Repas

nourriture composée de divers mets et de boisson que l'on absorbe à des heures précises de la journée
Claude Monet, "Le Déjeuner sur l'herbe" (1866)
BORGES, dans un murmure : Déjeuners, thés, dîners quotidiens, petits déjeuners… sans un plat de rêve à la carte, ce serait insupportable, non ?
  • Conversations à Buenos Aires, Jorge Luis Borges et Ernesto Sabato, animées par Orlando Barone (trad. Michel Bibard), éd. Éditions du Rocher, coll. « Bibliothèques 10/18 », 2001, p. 135


Roger-Pol Droit

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[Table : s]urface intermédiaire, qui décolle du sol et lui demeure liée, qui double le monde naturel d'un plan d'humanité. Ce monde deux est le lieu de l'étude, du travail, des affaires, le lieu des repas, des familles, de l'utilitaire comme du festif, des amis, des chevaliers de la table ronde, des banquets de l'Olympe, de la Cène du Christ, de la fin des aventures d'Astérix.
  • Dernières nouvelles des choses, Roger-Pol Droit, éd. Odile Jacob, 2003, p. 234


Non, Peppe, dit-il à son frère, tu as raison. Qui peut se vanter d'avoir connu pareil bonheur ? Nous ne sommes pas si nombreux. Et pourquoi faudrait-il le mépriser ? Parce que nous mangeons ? Parce que ça sentait la friture et que nos chemises étaient mouchetées de sauce tomate ? Heureux celui qui a connu ces repas-là. Nous étions ensemble. Nous avons mangé, discuté, crié, ri et bu comme des hommes. Côte à côte. C'étaient des instants précieux, Peppe. Tu as raison. Et je donnerais cher pour en connaître à nouveau la saveur. Entendre à nouveau vos rires puissants dans l'odeur du laurier grillé.


Elle m'a invité. À sa table. Celle dont personne ne voulait. Elle a fait apporté une carafe de vodka blanche et une carafe de vodka colorée par une herbe jaune, de gros concombres malassol, des tranches de pain noir, des harengs, des tranches de saucisson et de fromage.
– Mange, mange, disait-elle, avec une excitation qu'elle contenait mal. C'était comme ça chez nous les jours de fête. Pas plus et pas souvent. Mais c'est bien meilleur quand c'est rare. Tandis qu'ici, maintenant…
Elle avait à peine touché à la nourriture et pris beaucoup de vodka jaune. Les yeux au loin, elle a parlé, parlé. Sa vie… toute sa vie.


Le sang de l'agneau

Un très jeune garçon aux poignets velus presque à l'excès, même pour sa race, et à la chemise peu fraîche, leur avait servi une purée de tomates, d'aubergines et d'olives noires écrasées avec des herbes et des aromates ; des petites pieuvres et de très grosses crevettes frites ensemble dans une singulière union de queues, de pinces, d'antennes et de tentacules ; des beignets de miel, des confitures de cédrats et de roses. Elles avaient bu du vin résiné, horriblement amer, et du café bourbeux, mais suave.


Il y a au premier étage une petite salle à manger différente de celle où l'on mange ordinairement, laquelle est au rez-de-chaussée. [...] Les simples hôtes n'y sont point admis, jamais on mange quand on a des étrangers ; c'est l'asile inviolable de la confiance, de l'amitié, de la liberté. C'est la société des cœurs qui lie en ce lieu celle de la table ; elle est une sorte d'initiation à l'intimité, et jamais il ne s'y rassemble que des gens qui voudraient n'être plus séparés. Milord, la fête vous attend, et c'est dans cette salle que vous ferez ici votre premier repas.
  • Julie ou La nouvelle Héloïse (1761), Jean-Jacques Rousseau, éd. Garnier-Flammarion, coll. « GF Flammarion », 1967  (ISBN 2-08-070148-7), partie V, Lettre II à milord Edouard, p. 410


Daniel Tammet

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Un bon repas doit commencer par la faim !
  • Embrasser le ciel immense, Daniel Tammet, éd. Éditions des arènes, coll. « J'ai lu », 2009  (ISBN 978-2-290-02025-8), p. 248