spirituel supérieur, au-dessus du reste de l'activité humaine. Comme toutes les autres parties de notre culture, elle est façonnée par des intérêts économiques, politiques et religieux. [...] la science est bien incapable de fixer ses priorités [...] la recherche scientifique ne aurait prospérer qu'en alliance avec une idéologie ou une religion. [...] Deux forces en particulier méritent de retenir notre attention : l'impérialisme et le capitalisme. La boucle de rétroaction entre la science, l'empire et le capital, peut-on plaider, a été le principal moteur de l'histoire au cours des cinq cents dernières années.


À certains égards, mythes et sciences remplissent une même fonction. […] Ils délimitent tous deux le champ du possible.
  • Le Jeu des possibles : essai sur la diversité du vivant (1981), François Jacob, éd. Fayard, 1987, p. 13


Tout en estimant que toute science doit-être cultivée pour elle-même et que, dans aucune recherche scientifique, on ne doit se soucier de ces conséquences éventuelles, il était cependant d'avis que le savant, s'il ne voulait pas s'abaisser lui-même, ne devait jamais cesser de participer activement à la vie publique et ne devait rester confiné dans son cabinet de travail ou dans son laboratoire, comme un ver dans son fromage, sans jamais se mêler à la vie et aux luttes politiques et sociales de ses contemporains
  • Souvenirs sur Marx (1935), Paul Lafargue et Wilhem Liebnknecht, éd. Éditions de Sandre, 2008  (ISBN 978-2-914958-84-4), chap. I, Karl Marx, Souvenirs personnels, p. 4


La science ne doit pas être un plaisir égoïste: ceux qui ont la chance de pouvoir se consacrer aux études scientifiques doivent-être aussi les premiers à mettre leurs connaissances au service de l'humanité
  • Souvenirs sur Marx (1935), Paul Lafargue et Wilhem Liebnknecht, éd. Éditions de Sandre, 2008  (ISBN 978-2-914958-84-4), chap. I, Karl Marx, Souvenirs personnels, p. 4


Une science n'était vraiment développée que quand elle pouvait utiliser les mathématiques
  • Souvenirs sur Marx (1935), Paul Lafargue et Wilhem Liebnknecht, éd. Éditions de Sandre, 2008  (ISBN 978-2-914958-84-4), chap. I, Karl Marx, Souvenirs personnels, p. 9


Le style n'est pas seulement l'homme, il est aussi la matière, et il faut qu'il s'adapte à la matière. « There is no royal road to science » : Il n'y a pas de grande route vers la science. Ici, il faut que chacun fasse des efforts pour gravir les cîmes, même s'il a le meilleur guide.


Michel de Montaigne

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Toute autre science est dommageable à celui qui n'a la science de la bonté.


La science domine tout ce qui est dans le temps – mais seulement ce qui est dans le temps. Rien ne lui échappe – sauf le temps.


La science d'aujourd'hui détruit l'ignorance d'hier et elle fera figure d'ignorance au regard de la science de demain. Dans le cœur des hommes il y a un élan vers autre chose qu'un savoir qui ne suffira jamais à expliquer un monde dont la clé secrète est ailleurs.


Subsiste encore un doute. Si clair, si évident, le progrès de la science ne suscite-t-il pas plus de questions qu'il ne fournit de réponse ? La réalité — qui n'est peut-être qu'un songe appelé réalité — est si prodigieusement inépuisable qu'elle n'en finit jamais de déborder toutes les tentatives d'exploration et de renvoyer sans fin à autre chose. On marche toujours, on n'arrive jamais. La science est un grimpeur qui, au faîte de chaque pic, découvre toujours d'autres sommets qui lui dérobent l'horizon. Une malédiction frappe la science qui court de succès en succès : tous ses triomphes, et ils sont réels, sont des victoires à la Pyrrhus.


La science qui nous empêche de souffrir nous invente d'autres souffrances. La science qui guérit et fait vivre est aussi la science qui tue. La science qui nous donne le pouvoir sur le monde est aussi la science qui nous retire tout pouvoir et qui risque, un jour, de nous retirer le monde.


Une théorie qui n'est réfutable par aucun événement qui se puisse concevoir est dépourvue de caractère scientifique. Pour les théories, l'irréfutabilité n'est pas (comme on l'imagine souvent) vertu mais défaut.
  • Conjectures et Réfutations, Karl Popper (trad. M.-I. et M. B. de. Launay), éd. Payot, 1985, p. 64


Kurt Vonnegut

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La science est une magie qui réussit.
  • Le Berceau du chat, Kurt Vonnegut, Jr (trad. Jacques B. Hess), éd. J'ai Lu, 1974, p. 192


Sapience n'entre point en ame malivole, et science sans conscience n'est que ruine de l'ame.
  • « Pantagruel » (1532), dans François Rabelais : tout ce qui existe de ses œuvres, François Rabelais, éd. Garnier, 1884, chap. VIII (« Comment Pantagruel, estant à Paris, receut letres de son pere Gargantua, et la copie d'icelles »), p. 131


Fondamentalement, on se trouve placé devant une alternative : ou bien le vivant en tant que tel peut être appréhendé par la science — mais alors le vivant, en tant qu'être capable de finalité, se dissout, ce n'est plus le vivant ; ou bien le vivant en tant que tel ne peut pas être appréhendé par la science (en son sens moderne), et... non, ce serait trop dur à admettre, cela obligerait à trop de remises en cause. Mieux vaut ne pas y penser.

  • « La vie n'est plus ce qu'elle était », Olivier Rey, Revue Limite, nº 5, Janvier 2017, p. 89


La Science est donc fille de la Religion - mais fille rebelle, fille renégate.
  • Le devenir de l'intelligence (écrit en 1943), René Zazzo, éd. PUF, 1945, chap. IV_Le Niveau, p. 75


Émile Zola, Discours, 1893

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La science a-t-elle promis le bonheur ? Je ne le crois pas. Elle a promis la vérité, et la question est de savoir si l’on fera jamais du bonheur avec de la vérité.
  • « Discours à l'Assemblée générale des étudiants de Paris » (18 mai 1893), dans Œuvres complètes, Émile Zola, éd. François Bernouard, 1927, vol. 50 (« Mélanges. Préfaces et discours »), p. 288


La science fabrique de l'idéologie, c'est même son principal déchet (...)
  • « Qu'est-ce que l'ethnopsychiatrie? La réponse inconvenante de Tobie Nathan », Tobie Nathan in L'influence qui guérit, Odile Jacob, 1994, cité par Ludovic Maubreuil, Éléments (revue), nº n°111, décembre 2003, p. 50


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