Montagne

forme topographique de relief positif se détachant du relief environnant

La montagne s'apparente à une élévation naturelle du sol, caractérisée par une forte dénivellation entre les sommets et le fond des vallées. Plus communément elle désigne une région de forte altitude, un lieu de villégiature.

The Alps, Compton, 1906

Littérature

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Écrit intime

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Claire Julliard, Boris Vian, 2007

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A quoi bon soulever des montagnes quand il est si simple de passer par-dessus ?
  • Propos de Boris Vian rapportés par la biographe Claire Julliard.
  • Boris Vian (2007), Claire Julliard, éd. Folio, coll. « Biographies », 2007  (ISBN 978-2-07-031963-3), Le retour de Vernon Sullivan, p. 185


Nouvelle

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Cette pensée, cette flamme nue de la souffrance, était une pensée sur ma patrie terrestre : pieds nus et misérable, au bord de cette route de montagne, j'attendais les habitants des cieux, charitables et radieux, et le vent, tel un pressentiment du miracle, jouait dans mes cheveux, emplissait les ravins d'une vibration cristalline, agitait les soies fabuleuses des arbres fleurissant entre les rochers le long de la route ; de longues herbes s'entortillaient autour de leurs troncs, telles des langues de feu ; de grosses fleurs se détachaient gracieusement des rameaux étincelants et, comme des calices volants, gorgées de soleil à ras bord, elles glissaient dans l'air en gonflant leurs pétales transparents et bombés ; leur parfum, humide et sucré, me rappelait tout ce que j'avais connu de plus beau dans ma vie.
  • « Le Mot », Vladimir Nabokov (trad. Bernard Kreise), Le Magazine Littéraire, nº 495, Mars 2010, p. 10


Poésie

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Robert Desnos, Rrose Sélavy, 1922

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Rrose Sélavy peut revêtir la bure du bagne, elle a une monture qui franchit les montagnes.
  • « Rrose Sélavy », Robert Desnos, Littérature Nouvelle Série, nº 7, Décembre 1922, p. 16


Prose poétique

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Renée Vivien, Brumes de fjords, 1902

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Ses compagnes l’appelèrent du haut des rochers.
Ses compagnes l’appelèrent en pleurant.
Elle leur tendit les bras des profondeurs de la montagne.
Ses larmes coulèrent sur les fleurs sans parfum,
Mais elle ne put répondre à ses compagnes,
Car, déjà, elle avait oublié leur langage.

  • Brumes de fjords, Renée Vivien, éd. Alphonse Lemerre, 1902, Les fleurs sans parfum, p. 77


Antonin Artaud, L'Ombilic des Limbes, 1925

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Description d'un État Physique

L'air autour de la montagne est sonore, pieux, légendaire, interdit. L'accès de la montagne est interdit. La montagne a bien sa place dans l'âme. Elle est l'horizon d'un quelque chose qui recule sans cesse. Elle donne la sensation de l'horizon éternel.
  • L'Ombilic des Limbes suivi du Pèse-nerfs et autres textes, Antonin Artaud, éd. Gallimard, coll. « Poésie/Gallimard », 1956, partie L'Ombilic des Limbes, « Description d'un État Physique », p. 66


René Char, Fureur et mystère, 1948

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Feuillets d'Hypnos

Nous sommes pareils à ces poissons retenus vifs dans la glace des lacs de montagne. La matière et la nature semblent les protéger cependant qu'elles limitent à peine la chance du pêcheur.
  • Fureur et mystère (1948), René Char, éd. Gallimard, coll. « Poésie », 1962  (ISBN 2-07-030065-X), partie FEUILLETS D'HYPNOS (1943-1944), p. 121


Octavio Paz, Liberté sur parole, 1958

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Ma vie avec la vague

Dans les montagnes, parmi les hauts pins et les précipices, j'ai respiré l'air frais et ténu comme une pensée de liberté.
  • Liberté sur parole (1958), Octavio Paz (trad. Jean-Clarence Lambert), éd. Gallimard, coll. « Poésie », 1966  (ISBN 2-07-031789-7), partie II. AIGLE OU SOLEIL ? (1949-1950), Sables mouvants — Ma vie avec la vague, p. 77


Château en l'air

Certains après-midi, je suis assailli d'insolites présences. Les effleurer, c'est changer de peau, d'yeux, d'instincts. Je m'aventure alors par des sentiers peu fréquentés. A ma droite, des blocs de matière impénétrable, à ma gauche une succession de mâchoires. J'escalade la montagne comme l'idée fixe qui dès l'enfance effraie et fascine, et qu'il faut bien un jour ou l'autre affronter.
  • Liberté sur parole (1958), Octavio Paz (trad. Jean-Clarence Lambert), éd. Gallimard, coll. « Poésie », 1966  (ISBN 2-07-031789-7), partie II. AIGLE OU SOLEIL ? (1949-1950), Aigle ou Soleil ? — Château en l'air, p. 98


Louis Lachenal, Carnets de vertige, 1956

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(Samedi 3 juin 1950)… Un couloir nous mène vers quelque chose qui, d'où nous sommes, nous paraît un sommet. Nous nous y élevons. Le sommet du couloir n'est qu'une sorte de selle d'où part, vers la gauche, une sorte d'arête qui encore une fois nous paraît mener au sommet. Que c'est long !
Enfin nous y sommes. Une arête de neige ourlée de corniches avec trois sommets, l'un plus haut que les autres. C'est le sommet de l'Anna Purna.
En dessous versant Nord une banquette de rochers nous reçoit pour que nous fassions les quelques photos officielles que nous avons à faire…


Hans Peter Lund, Chateaubriand — Europe n°775-776, 1993

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Rien n'est comparable pour la beauté aux lignes de l'horizon romain, à la douce inclinaison des plans, aux contours suaves et fuyants des montagnes qui le terminent.
  • « Aux origines des Mémoires d'Outre-tombe — Les beaux arts et le Voyage en Italie », Hans Peter Lund, Chateaubriand — Revue Littéraire Europe (ISSN 0014-2751), nº 775-776, Novembre-décembre 1993, p. 73


Roger Frison-Roche, Gens des neiges, 1955

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En bas, tu n'aurais peut-être pas cru, tandis qu'ici... Ici, on ne peut pas mentir ! On ne ment jamais en haute montagne.


James Joyce, Ulysse, 1922

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Des gazelles bondissent et pâturent sur les montagnes. Des lacs proches. Au bord des lacs, les ombres noires à la file des plantations de cèdres. Un arome s'exhale, une véhémente chevelure de résine. L'orient se consume, le ciel de saphir est barré par le vol de bronze des aigles. Sous lui s'étend la femmecité, nudité, blancheur, luxe, fraîcheur, calme et volupté. Une fontaine murmure parmi les roses de Damas. Des roses géantes murmurent de vignes pourpres. Un vin de honte, de luxure et de sang filtre avec un murmure étrange.


Joseph Peyré, Matterhorn, 1939

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Car en dernier lieu, ce que voulait Jos-Mari, et sans s’en rendre compte, c’était que la montagne fût belle comme Dieu, source de vie et, comme lui, digne d’amour. Mais pareilles pensées excédaient trop sa parole. Il dut se contenter de dire :
– La montagne n’est pas aux morts. Il faut laisser les morts dormir… Il ne faut pas écouter ce qui veulent faire du Matterhorn un cimetière.
L’avertissement était pourtant donné.


Médias

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Paul Keller, La Lettre de l’OPMA, n° 18, 2006

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L’alpinisme est une aventure en montagne et avec elle, dont la mort fait partie du paysage.
  • (fr) « Pour être Alpiniste, faut-il, en montagne, courir des risques mortels ? », Paul Keller, La Lettre de l’OPMA, n° 18, décembre 2006, p. 6


Charles-Augustin Sainte-Beuve, Causeries du lundi, 1850

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C'est Rousseau qui, le premier, ramena et infusa cette sève végétale puissante dans l'arbre délicat qui s'épuisait. Les lecteurs français, habitués à l'air factice d'une atmosphère de salon, ces lecteurs urbains, comme il les appelle, s'étonnèrent, tout ravis de sentir arriver du côté des Alpes ces bonnes et fraîches haleines des montagnes qui venaient raviver une littérature aussi distinguée que desséchée. Il était temps, et c'est en cela que Rousseau n'est pas un corrupteur de la langue, mais, somme toute, un régénérateur.


Philosophie

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Celui qui gravit les plus hautes montagnes, celui-là se rit de toutes les tragédies qu'elles soient réelles ou jouées.
  • Ainsi parlait Zarathoustra, Friedrich Nietzsche (trad. Georges-Arthur Goldschmidt), éd. Le Livre de Poche, coll. « Les Classiques de Poche », 1972  (ISBN 978-2-253-00675-6), partie I, chap. « Lire et écrire », p. 56


Friedrich Nietzsche a instruit patiemment sa volonté de puissance par ses longues marches dans la montagne, par sa vie en plein vent sur les sommets. Sur les sommets, il a aimé : « L'âpre divinité de la roche sauvage ». La pensée dans le vent ; il a fait de la marche un combat. Mieux, la marche est son combat. C'est elle qui donne le rythme énergétique de Zarathoustra. Zarathoustra ne parle pas assis, il ne parle pas en se promenant, comme un péripatéticien. Il donne sa doctrine en marchant énergiquement. Il la jette aux quatre vents du ciel.
  • L'eau et les rêves — Essai sur l'imagination de la matière (19942), Gaston Bachelard, éd. Le Livre de Poche, coll. « Biblio Essais », 1993  (ISBN 978-2-253-06100-7), partie II, chap. VIII L'eau violente, p. 183


La marche contre le vent, la marche dans la montagne est sans doute l'exercice qui aide le mieux à vaincre le complexe d'infériorité. Réciproquement, cette marche qui ne désire pas de but, cette marche pure comme une poésie pure, donne de constantes et d'immédiates impressions de volonté de puissance.
  • L'eau et les rêves — Essai sur l'imagination de la matière, Gaston Bachelard, éd. Le Livre de Poche, coll. « Biblio Essais », 1993  (ISBN 978-2-253-06100-7), partie II, chap. VIII L'eau violente, p. 184


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