Procès de Socrate

procès au cours duquel Socrate est condamné à la peine capitale

Le procès de Socrate a eu lieu en -399. Le philosophe athénien Socrate, accusé de corruption de la jeunesse, de négation des dieux ancestraux et d’introduction de divinités nouvelles, est condamné à mort par le tribunal de l’Héliée.

Moses Finley modifier

Platon a exécuté le tour d’illusionniste le plus réussi de l’histoire, en persuadant la postérité que le procès de Socrate fut unique parmi les poursuites intentées en raison de la loi de Diopeithès, et même parmi tous les événements de l’histoire athénienne.
  • Le décret de Diopeithès, dont on ne connaît plus le contenu précis, est une loi votée vers le début de la guerre du Péloponnèse par l’Assemblée athénienne. Elle visait ceux qui enseignaient l’astronomie ou niaient les phénomènes surnaturels.
  • Démocratie antique et Démocratie moderne (1973), Moses I. Finley (trad. Monique Alexandre), éd. Payot & Rivages, coll. « Petite bibliothèque Payot », 2006  (ISBN 978-2-228-89751-8), chap. 3. Socrate et après Socrate, p. 154


Claude Mossé modifier

   La noblesse de cette fin, l’aura magique qui entoure la figure de Socrate, et peut-être plus encore l’influence qu’il exerça sur celui qui demeure, admiré ou vilipendé, l’un des plus grands philosophes de tous les temps, ont donné à ce qui ne fut à première vue qu’un « incident » de l’histoire d’Athènes une dimension telle que l’historien est amené à s’interroger sur le sens qu’il faut donner à ce procès intenté à un philosophe par une cité qui se voulait le modèle de la Grèce et qui était attachée à un régime dont le plus célèbre de ses dirigeants avait proclamé quelque trente ans auparavant que la liberté en était le fondement.
  • Citation extraite d’un article d’abord paru en décembre 1980 dans le numéro 29 de la revue L’Histoire.
  • « Le Procès de Socrate », Claude Mossé (1980), dans La Grèce ancienne, collectif, éd. Le Seuil, coll. « Points Histoire », 1986  (ISBN 2-02-009234-4), p. 78


Michel Meyer modifier

Que celui qui prétend avoir déjà les réponses sans s’être interrogé, sans les avoir interrogées, frémisse. Il est celui qui obéira le moment venu, quitte à signer son propre arrêt de mort. Il est l’homme de l’acceptation, de la hiérarchie, celui dont toute Autorité se régale. Voué à être manipulé, il est aussi celui qui, s’il le peut, fera du questionneur la proie de sa faiblesse devenue force. Il se vengera du questionneur qu’il n’a pas su être en reconnaissant en lui ce qui le met en question de façon vitale, existentielle. Je crains cet homme-là par-dessus tout, car il est l’ennemi de la culture, sauf s’il peut inlassablement la reproduire et s’en prévaloir pour s’imposer socialement. Et s’il ne le peut plus, il sera l’intellectuel des pouvoirs d’oppression. Le procès de Socrate est alors inévitable, de ce même Socrate avec lequel nous avons commencé à philosopher, et sans lequel nous ne pouvons conclure, si conclure peut avoir un quelconque sens ici.
  • De la problématologie (1986), Michel Meyer, éd. Pierre Mardaga, coll. « Le Livre de poche/Biblio essais », 1994  (ISBN 2-253-94190-5), partie Conclusion : Peut-il encore y avoir une métaphysique ?, p. 348


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