Je me rends bien compte que, du fait que je ne suis pas un lettré, certains présomptueux croiront pouvoir me blâmer en alléguant que je suis un ignorant. Stupide engeance ! Ils ne savent point que je pourrais leur répondre comme Marius aux praticiens romains : « Ceux qui vont se parant des travaux d’autrui ne veulent pas me concéder les miens ». Ils diront que mon ignorance des lettres m’empêche de bien m’exprimer sur les sujets que je veux traiter. Mais mes sujets, pour être exposés, requièrent l’expérience plus que les paroles d’autrui. Et l’expérience ayant été la maîtresse de ceux qui écrivent bien, je la choisis pour maîtresse, et en tout cas, ferai appel à elle. •C.A. 327 v.

•Carnets, Léonard de Vinci [édition présentée et annotée par Pascal Brioist / Texte établi par Edward MacCurdy, traduit de l’italien par Louise Servicen, préface de Paul Valéry], éd. Gallimard, coll. « Quarto », 2019 (ISBN 978-2-07-284486-7), chap. Préambule, p. 108



Le désir de savoir est naturel aux bons. •C.A. 327 v.

•Carnets, Léonard de Vinci [édition présentée et annotée par Pascal Brioist / Texte établi par Edward MacCurdy, traduit de l’italien par Louise Servicen, préface de [Paul Valéry], éd. Gallimard, coll. « Quarto », 2019 (ISBN 978-2-07-284486-7), chap. Préambule, p. 108



PhilosophieModifier

Dans la nature point d’effet sans cause ; comprends la cause et tu n’auras que faire de l’expérience. •C.A. 398 v.

•Carnets, Léonard de Vinci [édition présentée et annotée par Pascal Brioist / Texte établi par Edward MacCurdy, traduit de l’italien par Louise Servicen, préface de Paul Valéry], éd. Gallimard, coll. « Quarto », 2019 (ISBN 978-2-07-284486-7), chap. I. Philosophie, p. 114

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Rien ne naît là où il n’existe ni fibre sensitive ni vie rationnelle. Les plumes poussent sur les oiseaux et se renouvellent tous les ans ; le poil pousse sur les animaux, et change chaque année sauf en certaines parties, comme la moustache des lions, des chats, et créatures de même espèce. L’herbe croît dans les prés, les feuilles sur l’arbre, et chaque années elles se renouvellent en grande partie. Nous pouvons donc dire qu’un esprit d’accroissement anime la terre ; sa chair est le sol ; ses os sont les stratifications successives des rochers qui forment les montagnes ; ses cartilages sont le tuf, son sang, les eaux jaillissantes. Le lac de sang qui se trouve autour du cœur est l’océan. Son souffle se traduit par l’élévation et l’abaissement du sang dans le pouls, comme pour la terre le flux et le reflux de la mer. La chaleur vitale du monde est le feu, indus par toute la terre et son esprit créateur réside dans les feux qui sur divers points du globe s’exhalent en sources thermales, en mines de souffre et en volcans, comme le mont Etna en Sicile, et en plusieurs autres endroits. •Leic. 34 v.

•Carnets, Léonard de Vinci [édition présentée et annotée par Pascal Brioist / Texte établi par Edward MacCurdy, traduit de l’italien par Louise Servicen, préface de Paul Valéry], éd. Gallimard, coll. « Quarto », 2019 (ISBN 978-2-07-284486-7), chap. I. Philosophie, p. 138



Histoire naturelleModifier

Pourquoi le poisson est-il plus rapide dans l’eau que l’oiseau dans l’air, alors que le contraire devrait se produire, attendu que l’eau est plus pesante et plus dense que l’air, et le poisson plus lourd et muni d’ailes plus petite que l’oiseau ? Pour ce motif, le poisson n’est point entraîné par les rapides courants de l’eau comme l’oiseau par les vents furieux, en outre, nous voyons le poisson remonter à toute vitesse une eau dont la pente est très inclinée, d’un mouvement rapide, comme l’éclair parmi les continuels nuages, ce qui semble chose merveilleuse ; résultat dû à la vitesse considérable avec laquelle il se déplace et qui surpasse la cadence de l’eau au point que celui-ci semble immobile par comparaison. •C. A., 460 v.

•Carnets, Léonard de Vinci [édition présentée et annotée par Pascal Brioist / Texte établi par Edward MacCurdy, traduit de l’italien par Louise Servicen, préface de Paul Valéry], éd. Gallimard, coll. « Quarto », 2019 (ISBN 978-2-07-284486-7), chap. VI. Histoire naturelle, p. 275



Pour atteindre aux feuilles des plantes élancées, tels que les jeunes peupliers et autres similaires, les bœufs ont l’habitude de se dresser en entourant de leurs jambes le tronc de l’arbre, et exercent sur lui un mouvement continu de pression et une poussée ; de telle sorte que l’arbre, incapable de résister au poids qui l’oppresse, est forcé de céder et incline sa haute cime. •« Comment les bœufs se nourrissent de plantes hautes », C. A. 815 r.

•Carnets, Léonard de Vinci [édition présentée et annotée par Pascal Brioist / Texte établi par Edward MacCurdy, traduit de l’italien par Louise Servicen, préface de Paul Valéry], éd. Gallimard, coll. « Quarto », 2019 (ISBN 978-2-07-284486-7), chap. VI. Histoire naturelle, p. 276