Vin et religion ont des rapports étroits depuis l'antiquité. Ceci explique la complexité des rituels de dégustation du vin et la symbolique forte de cette boisson en religion.
En Grèce antique, il fut à la fois l'objet d'un culte et un symbole de la culture. Les Mystères célébrés en l'honneur de Dionysos donnèrent naissance au théâtre. Rome eut des rapports plus conflictuels avec Bacchus, dieu du vin, et les bacchanales. Cette cérémonie religieuse, qui tournait à l'orgie, fut un temps interdite. Mais la sacralisation du vin, sang de Dieu, n'intervint qu'à travers le christianisme. Ce qui n'avait point été le cas dans la religion juive où il est objet de sacrifice et de bénédiction, ni chez les musulmans, où il est à la fois objet de répulsion et la récompense suprême au paradis.
Tour à tour offrande divine ou égérie des poètes, le vin exprime, sous toutes les civilisations, la gaîté, la franchise, le courage ou la force.
Les vins de France, Louis Orizet, éd. Presses Universitaires de France, 1964, p. 10
Avez-vous jamais vu une cuve bouillonnante en pleine fermentation ? C'est tout simplement prodigieux de vie et c'est, sans doute, cet apparent mystère qui a tout naturellement conduit nos lointains ancêtres à offrir le vin aux dieux, en témoignage de leur stupeur sacrée.
Les vins de France, Louis Orizet, éd. Presses Universitaires de France, 1964, p. 125
Casanova, Histoire de ma vie, 1789-1798
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[Le peuple] n’a ni lois, ni système, ni religion ; ses dieux sont le pain, le vin, et la fainéantise.
En Inde, j'ai vu vivre des Païens et j'ai compris que saluer le soleil le matin, disposer des fleurs fraîches sur mes autels comme je le fais quasi journellement, brûler un peu d'encens à Cernunnos ou à Shiva, accomplir une libation de vin ou de thé, méditer sur l'un ou l'autre symbole ne relèvent pas de l'exploit, ni du folklore, mais bien d'une discipline joyeusement acceptée.
Qu'aucune personne chrétienne n'ose aller boire dans les tavernes des juifs, ni leur acheter du vin, attendu que les juifs ne boivent pas le vin des chrétiens et que les chrétiens ne doivent pas boire le vin des juifs.
« Le vin des juifs », Criée faite à Carpentras, le 25 mai 1444. Archives communales de Carpentras, BB 63, f° 87, dans La table provençale. Boire et manger en Provence à la fin du Moyen Âge, Louis Stouff, éd. Alain Barthélemy, Avignon, 1996, p. 56
Dictionnaire de philosophie, 2007
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La pré-venance divine se donne comme nourriture dans ce pain et vin, corps et sang de la Vérité, afin que la plus belle part de sa création, l’homme revienne à la possibilité de goûter le bonheur pour lequel il a été prononcé.
Dolmancé : [...] c'est pour nous sauver tous, assure l'imbécile [Jésus], qu'il a pris chair, quoique dieu, dans le sein d'une enfant des hommes ; et les miracles éclatants qu'on va lui voir opérer, en convaincront bientôt l'univers ! Dans un souper d'ivrognes, en effet, le fourbe change, à ce qu'on dit, l'eau en vin ; dans un désert, il nourrit quelques scélérats avec des provisions cachées que ses sectateurs préparèrent ; un de ses camarades fait le mort, notre imposteur le ressuscite...
« La philosophie dans le boudoir » (1795), dans
Œuvres De Sade,
Marquis de Sade, éd. Jeune Parque, 1947, p. 171-172
Non seulement dans les maisons paysannes, mais aussi dans les gratte-ciel des villes vivent encore aujourd'hui, à côté du XXe siècle, le Xe et le XIIIe siècles. Des centaines de millions de gens utilisent le courant électrique, sans cesser de croire à la force magique des gestes et des incantations. Le pape, à Rome, prêche à la radio sur le miracle de la transmutation de l'eau en vin. Les étoiles de cinéma se font dire la bonne aventure. Les aviateurs qui dirigent de merveilleuses mécaniques, créées par le génie de l'homme, portent des amulettes sous leur combinaison. Quelles réserves inépuisables d'obscurantisme, d'ignorance et de barbarie !
- Sur les contradictions entre sciences et superstitions.
Comment vaincre le fascisme,
Léon Trotsky (trad. du russe par Denis et Irène Paillard), éd. Les Éditions de la Passion, 1993
(ISBN 2-906229-19-9), chap. Qu'est-ce que le national-socialisme ? (
10 juin 1933), p. 230
Je regarde le prêtre qui officie préparer sa communion : le vin dans le ciboire, l'hostie cassée et plongée dans le vin, le ciboire recouvert de la plaquette, le prêtre traçant au-dessus avec la main des signes mystérieux. Absolument comme un prestidigitateur : Messieurs, Mesdames, vous voyez ce chapeau. Il n'y a rien dedans. Je le pose sur cette table. Attention : Un, deux, trois, et le chapeau repris un pigeon s'en échappe. Les pigeons, ici, ce sont les fidèles.
Et ce Jésus, auquel on s'adresse, qu'on glorifie, qu'on adore, qu'on évoque, qu'on implore, dans un langage incompréhensible pour la plus grande partie des fidèles, avec des « signes » de magie ! C'est de la plus pure superstition. Cela tient de la Kabbale et des tables tournantes.
- 22 février 1928, à l’enterrement de J. de Gourmont
Journal littéraire, Paul Léautaud, éd. Mercure de France, 1959, p. 229
Les pénitents apportent le Saint qu'ils sont allés chercher en pompe dans la montagne. Ils ont orné l'immémorable statue de grappes de raisin nouveaux. Sous son brancard d'où pend une étole, les enfants passent et repassent, sûrs par ce moyen de devenir forts et courageux.
La chèvre d'or, Paul Arène, éd. Marcel Petit, Culture provençale et méditerranéenne, Raphèles-lès-Arles, 1994, p. 70
Et des personnes se souviennent avoir vu sur leur perron, du jour de l'an à la Saint-Sylvestre, une table couverte d'une nappe et une cruche de vin, aussitôt vidée, aussitôt remplie, gratis, à la disposition de qui avait soif et passait.
La chèvre d'or, Paul Arène, éd. Marcel Petit, Culture provençale et méditerranéenne, Raphèles-lès-Arles, 1994, p. 73
Je préfère le vin d'ici à l'eau de là.
« Les auteurs et le vin », Francis Blanche, dans Paroles de vin, Marc Lagrange, éd. Féret Bordeaux, 2000, p. 13
Ce n'est pas parce que le vin n'est pas du vin de messe qu'il ne faut pas le boire religieusement.
« Les auteurs et le vin », Philippe Bouvard, dans Paroles de vin, Marc Lagrange, éd. Féret Bordeaux, 2000, p. 15
Ils t'interrogent sur le vin et les jeux de hasard ; réponds-leur qu'ils comportent tous deux une grande souillure, mais aussi des bienfaits pour les hommes. Cependant leurs méfaits sont supérieurs à leurs bienfaits.
Coran, Malek Chebel (traduction et notes), éd. Fayard, Paris, 2009, Sourate II, p. 43, vers 219
Ô vous qui croyez, sachez que le vin, les jeux de hasard, les pierres dressées et les flèches divinatoires sont une abomination et une œuvre du démon. Évitez-les. Peut-être serez vous bienheureux.
Coran, Malek Chebel (traduction et notes), éd. Fayard, Paris, 2009, Sourate V, p. 118, vers 90
Et des fruits des palmiers et des vignes, vous tirerez une boisson enivrante et un grand bien. Il y a en cela des signes pour un peuple qui réfléchit.
Coran, Malek Chebel (traduction et notes), éd. Fayard, Paris, 2009, Sourate XVI, p. 265, vers 67
À l'image du paradis qui a été promis aux fidèles et où couleront des fleuves d'une eau incorruptible, des fleuves de lait au goût inaltérable, des fleuves de vin exquis pour ceux qui le boivent et des fleuves de miel pur.
Coran, Malek Chebel (traduction et notes), éd. Fayard, Paris, 2009, Sourate XLVII, p. 537, vers 15
Sa religion est sage, sévère, chaste, et humaine : sage, puisqu’elle ne tombe pas dans la démence de donner à Dieu des associés, et qu’elle n’a point de mystères ; sévère, puisqu’elle défend les jeux de hasard, le vin et les liqueurs fortes, et qu’elle ordonne la prière cinq fois par jour ; chaste, puisqu’elle réduit à quatre femmes ce nombre prodigieux d’épouses qui partageaient le lit de tous les princes de l’Orient ; humaine, puisqu’elle nous ordonne l’aumône bien plus rigoureusement que le voyage de la Mecque. Ajoutez à tous ces caractères de vérité, la tolérance.
« Il faut prendre un parti » (1772), dans Œuvres complètes de Voltaire, Voltaire, éd. Moland, 1875, t. 28, chap. 23-Discours d’un Turc, p. 547
Au lieu de chercher dans la prohibition islamique prétexte à plaisanteries plus ou moins spirituelles, au lieu de nous réjouir publiquement, avec une presse vendue à la cause du vin "national", des progrès de la consommation des boissons fermentées (c'est-à-dire, en français, de l'alcool et de l'alcoolisme) en pays musulman, sachons admirer un grand exemple et renonçons au fallacieux espoir que la vue d'un sous-officier ivre soit toujours de nature à rehausser, aux yeux de l'indigène saharien, le prestige du "chrétien" et du "civilisé".
Méharées (1937),
Théodore Monod, éd. Actes Sud, coll. « Babel », 1989, p. 71
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