Littérature

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Malcolm de Chazal, Sens plastique, 1948

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La mort est une « perte de souffle » étagée. La volupté est une « perte de souffle » en rond.
  • « Sens plastique », Malcolm de Chazal, dans Anthologie de la poésie française du XXè siècle (1948), Michel Décaudin (Ed.), éd. Gallimard, coll. « Poésie », 1983, p. 439


Nouvelle

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Prose poétique

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Que l'homme est né pour le bonheur, certes toute la nature l'enseigne. C'est l'effort vers la volupté qui fait germer la plante, emplit de miel la ruche et le cœur de l'homme de bonté.
  • « Les Nouvelles Nourritures », André Gide, Littérature, nº 1, Mars 1919, p. 2


André Breton, Poisson soluble, 1924

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C'est alors qu'accablé de présents et lassé de ces beaux instruments de paresse auxquels dans une chambre atrocement voluptueuse je m'exerçais tout à tour, je pris le parti de congédier mes servantes et de m'adresser à une agence pour me procurer ce dont j'avais besoin : le réveil crépusculaire et un oiseau des mines de diamant qui me tînt la promesse d'extraire les racines d'une petite souffrance que j'avais devinée. Je n'étais pas plus tôt en possession de ce double trésor que je m'évanouis.


Octavio Paz, Liberté sur parole, 1958

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Ma vie avec la vague

Parmi tous ces poissons, il y en avait quelques-uns particulièrement repoussants et féroces, petits tigres d'aquarium aux grands yeux fixes et à la gueule fendue et carnassière. Je ne sais par quelle aberration mon amie se complaisait à jouer avec eux, leur témoignant sans rougir une préférence que je veux ignorer. Elle passait de longues heures enfermée avec ces horribles créatures. Un jour, je ne pus attendre plus longtemps, je défonçai la porte et me jetai sur eux. Agiles et fantomatiques, ils s'échappèrent de mes mains tandis qu'elle me frappait en riant jusqu'à me faire tomber. Je sentis que je me noyais. Et Lorsque je fus sur le point de mourir, déjà violacé, elle me déposa doucement sur le bord, et se mit à me baiser, me disant je ne sais quoi. Je me sentais faible, moulu et humilié. En même temps, la volupté me faisait fermer les yeux. Sa voix était suave et me parlait de la mort délicieuse des noyés. Quand je revins à moi, je commençai à la craindre et la haïr.
  • Liberté sur parole (1958), Octavio Paz (trad. Jean-Clarence Lambert), éd. Gallimard, coll. « Poésie », 1966  (ISBN 2-07-031789-7), partie II. AIGLE OU SOLEIL ? (1949-1950), Sables mouvants — Ma vie avec la vague, p. 76


Renée Dunan, La Culotte en jersey de soi, 1923

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— Enfin quoi ! nous sommes l'ovule d'où sortira, si nous vivons, la civilisation future...
— Pourquoi non ? Crois-tu qu'au quatrième siècle de notre ère il n'a pas fallu, au milieu de ces invasions de barbares détruisant tout, qu'il subsistât, par petits îlots, de subtils et intelligents gallo-romains pour transmettre en les éduquant le flambeau à ces sombres brutes venus de la forêt Hercynienne. Sans cela la civilisation actuelle serait en retard de quinze cents ans. Le nom de ces hommes a été oublié. Mais on trouve chez Sidoine Apollinaire une vision de telles choses et l'auteur les vécut.
— Rengorgeons-nous ! L'avenir du genre humain repose peut-être sur onze être orgueilleux, voluptueux et riches en caprices...


Psychanalyse

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Alberto Eiguer, Le Pervers narcissique et son complice, 1989

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Le Champ de la perversion narcissique

J. Mc Dougall (1972) souligne que, anesthésié affectivement, le pervers fait tout pour provoquer et développer la jouissance chez son objet, et ceci jusqu'au paroxysme. En revanche, on observe plutôt chez le pervers narcissique une recherche désespérée pour éloigner le danger de la perte de son intégrité narcissique. Il en attend bien davantage un soulagement que le triomphe recherché par la plupart des pervers. Si le pervers narcissique déclenche des émotions, des désirs ou des fantasmes, ils sont rarement voluptueux.
  • Le pervers narcissique et son complice, Alberto Eiguer, éd. Dunot, coll. « Psychismes », 1989  (ISBN 2 10 002843 X), partie I. Le Champ de la perversion narcissique, chap. Définition et description générale, Différences avec le sadisme, p. 11