Technique

procédé de fabrication, savoir-faire

La technique désigne les applications pratiques de la science et leurs implications.

Cette notion est à distinguer de la technologie qui envisage les applications particulières de la connaissance scientifique aux différentes branches de la production, aux différentes professions, etc., ainsi que l'étude des méthodes, appareils et matériel qui leur sont propres.

Citations

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Il semble bien que, dans les sociétés communistes, tout comme dans les sociétés capitalistes, stagnation égale régression. On dirait que le génie de la technique peut donner à l'homme tout ce qu'il lui demande, tel Méphistophélès à Faust, tout sauf l'autorisation de se proclamer satisfait et de ne plus rien demander. Malheur à lui, s'il dit à l'industrie : « Arrête-toi, tu es si belle » ou à l'instant : « Arrête-toi, tu es si beau ».
  • La France irréelle, Emmanuel Berl, éd. Grasset, coll. « Les Cahiers Rouges », 1996  (ISBN 2-246-10402-5), p. 196


On a dit parfois de l'homme qu'il était un animal religieux. Le système l'a défini une fois pour toute un animal économique, non seulement l'esclave mais l'objet, la matière presque inerte, irresponsable, du déterminisme économique, et sans espoir de s'en affranchir, puisqu'il ne connaît d'autre mobile certain que l'intérêt, le profit. Rivé à lui-même par l'égoïsme, l'individu n'apparaît plus que comme une quantité négligeable, soumise à la loi des grands nombres ; on ne saurait prétendre l'employer que par masses, grâce à la connaissance des lois qui le régissent. Ainsi, le progrès n'est plus dans l'homme, il est dans la technique, dans le perfectionnement des méthodes capables de permettre une utilisation chaque jour plus efficace du matériel humain.
  • La France contre les robots (1944), Georges Bernanos, éd. Le castor astral, 2009  (ISBN 978-2-85920-805-9), p. 28


Si l'on considère les choses à compter de la révolution néolithique, il semble que les progrès techniques se soient presque systématiquement accompagnés d'un accroissement des inégalités.


En réalité, la logique qui préside à l'actuel développement technologique ne vise en rien quelque élévation du genre humain. Elle répond plutôt à un objectif purement économique de suppression des emplois pour la rentabilité accrue du capital d'un petit nombre.


J’ai beaucoup aimé la lecture du livre du philosophe Günther Anders, L’Obsolescence de l’homme. Il parle du décalage prométhéen qui marque le monde postmoderne. L’homme a créé un monde technologique qui l’humilie et le rend honteux. Les machines sont plus parfaites que l’être humain. Dans ce système, l’erreur est forcément l’homme. La technologie ne peut plus être fautive. Au contraire, dans l’anthropologie classique, l’homme était le sommet du règne animal. Depuis cinquante ans l’homme est devenu le point bas d’un monde dominé par les idoles technologiques. Nous sommes réduits au rôle du maillon faible d’un système que nous avons librement créé. Dans un hôpital, la guérison obéit à la même logique. Le malade est une machine. Les chirurgiens réparent un foie, un rein, un cœur, un estomac, jusqu'au moment où la machine est tellement usée qu’il faut la jeter à la poubelle. Ce phénomène atteint les sociétés occidentales, et les moines ne font pas exception.


C'est maintenant la technique qui opère le choix ipso facto, sans rémission, sans discussion possible entre les moyens à utiliser… L'homme (ni le groupe) ne peut décider de suivre telle voie plutôt que la voie technique… ou bien il décide d'user du moyen traditionnel ou personnel… et alors ses moyens ne sont pas efficaces, ils seront étouffés ou éliminés, ou bien il décide d'accepter la nécessité technique, il vaincra… soumis de façon irrémédiable à l'esclavage technique. Il n'y a donc absolument aucune liberté de choix.
  • Le système technicien (1977), Jacques Ellul, éd. Calmann-Lévy, 1977, p. 245


Ce n'est pas la technique qui nous asservit mais le sacré transféré à la technique
  • Les nouveaux possédés (1973), Jacques Ellul, éd. Fayard, 1973, p. 259


Le système technicien, exalté par la puissance informatique, a échappé définitivement à la volonté directionnelle de l’homme.
  • Le bluff technologique (1988), Jacques Ellul, éd. Hachette, coll. « Pluriel », 2004, p. 203


J'ai montré sans cesse la technique comme étant autonome, je n'ai jamais dit qu'elle ne pouvait pas être maîtrisée.
  • Changer de révolution (1982), Jacques Ellul, éd. La Table ronde, coll. « La Petite Vermillon », 2015, p. 331


On développe la technique, pour elle-même, pour sa beauté propre, pour le goût de l'exploit. Le travail est alors de plus en plus à sa remorque. Il doit s'adapter à des évolutions qui sont imposés par un « progrès » dont on ne saisit plus où il nous mène sinon à l'asservissement par la machine.

  • « Il nous faut une doctrine alternative au récit néolibéral », Entretien avec Pierre-Yves Gomez par Johannes Herrmann et Foucauld Guiliani, Revue Limite, nº 4, Octobre 2016, p. 76


[…] les moyens de production présentent des caractéristiques techniques qui rendent le contrôle impossible par le pouvoir politique.

Seule une société qui admet la nécessité de coiffer certains aspects techniques de ses moyens de production est en mesure de faire des choix politiques.

  • Extrait de Conversando con I. Illich dans Cuadernos de pedagogía, p. 19 et 20
  • « Ivan Illich (1926-) », Marcela Gajardo, Perspectives : revue trimestrielle d’éducation comparée, vol. XXIII nº 3-4, 1993, p. 5-6 (lire en ligne)


L'homme est aujourd'hui victime d'une peur terrible, comme s'il était menacé par ce qu'il produit, par les résultats de son travail et l'usage qu'il en fait. Pour ne pas permettre que la science et la technique soient dominées par un pouvoir tyrannique, aussi bien politique qu'économique, et pour soumettre la science et la technique aux justes intérêts de l'humanité, il est indispensable, comme nous avons l'habitude de le dire, de recourir à la spiritualisation, au nouveau souffle de l'esprit, à la fidélité aux normes morales qui règlent la vie de l'homme.


Sinon votre sort à venir est horrible, car nous sommes dans un âge de science et de méthode et nos gouvernants, servis par l'armée des chimistes et des professeurs, vous préparent une organisation sociale dans laquelle tout sera réglé comme dans une usine, où la machine dirigera tout, même les hommes, où ceux-ci seront de simples rouages que l'on changera comme de vieux fer quand ils se mêleront de raisonner et de vouloir.


Puisque les entreprises dominent la société et écrivent les lois, chaque avancée technologique est un moyen pour elles de restreindre ou de maltraiter davantage leurs utilisateurs.
  • (en) While corporations dominate society and write the laws, each advance or change in technology is an opening for them to further restrict or mistreat its users.