Manosque

commune française du département des Alpes-de-Haute-Provence

Manosque est une commune française, située dans le département des Alpes-de-Haute-Provence, en région Provence-Alpes-Côte d'Azur. Les habitants de Manosque s'appellent les Manosquins. Manosque est la ville la plus peuplée des Alpes-de-Haute-Provence.

Manosque
Manosque

Citations

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Jean Giono, Provence, 1953

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Je suis né à Manosque et je n'en suis jamais parti. Le charme de ce pays ne s'épuise pas. Quand je dis Manosque, je ne veux pas dire strictement la ville, mais tout ce théâtre de collines et de vallées où elle est assise, où elle vit, cette architecture de terres ou elle a pris ses habitudes.
Pour un voyage aussi court que celui d'ici à Marseille, quand je rentre, je retrouve sur le quai de ma gare cet air vif des Basses-Alpes, et, avec lui, mon pays, comme revenant d'un dépaysement extraordinaire. C'est que l'air d'ici a un goût particulier.


Celui qui ne connaît pas Manosque et y arrive pour la première fois peut être enchanté, quoique, convenons-en, la ville elle-même a beaucoup perdu de son caractère et de sa beauté, mais celui qui a tous ses souvenirs faits avec les territoires qui ont organisé cette ville entend ou goûte, dans la grondante profondeur de la nuit, dans une qualité de l'air qu'il respire, la vie magique des vastes espaces.


Voilà ce qui a fait Manosque. Qu'on la veuille ronde, triangulaire ou carrée, une ville a ses raisons qui ignore les raisons diverses, et elle a la forme qui lui plaît. Qu'on la taille, qu'on la pousse, qu'on lui greffe je ne sais quoi, qu'on la peigne, qu'on l’étrille, qu'on la pomponne et qu'on la brosse, elle a une âme qui ne s'en soucie pas et avec laquelle elle fait sa vie. Qu'on la déguise et qu'on la farde, si elle parle, c'est avec la voix de son âme qu'on ne change pas.


C'était la pauvre Manosque, semblable, dans ses murs, à une couronne de roi. Ces rues mal pavées ne parlaient pas de comptes en banque. C'était une ville de couvent, une ville de jardin intérieur, de cours, de puits, de magnifiques fontaines. Je ne peux guère oublier ces décors ou, pour la première fois, j'ai lu Shakespeare et Calderón. On s'éclairait au pétrole. Nous n'avons eu chez moi l'électricité qu'en 1919. Ce fut la surprise que ma mère me réservait pour fêter mon retour de la guerre. J'avoue que c'était pratique. J'avoue que maintenant, en cas de panne de secteur, je retourne volontiers à la lampe de pétrole.


En cinquante et quelques années, Manosque a changé. En bien, en mal, il ne m'appartient pas de le dire : je ne suis pas administrateur, et ce que je vous donne ici, c'est le point de vue de Sirius. D'autant qu'elle a changé cinquante fois, et que personne n'est responsable ni du bien ni du mal : ce sont les temps qui ont changé.
Mais l’âme est restée la même, car les terres sauvages qui sont à peine à quelques kilomètres d'ici n'ont pas changé. On n’y peut pas innover ; on est obligé d'y vivre avec les vieux moyens, ce que j'appelle virgule moi, les jeunes moyens de vivre. Au travers de tout ce que vous allez voir dans Manosque, chercher son âme, c'est un travail qui vous paiera.


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