Constantin Léontiev
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Constantin Léontiev (13 janvier 1831 – 12 novembre 1891) est un diplomate, médecin, écrivain, moine et philosophe russe.
Citations sur Léontiev
modifierNon content de prévoir ce qui se passerait en Russie, Léontiev généralisait ses prédictions : « Le monde entier progresse vers la même chose, vers je ne sais quel type de société européenne moyenne et vers l'avènement de je ne sais quel homme moyen. Et on continuera à progresser jusqu'à ce que tous se soient fondus en une fédération européenne unique. » Toutes les forces contemporaines, affirmait-il, « ne sont que l'instrument aveugle de la volonté mystérieuse qui, pas à pas, cherche à démocratiser, à égaliser, à mêler les éléments sociaux de toute l'Europe Romaine-germanique pour commencer, et puis, qui sait, de l'humanité tout entière ».
Le visionnaire dénonçait Procuste.
Il faisait plus que le dénoncer. Sous couleur de comparer la Russie à Byzance, il a fait une théorie de l'Histoire qui est en réalité une ontologie dialectique de la différence.
- Le complexe de Procuste, Vladimir Volkoff, éd. Julliard, l'Age d'Homme, 1981 (ISBN 2-260-00240-4), p. 131, 132
Échappant totalement à cette uniformisation par moitiés qu'est la ségrégation de l'humanité en gens de droite et gens de gauche, Leontiev distingue entre les époques : tant que la période de floraison n'est pas atteinte, il est pour les progressistes, qui se détournent de la vétuste simplicité du passé pour marcher à grands pas vers l'efflorescence de l'avenir : en cette saison-là, « tous les progressistes ont raison, tous les conservateurs ont tort ». Mais « après une période florissante et complexe, aussitôt que s'amorce le processus de simplification et de mixtion des contours, c'est-à-dire lorsque les diverses provinces commencent à se ressembler, que les castes s'entremêlent, que les pouvoirs publics ne sont plus inamovibles et se mettent à chanceler, que la religion est abaissée, que l'éducation devient uniforme, etc., aussitôt que le despotisme du processus formatif faiblit, alors, du point de vue du bien de l'Etat, tous les progressistes commencent à avoir tort en théorie, encore qu'ils triomphent en pratique ». Et Leontiev d'embrasser dans une antipathie égale «le farouche communard qui incendie les trésors des Tuileries et le mécréant voué à la défense du capital».
- Le complexe de Procuste, Vladimir Volkoff, éd. Julliard, l'Age d'Homme, 1981 (ISBN 2-260-00240-4), p. 137
En effet, l'Europe qui s'étalait sous les yeux de Leontiev contrastait avec celle de sa bien-aimée Renaissance. « Ne serait-il pas atroce et vexant de penser que Moïse n'a gravi le Sinaï, que les Hellènes n'ont édifié leurs gracieuses Acropoles, que les Romains n'ont fait les guerres puniques, que le génial, le superbe Alexandre, coiffé d'un casque emplumé, n'a franchi le Granique et combattu à Arbelles, que les apôtres n'ont prêché, les martyrs souffert, les poètes chanté, les peintres peint, les chevaliers brillé dans les tournois, qu'à cette fin unique qu'un bourgeois français, allemand ou russe, affublé de ses habits ridicules et hideux, jouisse d'un confort « individuel » et « collectif » sur les ruines de toute grandeur passée ?… Quelle honte pour le genre humain si ce vil idéal de l'utilité commune, de la mesquinerie du travail et de l'ignominie du trantran devait triompher pour toujours ! »
- Le complexe de Procuste, Vladimir Volkoff, éd. Julliard, l'Age d'Homme, 1981 (ISBN 2-260-00240-4), p. 140