Le structuralisme est un ensemble de courants de pensée holistes apparus principalement en sciences humaines et sociales au milieu du XXe siècle, ayant en commun l'utilisation du terme de structure entendue comme modèle théorique (inconscient, ou non empiriquement perceptible) organisant la forme de l'objet étudié pris comme un système, l'accent étant mis moins sur les unités élémentaires de ce système que sur les relations qui les unissent. D'un point de vue philosophique, il fait suite au déclin de l'existentialisme de Jean Paul Sartre. Il veut aussi s'opposer à la phénoménologie d'Edmund Husserl. Sa conception anhistorique, son statisme, son anti-humanisme, son anti-dialectique et son déconstructionnisme conduisent à un ultra-empirisme dans les domaines scientifiques.
La « déconstruction » de l'« effet-sujet » pratiquée jusqu'à plus soif dans les années 60/70 par les courants structuralistes perclus de linguistique sausurienne (Levi-Strauss, Lacan, Derrida, Foucault, mais aussi par les marxistes, Althusser ou Godelier) aura moins contribué au final à penser le sujet humain qu'à renforcer le halo de mystère et d'obscurantisme religieux qui l'enveloppe depuis toujours, soit en réputant... sans objet le concept même de sujet (ce qui est une concession énorme aux religions et à l'idéalisme !)., soit en faisant celle d'une illusion, réelle en tant qu'illusion, mais mensongère par son contenu : haro sur Descartes et son lumineux Cogito ergo sum ! Si bien que l'idéologie dominante reste sur ce point celle des « énigmes du moi »... .
Lumières communes,
Georges Gastaud, éd. Delga, 2016, t. IV - pour une approche marxiste de l'homme, p. 389
le travail qu’a fait en définitive à partir de 1960 le nouveau structuralisme des Lévi-Strauss, Foucault, Althusser, Deleuze, Derrida a consisté pour l’essentiel à confirmer la mort de Dieu (Nietzsche) et la fin de la métaphysique (Heidegger), en envoyant paître du même coup de balai la dialectique, l’histoire, l’humanisme, et aussi la « psychologie ».
La réforme du collège,
Émile Jalley, éd. L'Harmattan, 2015, p. 139
En France, c’est le travail de sape acharné de l’école structuraliste des années 1960 (Lévi-Strauss, Foucault, Deleuze, Derrida) contre l’existentialisme sartrien et l’ensemble des concepts qui lui étaient liés, qui a préparé le vide culturel où s’est engouffrée progressivement l’idéologie française à partir des années 1980.
La réforme du collège,
Émile Jalley, éd. L'Harmattan, 2015, p. 108
C’est cela qu’a été le structuralisme : la paix tranquille et résignée des grands cimetières, même emplis de verdure à l’américaine, ouverts à la méditation des gestionnaires de tous ordres.
La réforme du collège,
Émile Jalley, éd. L'Harmattan, 2015, p. 109
On peut même dire que la grande parade du cirque de la
philosophie structuraliste, dans les années 60, porte la responsabilité essentielle, sans oublier celle due à la perversité des pouvoirs politiques – d’abord responsable de la mise au rancart du plan Langevin-Wallon – , de la crise majeure et même létale de l’institution éducative en France .
Raison de la critique philosophique, Émile Jalley, éd. L'Harmattan, 2017, vol. 1 (La preuve par l'ordre et la mesure), p. 32 (p.33 in pdf)
L'idéologie du structuralisme a dévasté l'enseignement. Elle considère que la langue est déjà là, avant même notre naissance, hors de l'histoire ! La théorie du genre procède également du structuralisme négateur d'histoire et de réalité : pas de corps, pas de sexe, pas de biologie, pas d'hormones, pas de testostérone, mais de la langue et de l'archive. Nous ne serions que des constructions culturelles. C'est de cette idéologie datée mais active comme un déchet nucléaire dont il faudrait se débarrasser ; ensuite, on pourrait poser la question du grec et du latin.
Conversations françaises, Sous la direction de Vincent Trémolet de Villers, éd. Les éditions du Cerf, 2016
(ISBN 978-2-204-10929-1), p. 22
... dans la mesure où l'on s'attache à la structure en dévalorisant la genèse, l'histoire et la fonction, quand ce n'est pas l'activité même du sujet, il va de soi que l'on rentre en conflit avec la tendances centrales de la pensée dialectique.
Il est donc naturel, et fort instructif pour nous de voir Lévi-Strauss consacrer presque tout le dernier chapitre de 'La pensée sauvage' à une discussion de la 'Critique de la raison dialectique' de J.-P. Sartre ; un examen de ce débat nous paraît d'autant plus indiqué ici que l'un et l'autre de ses protagonistes nous semblent avoir publié ce fait fondamental que sur le terrain des sciences elles-mêmes le structuralisme a toujours été solidaire d'un constructivisme auquel on ne saurait refuser le caractère dialectique avec ses signes distinctifs de développements historiques, d'opposition des contraires et de "dépassements", sans parler de l'idée de totalité commune aux tendances dialectiques autant que structuralistes.
Le structuralisme.,
Jean Piaget, éd. PUF, 2015 (1ère éd. 1968), p. 105-106
Gobelier (qui complète de façon remarquable l'analyse d'Althusser de la contradiction chez Marx [et l'écart avec celle d'Hegel et de sa "totalité"]) [...] aboutit à une conclusion qu'il est utile de citer, car elle résume aussi bien nos objections à Lévi-Strauss que les idées générales de ce volume entier :
« Il deviendrait impossible de jeter l'anthropologie en défi à l'histoire ou l'histoire en défi à l'anthropologie, d'opposer stérilement psychologie et sociologie, sociologie et histoire. En définitive la possibilité des "science" de l'homme reposerait sur la possibilité de découvrir des lois de fonctionnement, d'évolution et de correspondance interne des structures sociales... donc de la généralisation de la méthode d'analyse devenue capable d'expliquer les conditions de variation et d'évolution des structures et de leurs fonctions » (p. 864).
Structure et fonction, genèse et histoire, sujet individuel et société deviennent donc indissociables en un structuralisme ainsi entendu, et dans la mesure même où il affine ses instruments d'analyse.
Le structuralisme.,
Jean Piaget, éd. PUF, 2015 (1ère éd. 1968), p. 111-112