Syncrétisme (psychologie)

perception globale des choses qui se développe spontanément chez l'enfant

Le syncrétisme en psychologie est la perception globale des choses qui se développe spontanément chez l'enfant. La perception de ce dernier ne part pas d'éléments isolés (détails) mais d'ensembles (globaux) qui restent cependant encore flous chez l'enfant. Ces ensembles ne sont ni analysés, ni construits, ni organisés, ni structurés. Les rapports entre le détail et la globalité de l'objet ne sont pas conscients. Ces ensembles sont perçus « syncrétiquement ».

J.E. Segers modifier

Le Dr Decroly rapproche le phénomène de globalisation du phénomène de Claparède appelle « perception syncrétique » et celui que Revault d'Allones désigne sous le terme de « schématisme ». Quand au qualicatif qui doit désigner cet aspect spécial de l'activité mentale, le Dr Decroly préfère le terme de « globalisation » car il a un sens plus général que « pouvoir syncrétique » et que « schématisme » : le premier convient surtout pour le désigner au stade perceptif, l'autre implique une analye préalable et suppose une synthèse consciente. [...] Le Dr Decroly ne pense pas qu'il s'agisse d'une fonction ou d'un mécanisme isolable, mais bien d'un processus intellectuel assez complexe qui est à la fois le contrepied de ce qu'on appelle analyse-synthétique, mais qui, en outre, prépare celui-ci et s'associe à lui dans une mesure plus ou moins attendue.
  • La psychologie de l'enfant normal et anormal d'après le Dr O. Decroly, J.E. Segers, éd. Delachaux et Niestlé, 1948, partie Le phénomène de globalisation, p. 262-263


Jean Piaget modifier

Traité de psychologie expérimentale, 1963 modifier

En ce qui concerne la progression ultérieure nous savons maintenant que la pensée va de l'ensemble au détail, du syncrétisme à l'analyse et que c'est ce processus fondamental que l'on doit mettre en avant pour justifier la méthode globale.
  • Traité de psychologie expérimentale, Jean Piaget, éd. Presse Universitaire, 1963, t. 8_ Psychologie expérimentale de la lecture, p. 151


Lev Vygotski modifier

Histoire du développement des fonctions psychiques supérieures, 1928-1931 modifier

L'enfant pense d'abord par blocs cohérents entiers. C'est qu'on appelle le syncrétisme.
  • Histoire du développement des fonctions psychiques supérieures, Lev Vygotski, éd. La Dispute, 2014, p. 441


Le syncrétisme, c'est une particularité de la pensée enfantine qui autorise l'enfant à penser par blocs entiers, sans décomposer ni détacher un objet de l'autre.
  • Histoire du développement des fonctions psychiques supérieures, Lev Vygotski, éd. La Dispute, 2014, p. 441


Le caractère syncrétique de la pensée, c'est-à-dire la pensée par situations globales, par portions cohérentes entières, est si fort chez l'enfant qu'il subsiste encore dans la sphère de la pensée verbale chez l'écolier, tout en étant chez l'enfant préscolaire une forme réorganisatrice de sa pensée. c'est justement l'incapacité à envisager une chose isolément, à la nommer qui se manifeste avec une particulière évidence dans deux exemples que j'emprunte à J. Piaget (La Causalité physique chez l'enfant, Alcan, Paris, 1927.).
  • Histoire du développement des fonctions psychiques supérieures, Lev Vygotski, éd. La Dispute, 2014, p. 441


Chez l'enfant plus âgé, le syncrétisme entraîne le confusionnisme, c'est à dire l'union de tout avec tout dans ce qui n'est lié que de façon extérieur. Ce qui persiste dans le parler de l'enfant d'âge scolaire : il chemine par touts syncrétiques de ce genre. P.P. Blonki appelle à juste titre cette propriété cohérence incohérente de la pensée.
  • Histoire du développement des fonctions psychiques supérieures, Lev Vygotski, éd. La Dispute, 2014, p. 441


Le syncrétisme consiste ainsi en une cohérence incohérence de la pensée, c'est-à-dire une prédominance de la liaison subjective, émanant de l'impression immédiate, objective et une universelle cohérente subjective. Dans la façon de percevoir de l'enfant tout est lié avec tout.

Objectivement parlant, cela veut dire qu'il prend la liaison des impressions pour la liaisons des choses. Que ce qui chez lui présente comme liaison des impressions est perçu par lui comme liaison des choses. Ce qui se passe alors dans son cerveau d'un point de vue physiologique, est relativement connu : I.P. Pavlov l'a bien exposé dans intéressante thèse sur l'irradiation, stade initialement diffus de l'excitation accompagnant les impressions premières dont naît tout un complexe qui leur est lié.
  • Histoire du développement des fonctions psychiques supérieures, Lev Vygotski, éd. La Dispute, 2014, p. 441


L'enfant commence a différencié la masse incohérente d'impressions confondues en un même écheveau, il sépare, il décompose se bloc syncrétique d'impressions qu'il faut désarticuler pour établir une relation objective entre ses parties. Ne pensant pas en mots, l'enfant voit par image entière
  • Histoire du développement des fonctions psychiques supérieures, Lev Vygotski, éd. La Dispute, 2014, p. 459


Ne pensant pas en mots, l'enfant voit par image entière, et nous sommes fondés à supposéer qu'il perçoit la situation de façon globale, syncrétique, telle qu'elle se présente dans la vie
  • Histoire du développement des fonctions psychiques supérieures, Lev Vygotski, éd. La Dispute, 2014, p. 459


Rappelons-nous à quel point sont syncrétiquement liées toutes les impressions de l'enfant; rappelons-nous comme cela se reflète dans sa pensée causale. Le mot qui détache un objet d'un autre est l'unique moyen de cliver et désagréger la liaison syncrétique.
  • Histoire du développement des fonctions psychiques supérieures, Lev Vygotski, éd. La Dispute, 2014, p. 459


La pensée syncrétique et l'explication correspondante des phénomènes observables, caractéristiques de la perception de l'enfant au premier stade de son développement, prennent ici la forme d'un syncrétisme verbal dont Piaget donne des exemples dans ses expériences. On pourrait formuler cette loi ainsi : l'enfant d'âge scolaire vit dans une sphère de perception et d'action directes.
  • Histoire du développement des fonctions psychiques supérieures, Lev Vygotski, éd. La Dispute, 2014, p. 539


Pensée & langage, 1934 modifier

Le syncrétisme est pour Piaget, on l'a dit, comme d'ailleurs les autres traits de la logiques enfantines, le résultat direct de l'égocentrisme de l'enfant.
  • Pensée & langage, Lev Vygotski, éd. La Dispute, 2013, p. 85


Ainsi non seulement l'égocentrisme en tant que base de la logique enfantine mais aussi ses manifestations essentielles, comme le syncrétisme, sont dans la théorie de Piaget, des formes transitoires, intermédiaires entre la logique du rêve et la logique de la pensée.
  • Pensée & langage, Lev Vygotski, éd. La Dispute, 2013, p. 85-86


La signification du mot à ce [premier] stade de développement [du concept] consiste en un enchaînement syncrétique informe, complétement flou, d'objets divers, qui sont liés les uns aux autres d'une manière quelconque dans la représentation et la perception de l'enfant et fondu en une image unique. Dans la formation de cette image le rôle décisif est joué par le syncrétisme de la perception ou de l'action enfantine, aussi cette image est-elle extrêmement instable.
  • Pensée & langage, Lev Vygotski, éd. La Dispute, 2013, p. 222


... l'enfant tant dans sa perception que dans sa pensée et dans son action manifeste à une tendance à lier la base d'une impression unique les éléments les plus différents et dépourvus de liaison interne, les fusionnant en une image différenciée. Claparède a appelé cette tendance syncrétisme de la perception enfantine, Blonski cohérence incohérente de la pensée enfantine
  • Pensée & langage, Lev Vygotski, éd. La Dispute, 2013, p. 222


Nous avons décrit ailleurs ce même phénomène [syncrétique] comme une tendance de l'enfant à compenser l'insuffisance des liaisons objectives par une surabondance de liaisons subjectives et à prendre la liaison entre les impressions et les idées pour la liaisons entre les choses. Cette surproduction de liaisons subjectives a naturellement, en tant que facteur du développement ultérieur de la pensée enfantine, une énorme importance puisqu'elle est la base du futur process de sélection des liaisons correspondant à la réalité et se vérifiant dans la pratique. La signification d'un mot quelconque chez l'enfant qui se trouve à ce stade de développement des concepts peut effectivement, par son apparence extérieur, rappeler la signification du mot chez l'adulte.
  • Pensée & langage, Lev Vygotski, éd. La Dispute, 2013, p. 222


c'est à l'aide de mot doués de signification que l'enfant établit la communication avec les adultes; cette profusion de liaisons syncrétiques, ces tas syncrétiques et désordonnés d'objets, formés au moyen de mots, reflète aussi pour une large part des liaisons objectives, pour autant qu'elles coïncident avec la liaison des impressions et des perceptions de l'enfant. c'est pourquoi les significations des mots peuvent dans bien des cas, particulièrement lorsqu'elles se rapportent à des objets concrets de l'environnement de l'enfant, coïncider avec celles de ces mêmes mots dans le langage des adultes.
  • Pensée & langage, Lev Vygotski, éd. La Dispute, 2013, p. 222


Si le premier stade dans le développement de la pensée est caractérisé, comme nous l'avons dit, pars la construction d'images syncrétiques qui sont chez l'enfant des équivalents de nos concepts, le deuxième stade l'est par la construction de complexe qui ont la même signification fonctionnelle.
  • Pensée & langage, Lev Vygotski, éd. La Dispute, 2013, p. 225


[La pensée par complexes] est un nouveau pas vers la maitrise du concepts, un nouveau stade dans le développement de la pensée de l'enfant, bien plus élevé que le précédent. [...]. ce passage à un type supérieur de pensée consiste en ce que lieu de la « cohérence incohérente » qui est la base de l'image syncrétique, l'enfant commence à réunir des objets similaires en un groupe commun, à les assembler en complexes selon les lois des liaisons objectives qu'il découvre dans les choses.
  • Pensée & langage, Lev Vygotski, éd. La Dispute, 2013, p. 225


L'enfant qui passe à ce type de pensée surmonte dans une certaine mesure son égocentrisme et cesse de prendre la liaison entre ses propres impressions pour la liaison entre les choses, il fait un pas décisif sur la voie de l'abandon du syncrétisme et de la maîtrise de la pensée. La pensée par complexes est déjà une pensée cohérente et en même temps objective. ... Cependant, il ne s'agit pas encore de la cohérence ni de l'objectivité caractéristique de la pensée conceptuelle à laquelle parvient l'adolescent.
  • Pensée & langage, Lev Vygotski, éd. La Dispute, 2013, p. 225-226


... l'enfant n'en vient à la pensée conceptuelle, qu'il n'en termine avec le troisième stade de son développement qu'à l'âge de transition. Dans les expériences qui avaient pour but d'étudier la pensée de l'adolescent, nous avons observé comment au fur et à mesure sa croissance intellectuelle les formes primitives de la pensée syncrétique et de la pensée par complexe passent progressivement à l'arrière-plan , les concepts potentiels se font toujours plus rares et il commence, d'abord rarement, puis de plus en plus fréquemment, à utiliser de véritables concepts. ... Les différents formes génétiques coexistent ... . (Ainsi) lorsque (l'on) maîtrise la forme supérieur de la pensée, les concepts, (on) ne se défait nullement des formes plus élémentaires.
  • Pensée & langage, Lev Vygotski, éd. La Dispute, 2013, p. 269


Henri Wallon modifier

Les origines du caractère chez l'enfant, 1934 modifier

Cette absence de partie distinctes dans l'ensemble est l'état qui est dénommé syncrétisme.
  • Les origines du caractère chez l'enfant (1934 (Boivin), 1949 (PUF)), Henri Wallon, éd. PUF, 1989, partie I_Le comportement émotionnel, chap. IV_Les émotions dans le comportement humain, p. 96


La perception peut-être syncrétique comme la pensée. Il s'agit dans les deux cas, d'un stade primitif où vont de pair défait d'éléments décomposables entre eux et subjectivité, défaut d'images ou de circonstances qui puissent être confrontées et affectivité.
  • Les origines du caractère chez l'enfant (1934 (Boivin), 1949 (PUF)), Henri Wallon, éd. PUF, 1989, partie I_Le comportement émotionnel, chap. IV_Les émotions dans le comportement humain, p. 96


La sensibilité de l'émotion est essentiellement syncrétique. Il en résulte qu'elle agglutine, de manière en quelque sorte indissoluble, tout ce qui a pu participer d'elle, et qu'ainsi la circonstance la plus fortuite qui s'est trouvée introduite par les événements dans une émotion devient apte à la représenter ou plutôt à provoquer le retour de ses effets.
  • Les origines du caractère chez l'enfant (1934 (Boivin), 1949 (PUF)), Henri Wallon, éd. PUF, 1989, partie I_Le comportement émotionnel, chap. IV_Les émotions dans le comportement humain, p. 96


La vie mentale, 1938 modifier

Ce que [l'enfant] perçoit est en soi-même un tout. Sans doute il ne sait pas l'ordonner dans des ensembles plus vastes, car le champ de sa perception est restreint; elle est fugace, elle opère par actes discontinus où zigzagants, elle manque de cadres plus étendus où s'intégrer. Mais d'autre part ce qu'il a saisi forme un tout où il est incapable des distinguer des parties, de discerner des rapports, d'isoler, d'inventorier, de classer. Si bien que l'expression « perception globale », et pour cette raison close sur elle-même, paraît plus juste que « perception de détail ».
  • La vie mentale, Dr H. Wallon, éd. Éditions sociales, 1982, partie Représentation et connaissance : les instruments intellectuels, chap. La croissance intellectuelle de l'enfant, p. 271


Cette implication réciproque des parties, qui rend possible le passage de chacune à toutes, est ce qui a été appelé le syncrétisme. Il a ses degrés.
  • La vie mentale, Dr H. Wallon, éd. Éditions sociales, 1982, partie Représentation et connaissance : les instruments intellectuels, chap. La croissance intellectuelle de l'enfant, p. 271


L'évolution psychologique de l'enfant, 1941 modifier

La pensée de l'enfant a été qualifiée de syncrétique. Les mêmes qualificatifs ne peuvent, en effet, convenir à ses opérations et à celles de la pensée adulte. Celle-ci dénomme, dénombre et décompose l'objet, l'événement, la situation dans leurs parties ou dans leurs circonstances. Elle doit user de termes à signification définie et stable, en contrôler l'exacte appropriation à la réalité présente puis retrouver le tout en partant des éléments, cette réversibilité des résultats étant la seule garantie dans leur justesse. Elle procède donc par analyse et par synthèse. Avant d'en être capable, celle de l'enfant doit résoudre de difficiles oppositions.
  • L'évolution psychologique de l'enfant (1941), Henri Wallon, éd. Armand Colin, 2012, partie III. Les niveaux fonctionnels (p.139-217), chap. XI. La Connaissance (p.179-202), p. 183


Le syncrétisme produit des effets assez semblables.Il est une sorte de compromis, à des niveaux divers, entre la représentation qui se cherche et la complexité mouvante de l'expérience. Pour le définir, le mieux est de le comparer aux distinctions essentielles sur lesquelles repose la pensée de l'adulte. En regard de l'analyse-synthèse, il exprime les rapports que l'enfant est capable d'établir entre les parties et le tout.
  • L'évolution psychologique de l'enfant (1941), Henri Wallon, éd. Armand Colin, 2012, partie III. Les niveaux fonctionnels (p.139-217), chap. XI. La Connaissance (p.179-202), p. 185


ce qui peut compliquer les effets du syncrétisme c'est qu'il n'est pas simple iinsuffisance ;il est à sa façon, une activité complète en présence des choses. Il utilise les procédés généraux de l'expérience usuelle comme anticipatio.
  • L'évolution psychologique de l'enfant (1941), Henri Wallon, éd. Armand Colin, 2012, partie III. Les niveaux fonctionnels (p.139-217), chap. XI. La Connaissance (p.179-202), p. 186


De l'acte à la pensée, 1942 modifier

L'enfant n'atteint pas plus le général qu'il n'atteint l'individuel. Son image des choses est à la fois dominée par ses tendances spontanées ou acquises et par les circonstances du moment. Elle n'est pas analytique et conceptuelle. Elle est globale et personnelle.
C'est à cet ensemble de traits qu'à été donné le nom de syncrétisme.
  • De l'acte à la pensée, Henri Wallon, éd. Flammarion, 1942, partie III. les fondements premiers de la pensé, chap. II. La pensée syncrétique, p. 215


Le syncrétisme s'oppose simultanément à l'analyse et à la synthèse, qui sont deux opérations complémentaires. Pas d'analyse possible sans un tout défini. Pas de synthèse sans des éléments dissociés puis combinés ou recombinés. Le bénéfice de l'opération c'est de savoir exactement de quoi est fait l'ensemble qui résulte de la synthèse.
  • De l'acte à la pensée, Henri Wallon, éd. Flammarion, 1942, partie III. les fondements premiers de la pensé, chap. II. La pensée syncrétique, p. 215


Tout l'effort de la connaissance ou de la logique tend à cette détermination stricte des parties, facteurs, arguments qui entrent dans un objet, un procès ou un raisonnement. A ce double mouvement de dissociation et de recomposition le syncrétisme de l'enfant reste étranger.
  • De l'acte à la pensée, Henri Wallon, éd. Flammarion, 1942, partie III. les fondements premiers de la pensé, chap. II. La pensée syncrétique, p. 215


Les origines de la pensée, 1945 modifier

Il est devenu courant de définir l'activité intellectuelle de l'enfant comme globale ou syncrétique. Cette représentation de l'évolution mentale dans les débuts de l'ontogenèse a, pour sa part, contribué à montrer l'insuffisance et la fausseté des analyses qui mettaient aux origines de la vie psychique des éléments déjà individualisables, démultipliés, périphériques et taillés dans l'étoffe de la connaissance, comme sont les images et leurs soit-disants prototypes, les sensations. Avec le syncrétisme l'intelligence commence par émerger de l'activité pratique et de la vie active.
  • Les origines de la pensée chez l'enfant (1942), Henri Wallon, éd. PUF, 1989, partie Les confusions syncrétiques, p. 269


Avec le syncrétisme l'intelligence commence par émerger de l'activité pratique et de la vie active. Dans la mesure où elle y est plus ou moins confondue, le syncrétisme est son étape infantile. Il ne doit d'ailleurs pas être décrit que négativement. Il a ses niveaux et sa signification fonctionnelle. La globalisation peut saisir des ensembles plus ou moins vastes et plus ou moins cohérents.
  • Les origines de la pensée chez l'enfant (1942), Henri Wallon, éd. PUF, 1989, partie Les confusions syncrétiques, p. 269


Avec le syncrétisme l'intelligence commence par émerger de l'activité pratique et de la vie active. Dans la mesure où elle y est plus ou moins confondue, le syncrétisme est son étape infantile. Il ne doit d'ailleurs pas être décrit que négativement. Il a ses niveaux et sa signification fonctionnelle. La globalisation peut saisir des ensembles plus ou moins vastes et plus ou moins cohérents. C'est ainsi que se résout la contradiction d'une aperception limitée aux détails, comme elle est constituée chez l'enfant, et d'une vision globale. Les ensembles sont très limités, mais ils ne présentent pas les articulations externes ou internes qui distinguent une pensée ordonnées du syncrétisme.
  • Les origines de la pensée chez l'enfant (1942), Henri Wallon, éd. PUF, 1989, partie Les confusions syncrétiques, p. 269


À un niveau très bas, en particulier chez l'animal, le syncrétisme peut réduire son champ au point de rappeler l'abstraction. Suivant l'âge de l'individu, le nombre et la diversité des circonstances qu'il agglutine peuvent beaucoup varier. Il peut d'ailleurs montrer l'activité encore chez l'adulte.
  • Les origines de la pensée chez l'enfant (1942), Henri Wallon, éd. PUF, 1989, partie Les confusions syncrétiques, p. 269


à l'échelle de l'individu, la persistance d'un certain syncrétisme sous le formalisme usuel et collectif de la perception ou de la connaissance est sans doute la condition, dans tous les domaines, esthétique ou savant, d'une invention vraiment nouvelle.
  • Les origines de la pensée chez l'enfant (1942), Henri Wallon, éd. PUF, 1989, partie Les confusions syncrétiques, p. 269


« Pédagogie nouvelle », discours de 1950-1951 modifier

DECROLY ne pense pas que par la perception débute par des discriminations en rapport avec les différentes sensations. Cette discrimination des qualités tactiles des objets sur lesquelles Mme MONTESSORI avant tant insisté dans ses exercices est, comme d'ailleurs toute une autre discrimination sensorielle, une opération tardive. L'enfant commence par avoir une représentation globale ; il ne fait pas une analyse de l'objet et reconstitution d'après ses qualités. PIAGET parlera de syncrétisme de la perception et de la représentation chez l'enfant. L'enfant saisit l'objet selon les manipulations et l'usage qu'il peut en faire.
  • In Œuvre 4 (1938-1950) (1950-1951), Henri Wallon, Émile Jalley (préface), éd. L'Harmattan, 2015, chap. 154_ L'éducation nouvelle, Bull. Psychol, 1950, 7, 424-427 - Conférence de l'INOP du 14 déc 1950 et 4 janv 1951, p. 405


Armand Cuvillier modifier

Manuel de Philosophie, tome 1 - Introduction générale, Psychologie, 1947 modifier

Renan avait écrit que l'esprit humain débute, chez le primitif, par un syncrétisme, c'est à dire par « une première vue générale, compréhensive, mais obscure et inexacte », où « tout est entassé sans distinction. (Avenir de la Science, 301). Les psychologues contemporains ont repris cette idée en l'appliquant à l'enfant. Ils ont montré que celui-ci commence par une « perception globale », une « vision d'ensemble » et ont donné de curieux exemples de ces perceptions syncrétiques »
  • Manuel de Philosophie, Armand Cuvillier, éd. Armand Colin, 1947, t. 1. Introduction générale, Psychologie, p. 427


l'état primitif de la pensée est un syncrétisme, c'est-à-dire un état confus, où les distinction sur lesquelles repose la pensée claire, ne sont pas encore formées
  • Manuel de Philosophie, Armand Cuvillier, éd. Armand Colin, 1947, t. 1. Introduction générale, Psychologie, p. 473


Mais l'étude de la perception nous a montré que, loin de débuter par la perception de l'individuel, nous débutons par une intuition confuse, globale, syncrétique des choses et que la perception individualisé est un progrès relativement tardif.
  • Manuel de Philosophie, Armand Cuvillier, éd. Armand Colin, 1947, t. 1. Introduction générale, Psychologie, p. 496


Cours de philosophie, tome 1, 1954 modifier

L'« égocentrisme » enfantin (§40) modifier

L'esprit du tout jeune enfant relève, lui aussi, de cette semi-inconscience. J. Piaget l'a qualifié, du terme équivoque, d'égocentrisme, voulant dire par là que l'enfant « ne dissocie en rien le moi et les choses ». [...] D'où un syncrétisme qui confond en un seul ordre de deux choses que l'adulte a appris à distinguer [...]; un réalisme pour lequel toute donné immédiate est réalité [ax ; le rêve]; un animisme ou un artificialisme qui voit dans toutes choses de la nature des êtres animés ou des objets fabriqués [...] par une non distinction de l'ordre naturel et de l'ordre humain; un finalisme enfin qui fait que l'enfant se représente choses et événements sous un aspect utilitaire aboutissant à lui-même [...]. Cet égocentrisme est particulièrement marqué dans cette « pensée de rêve » qui accompagne le jeu, l'enfant qui jour confond l'imaginaire et le réel. [...] Il fait de l'affabulation [...].
  • Cours de Philosophie, Armand Cuvillier, éd. Le Livre de Poche, 1996  (ISBN 9782253040217), t. 1, partie Introduction, chap. Les niveaux de conscience : l'inconscience et l'attention, p. 49


Analyse et Synthèse (§65) modifier

« Tout connaissance, a-t-on dit, est une analyse entre deux synthèses » A vrai dire, la première phase ne mérite guère ce nom de synthèse. C'est plutôt, comme a dit Renan, un syncrétisme, c'est-à-dire une vue globale, mais confuse dans laquelle les éléments ne sont pas encore distingués.
  • Cours de Philosophie, Armand Cuvillier, éd. Le Livre de Poche, 1996  (ISBN 9782253040217), t. 1, partie La connaissance, chap. Les différents types de connaissances, p. 103


Du syncrétisme aux objets distincts (§83) modifier

Ce qu'on peut retenir de la théorie de la Forme, c'est que la perception ne part pas chez l'enfant, d'éléments isolés, mais de certains ensembles et ces éléments ne sont pas, primitivement, des ensembles analysées ni des ensembles construits : ils sont perçus syncrétiquement.
  • Cours de Philosophie, Armand Cuvillier, éd. Le Livre de Poche, 1996  (ISBN 9782253040217), t. 1, partie La connaissance, chap. La perception sensible, p. 103


Ce syncrétisme n'est pas à proprement parler, une perception structurée, organisée, comme le voudrait le Gestaltisme. L'enfant ne prend pas conscience des rapports. Il est, commentait CLAPARÈDE, « dans le même état d'esprit qu'un adulte qui ignore et qui ne sait pas qu'il ignore. Il n'analyse pas ce qu'il a sous les yeux, si les parties du tout qu'il observe lui sont encore inconnues ou ne suscitent pas son intérêt d'une façon particulière. »
  • Cours de Philosophie, Armand Cuvillier, éd. Le Livre de Poche, 1996  (ISBN 9782253040217), t. 1, partie La connaissance, chap. La perception sensible, p. 104


la loi du syncrétisme ne vaut pas également pour tous les sens. Ainsi comme le note J. Delay, [...] « ... il y a une différence fondamentale entre les "formes" optiques et les "formes" tactiles. Dans le domaine visuel, la perception du tout est aussi immédiate que la perception des parties même et même elle les précède. Dans le domaine tactile, le cmplexe ne naît que par synthèse active des formes élémentaires et partielles ».
  • Cours de Philosophie, Armand Cuvillier, éd. Le Livre de Poche, 1996  (ISBN 9782253040217), t. 1, partie La connaissance, chap. La perception sensible, p. 104


Le syncrétisme du sujet et de l'objet (§102) modifier

Le syncrétisme du sujet et de l'objet. - Il existe donc à l'origine de la pensée, une confusion initiale du sujet et de l'objet. Le genre d'existence que le tout jeune enfant attribue aux choses est de même nature que sa propre existence à lui : on peut aussi bien dire qu'il y a assimilation des choses au moi que, comme dit J. Piaget, « absorption du moi dans les choses par indifférenciation du subjectif et de l'objectif. »
  • Cours de Philosophie, Armand Cuvillier, éd. Le Livre de Poche, 1996  (ISBN 9782253040217), t. 1, partie La connaissance, chap. L'idée d'objet et le réel, p. 142


Le syncrétisme primitif : le jugement comme analyse (§170) modifier

Nous savons (§40 et 102) qu'une caractéristique de la pensée enfantine est son syncrétisme, c'est-à-dire la confusion en un seul tout mental du sujet pensant et de l'objet pensé et bien aussi des différents objets entre eux. D'où ces « contaminations » et ces « digressions » (§65) qu'H. Wallon comme J. Piaget signale dans la pensée de l'enfant, par suite de l'insuffisance du « pouvoir discriminateur » de son intelligence, de son « inaptitude à dégager de la masse où ils plongent les éléments qu'exigerait le processus intellectuel ». C'est-à-dire que la psychologie du développement de l'enfant est ici d'accord avec la psychologie de la Gestalt pour s'opposer au postulat de ces psychologues trop logiciens selon lesquels il y aurait antériorité psychologique des termes par rapport à l' aperception de la relation.
  • Cours de Philosophie, Armand Cuvillier, éd. Le Livre de Poche, 1996  (ISBN 9782253040217), t. 1, partie La connaissance, chap. Le jugement, p. 261


Ajoutons-y ces « confusions syncrétiques » inhérentes à la « représentation concrète des choses » et qui interdisent à l'enfant l'accès du « monde des relations : « ...  » ((Wallon, l'origine de la pensée chez l'enfant). L'enfant est donc, primitivement du moins, incapable de poser un sujet' logique et un attribut ou un complément, conçu de façon objective, qui formerait les deux termes du rapport. L'un et l'autre sont englobés sans distinction dans l'acte perceptif, d'autant plus que la perception de l'enfant elle-même a elle aussi un caractère syncrétique (§83).
  • Cours de Philosophie, Armand Cuvillier, éd. Le Livre de Poche, 1996  (ISBN 9782253040217), t. 1, partie La connaissance, chap. Le jugement, p. 261


Cours de philosophie, tome 2, 1954 modifier

Le moi de l'enfant (§73) modifier

... la personnalité se développe en antithèse avec lui par toute une série de différenciations. Comme on l'a déjà vu,l'enfant part d'un état de syncrétisme, c'est-à-dire de confusion primitive, qui se manifeste ici : 1° comme un confusion du moi avec le non-moi (égocentrisme de Piaget)) ... ; . 2° comme une confusion du moi avec autrui (« monologue ») ... ; 3° comme une confusion du moi « avec le sujet » au sens philosophique (fabulation) ...; 4° une confusion du moi, en tant que pure existence psychique, avec le « je » (instabilité affective et intellectuelle) ... .)
  • Cours de Philosophie, Armand Cuvillier, éd. Le Livre de Poche, 1995  (ISBN 9782253040217), t. 2, chap. VIII. La personnalité et le caractère, p. 141-142


Tran-Thong modifier

Stades et concept de stade de développement de l'enfant dans la psychologie contemporaine, 1992 (11 éd.) modifier

Syncrétisme de la personne modifier

Du syncrétisme, Wallon en fait une notion autour de laquelle il rassemble tous les aspects de la pensées de l'enfant avant l'avènement des catégories vers 9-10 ans. «La pensée syncrétique, dit-il est... celle de l'enfant, tant qu'il na pu encore suffisamment délimiter sa propre personnalité, ni s'approprier les catégories usuelles à travers lesquelles, aujourd'hui, nous distribuons les données et les aspects divers de l'expérience » (Wallon, 1935a, le réel et le mental (Enfance, 1959)).
  • Stades et concept de stade de développement de l'enfant dans la psychologie contemporaine, Tran-Thong, éd. Librairie Philosophique J. Vrin, 1992  (ISBN 2-7116-0711-9), partie 2. Le système de stades de Wallon et le problème de stades, chap. IV. Le stade catégoriel (6-11 ans), p. 194


Le syncrétisme remonte au stade du personnalisme. « Il apparaît dans une sorte de compromis, à des niveaux divers, entre la représentation qui se cherche et la complexité mouvante de l'expérience » (Wallon, 1941, p.179 in éd 1957).
  • Stades et concept de stade de développement de l'enfant dans la psychologie contemporaine, Tran-Thong, éd. Librairie Philosophique J. Vrin, 1992  (ISBN 2-7116-0711-9), partie 2. Le système de stades de Wallon et le problème de stades, chap. IV. Le stade catégoriel (6-11 ans), p. 202


...la remise en cause, les délimitations et les réductions mutuelles des catégories existantes et la formation de nouvelles catégories s'opèrent dans une démarche qui rappelle le syncrétisme, c'est à dire dans laquelle sont confortés et mis en relation l'être et la connaissance, la pensée et la vie, l'intelligence et l'affectivité.
  • Stades et concept de stade de développement de l'enfant dans la psychologie contemporaine, Tran-Thong, éd. Librairie Philosophique J. Vrin, 1992  (ISBN 2-7116-0711-9), partie 2. Le système de stades de Wallon et le problème de stades, chap. IV. Le stade catégoriel (6-11 ans), p. 203


Chez l'enfant le syncrétisme est antérieur à l'avènement catégoriel. Il est marqué par la prédominance de l'affectivité sur l'objectivité, de l'existentiel sur le pensable.
  • Stades et concept de stade de développement de l'enfant dans la psychologie contemporaine, Tran-Thong, éd. Librairie Philosophique J. Vrin, 1992  (ISBN 2-7116-0711-9), partie 2. Le système de stades de Wallon et le problème de stades, chap. IV. Le stade catégoriel (6-11 ans), p. 203


Par leur communauté d'origine et par l'interpénétration mutuelle au cours de leur développement solidaire, la personne et l'intelligence, une fois nées, restent mal dissociées, et l'activité intellectuelle et affective de l'enfant forme un bloc syncrétique où prédomine l'affectivité dans ses relation avec l'entourage humaine. C'est au stade suivant, à partir de 6-7 ans, que ce syncrétisme cède la place devant l'analyse et la synthèse où prédomine l'activité intellectuel de la connaissance objective. Le résultat en est la formation des catégories intellectuelles qui dissolvent et effritent peu à peu le syncrétisme primitif et qui permettent un nouveau retour de la personne sur elle-même, au stade de la puberté...
  • Stades et concept de stade de développement de l'enfant dans la psychologie contemporaine, Tran-Thong, éd. Librairie Philosophique J. Vrin, 1992  (ISBN 2-7116-0711-9), partie 3. Le concept de stade de développement de l'enfant, chap. 1.3. Le statue spécifique des différents systèmes de stades, p. 315


Syncrétisme et affectivité modifier

Pour que l'enfant arrive à prendre conscience de soi, il faut que sa sociabilité syncrétique initiale se différencie sous l'influence conjuguée de la maturation et de l'ambiance sociale. L'amorce de cette différenciation se fait dans l'apparition de la jalousie et de la sympathie.
  • Stades et concept de stade de développement de l'enfant dans la psychologie contemporaine, Tran-Thong, éd. Librairie Philosophique J. Vrin, 1992  (ISBN 2-7116-0711-9), partie 2. Le système de stades de Wallon et le problème de stades, chap. III. Le stade du personnalisme (3-6 ans), p. 182


Les expressions émotionnelles affectives se nuancent en attitudes et mimiques de plus en plus variées et fines et deviennent le comportement type dominant du stade, définissant un système d'équilibre des relation de l'enfant avec l'entourage. Ce système contient cependant en lui-même des contradictions qui devront le faire évoluer. L'attitude prélude à la conscience, l'expression émotive est l'ébauche du langage,elle est un « prélangage ». L'une et l'autre amorcent la vie de relation. Mais en même temps elles enferment l'enfant dans une osmose avec l'entourage, dans une sociabilité syncrétique. De nouvelle condition d'existence sont donc nécessaires pour l'avènement de la vie de relation qui fera passer l'enfant au stade suivant.
  • Stades et concept de stade de développement de l'enfant dans la psychologie contemporaine, Tran-Thong, éd. Librairie Philosophique J. Vrin, 1992  (ISBN 2-7116-0711-9), partie 2. Le système de stades de Wallon et le problème de stades, chap. La conception du stade chez Wallon, p. 235


... la description freudienne [des stades de développement] présente bien de convergence avec ce que Piaget appelle égocentrisme puéril et avec le syncrétisme affectif et intellectuel décrit par Wallon. Cependant, fidèle à sa perspective, Freud attribue une signification essentiellement sexuelle au complexe d'Œudipe comme au surmoi.
  • Stades et concept de stade de développement de l'enfant dans la psychologie contemporaine, Tran-Thong, éd. Librairie Philosophique J. Vrin, 1992  (ISBN 2-7116-0711-9), partie 3. Le concept de stade de développement de l'enfant, chap. III. Le statue spécifique des différents système de stade, p. 323


... on peut situer le début du niveau représentatif vers 1 ans 6 mois, où se produit l'avènement de l'image mental. [...]. Le contenu de ce stade, cependant, ne se limite pas au seul développement de la représentation, mais paraît plus complexe. Freud a décrit cette période comme le stade sadico-anal [...]. L'ambivalence, la bipolarité faite d'oscillations rapides, de passages d'une extrême à une autre ainsi que l'intense curiosité pour le corps et les organes sont signalées aussi par Wallon et par Gesell. Le développement affectif et social de l'enfant est intense. Selon Wallon, c'est l'époque de son syncrétisme affectif différencié fait de jalousie et de sympathie
  • Stades et concept de stade de développement de l'enfant dans la psychologie contemporaine, Tran-Thong, éd. Librairie Philosophique J. Vrin, 1992  (ISBN 2-7116-0711-9), partie 3. Le concept de stade de développement de l'enfant, chap. III. Définition et délimitation des stades, p. 388


Syncrétisme et intellectualisation modifier

L'égocentrisme [de Piaget, dans sa perspective logique et de sa recherche du besoin communicatif chez l'enfant] est essentiellement d'ordre intellectuel.
(...)
De cet égocentrisme intellectuel essentiel découlent l'égocentrisme verbal, l'égocentrisme social, et à travers ce dernier, en l'englobant l'égocentrisme logique. Corrélativement, c'est l'égocentrisme ontologique [se manifestant dans le réalisme, l'animisme et l'artificialisme] qui caractérise la représentation enfantine de l'univers. Il y a un parallélisme entre l'égocentrisme logique et l'égocentrisme ontologique : le premier nous donne « la clés du jugement et du raisonnements enfantins et le seconds, « celle de la réalité et de la causalité chez l'enfant » (Piaget, 1926).
L'égocentrisme logique se manifeste dans le syncrétisme et la transduction . Incapable d'analyser, de synthétiser et de définir et ne disposant que des préceptes, l'enfant procède dans ses représentations, par « schémas globaux et par schémas subjectifs » (Piaget, 1924).
(...)
La transduction est non seulement caractérisée par le raisonnement singulier au singulier mais encore et essentiellement par sa manque de nécessité logique.
  • Stades et concept de stade de développement de l'enfant dans la psychologie contemporaine, Tran-Thong, éd. Librairie Philosophique J. Vrin, 1992  (ISBN 2-7116-0711-9), p. 50


La mentalité puérile et ses productions peuvent être décrites par la notion de syncrétisme qui cependant n'est pas pur insuffisance mais comporte aussi des aspect positif.
  • Stades et concept de stade de développement de l'enfant dans la psychologie contemporaine, Tran-Thong, éd. Librairie Philosophique J. Vrin, 1992  (ISBN 2-7116-0711-9), partie 2. Le système de stades de Wallon et le problème de stades, chap. IV. Le stade catégoriel (6-11 ans), p. 202


Négativement, l'activité intellectuelle de l'enfant est syncrétique ou globale, « c'est à dire qu'il ne sait pas décomposé l'objet ou les situation en propriétés ou en circonstances diverses, et qu'entre tout ce qui les manifestes à sa sensibilité ou à sa connaissance, y compris ce qu'il y met de lui-même, il y a fusion et confusion, de telle sorte que chaque trait, même accidentel, semble valoir tous les autres et peut-être donné comme exprimant la totalité. Mais la confusion va plus loin encore. Non, seulement les différentes espèces de qualité ou de circonstances semblent équivalentes dans l'ensemble où elles se rencontrent, mais elles sont données les une pour les autres,comme si il n'y avait pas entre elles de diversité qualitative ou comme si elles étaient, sous des noms variables, parfaitement interchangeable. À l'âge de 7 ou 8 ans encore les explications de l'enfant fourmillent de ces substitutions » (Wallon, 1945, p. 263).
  • Stades et concept de stade de développement de l'enfant dans la psychologie contemporaine, Tran-Thong, éd. Librairie Philosophique J. Vrin, 1992  (ISBN 2-7116-0711-9), partie 2. Le système de stades de Wallon et le problème de stades, chap. IV. Le stade catégoriel (6-11 ans), p. 202


Positivement le syncrétisme constitue des formules ou solutions de compromis.« Il n'est pas simple insuffisance; il est, à sa façon, un activité complète en présence des choses » (Wallon, 1941, p. 181 in éd. 1957). Aussi « il a ses niveaux et sa significations fonctionnelle (Wallon, 1945, p. 278). » Il débute lorsque l'intelligence discursive émerge de l'activité pratique et de la vie affective, comme compromis entre la représentation qui se cherche et la diversité du réel et des formules du langage. [...] Puis le syncrétisme se développe, s'élargit.
  • Stades et concept de stade de développement de l'enfant dans la psychologie contemporaine, Tran-Thong, éd. Librairie Philosophique J. Vrin, 1992  (ISBN 2-7116-0711-9), partie 2. Le système de stades de Wallon et le problème de stades, chap. IV. Le stade catégoriel (6-11 ans), p. 202


Lorsque le nouveau pouvoir de discrimination intellectuelle apparaît vers 6 ans, rendant possible l'activité d'analyse et de synthèse qui mène progressivement à la constitution des catégories, le syncrétisme si dépouille de son confusionnisme généralisé, caractéristique de son étape enfantine, mais reste à l'échelle de la connaissance, une démarche essentielle, un moment nécessaire de la pensée rationnelle. En effet, les catégories sont des substituts de la réalité mais n'épuise jamais la réalité.
  • Stades et concept de stade de développement de l'enfant dans la psychologie contemporaine, Tran-Thong, éd. Librairie Philosophique J. Vrin, 1992  (ISBN 2-7116-0711-9), partie 2. Le système de stades de Wallon et le problème de stades, chap. IV. Le stade catégoriel (6-11 ans), p. 203


Définir et classer les objets c'est en connaître la nature. Constater leur existence et en déterminer les conditions c'est l'expliquer. Ces deux tâches intellectuelles confondues dans le syncrétisme, comment à se différencier vers 6 ans, avec l'avènement de l'aptitude d'analyse et de discrimination.
  • Stades et concept de stade de développement de l'enfant dans la psychologie contemporaine, Tran-Thong, éd. Librairie Philosophique J. Vrin, 1992  (ISBN 2-7116-0711-9), partie 2. Le système de stades de Wallon et le problème de stades, chap. IV. Le stade catégoriel (6-11 ans), p. 210


Émile Jalley modifier

Wallon, lecteur de Freud & Piaget, 1981 modifier

Le syncrétisme réalise un compromis entre le caractère statique de la représentation et la complexité mouvante de l'expérience.
  • Wallon, lecteur de Freud & Piaget, Émile Jalley, éd. Éditions Sociales, 1981  (ISBN 2-209-05406-0), partie La Méthode dialectique de Wallon, chap. Le stade catégoriel (de 6 à 11 ans), p. 285


Le début du stade catégoriel de 6 à 11 ans) est encore marqué par la pensée syncrétique, dont l'origine se situe en fait au stade du personnalisme (de 3 à 6 ans). [...] Cette pensée syncrétique ou pensée par couple est l'instrument primitif caractéristique de la phase catégorielle (de 6 à 10 ans).
  • Wallon, lecteur de Freud & Piaget, Émile Jalley, éd. Éditions Sociales, 1981  (ISBN 2-209-05406-0), partie La Méthode dialectique de Wallon, chap. Le stade catégoriel (de 6 à 11 ans), p. 285


La pensée syncrétique évolue sous l'effet de diverses sources d'informations : l'expérience personnelle, le langage, la tradition culturelle. Mais ces trois affluents de connaissances, outre que leur hétérogénéité suscite entre eux des conflits, sont chacun partagés par des courants conflictuels. Ainsi, dans l'expérience personnelle, le phénoménisme, centré sur le détail perceptif, s'oppose à l représentation globale et confuse. La tradition culturelle est elle-même hétérogène, mêlant des interprétations mystiques aux explications rationnelles.
  • Wallon, lecteur de Freud & Piaget, Émile Jalley, éd. Éditions Sociales, 1981  (ISBN 2-209-05406-0), partie La Méthode dialectique de Wallon, chap. Le stade catégoriel (de 6 à 11 ans), p. 286


Le syncrétisme désigne un état global, confus, indifférencié, fusionnel des conduites et des phénomènes psychiques.
  • Wallon, lecteur de Freud & Piaget, Émile Jalley, éd. Éditions Sociales, 1981  (ISBN 2-209-05406-0), partie Lexique et termes techniques, p. 537


Sur le plan intellectuel, le syncrétisme marque le fonctionnement de la pensée par couples. Il consiste en un « confusionnisme généralisé », en une prédominance de l'affectivité sur l'objectivité, en une incapacité d'analyse et de synthèse. L'activité mentale est morcelée par des mouvements contradictoires qui aboutissent à des formules de compromis instables.
  • Wallon, lecteur de Freud & Piaget, Émile Jalley, éd. Éditions Sociales, 1981  (ISBN 2-209-05406-0), partie Lexique et termes techniques, p. 537


Wallon et Piaget - Pour une critique de la psychologie contemporaine, 2006 modifier

Nous avons parlé d'égocentrisme en définissant ce terme comme une indifférenciation entre le moi et l'entourage... Peu importe, pourvu qu'on s'accorde sur les faits : ce que Wallon appelle syncrétisme de la petite enfance (d'après le terme emprunté à Claparède), est par exemple très proche de cet égocentrisme et bien des auteurs qui s'opposent à ce dernier acceptent à décentration, ce qui revient au même... Il ne s'agit que d'un primat inconscient du point de vue propre, faute d'avoir découvert la diversité des points de vue a fortiori faute de pouvoir les coordonner...
La simple répartition des propos de l'enfant en langage égocentrique et langage socialisé varie considérablement selon les milieux, selon que l'adulte intervient, etc. Les propos égocentriques augmentent naturellement avec le jeu symbolique (qui est une assimilation des actions aux intérêts subjectifs momentanés) et diminuent avec le travail... etc. En U.R.S.S., Vygotski et Luria ont vue dans le monologue égocentrique de l'enfant le point de départ du langage intérieur de l'adulte...


Wallon se rencontre avec Piaget dans le recours à un fonds de notion aujourd'hui disparues, à moins qu'elles n'aient été versées au profit du nouveau thème à la mode sous l'expression de « théorie de l'esprit s : le syncrétisme, l' animisme, le finalisme, l' artificialisme (de 1 à 7 ans) (Freud, 1913; Gesell 1943; Piaget 1927, 1946; Wallon 1934, 1941, 1945). Comme à propos du sourire, la récente génération a raturé entièrement le passé, pour tout recommencer en s'en attribuant les dividendes.


Il est assez piquant de se remémorer aujourd'hui que Wallon a été un partisan de la méthode globale d'apprentissage de la lecture, une nouveauté introduite à l'époque par le belge Ovide Decroly, dont Wallon était un adepte fervent, légitiment le bien-fondé d'une telle approche par le caractère syncrétique de la perception enfantine.


Ainsi, note encore Piaget, la pensée du jeune enfant est marquée par la double tendance au syncrétisme et à la juxtaposition, autrement dit la propension à fusionner aussi bien qu'à morceler (1924). Par ailleurs, la transduction, ou forme primitive du raisonnement enfantin, se caractérise par le dualisme, la coexistence contradictoire et mal articulée du singulier et du général (1927). Aussi bien, la mentalité enfantine résulte-t-elle du mélange de deux attitude contraire, l'abandon à la tendance endogène propre à l'égocentrisme aussi bien que la docilité à la coercition imposée par l'adulte.