Jean Raspail
Jean Raspail, est un écrivain français, journaliste, voyageur et explorateur français, né à Chemillé-sur-Dême (Indre-et-Loire) le 5 juillet 1925
- Qui se souvient des hommes..., Jean Raspail, éd. Robert Laffont, 2001 (ISBN 2-221-09517-0), p. 13
- Qui se souvient des hommes..., Jean Raspail, éd. Robert Laffont, 2001 (ISBN 2-221-09517-0), p. 14
- Qui se souvient des hommes..., Jean Raspail, éd. Robert Laffont, 2001 (ISBN 2-221-09517-0), p. 284
- Qui se souvient des hommes..., Jean Raspail, éd. Robert Laffont, 2001 (ISBN 2-221-09517-0), p. 285
Septentrion, 1979
modifierNous comprenions vaguement comment, sans savoir réellement pourquoi. Tout allait vite, avec des modifications tangibles dans notre vie de tous les jours, mais rien n'était net. Tout changeait dans le flou, comme si une sorte de guimauve envahissante, poisseuse et tenace, transfusée dans les artères vivantes du pays, gelait le cœur et les âmes, et aussi les rouages de l'Etat, les activités de la nation, pétrifiant jusqu'au corps profond de la population. Dans quel but ?
- Incipit
- Septentrion, Jean Raspail, éd. Robert Laffont, 2007 (ISBN 978-2-221-10865-9), p. 15
- Septentrion, Jean Raspail, éd. Robert Laffont, 2007 (ISBN 978-2-221-10865-9), p. 89
- Septentrion, Jean Raspail, éd. Robert Laffont, 2007 (ISBN 978-2-221-10865-9), p. 116
- Septentrion, Jean Raspail, éd. Robert Laffont, 2007 (ISBN 978-2-221-10865-9), p. 213
Les veuves de Santiago, 1962
modifier- Les veuves de Santiago, Jean Raspail, éd. Via Romana, 2010 (ISBN 978-2-916727-79-0), p. 156
Pêcheur de lunes, 1990
modifierCe livre est le prolongement naturel de Qui se souvient des hommes… Il s'agit du même univers intemporel où l'on retrouve comme un reflet de lune le souvenir de peuples oubliés. Dans La Hache des steppes, paru il y a dix-sept ans chez le même éditeur, livre aujourd'hui introuvable et connu seulement d'initiés, j'avais déjà exploré quelques-unes de ces pistes que j'ai reprises ici, mêlées à toutes les autres, mais en les soumettant à un éclairage intérieur différent.
- À mes lecteurs
- Pêcheur de lunes, Jean Raspail, éd. Robert Laffont, 1990 (ISBN 2-221-06672-3), p. 7
- Pêcheur de lunes, Jean Raspail, éd. Robert Laffont, 1990 (ISBN 2-221-06672-3), p. 104
- Pêcheur de lunes, Jean Raspail, éd. Robert Laffont, 1990 (ISBN 2-221-06672-3), p. 120
- Pêcheur de lunes, Jean Raspail, éd. Robert Laffont, 1990 (ISBN 2-221-06672-3), p. 127
Journal Peau-Rouge, 1975
modifier- Journal peau-rouge, Jean Raspail, éd. Robert Laffont, 1975, p. 68
- Journal peau-rouge, Jean Raspail, éd. Robert Laffont, 1975, p. 169
- Journal peau-rouge, Jean Raspail, éd. Robert Laffont, 1975, p. 249
L'anneau du pêcheur, 1995
modifier- L'anneau du pêcheur, Jean Raspail, éd. Albin Michel, 1995 (ISBN 2-7242-9043-7), p. 9
Et la paix se répandit en lui. quittant alors son refuge, il s'avança par l'allée centrale et marcha, les mains jointes, vers l'autel.
- L'anneau du pêcheur, Jean Raspail, éd. Albin Michel, 1995 (ISBN 2-7242-9043-7), p. 19
- L'anneau du pêcheur, Jean Raspail, éd. Albin Michel, 1995 (ISBN 2-7242-9043-7), p. 384
- L'anneau du pêcheur, Jean Raspail, éd. Albin Michel, 1995 (ISBN 2-7242-9043-7), p. 386
Sept Cavaliers quittèrent la Ville au crépuscule par la porte de l'Ouest qui n'était plus gardée, 1993
modifier- Incipit
- Sept Cavaliers quittèrent la Ville au crépuscule par la porte de l'Ouest qui n'était plus gardée, Jean Raspail, éd. Robert Laffont, 1993 (ISBN 2-221-07536-6), p. 7
– tu ne dois pas m'emmener. Je n'irai pas. Tu comprendras plus tard pourquoi. Au bout de ton voyage, tu comprendras, et si tu le veux toujours, tu reviendras. Je t'attendrai.
- Sept Cavaliers quittèrent la Ville au crépuscule par la porte de l'Ouest qui n'était plus gardée, Jean Raspail, éd. Robert Laffont, 1993 (ISBN 2-221-07536-6), p. 127
– Ah non ! C'est de plus en plus dégueulasse.
- Sept Cavaliers quittèrent la Ville au crépuscule par la porte de l'Ouest qui n'était plus gardée, Jean Raspail, éd. Robert Laffont, 1993 (ISBN 2-221-07536-6), p. 223
Le Jeu du roi, 1976
modifier- Incipit
- Le Jeu du roi (1976), Jean Raspail, éd. Robert Laffont, 2003 (ISBN 2-221-10133-2), p. 11
« Ci-gisent
le prince des îles Wollaston, comte du Horn, duc des archipels de la glace, amiral des phoques du Sud et messager du roi, lion de mer du royaume de Patagonie
et la princesse lionne son épouse.
Dieu les conduisit de la Croix du Sud à l'étoile Polaire sur la route des contresens.
Ils ne firent rien comme personne puisqu'ils moururent à l'envers, comme les hommes du Ponant, naguère, lorsqu'ils allaient mourir au cap Horn.
Ils n'avaient rien à faire par ici, pas plus que les marins là-bas, sinon trouver un sens à leur vie.
Car il n'est pas nécessaire d'être un homme pour découvrir enfin en mourant,
où se trouvent la Patagonie. »
- Le Jeu du roi (1976), Jean Raspail, éd. Robert Laffont, 2003 (ISBN 2-221-10133-2), p. 85-86
Et cette prière de Ségolène : « Ne rien dire ! Ne rien laisser supposer ! Qu'ils ne sachent jamais ! Qu'ils ne s'imaginent pas que nous sommes entrés dans leur ronde ! Qu'ils ne sautent pas à l'intérieur de nos murailles en poussant d'indécents cris de triomphes ! Qu'ils nous épargnent leur solidarité dégoûtante ! Que ce que nous sommes en ce moment et ce que nous faisons n'embellisse pars leurs amours misérables… »
- Le Jeu du roi (1976), Jean Raspail, éd. Robert Laffont, 2003 (ISBN 2-221-10133-2), p. 298
- Incipit
- En canot sur les chemins d'eau du roi, Jean Raspail, éd. Albin Michel, 2005 (ISBN 2-226-16824-9), p. 9
- En canot sur les chemins d'eau du roi, Jean Raspail, éd. Albin Michel, 2005 (ISBN 2-226-16824-9), p. 49
- En canot sur les chemins d'eau du roi, Jean Raspail, éd. Albin Michel, 2005 (ISBN 2-226-16824-9), p. 58
- En canot sur les chemins d'eau du roi, Jean Raspail, éd. Albin Michel, 2005 (ISBN 2-226-16824-9), p. 64
Seigneur Jésus, apprenez-nous,
A être généreux,
A vous servir comme vous le méritez,
A donner sans compter,
A combattre sans souci des blessures,
A nous dépenser sans attendre
D'autre récompense
Que celle de savoir
Que nous faisons votre sainte volonté.
- En canot sur les chemins d'eau du roi, Jean Raspail, éd. Albin Michel, 2005 (ISBN 2-226-16824-9), p. 161
- En canot sur les chemins d'eau du roi, Jean Raspail, éd. Albin Michel, 2005 (ISBN 2-226-16824-9), p. 209
- Incipit
- Les royaumes de Borée, Jean Raspail, éd. Albin Michel, 2003 (ISBN 2-226-13697-5), p. 9
- Les royaumes de Borée, Jean Raspail, éd. Albin Michel, 2003 (ISBN 2-226-13697-5), p. 224
Bleu caraïbe et Citrons verts, 1980
modifierQui me comprenne me suive…
- Bleu caraïbe & Citrons verts (1980), Jean Raspail, éd. Via Romana, 2014 (ISBN 979-10-90029-75-0), p. 9
— Les vieux disaient au père de mon père que les Caraïbes avaient conquis l'île d’Haïti…
Je lui dit qu'Haïti signifiait « la grande terre » en caraïbe. Il l'ignorait. Il me demanda :
— Est-ce qu'ils sont tous morts là-bas aussi ?
Je répondis que oui. Il hocha gravement la tête, mais rien d'autre ne lui venait. Des enfants s'étaient assis sur le marchepied de la berline et je leur taillai d'énormes sandwiches. La nuit tombait. Je piquai des bougies dans des boîtes de jambon et j'en fis des lumignons. Ma voiture ressemblait à un palais baroque illuminé. le roi réclama du bordeaux. Puis jeta par la portière quelques mots au gamin, lequel s'en alla trottant sous la lune et revint quelques minutes plus tard, suivi d'un petit vieillard très droit, au visage serein, qui s'appelait Pierre Fernandoir, le précédent cacique dont j'ai parlé.
— Mon oncle, dit le roi. Lui sait quelque chose…
- Bleu caraïbe & Citrons verts (1980), Jean Raspail, éd. Via Romana, 2014 (ISBN 979-10-90029-75-0), p. 58
Sire, 1990
modifierÀ la question qu'il venait de poser, Philippe entendit nettement la réponse. Le seigneur dit :
– Ma volonté.
Une seconde après, Philippe dormait.
- Sire, Jean Raspail, éd. éditions de Fallois, 1990 (ISBN 2-87706-130-2), p. 117
- Sire, Jean Raspail, éd. éditions de Fallois, 1990 (ISBN 2-87706-130-2), p. 182
L'Île Bleue, 1988
modifierIci se sacrifia Bertrand Carré
Premier résistant de Touraine
Mort pour la France
À l'âge de 14 ans
Assassiné par les nazis
Le 21 juin 1940
À l'exception du nom, de l'âge et de la date, il n'y avait pas un mot de vrai.
- L'Ile Bleue, Jean Raspail, éd. Robert Laffont, 1988 (ISBN 2-221-05659-0), p. 245
Le Président, 1985
modifier- Le Président, Jean Raspail, éd. Albin Michel, 1985 (ISBN 2-226-13155-8), p. 14
Hurrah Zara !, 1988
modifier- Incipit
- Hurrah Zara ! (1988), Jean Raspail, éd. Albin Michel, 1998 (ISBN 2-226-10008-3), p. 9
- Le Roi au-delà de la mer, Jean Raspail, éd. Albin Michel, 2000 (ISBN 2-226-11431-9), p. 88
On pourrait croire, à me lire, que vous représentiez le passé. N'est-ce pas l'avenir, au contraire, que vous annoncez ? Face au nouvel « ordre » mondial qui s'avance, le devoir d'insurrection…
- Le Roi au-delà de la mer, Jean Raspail, éd. Albin Michel, 2000 (ISBN 2-226-11431-9), p. 184
Vous êtes donc jeune aussi, Monseigneur, un peu plus de dix huit ans, tout de même, vingt-cinq, sans doute, trente, peut-être, guère au-delà. Passé cet âge, on se met à peser chacun de ses actes, on brime son cœur, on tue son âme, on se trahit à chaque instant, car nul ne peut mener sa vie autrement en ces temps qui sont les nôtres.
- Le Roi est mort, vive le Roi ! Le Roi au-delà de la mer, Jean Raspail, éd. Via Romana, 2019 (ISBN 978-2-37271-130-2), p. 35, 36
Le roi de France est le roi, comme l’eau est l’eau, comme le feu est le feu, par la volonté divine exprimée et confirmée par le sacre de tous les souverains qui vous ont précédé, issus de votre famille sans qu’un seul fît exception. Vous n’êtes pas maître de votre condition, laquelle ne doit vous inspirer ni vanité ni humilité. Vous n’avez pas d’autre choix honorable qu’accepter, et la fidélité de tous vous est due, même si vous ne la rencontrez jamais. N’étant rien présentement, vous êtes également tout.
- Le Roi est mort, vive le Roi ! Le Roi au-delà de la mer, Jean Raspail, éd. Via Romana, 2019 (ISBN 978-2-37271-130-2), p. 37
Le sacré, voilà toute l’affaire. Je devrais même écrire : voilà toute l’histoire. Elle complique sérieusement votre cas. C’est l’onction divine plus encore que l’héritage — les deux étant consubstantiels — qui faisait les rois de France.
- Le Roi est mort, vive le Roi ! Le Roi au-delà de la mer, Jean Raspail, éd. Via Romana, 2019 (ISBN 978-2-37271-130-2), p. 37
Le héros aux neuf prénoms de ce roman, qui est votre homonyme, Monseigneur, tenait de son défunt père quelques vérités essentielles, mais exprimées à l’ancienne : Que le roi règne sur le pays avant de régner sur la population d’un royaume. Que se borner à régner sur la population d'un royaume, c’était renoncer à l’aspect cosmique de la royauté… Que le vrai roi se veut roi des champs et des forêts, des lacs et des montagnes, des moutons et des sangliers, des biches et des truites. Que le vrai roi est partout chez lui. Que ce n’était pas une question de propriété : le roi ne possède pas son pays dans la dispersion des meubles et des immeubles ; il est en soi-même le pays dans l’unité de l’incarnation… Que la royauté ne repose pas sur l’avoir mais sur l’être, etc.
- Le Roi est mort, vive le Roi ! Le Roi au-delà de la mer, Jean Raspail, éd. Via Romana, 2019 (ISBN 978-2-37271-130-2), p. 50
Voilà cent cinquante ans, en effet, que la République fait le ménage dans les symboles. Aujourd'hui le nettoyage républicain s’accélère, renouant avec le sectarisme de ses débuts. On assiste de nouveau à un glissement, à une substitution concertée et progressive de la France par la République. Ecoutez nos hommes politiques, à commencer par le premier d’entre eux : lorsqu'ils évoquent la loi, ce n’est pas la loi française (ce mot leur écorcherait-il la bouche ?), mais la loi de la République et l’ordre républicain. Quand le corps enseignant manifeste, c’est toujours sous le même habillage : il défend l’école de la République. Les valeurs qu’on nous incite (qu’on nous somme) à partager, elles aussi débaptisées, sont les valeurs de la République, comme si la France n’était pas le symbole convenable pour incarner ces valeurs-là, ce qui est d’ailleurs le cas d’un certain nombre d’entre elles.
- Le Roi est mort, vive le Roi ! Le Roi au-delà de la mer, Jean Raspail, éd. Via Romana, 2019 (ISBN 978-2-37271-130-2), p. 55, 56
Je n’arrive pas à comprendre — ou parfois je comprends trop bien mais je ne veux pas vous entraîner là, Monseigneur — pourquoi des hommes et des femmes, des Français, au niveau le plus élevé des pouvoirs et de la réflexion, là où se décide notre destin national, pourquoi ils s’acharnent à détruire ouvertement ou sournoisement, les piliers déjà vermoulus qui soutiennent encore notre vieux peuple.
- Le Roi est mort, vive le Roi ! Le Roi au-delà de la mer, Jean Raspail, éd. Via Romana, 2019 (ISBN 978-2-37271-130-2), p. 59
Ridicules et indécents étaient donc ces vingt jeunes gens agenouillés sur les dalles brisées, un ciel de lune en guise de toit, écoutant avec ferveur l’officiant qui prononçait en français (n’aggravons pas votre cas Monseigneur) la première des trois oraisons pour le roi du missel catholique romain : « Faites, Dieu tout puissant, que votre serviteur notre roi Philippe Pharamond, qui par votre grâce a assumé le gouvernement du royaume, reçoive un accroissement de toutes les vertus ; qu’il évite l’horreur du vice et puisse parvenir heureusement jusqu'à vous qui êtes la voie, la vérité et la vie. Par notre Seigneur Jésus-Christ, votre Fils qui étant Dieu, qui vit et règne… ». Et tous les visages se sont tournés vers vous. Plus rien ne comptait, le passé, le présent, même l’avenir. Le royaume n’est pas de ce monde. Il ne l’a jamais été. C’est pourquoi le roi existe. Procédant de l’ordre divin, il n’est que la préfiguration de l’espérance transmise de souverain en souverain. Irréel instant, certes, mais de quoi avons-nous besoin, à présent, dans ce pays qui s’éloigne de nous si ce n’est de ces moments là…
- Le Roi est mort, vive le Roi ! Le Roi au-delà de la mer, Jean Raspail, éd. Via Romana, 2019 (ISBN 978-2-37271-130-2), p. 109
On peut vivre aussi de mythes. Quelqu'un se demandera peut-être un jour lointain ce qu’est devenu ce roi qui avait choisi l’exil pour ne pas se perdre dans l’inanité quotidienne. On racontera qu’une lumière brille toute la nuit à la fenêtre de votre chambre et que des vaisseaux inconnus, tous feux éteints, viennent saluer votre pavillon…
- Le Roi est mort, vive le Roi ! Le Roi au-delà de la mer, Jean Raspail, éd. Via Romana, 2019 (ISBN 978-2-37271-130-2), p. 119
Culloden… Le combat du Chêne… Votre tour n’est-il pas venu, Monseigneur ?
C’est vrai que rien ni personne ne ressemble plus, aujourd'hui, aux hommes et aux comportements d’autrefois. Ce serait se tromper de siècle, et même doublement puisque nous sommes sur le point d’en changer, de tenter ce genre d’aventure, mais vous avez balayé l’argument. Vivre et durer, ce n’est pas la même chose. Prétendre, au sens royal de ce mot, ce n’est pas attendre alors qu’il n’y a rien à attendre, et pourquoi pas jusqu'à la fin des temps. Vous êtes le roi. Vous serez le roi, le roi de France, en France, ne fût-ce qu’un infinitésimal moment de règne sur une infinitésimale parcelle de notre territoire national qui sera votre éphémère pré carré. Vous l’avez décidé.
- Le Roi est mort, vive le Roi ! Le Roi au-delà de la mer, Jean Raspail, éd. Via Romana, 2019 (ISBN 978-2-37271-130-2), p. 147
La Hache des steppes, 1974
modifierJ'appelle de tous mes vœux la multiplication à l'infini des frontières, à l'abri desquelles les si précieuses différences pourraient cesser de disparaître et même, se cultiveraient jalousement jusqu'à une nouvelle floraison.
- La Hache des steppes, Jean Raspail, éd. Via Romana, 2016 (ISBN 978-2-37271-030-5), p. 40
Toujours dans le lit du ruisseau, avec de l'eau jusqu'à mi-roue, je pénétrai sous la forêt qui montait en pente douce vers le flanc d'un petit morne. Une centaine de mètres plus loin, le ruisseau prenait sa source et je dus abandonner ma jeep et poursuivre à pied, enjambant les troncs d'arbres pourris de cette jungle alpine. Je marchai environ une demi-heure jusqu'au sommet du petit morne et là, à travers un rideau de verdure d'où tombaient d'épaisses gouttes de pluie, j'entrevis à nouveau, au loin, les sombres pentes du massif de la Selle. Malgré mes efforts, il semblait ne pas s'être approché d'un mètre et puis ses sommets disparurent au milieu de lourds nuages gorgés d'eau. Je restai là quelque temps à rêver, les yeux fixés sur la muraille de pluie. C'est ainsi que les mythes demeurent, plus nécessaires à l'homme que le pain.
- La Hache des steppes, Jean Raspail, éd. Via Romana, 2016 (ISBN 978-2-37271-030-5), p. 85
C'est donc mon arrière-grand-père Joseph qui baptisa l'objet noir : hache des steppes. Cette définition m'enchante. Dans un enjambement de plus de cent vingt ans, nos romantismes se rejoignent. Et s'il exprime quelque doute dans son mémoire, on sent bien qu'il n'avait aucune envie d'y souscrire alors que de ses hypothèses il fait une certitude.
- La Hache des steppes, Jean Raspail, éd. Via Romana, 2016 (ISBN 978-2-37271-030-5), p. 98
Je crois que je restai bien une heure, ou même deux, à dévisager le dernier des Urus, le livre ouvert sur la photographie de Manuel Inta. Un très vieil homme, le regard infiniment triste sous les paupières voilées de pus. Son front, beaucoup plus vaste que celui des autres indiens, ses joues et son menton étaient profondément creusés de sillons qui dessinaient sur sa peau la géographie de la misère, craquelés par dix mille ans de souffrances, de faim, de froid et de persécutions, mais sa bouche généreuse souriaient timidement.
- La Hache des steppes, Jean Raspail, éd. Via Romana, 2016 (ISBN 978-2-37271-030-5), p. 236
Le grand jeu ! Devant un village mort, que le vent des Andes éparpillera en poussières emportées jusqu'à la jungle amazonienne, si ce n'est déjà fait à l'instant où j'écris, on conviendra que tant d'offrandes solennelles manifestaient autre chose qu'une simple superstition. Il faut des millénaires pour engendrer de tels soubresauts. C'est exactement ce que je voudrais exprimer.
- La Hache des steppes, Jean Raspail, éd. Via Romana, 2016 (ISBN 978-2-37271-030-5), p. 246
Si je n'y suis pas parvenu, Manuel Intel l'aura fait pour moi. Une vague est morte sur nos rives matérielles. Sans bruit, sans force, car elle venait de très loin. je l'ai prise dans le creux de ma main. Puis elle m'a échappé et il n'en restait rien.
- La Hache des steppes, Jean Raspail, éd. Via Romana, 2016 (ISBN 978-2-37271-030-5), p. 246
Je criai dans le vent pour savoir au moins leurs noms. Sans réponse. Une femme leva la tête vers moi. Elle avait les cheveux plaqués sur le visage par la pluie qui tombait à torrents. J'aperçus une épaule décharnée à travers un trou de la couverture trempée qui lui servait de vêtement et me souvins que les Alakalufs, jadis, vivaient nus par les froids les plus vigoureux. Accroupie au fond de la barque non pontée, l'autre femme écopait avec une boite de conserve. Déjà, les hommes et l'enfant avaient empoigné les avirons. La barque déborda rapidement, s'éloignant du navire qui avait repris sa route. Je fis un geste de la main, en signe d'adieu. La femme qui me regardait baissa aussitôt la tête. J'ai dis la conviction que j'avais que dix mille ans nous séparaient. Il s'en ajouta une autre : cette conviction était partagée. Sur l'autre rive d'un fossé de cent siècles, les derniers Alakalufs nomades s'enfuyaient encore plus loin, volontairement, dans le passé. Transi, mouillé jusqu'à l'os, l'âme désolée, je regagnai ma cabine. Par le hublot, je ne vis plus rien que la pluie.
- La Hache des steppes, Jean Raspail, éd. Via Romana, 2016 (ISBN 978-2-37271-030-5), p. 253
La hache des steppes ne porte pas bonheur. Elle est un porte-malheur. Elle marque du sceau de la mort tous ceux qui ont bravé le cours des siècles. elle les entraîne irrésistiblement vers le fond comme la pierre que s'attache au cou le désespéré qui se noie. Elle est le signe des vaincus. Lui avoir consacré toutes ces pages (sur tous les tons, on en conviendra) éclaire d'un jour funèbre le camp où je m'étais rangé. Qui sait si je le quitterai ? Il y a noblesse à s'obstiner. La compagnie s'y fait rare. Tous les autres ont le dos tourné. Ils n'ont plus de visage. Les « hommes » sont morts. Ceux qui les remplacent nous effraient. Comme les Urus, nous ne parlons pas leur langue. Nos chandeliers de fer-blanc s'éteignent. La nuit est aveuglante.
- La Hache des steppes, Jean Raspail, éd. Via Romana, 2016 (ISBN 978-2-37271-030-5), p. 254
Seul.
J'étais seul à la Serena, au Chili.
Telle une statue équestre dont le héros se tiendrait encore modestement à pied, tenant son cheval par la bride et contemplant le socle sur lequel aucun nom n'était encore gravé.
La solitude me convenait. C'est un état où il suffit de se donner illusion à soi-même, sans témoins, quitte à y introduire peu à peu de rares confidents choisis avec prudence et circonspection, en attendant avec confiance les commandements du destin.
- Moi, Antoine de Tounens, roi de Patagonie, Jean Raspail, éd. Albin Michel, 1981 (ISBN 2-226-01139-0), p. 122
Je fis un geste de la main, en adieu. La femme qui me regardait baissa aussitôt la tête. Me vint alors la conviction que dix mille années nous séparaient, à laquelle s'en ajouta une autre : cette conviction était partagée. Ces malheureux aussi le savaient, écrasés par cet éloignement sidéral. La distance entre la barque et le navire augmentait rapidement, jusqu'à ce qu'elle ne fût à nouveau qu'un point semblable à celui que nous avions vu s'avancer à peine dix minutes auparavant, et qui disparut bientôt. Sur l'autre rive d'un fossé de cent siècles, les Alakalufs nomades s'enfuyaient encore plus loin dans le passé.
- Adiós, Tierra del Fuego, Jean Raspail, éd. Albin Michel, 2001 (ISBN 2-226-12154-4), p. 46, 47
Transi, mouillé jusqu'à l'os, l'âme désolée, je regagnai ma cabine. Par le hublot je ne vis plus rien que la pluie, et le pot du soir, au carré, fut empreint de mélancolie. L'émotion que j'avais ressentie est demeurée aussi forte durant les cinquante années qui ont suivi…
- Adiós, Tierra del Fuego, Jean Raspail, éd. Albin Michel, 2001 (ISBN 2-226-12154-4), p. 47
Les Yeux d'Irène, 1984
modifierEt cette guerre-là, je veux dire celle du roman, Salvator l'aimait-il ? Sans doute. C'était une guerre propice aux attitudes. Je l'avais entendu déclarer, plus tard, que l'attitude prime, qu'elle peut tenir lieu de conviction, et que c'est elle, le plus souvent, qui engage l'existence…
- Les Yeux d'Irène, Jean Raspail, éd. Albin Michel, 1984 (ISBN 2-226-02063-2), p. 51
La Miséricorde, 2015
modifier- Là-bas, au loin, si loin, Jean Raspail, éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 2015 (ISBN 978-2-221-15747-3), p. 1081
- Là-bas, au loin, si loin, Jean Raspail, éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 2015 (ISBN 978-2-221-15747-3), p. 1105
Le curé sourit franchement, la bouche largement ouverte, les yeux brillants, témoignant d'une animation soudaine qui surprenait chez un homme aussi triste. Avec sa longue figure bizarrement éclairée, il ressemblait à une sorte de Christ égrillard.
– Que oui, monseigneur ! La mienne, c'est le samedi matin que je la trouve. Un cochon de chemin, pourtant ! Et les deux fermes sont tellement pauvres que j'y apporte un sandwich avec moi. Là, il y a quatre gosses blonds, des garçons pas trop bêtes. C'est même étonnant, chez ces sauvages ! Je leur apprends à lire et écrire. Personne ne peut le faire, si ce n'est moi. Les parents sont illettrés, l'école est trop loin. Ils travaillent bien. Ils aiment cela. Je crois qu'ils m'aiment bien aussi. Chaque samedi matin, je les retrouve toujours au même endroit, quel que soit le temps, assis sur un rocher, avant le dernier tournant du chemin. Ils m'attendent. Depuis un ans, ils n'ont jamais manqué une leçon. Et moi non plus.
- Là-bas, au loin, si loin, Jean Raspail, éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 2015 (ISBN 978-2-221-15747-3), p. 1108, 1109
Ils restèrent sans parler un moment pendant lequel le vicaire général découvrit avec surprise qu'en réalité rien ne les séparait.
– Je parierai aussi, monseigneur, dit-il.
– Jean. Jean Jacquelein..., dit Mgr Anselmons, ému, avec affection. Et si nous allions annoncer tout cela à Simon ?
L'abbé Giordans écouta en silence. D'abord terrifié, prêt à supplier son évêque de lui épargner ces épreuves, envisageant même de plaider sa propre indignité, de se réfugier derrière sa fragilité, puis, prenant conscience de sa lâcheté, peu à peu, apaisé, il s'entendit répondre :
– Je place mes mains entre les vôtres, monseigneur.
– Pour l'honneur de Dieu, ajouta l'évêque. Pour l'honneur de l'Église, pour le vôtre et pour le mien…
Et c'est gaiement, presque en riant, qu'il conclut :
- Là-bas, au loin, si loin, Jean Raspail, éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 2015 (ISBN 978-2-221-15747-3), p. 1116
- Là-bas, au loin, si loin, Jean Raspail, éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 2015 (ISBN 978-2-221-15747-3), p. 1117
– Jacques Charlébègue, dit l'évêque, nous nous reverrons certainement. Je ne vous oublierai pas.
- Là-bas, au loin, si loin, Jean Raspail, éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 2015 (ISBN 978-2-221-15747-3), p. 1129, 1130
Articles
modifier- « La patrie trahie par la république », Jean Raspail, Le Figaro, nº 18619, jeudi 17 juin 2004, p. 15
Citations sur Jean Raspail
modifier- Là-bas, au loin, si loin, Jean Raspail, éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 2015 (ISBN 978-2-221-15747-3), p. VII
- Là-bas, au loin, si loin, Jean Raspail, éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 2015 (ISBN 978-2-221-15747-3), p. VIII, IX