Néant
absence de tout
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Dans le contexte philosophique occidental, le néant est un concept d'absence ou de nullité absolue, directement et indissociablement lié à la notion d'être.
Louis Aragon
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Je ne dis pas cela pour démoraliser
Il faut regarder le néant
En face pour savoir en triompher
Le chant n’est pas moins beau quand il décline
- Épilogue, repris en chanson par Jean Ferrat dans Ferrat 1995.
- Les Poètes [texte revu et corrigé par l'auteur en 1968 et 1976], Louis Aragon, éd. Gallimard, 1976 (ISBN 2-07-032161-4), p. 247 (lire en ligne)
- « Les Poètes », dans Œuvres poétiques complètes II, Louis Aragon, éd. Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 2007 (ISBN 978-2-07-011328-6), p. 487
Italo Calvino
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À la fin je commençai à y voir clair : il n'y avait pour elle qu'un seul objet d'admiration, une seule valeur, un seul modèle de perfection, c'était le néant.
Sa mésestime ne s'adressait pas à moi, mais à l'univers. Tout ce qui existait portait en soi un défaut d'origine : l'être lui paraissait une dégénération avilissante et vulgaire du non-être.
- « Le rien et le peu », dans Cosmicomics : récits anciens et nouveaux, Italo Calvino (trad. Jean-Paul Manganaro), éd. Gallimard, coll. « Folio », 2013 (ISBN 978-2-07-045109-8), partie Nouvelles histoires cosmicomiques, p. 511 (lire en ligne)
Le rien avait en lui un caractère absolu, une rigueur, une tenue qui faisaient apparaître comme approximatif, limité, chancelant tout ce qui prétendait posséder les qualités requises de l'existence ; dans ce qui est, si on le compare à ce qui n'est pas, la qualité inférieure, les impuretés, les défauts sautent aux yeux; en somme, il n'y a qu'avec le néant que l'on peut être sûr de soi. Cela dit, quelle conséquence devais-je en tirer ? Tourner le dos au tout, replonger dans le rien ? Comme si cela eût été possible ! Une fois mis en mouvement, le processus du passage du non-être à l'être ne pouvait plus être arrêté : le néant appartenait à un passé irrémédiablement fini.
- « Le rien et le peu », dans Cosmicomics : récits anciens et nouveaux, Italo Calvino (trad. Jean-Paul Manganaro), éd. Gallimard, coll. « Folio », 2013 (ISBN 978-2-07-045109-8), partie Nouvelles histoires cosmicomiques, p. 512 (lire en ligne)
Avec retard, comme d'habitude, je finis par comprendre qu'elle avait raison cette fois aussi. Avec le néant nous ne pouvions avoir d'autre contact qu'à travers le peu qu'il avait produit comme quintessence de son inanité; nous n'avions d'autre image du néant que notre pauvre univers. Tout le néant que nous pouvions trouver était là, dans le caractère relatif de ce qui est, parce que même le néant n'avait été autre qu'un néant relatif, un néant secrètement parcouru par des nuances et des tentations d'être quelque chose, s'il était vrai que dans un moment de crise de sa propre nullité il avait pu donner lieu à l'univers.
- « Le rien et le peu », dans Cosmicomics : récits anciens et nouveaux, Italo Calvino (trad. Jean-Paul Manganaro), éd. Gallimard, coll. « Folio », 2013 (ISBN 978-2-07-045109-8), partie Nouvelles histoires cosmicomiques, p. 515 (lire en ligne)
René Magritte
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André Bosmans s’est révélé un poète authentique : il possède l’étrange pouvoir de se qualifier lui-même d’« homme de lettres » sans que l’on en soit gêné. Il pense que « Le Néant est la seule merveille du monde »[n 1].
- Vers extrait de Terre sans nuage, dans Le socle de la nuit, 1959, p. 15.
- « Jan Walravens : Rencontre avec Magritte », dans Écrits complets, René Magritte, éd. Flammarion, 2009 (ISBN 978-2-0812-2462-9), p. 536
Le Néant est la seule grande merveille du monde :
J’admire toujours cette belle idée mais je ne crois pas que le Néant soit synonyme de Mystère. Le Néant n’« est » possible que parce que le mystère le rend possible. Est est entre guillemets à cause du manque d’existence du Néant : les choses s’anéantissent en perdant l’existence. Le Néant est la suppression d’une chose que le Mystère avait rendue possible. Le Néant est l’absence absolue d’existence. Le Mystère est la nécessité absolue pour que l’existence soit possible.
- Lettre à Bosmans, 9 août 1961.
- « La voix du mystère », dans Écrits complets, René Magritte, éd. Flammarion, 2009 (ISBN 978-2-0812-2462-9), p. 550
L’indifférence des pierres est sans doute la même que celle du néant.
- Rhétorique, 12, août 1964
- Écrits complets, René Magritte, éd. Flammarion, 2009 (ISBN 978-2-0812-2462-9), p. 593
Le mystère est invisible. Il ne doit pas son importance (le néant non plus) parce qu’il est invisible, mais parce qu’il est nécessaire absolument.
- Lettre à Bosmans, 25 septembre 1964.
- « Je conçois la peinture… », dans Écrits complets, René Magritte, éd. Flammarion, 2009 (ISBN 978-2-0812-2462-9), p. 675
Léonard de Vinci
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Le néant n’a point de centre, et ses limites sont le néant.
- C. A. 784 v. a
- Carnets, Léonard de Vinci [édition présentée et annotée par Pascal Brioist / Texte établi par Edward MacCurdy, traduit de l’italien par Louise Servicen, préface de Paul Valéry], éd. Gallimard, coll. « Quarto », 2019 (ISBN 978-2-07-284486-7), chap. I. Philosophie, p. 116
Ce que l’on nomme néant ne se rencontre que dans le temps et le discours. Dans le temps, il se trouve entre le passé et le futur et ne retient rien du présent ; de même dans le discours, quand les choses dont il est parlé n’existent point ou sont impossibles.
- B. M. 131 r.
- Carnets, Léonard de Vinci [édition présentée et annotée par Pascal Brioist / Texte établi par Edward MacCurdy, traduit de l’italien par Louise Servicen, préface de Paul Valéry], éd. Gallimard, coll. « Quarto », 2019 (ISBN 978-2-07-284486-7), chap. I. Philosophie, p. 125
Notes et références
modifier- ↑ Le 23 juillet 1958, Magritte lui écrit : « J’aime beaucoup « Le néant est la seule grande merveille du monde ». Ce qui suit dans votre poème souffre, à mon sens, de voisiner avec ce premier vers qui est magnifique. » Écrits complets, 2009, note 10, p. 541.